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25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 11:34
Gérard Sebaoun, député socialiste

Gérard Sebaoun, député socialiste

Le contexte

Personne ne contestera la gravité de la situation après les attentats ignobles et meurtriers du vendredi 13 novembre au cœur de paris et à Saint-Denis. Les assassins étaient déterminés à tuer et à mourir. Leur fanatisme glaçant terrifie toutes les personnes qui veulent vivre en paix sur notre sol.

Le Gouvernement aurait-il sous-estimé la menace comme le susurre la droite ? Je n’en crois rien, il était alerté par les services et le Premier Ministre avait évoqué peu avant le drame le risque maximum de nouveaux attentats.

Étaient-ils évitables ? Non à l’évidence, le risque zéro n’existant pas.

Le Président de la République et son Gouvernement ont réagi avec le sang-froid indispensable, à la hauteur de la tragédie qui a sidéré notre pays. Les forces de police et de Gendarmerie, les personnels soignants, les services publics, les habitants des quartiers concernés et la population dans son ensemble ont su faire face et répondre à l’urgence.

L’inscription de l’état d’urgence dans notre droit date de la loi du 03 avril 1955 dans le contexte de la guerre d’Algérie. Il a été décrété en 1955 à la suite d’une série d’attentats et prorogé de 6 mois, puis à nouveau en 1958 après le putsch d’Alger pour 3 mois et enfin pendant 2 ans après le putsch des généraux et les attentats meurtriers de l’OAS.

Dans notre histoire récente, il fut instauré en Nouvelle-Calédonie pour 6 mois en 1985 et plus près de nous il y a 10 ans juste en novembre 2005 lorsque le Gouvernement de Dominique de Villepin entendait répondre aux émeutes de nos banlieues. Le Président Chirac y mettra fin en janvier 2006. En cliquant sur le lien ci-après, mon commentaire à l’époque : http://gerardsebaoun.fr/2005/11/commentaires-sur-etat-durgence-la-grande-escroquerie

10 ans plus tard, la situation n’est absolument pas comparable, le danger est permanent et infiniment plus important. Je ne souhaite pas à ce stade entrer sur le débat de notre politique étrangère.

Le débat

Je reviens au projet de loi tel qu’il nous a été présenté, en urgence, avec un débat par nécessité inexistant en amont et réduit au strict minimum en hémicycle.

Un mot sur la décision de mon groupe qui n’a pas souhaité valider les inscriptions dans le débat sur les articles (expression habituelle des députés qui n’interviennent pas en discussion générale faute de place ou de ciblage de leur discours sur un article précis) avant le débat sur les amendements, d’où une expression monolithique.

Le débat s’est circonscrit entre le Gouvernement, le rapporteur Jean-Jacques Urvoas, Président respecté de la commission des lois et essentiellement les députés républicains, les députés radicaux, écolos, MRC, ou Front National utilisant le temps restant. Le groupe GDR n’a pas déposé d’amendement. Donc une unité organisée et silencieuse du groupe majoritaire en dehors des rares amendements de mon collègue et ami Denys Robiliard qui n’ont pas connu le succès. Cependant, l’ambiance dans les travées était calme et j’ai pu échanger mes arguments avec nombre de députés socialistes et écologistes.

Le projet de loi

J’en viens au texte lui-même et aux 2 articles majeurs qui ont nourri le débat :

  • L’article 1 proposait de proroger de 3 mois l’état d’urgence. J’ai voté POUR à main levée.

  • L’article 4 qui modifie la loi de 1955 et qui a déterminé mon vote CONTRE.

Que dit cet article ? Il confère des pouvoirs exceptionnels aux pouvoir administratif (le pouvoir civil c’est-à-dire le Ministère de l’Intérieur et ses services) sans l’intervention du pouvoir judiciaire, en élargissant ses prérogatives bien au-delà du texte de 1955.

Si l’on s’en remet à l’étude d’impact, on pourrait innocemment penser que le projet de loi introduit, je cite, “quelques corrections de nature à adapter sa rédaction aux évolutions de droit et de fait intervenues depuis la loi de 1955”.

