LEMONDE.FR | 19.01.12 | 10h51 • Mis à jour le 19.01.12 | 11h35
Dirigeant de l'aile gauche du PS, Henri Emmanuelli, député et président du conseil général des Landes, a demandé à François Hollande, mardi 17 janvier, "une clarification" après les propos du député PS Jérôme Cahuzac sur l'ouverture de 60 000 postes dans l'éducation.
Pourquoi être publiquement intervenu pour recadrer un membre de l'équipe de M. Hollande ?
Nous avons été surpris que certains puissent affirmer que les 60 000 postes que nous créerons dans l'éducation nationale le seront par redéploiement du secondaire vers le primaire. Je connais la situation sur le terrain et je ne crois pas que cela corresponde à la réalité et aux besoins.
M. Hollande, lors de son conseil politique mercredi, a demandé à chacun d'être "responsable". Vous sentez-vous visé ?
La responsabilité doit être partagée. Nous ne devons pas découvrir des interprétations nouvelles de telle ou telle mesure qui posent problème. Nous avons déjà vécu la semaine dernière une affaire de ce genre avec le quotient familial : l'entourage déforme les propositions du candidat. Je comprends qu'il faille faire campagne et répondre aux questions. Mais c'est au candidat de faire des propositions. A personne d'autre.
La création nette de ces 60 000 postes doit-elle être maintenue contre vents et marées ?
Elle est indispensable. Si nous ne créons pas ces postes, les prochaines rentrées scolaires seront difficiles à faire.
Manuel Valls, Pierre Moscovici, Michel Sapin… La ligne défendue par le premier cercle du candidat, ancré à la droite du PS, vous convient-elle ?
François connaît parfaitement ces camarades. Il a fait les choix qui lui convenaient. Je suis certain qu'il les assume parfaitement.
Votre candidat, sous couvert de réalisme budgétaire, ne prépare-t-il pas l'austérité ?
Ce n'est pas ce que dit François Hollande. Nous sommes dans une situation très difficile, à cause de la crise et de la droite, qui, depuis dix ans, mène une politique désastreuse. Si nous gagnons, ce ne sera pas facile. Mais la campagne ne peut se réduire à une course à l'austérité entre droite et gauche. Même si on ne peut pas tout faire, on doit dire qu'on va essayer.
Comment concilier "rêve français" et rigueur ?
Nos compatriotes sont très inquiets, et cette inquiétude limite l'enthousiasme. Nous connaissons le rejet dont le président de la République fait l'objet. Mais pour gagner, il faut susciter un minimum d'espérance. Notre rôle est de redonner un peu d'espoir.
La dégradation de la note française autorise-t-elle l'espoir ?
Dans les motifs de la perte de notre triple A, il y a, bien sûr, l'appréciation négative sur notre situation financière, mais aussi un long paragraphe sur l'accumulation des plans d'austérité qui condamne la croissance, alors même qu'il n'y a que la croissance qui serait à même de redresser les finances publiques! Le rôle du candidat de l'alternance est d'avoir une gestion sérieuse, mais aussi de retrouver le chemin de la croissance.
Que pensez-vous du sommet social tenu mercredi à l'Elysée?
Ce n'est pas un sommet social, mais un sommet électoral. M. Sarkozy fait n'importe quoi. Il recrée 1 000 postes pour le Pôle emploi après en avoir supprimé 1 800 l'an passé; il accorde une enveloppe de 100 millions d'euros qui s'ajoutent aux 600 millions déjà budgétés pour le chômage partiel contre 6milliards en Allemagne.
La montée de François Bayrou dans les sondages vous inquiète-t-elle?
En Aquitaine, tout le monde sait que M. Bayrou est à droite. Il y a toujours mené ses batailles aux côtés de l'UMP. Il n'y a qu'à Paris qu'on ait des doutes ! M.Bayrou n'est là que pour préparer le second tour de M. Sarkozy.
Propos recueillis par David Revault d’Allonnes