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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 11:26

| Par Martine Orange et La Parisienne Liberee et Antoine Perraud - Mediapart.fr

Nous inaugurons, avec Emmanuel Todd, une série de grands entretiens en vue de la présidentielle. En plus de solliciter l'analyse de personnalités compétentes et légitimes, nous leur demanderons de se muer en force de propositions, exercice auquel se livre donc l'historien, anthropologue et démographe, dans la vidéo ci-dessous.

 

Né en 1951, en marge de l'université française après avoir notamment étudié à Cambridge en Angleterre, Emmanuel Todd apparaît souvent terriblement journaliste à ses pairs et furieusement académique aux yeux de bien des gazetiers...

Il annonça, à 25 ans, la fin de l'Urss au nez et à la barbe des kremlinologues, en se fondant sur l'étude des structures familiales et autres fantaisies – selon les canons alors encore dominants d'un marxisme sourcilleux: La Chute finale (Robert Laffont, 1976). Emmanuel Todd écrivit son fait au sujet des États-Unis d'Amérique, colosse dont il examina scrupuleusement les pieds d'argile, qui en font désormais un facteur de désordre mondial: Après l'Empire (Gallimard, 2002).

Il examina les troubles alors encore à venir dans des sociétés arabo-musulmanes confrontées à leur transition démographique: Le Rendez-Vous des civilisations (avec Youssef Courbage, Le Seuil, 2007).

Le chercheur inventoria par ailleurs les processus ayant favorisé l'émergence de Ségolène Royal et surtout l'arrivée au pouvoir d'un Nicolas Sarkozy en 2007: Après la démocratie (Gallimard, 2008).

Il s'amuse des interviewers qui viennent parfois le voir comme la Pythie sur son trépied. Ses intuitions, servies par un verbe haut, font mouche. Il nous confia ainsi comment François Hollande pourrait connaître un destin politique aux antipodes d'un François Mitterrand, arrivé à l'Élysée «à gauche toute», pour baisser pavillon dès 1983 avec «le tournant de la rigueur». L'actuel candidat socialiste, quasiment centriste en début de course, finira-t-il, crise systémique oblige, en héraut d'une gauche revivifiée?

Pour comprendre le paysage européen et ses enjeux monétaires ou sociaux, voici donc l'homme dont les recherches avaient été détournées au profit de la campagne de Jacques Chirac, en 1995, sur «la fracture sociale»...


Emmanuel Todd: mes quatre mesures... par Mediapart

Craignez-vous que la droite n'acclimate vos idées sur le protectionnisme, du fait de ce «besoin de protection» sur lequel entend jouer Nicolas Sarkozy?

Je ne me suis pas posé la question en ces termes. Je vois plutôt venir une campagne très dure, qui pourrait permettre à la gauche de redevenir la gauche. On voit en effet disparaître une certaine fantaisie (la gauche de la gauche, le trotskisme...), au profit d'une reconfiguration favorisée par une discipline inhabituelle.

En face, la droite existe – par-delà l'insignifiance de Nicolas Sarkozy – à travers deux composantes de son corps électoral, qui se sont énormément rapprochées: l'UMP et le FN. La porosité est désormais patente.

Je m'attends donc à un choc frontal sur le plan idéologique, avec une gauche obligée de s'assumer du fait de la crise, de l'effondrement de la légitimité libre-échangiste «européiste», ou de la faillite des classes dirigeantes. Cette gauche, contrainte d'être plus offensive, devra désigner le véritable ennemi: la nouvelle oligarchie, le nouveau système de pouvoir, les nouveaux rapports de classe.

Cette gauche française, par la force des choses, sera tenue de sortir du béni-oui-oui social-libéral, face à une droite n'ayant rien à proposer et qui ressortira donc les thèmes de l'identité nationale, de l'islam, des Arabes. Cette droite, très liée à ce qu'on appelait jadis «le grand capital financier», cette droite Fouquet's pour dire vite, fera du populisme, jouera sur les peurs et le vieillissement d'un corps électoral, qui n'a jamais été aussi âgé en France.

Alors certes, dans la confusion générale, il est possible que Nicolas Sarkozy demande à son baratineur en chef, Henri Guaino, d'écrire son pipotage habituel de dernière minute, sur le protectionnisme. Il l'avait instrumenté en 2007, comme naguère au profit de Jacques Chirac. Il suffira de rappeler ces précédents pour contrer une telle tromperie sur la marchandise. Mais peut-être avez-vous raison: quelqu'un se trouve sans doute déjà dans les starting-blocks, prêt à raconter n'importe quoi!

Vous ne craignez pas que Sarkozy parvienne à se poser en digue?