Il n’en est rien : voici les points avec lesquels je suis en désaccord :

  • Le texte modifie les personnes susceptibles d’être assignées à résidence. On passe ainsi de « toute personne dont l’activité s’avère dangereuse pour la sécurité et l’ordre public » à « toute personne à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour l’ordre public et l’ordre publics »

  • Le débat a hélas durcit les conditions de résidence avec une obligation de 10h au domicile désigné et un bracelet électronique et jusqu’à 3 contrôles par jour.

  • L’interdiction quasi automatique de communiquer,

  • Le risque pour toute personne de sa connaissance ou association d’être également suspectée avec le risque de la dissolution,

  • L’extension des lieux de perquisition (en présence d’un OPJ),

  • Le retrait des papiers d’identité remplacés par un récépissé,

  • La poursuite, après la fin de l’assignation, d’une interdiction à entrer en contact avec des personnes suspectées

De plus,

  1. Le rapporteur a repoussé un amendement Estrosi déclarant pénalement non responsables les forces de sécurité intérieure (Police nationale, Gendarmerie, Polices municipales, douaniers) c’est-à-dire la permanence de la légitime défense.

  2. Le port d’armes permanent pour les policiers est une question de temps. C’est une demande de certains syndicats de police.

  3. J’ajoute l’armement à venir de l’ensemble des polices municipales.

Sur ces 3 points, j’ai un désaccord ancien qui persiste.

Une vraie avancée du texte qu’il faut saluer, la possibilité pour une personne mise en cause de saisir le juge administratif par référé-liberté ou référé-suspension afin que celui-ci statue en 48h en remplacement de la commission administrative de la loi de 1955 qui rendait sa décision au-delà d’un mois.

Quelle suite dans 3 mois ?

Je ne la connais pas mais je crains que l’état d’urgence ne soit prolongé après avis du parlement bien sûr.

Restent les modifications constitutionnelles qu’on nous promet avec notamment la déchéance de nationalité de citoyens Français binationaux. J’y suis comme beaucoup de députés socialistes, à ce stade farouchement opposé.

Ma conclusion 

Voilà rapidement brossés mes arguments et mes réticences, non pas sur l’état d’urgence pour 3 mois mais sur les modifications législatives accolées dans le projet de loi.

Je sais qu’une lecture rapide de ma position CONTRE sans prendre le temps de lire cet article entrainera des réactions négatives, virulentes voire insultantes.

J’entendrai tout commentaire construit sur la raison et pas l’émotion. J’ai lu le projet de loi texte avec attention et assisté à tous les débats.

Je veux dire toute ma compassion et ma tristesse à l’ensemble des familles endeuillées et à leurs proches, aux personnes durement traumatisées présentes sur les lieux. Un jeune de 32 ans habitant une commune de ma circonscription qui se trouvait au bataclan a été tué et une jeune fille, connaissance de mes filles figure aussi parmi les victimes du carnage.

Je termine en disant à celles et ceux qui seraient tentés de m’asséner un discours formaté que j’aurai 65 ans dans quelques jours, que je suis né à Alger, que j’ai connu les nuits de bombes, le bruit des tirs, l’omniprésence de l’armée à tous les carrefours avec des véhicules militaires, des assassinats dans les rues de Bab El Oued et l’un devant la porte de notre maison.

J’ai dans la mémoire des souvenirs d’enfant, ceux des bombes posées au casino de la corniche à quelques encablures de mon domicile, de l’attentat du Milk bar à Alger, du coup d’état militaire etc. Mais aussi plus près de nous du carnage de la Gare de Milan, celui d’Atocha ou de Londres.

Un dernier mot pour dénoncer ceux qui pointent du doigt les musulmans de notre pays, voire qui les molestent ou qui ont tagué des croix gammées sur les murs de la mosquée de ma circonscription à Ermont. J’assure ces derniers de toute ma solidarité.

Nous devons continuer à vivre, à vivre ensemble, la peur après l’horreur est légitime mais elle ne doit ni nous séparer, ni nous empêcher.

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25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 11:29
Jean-Pierre Blazy, député socialiste, maire de Gonesse

Jean-Pierre Blazy, député socialiste, maire de Gonesse

J’ai voté la prolongation de l’état d’urgence. Si l’aspiration des Français à être protégés dans ces moments de grande tension justifie la prolongation de l’état d’urgence pour trois mois, il est évident qu’il ne faut pas transformer l’exception en ordinaire qui donnerait raison aux terroristes qui souhaitent que nous renoncions à nos libertés publiques. Durant ces trois mois et au-delà, il faut maintenant mettre en œuvre en plus du pacte de sécurité un pacte de reconquête républicaine fondé en particulier sur la valorisation de l’engagement citoyen ainsi que sur la prévention de la radicalisation, j’ai fait des propositions.

(communiqué de presse du 19 juillet 2015)

Le pacte de sécurité de François Hollande doit être complété par un pacte de reconquête républicaine Lors de son discours devant le Congrès le 16 novembre dernier, le Président de la République a déclaré : « le pacte de sécurité prime sur le pacte de responsabilité ». On comprend la nécessité de justifier pour Bruxelles les dépenses publiques supplémentaires non prévues au budget 2016 que va occasionner le financement des mesures nouvelles du pacte de sécurité. Celles-ci sont nécessaires. Si la France est en guerre, les armes de la République sont aussi celles des valeurs qu’elle défend contre le totalitarisme djihadiste. C’est la raison pour laquelle le pacte de sécurité du Président de la République doit être complété par un pacte de reconquête républicaine. En 2012, François Hollande alors candidat prenait l’engagement solennel devant les Français de faire de la jeunesse une priorité : « je veux remettre l’éducation et la jeunesse au cœur de l’action publique ». Bien évidemment beaucoup a déjà été fait. Après les attentats du 7 janvier dernier, le comité interministériel du 6 mars avait arrêté un certain nombre de dispositions et de mesures déjà engagées comme l’extension du service civique national pour mobiliser la jeunesse. Mais dans la situation aggravée dans laquelle se trouve le pays, il convient d’agir plus fortement. Nous devons mener la bataille des idées sur notre propre territoire pour prévenir les risques de radicalisation et pour promouvoir les valeurs républicaines du vivre ensemble.

Je formule quatre propositions :

  1. il ne faut plus aujourd’hui hésiter à créer un véritable service civique national obligatoire court de trois à six mois. Si les modalités restent à définir, cette idée doit cependant être appliquée pour permettre un brassage des jeunes garçons et filles, Français, de catégories sociales différentes car il y a dans notre pays un « apartheid territorial, social, ethnique » à l’œuvre dans les quartiers populaires comme l’a dénoncé Manuel Valls, mardi 20 janvier, lors de ses vœux à la presse. Les valeurs de la République ne sont pas abstraites, il y a une solidarité concrète pour l’exercice de ces valeurs. Le philosophe spécialiste de la culture musulmane Abdennour Bidar dans ses 10 propositions avait fait sienne celle du service obligatoire : « l'objet de ce service citoyen non militaire serait de continuer à cultiver le sens de la fraternité dans le prolongement de l'école » avait-il dit.

  2. dans son rapport : « Libérer l’engagement des Français et refonder le lien civique » rendu le 15 avril, Claude Bartolone fait des propositions qui doivent être soutenues pour développer l’engagement des jeunes dans la vie associative et valoriser le bénévolat. Il faut réfléchir avec le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche comment intégrer des périodes de stages citoyens au cursus scolaire.

  3. il faut aussi offrir un complément de formation aux décrocheurs car la plupart des jeunes séduits par Daech passent de la désinsertion sociale à la délinquance et enfin à l’adhésion aux thèses des terroristes. Le plan contre le décrochage du 21 novembre 2014 fondé autour de trois axes : « la mobilisation de tous, le choix de la prévention, une nouvelle chance pour se qualifier » doit être poursuivi.

  4. il faut enfin au minimum doubler l’aide que l’État apporte aux collectivités locales à travers le fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) pour que celles-ci puissent amplifier leur action pour prévenir la délinquance.   

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16 novembre 2015 1 16 /11 /novembre /2015 16:19

Paris_Peace_n_Love_BBRSoyons solidaires, rassemblés et tenons bon

Après la consternation et la colère devant ces tragiques attentats barbares, je pense avec émotion et solidarité à chacune des victimes, à la douleur de leur famille. Je pense à ceux qui nous ont quittés, aux blessés qui tentent de survivre, à ceux qui souffrent dans leur chair ou dans leur cœur. Le nombre est terrible, il ne doit pas faire oublier les destins singuliers brisés et chaque jeune - c'est d'abord la joie de vivre de notre jeunesse qui a été visée -, chaque personne, fauchés parce qu'il étaient au mauvais endroit et au mauvais moment.

La France doit au souvenir de ces victimes de se rassembler et se mobiliser pour défendre ses valeurs et notre République.

Plus tard, il faudra nécessairement analyser en détail comment notre pays doit engager une nouvelle étape pour mieux protéger nos concitoyens et gagner contre le terrorisme. Il faudra le faire avec une exigence de sérieux, de rigueur, de lucidité, d'efficacité et de respect des valeurs que nous défendons.

Soyons solidaires, rassemblés et tenons bon !

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste de Paris

Pour chasser la peur

C’est Paris qui est frappé, et avec la ville-capitale, tous les Français. La peine des familles et des amis est immense. Leur douleur et leur courage sont les nôtres.

C’est une attaque contre le pays des libertés et de la laïcité.

C’est aussi une attaque contre un pays qui ne reste pas indifférent à la terreur, quand les troupes de Daesh chaque jour massacrent ou poussent à la fuite des milliers de civils, adultes et enfants, en Syrie et en Irak.

L’unité de notre pays autour des valeurs républicaines et pour notre sécurité doit être sans faille. La vigueur de notre démocratie ne doit pas être entamée. Les menaces terroristes durables évoluent sans cesse. J’attends de l’Etat la fermeté de la réponse et l’efficacité, sans renier nos principes, ni céder aux surenchères.

La haine ne doit pas répondre à la haine. Le terrorisme s’emploie à créer l’horreur, mais surtout le désordre, les divisions entre les Français, voire une ambiance de guerre civile.

N’oublions pas que la première des armes, c’est notre fraternité, celle que nous savons expliquer aux enfants quand ils angoissent. Le meilleur des boucliers, c’est notre mobilisation, celle d’une société ouverte et d’un peuple qui veut rester debout.

Notre territoire nivernais, comme partout en France, est en résistance pour faire force commune, et pour chasser la peur.

Au-delà de notre émotion, et de ces événements tragiques, l’Europe et la communauté internationale doivent fixer ensemble une stratégie collective, sans laquelle le terrorisme ne faiblira pas.

Je participerai cette après-midi à la réunion du Congrès, et je vous rendrai compte à chaque étape importante.

Soyons unis, soyons libres, soyons forts.

Christian Paul, député socialiste de la Nièvre

 

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12 novembre 2015 4 12 /11 /novembre /2015 15:09
Emmanuel Maurel sur le plateau de LCP-AN le 11 novembre 2015

Emmanuel Maurel sur le plateau de LCP-AN le 11 novembre 2015

[Immigration et réfugiés] Emmanuel Maurel était hier l'invité de LCP pour débattre des solutions à la crise des réfugiés qui secoue l'Europe et son voisinage. A l'heure où les leaders européens se rassemblent à La Valette, nous devons manifester solidarité et coopération à l'égard des Etats qui sont en première ligne.


Europe Hebdo : L'Europe à l'épreuve de la crise... par LCP

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9 novembre 2015 1 09 /11 /novembre /2015 09:51
Fabrice Rizzoli, sur France 5, le 5 novembre 2015

Fabrice Rizzoli, sur France 5, le 5 novembre 2015

Intervention sur les "passeurs" de migrants dans C dans l'Air le 1er septembre 2015

Vous pouvez retrouvez l'émission du 5 novembre 2015 intitulée "Rome, capitale maffieuse" en cliquant sur l'image

Fabrice_Rizzoli_C_dans_l_air_France5_05-11-2015

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7 novembre 2015 6 07 /11 /novembre /2015 16:12
campagne de soutien au droit de vote des étrangers aux élections locales

campagne de soutien au droit de vote des étrangers aux élections locales

Communiqué « A gauche, pour gagner ! » du 6 novembre 2015

Le droit de vote aux élections locales des ressortissants non communautaires résidant en France légalement depuis plus de cinq ans est inscrit comme le 50ème engagement de François Hollande. Cette promesse avait été réaffirmée le 14 juillet 2014, à l’occasion de la Fête Nationale. C’est un combat constant de la gauche depuis 1981 et cette réforme, nous la ferons. Il en va du crédit accordé à la parole politique mais aussi de l’avenir d’une société que nous voulons ouverte et inclusive.

L’extension du droit de vote lors des élections locales aux ressortissants communautaires permet de reconnaître une citoyenneté de résidence, pleinement complémentaire de la souveraineté nationale dont sont dépositaires tous les Français. L’étendre à tous procède désormais d’une mesure d’égalité et de justice civique.

Ces résidents, vivant en France, parfois depuis des décennies, paient des impôts, participent à la vie de la cité, sont souvent les parents d’enfants français, votent aux élections prud’homales, à l’université, dans les entreprises, s’engagent au sein d’association et de partis politiques, exercent le droit de grève.

Ils sont d’ores et déjà des citoyens économiques et sociaux de notre pays et la dissociation entre cette citoyenneté « de vie » et la citoyenneté politique, est en contradiction avec la haute idée que nous défendons de la démocratie locale.

Nous avons été l’un des derniers pays d’Europe à accorder le droit de vote aux femmes, il y a 70 ans. A l’heure où nombre d’Etats de l’Union Européenne accordent déjà le droit de vote aux ressortissants non communautaires, il n’est pas acceptable que la France refuse cette reconnaissance attendue par une population qui vit depuis longtemps sur notre sol.

Nous n’ignorons rien des obstacles ni des résistances et il faudra un courage collectif, au-delà du Parti socialiste, pour gagner cette reconnaissance.

Aucun socialiste, fut-il le chef du Gouvernement, n’a vocation à dicter seul notre programme collectif. N’en déplaise à Manuel Valls, nous continuerons à défendre le vote des étrangers aux élections locales.

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6 novembre 2015 5 06 /11 /novembre /2015 14:43

Téléscopage et sens de l'initiative de nos camarades, nous avons appris que Gaëtan Gorce, sénateur socialiste de la Nièvre, et Gérard Filoche, membre du Bureau National du PS, seraient tous les deux présents dans notre département dans des cadres différents, mercredi 18 novembre.

Gaëtan interviendra à Taverny à l'invitation des sections socialistes de la troisième circonscription pour présenter la réflexion qu'il a conduite sur l'écosocialisme, un sujet majeur qui porte une des voies d'avenir du socialisme pour le XXIème siècle. Il  est désormais parmi les socialistes l'un des principaux spécialistes de cet enjeu vital.

Gérard sera lui à Bezons, à l'invitation du Lab' - association locale de débat - pour parler du droit du travail - soumis à de nombreuses attaques et trop souvent caricaturé - et de la nécessité de combattre et rejeter les idées portées notamment dans le Rapport Combrexelle remis voici un peu plus d'un mois au Premier Ministre ; alors qu'une mission visant à réformer le code du travail a été confiée à Robert Badinter par Manuel Valls, il est urgent de se mobiliser pour éviter de nouvelles dérives.

Nous vous encourageons évidemment à aller écouter l'un ou l'autre de ses deux représentants nationaux de la motion B "à gauche pour gagner !".

Mercredi 18 novembre : Gaëtan Gorce et Gérard Filoche dans le Val-d'OiseMercredi 18 novembre : Gaëtan Gorce et Gérard Filoche dans le Val-d'Oise
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4 novembre 2015 3 04 /11 /novembre /2015 17:18
Laurent Baumel, député socialiste d'Indre-et-Loire

Laurent Baumel, député socialiste d'Indre-et-Loire

Tribune publiée dans Le Monde par Laurent Baumel, député socialiste

LE MONDE |  04.11.2015 à 11h35

La confirmation, dans de récents sondages, que le Front national (FN) pourrait virer en tête au premier tour des élections régionales dans certaines régions a engendré un débat inévitable sur l’attitude que devrait alors avoir celle des deux listes locales de gauche ou de droite qui aurait le malheur d’être arrivée derrière l’autre.

Impulsée par les médias toujours en recherche de clarification en ce qui concerne le comportement des partis républicains à l’égard du Front national, cette anticipation a cessé d’être prématurée depuis que Manuel Valls lui-même s’en est saisi et a tenté, avec l’autorité que lui confère sa position institutionnelle, de préempter la réponse de sa propre famille politique : il faudrait, si la gauche était concernée, «tout faire» – estime le premier ministre qui ne s’exprime jamais à la légère − pour empêcher l’extrême droite de l’emporter.

«Tout faire», c’est-à-dire, dans les faits, se retirer, tant l’hypothèse d’une fusion avec la droite paraît peu réaliste. La question, en vérité, n’est pas si simple.

Nul n’ignore évidemment tout ce qu’aurait de douloureux et de désastreux, tant sur le plan symbolique que sur le plan pratique, la conquête d’un ou de plusieurs bastions régionaux par le FN, le lot incessant et démoralisant de provocations, de polémiques, de fractures et de désordres qui en résulteraient.

Devrait-on pour autant, dans une négation étrange d’un scrutin proportionnel parfois donné en exemple, acter la disparition pure et simple de la représentation politique de la gauche dans certaines des nouvelles grandes régions françaises et consentir à ce que le débat politique dans ces assemblées se réduise à n’être plus qu’un tête-à-tête entre la droite et l’extrême droite ? Faudrait-il demander à des élus locaux qui ont déjà payé un lourd tribut depuis 2014 pour une politique nationale dont ils ne sont guère responsables de franchir une nouvelle étape dans l’autoéradication politique ?

Si la question devait hélas se poser et que cette solution soit, dans les heures fiévreuses qui suivront le 1er tour, imposée par les uns et consenties par les autres, une chose est en tout cas certaine : il faudrait au moins se garder de toute illusion d’avoir, à travers cette extension héroïque de la «discipline républicaine», sauvé la démocratie française. Il faudrait au contraire rester lucides sur le fait que le remède appliqué est de ceux qui, si rien ne change par ailleurs, ne feront sans doute à moyen terme qu’aggraver le mal.

Réaffirmer les valeurs de la gauche

Car, chacun le sait, on ne stoppera pas la dynamique électorale du FN à coup de «fronts républicains». La lecture du débat politique français comme étant désormais l’affrontement entre une option démocrate et humaniste, incarnée par la gauche et la droite «républicaine», et une option populiste et réactionnaire, portée par l’extrême-droite et par une partie croissante de la droite qui lui court après, reste en effet une construction théorique. Elle ne correspond pas à la façon dont nombre d’électeurs – et notamment ceux qui donnent déjà ou pourraient donner demain leur voix au FN – se représentent les enjeux.

Les questions de valeurs ne sont certes pas absentes du débat. Une partie incontestable du vote FN est motivée par l’hostilité aux immigrés et une vision rétractée de l’identité nationale. Il ne fait pas de doute non plus que le clivage ethno-racial a parfois remplacé, dans l’imaginaire d’une partie du monde ouvrier, l’ancien clivage social entre capital et travail. Il reste utile, de ce point de vue, de rappeler sans cesse les valeurs d’égalité et de solidarité, de mener le combat culturel et pédagogique contre les préjugés, de dénoncer les mensonges qui abondent dans le discours de l’extrême droite.

Mais la cause massive du vote FN depuis le milieu des années 1980, le moteur fondamental de sa progression actuelle dans tous les milieux sociaux et dans tous les territoires, est ailleurs : il réside précisément dans cette indifférenciation perçue entre la gauche et la droite, que l’image même du «front républicain» ne fera évidemment que conforter.

Responsabilité de l’exécutif

Indifférenciation d’abord des résultats. «Que ce soit la droite ou la gauche»… Il n’est pas une journée sur le terrain où un élu n’entende ce constat désabusé. Au-delà des divergences idéologiques et programmatiques revendiquées par chaque camp, des affrontements théâtraux sur les plateaux de télévision ou à la séance des questions de l’Assemblée nationale, nombre de Français, dans les couches populaires et moyennes, ont le sentiment que la présence au pouvoir de la gauche plutôt que la droite ou de la droite plutôt que la gauche n’impacte pas fondamentalement leur situation personnelle et celle du pays.

Le taux de chômage reste élevé et dépendant de la conjoncture internationale, la finance continue de faire ce qu’elle veut et les entreprises de délocaliser, l’Europe demeure un problème plus qu’une solution, le pouvoir d’achat continue de stagner ou de s’éroder, les services publics et les collectivités de perdre leurs moyens, et l’avenir des enfants demeure une inquiétude.

Indifférenciation croissante aussi des discours et des politiques menées. Le fait que le vote FN reprenne sa marche en avant dans le quinquennat actuel n’est pas tout à fait un hasard.

On ne peut instituer comme nouvelle doctrine la rhétorique libérale de la «lutte contre le déficit», de «la baisse des charges» et de la «libération du marché du travail», on ne peut baisser massivement les prélèvements des entreprises sans le moindre ciblage et sans la moindre contrepartie, et faire financer cette politique par des hausses d’impôts sur les ménages et des baisses de dotations aux collectivités locales, on ne peut – en d’autres termes – mener une politique contre laquelle on n’aurait pas eu de mots assez durs si elle avait été conduite par Nicolas Sarkozy, on ne peut donner l’impression que l’on mène – une fois passé les promesses de campagne – la politique décidée par les élites économiques et technocratiques françaises et européennes et s’étonner ensuite qu’une partie croissante de l’électorat potentiel de la gauche fasse défaut, à travers l’abstention croissante et le vote FN.

Il faut espérer que les socialistes en lutte dans les régions menacées par le FN parviendront à imposer leur présence au second tour et à l’emporter. Quelle que soit l’issue de la séquence électorale en cours, l’urgence demeurera pour la gauche, si elle veut réellement se sauver elle-même et sauver la République, de retrouver son identité propre et de redevenir la famille politique qui incarne les espérances légitimes des plus modestes.

Le moteur fondamental de la progression actuelle du FN dans tous les milieux sociaux et dans tous les territoires réside dans cette indifférenciation perçue entre la gauche et la droite (Photo: un membre des "chicons en colère" devant un mur dans la ville d'Armentières sur lequel sont collées des affiches du FN). AIMÉE THIRION/HANS LUCAS POUR LE MONDE

Le moteur fondamental de la progression actuelle du FN dans tous les milieux sociaux et dans tous les territoires réside dans cette indifférenciation perçue entre la gauche et la droite (Photo: un membre des "chicons en colère" devant un mur dans la ville d'Armentières sur lequel sont collées des affiches du FN). AIMÉE THIRION/HANS LUCAS POUR LE MONDE

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30 octobre 2015 5 30 /10 /octobre /2015 13:51
"Face à la Chine, n'abaissons pas nos défenses commerciales" - Tribune d'Emmanuel Maurel et Edouard Martin
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29 octobre 2015 4 29 /10 /octobre /2015 23:05
Tribune de Christian PAUL dans Libération (29/10/2015) : «Coup de froid sur la démocratie»

La «fronde» socialiste exprime des désaccords de fond devant une politique qui ne marche pas, mais alerte aussi sur la faible qualité démocratique d’un pays gouverné sans que l’on prenne la peine de mobiliser la société.

Tout au long des dix années d’opposition, la gauche débordait d’imagination à propos des idéaux démocratiques qu’en France, comme en Europe, nous portions fermement comme étendards. VIe République, démocratie participative, primaires ouvertes, équilibre et séparation des pouvoirs, République européenne, nous les avons laissés sur le bord de la route. Osons les réveiller !

L’Europe d’abord. La démocratie européenne ne progresse plus. Comment la zone euro peut-elle agir dans la durée pour retrouver une croissance soutenable et riche en emplois, ou réagir en urgence en cas de crise, si son système de décision brutal échappe à la raison démocratique, au suffrage universel et au contrôle des citoyens européens ?

L’euro est désormais une cause commune de l’Europe, une res publica européenne. L’harmonisation fiscale, un budget pour la zone euro, une meilleure coordination des politiques macroéconomiques pour tourner la page de l’austérité, une souveraineté européenne assise sur des processus réellement démocratiques sont les conditions d’une solidarité efficace sans laquelle la crise grecque se renouvellera ailleurs avec une banale cruauté. Mais sans fondements démocratiques, en l’absence de légitimité directe, les Conseils européens montrent leur délétère défaillance. Les initiatives promises dans la chaleur de l’été 2015 sont encore attendues. Ceux qui croient dans l’Europe et ses progrès possibles demeurent plus nombreux qu’on ne le croit. Partout où la gauche se réinvente en Europe, comme en Grèce ou en Espagne, comme demain en France, je l’espère, l’appel à une démocratie européenne se fait entendre. Faute d’actes politiques à la hauteur de cette période historique, les annonces sans lendemain nous réduisent à ce que Villiers de l’Isle-Adam appelait «la torture par l’espérance». Le néolibéralisme s’en accommode volontiers.

La France ensuite. La colère populaire a succédé à la mélancolie démocratique des dernières décennies. Plus que le populisme, c’est l’aspiration à une démocratie de haute qualité qui nourrit cette déception et cette éruption. En France, la Ve République organisait à l’origine la stabilité. Aujourd’hui, elle permet une redoutable impunité. Pourtant, rien, en 2012, ne nous préparait à une gouvernance oligarchique. Je vois celle-ci chaque jour, meurtrière pour l’esprit public, la cohésion du pays, et pour ce que Pierre Rosanvallon, dans un ouvrage politique marquant de la période, nomme «le bon gouvernement» : «Nos régimes peuvent être dits démocratiques, mais nous ne sommes pas gouvernés démocratiquement.»

L’épisode récent du premier vote du budget 2016 l’illustre à l’extrême de trois façons. Le parti majoritaire a déserté sa fonction d’inspiration des choix. Le «glissement du côté de la fonction gouvernante» alimente le déclin des partis, dit justement Rosanvallon. Le PS s’est (enfin) prononcé, à plusieurs reprises, pour infléchir la politique économique, fiscale et budgétaire. Méprisées par le gouvernement, ces positions ne sont pas défendues par un appareil replié sur lui-même quand vient le moment des débats parlementaires.

Le gouvernement et le pouvoir technocratique vassalisent les parlementaires de la majorité, leur impriment une discipline via quelques relais zélés qui n’imaginent jamais, sauf quand ils sont dans l’opposition, que le temps du Parlement et celui de l’intelligence collective puissent réellement advenir.

Enfin, bien loin des pédagogies de Pierre Mendès France, rien ne vient éclairer le peuple souverain. Le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et le pacte de responsabilité, les décisions majeures du quinquennat, sont poursuivis à l’aveugle, sans bilan ni évaluation. Sans délibération collective digne de ce nom, car la démocratie sociale s’est fissurée.

Oui, un carré de députés de la majorité socialiste a refusé de voter ce budget. Ils expriment des désaccords de fond devant une politique qui ne marche pas, mais alertent aussi sur la faible qualité démocratique d’un grand pays, le nôtre, qui est gouverné sans que l’on prenne la peine de mobiliser la société, de l’interroger et de l’écouter sérieusement, de remettre les citoyens dans le circuit des décisions qui les concernent. Il en va ainsi du débat actuel sur le marché du travail, quand les sondages prennent les salariés en otage. Simplifier le code du travail : le oui est massif. Faciliter les licenciements : le non l’emporte largement. Cherchez l’erreur !

Certains moquent nos efforts, décrètent chaque mois la fin de ce qu’ils nomment la fronde, et qui devient un nouveau courant d’idées dans la gauche française. Nous continuerons, chaque fois que ce sera utile, à nous émanciper du conformisme. S’il y a fronde, terme que je ne revendique guère, c’est le sens à lui donner. Lanceurs d’alerte face à un dérèglement de nos institutions, nous dénonçons la verticalité illusoire du pouvoir. Face à la perte de confiance qui se confirme chaque fois qu’un engagement renié s’efface des agendas, et qu’un idéal se noie dans l’océan glacé du cynisme dominant.

Nous prenons date et nous tenons bon grâce à la conviction qu’un nouvel âge démocratique est possible, à condition de lui donner du souffle, de l’innovation, des formes nouvelles, quand les figures imposées des appareils traditionnels nous enferment. Seul cet espoir peut combattre avec succès la féroce poussée réactionnaire qui vient. En décembre, une nouvelle riposte civique s’imposera pour mettre en face du national-populisme toutes les forces disponibles, sans confusion ni tâtonnements. La menace du FN est trop réelle pour la contrer avec d’obscurs calculs. Pour y parvenir en 2017, l’offensive démocratique pour remettre la politique et la société en mouvement et les réponses sociales pour ne pas renoncer à l’égalité seront plus que jamais inséparables.

Tribune de Christian PAUL dans Libération (29/10/2015) : «Coup de froid sur la démocratie»
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