Mais il est là depuis cinq ans, il a déjà tout dit sans jamais rien faire! Or le corps électoral comprend, malgré les grands médias tenus par l'argent. Nous sommes encore dans la phase où l'establishment journalistico-communicant s'enivre de son propre isolement: nous n'entendons, sous couvert de politique, que des spécialistes parler entre eux.

Nous verrons bientôt apparaître, dans les sondages, le vote populaire, qui représente encore 50% de la population électorale. Ces gens comprennent ce qui ne va pas, à droite comme à gauche. Ils savent déjà que le propos du président sur leur «protection» relèvera du tour de passe-passe. Pour eux, Sarkozy, c'est le type qui s'est baladé dans les usines en déclarant qu'il allait les sauver mais qui n'en a rien fait!

Cet électorat – j'espère ne pas me comporter ici comme l'establishment en parlant à la place du peuple! – a profondément intériorisé l'impuissance de Sarkozy. Celui-ci n'a pas pu démettre Fillon, ce que n'importe quel président de la Ve République n'aurait jamais supporté. Il a été obligé de reprendre Juppé, ce qui le prive de l'intégralité de la politique étrangère, ce prétendu «domaine réservé».

Voilà quelqu'un toujours présenté comme un personnage fort. Mais il est vacillant, telle est sa réalité psychologique! Il se situe dans un modèle hiérarchique: il se montre fort avec les faibles et faible avec les forts. Il se soumet aux puissants (les États-Unis, la Chine, l'Allemagne) et tape sur les gamins de banlieue ou sur les Roms! Je suis persuadé que les gens le savent.

De plus, une rupture idéologique vient d'intervenir. J'ai été tricard plus d'une décennie sur la question du protectionnisme européen, qui ne pouvait, clamait-on, que faire le jeu du FN. Enfin la primaire socialiste vint! Arnaud Montebourg, qui avait compris avant moi – puisqu'il appelait à une taxation européenne de certains produits dès 1997 alors que je n'ai pigé qu'en 1999 –, a obtenu un succès parmi les classes moyennes (le corps électoral de cette primaire). Nous ne savons pas encore quel sera l'écho de son discours dans les milieux populaires.

Il est donc trop tard pour Nicolas Sarkozy: cette thématique de la protection économique ne peut plus être maniée par la droite. La voilà ancrée à gauche. Pas suffisamment, certes, mais elle ne peut qu'y trouver un écho de plus en plus large du fait de la crise. Le timide concept de «juste échange» débattu dans le PS est dépassé. Sur la question des banques et de la dette publique – sans oublier l'euro –, il faudra une prise de contrôle par l'État pour éviter la panique. Or c'est précisément là que gît le subconscient de la gauche...

«Nous sommes dans une hésitation historique»

Et le FN en embuscade ?

Le FN est certes haut dans les sondages et il peut encore passer à une hauteur supérieure. Mais il existe enfin une possibilité de le voir avalé par une gauche ragaillardie. Tout dépend de la campagne que mènera le PS: nous sommes dans une hésitation historique.

Il y a donc de l'espérance, même si nous nous avançons vers quelque chose de très dur et de très angoissant. Auparavant, nous ne pouvions qu'espérer un élu de droite à peu près civilisé ou un(e) socialiste continuant de faire la même chose. Nous ne sommes plus dans une telle continuité: nous aurons vraiment pire, ou franchement mieux!

Croyez-vous à une rupture ?

Il y aura forcément rupture. Si Nicolas Sarkozy était réélu, après ce qu'il a déjà fait, la France ne serait plus la France. Elle ne se relèverait pas d'un deuxième mandat d'un tel président, qui pourchasse les boucs émissaires en pleine déroute économique. Étant donné son image dans le monde, les Français paieraient une note salée: s'ils votaient mal, ils seraient punis par l'Histoire.

En revanche, la France peut à nouveau émerger comme le pays de l'égalité, capable d'utiliser l'État de façon originale pour mettre à bas les puissances financières. Souvenons-nous des suites de la crise de 1929, quand l'Allemagne produisait Hitler, la Grande-Bretagne des conservateurs asthéniques et l'Amérique Roosevelt: la France a élu le Front populaire...

Voyez-vous une tension entre le capitalisme qui tend à son autodestruction et l'Europe qui s'achemine, malgré tout, vers son autoconstruction?

Je vois tout à fait autre chose! Le champ de force est difficile à analyser, nous percevons uniquement ce qu'il y a de commun au monde développé: la montée de l'inégalité, ainsi que des phénomènes de domination. Chez les Anglo-Saxons, les libertés individuelles sont chevillées au corps. Mais en Europe continentale, existent des manifestations d'autorité politique et de bureaucratisation. Dans la zone euro, ou plutôt dans ses parties faibles (c'est-à-dire toute la zone sauf l'Allemagne!), nous sommes confrontés à une forme d'hybridation: des responsables sont nommés sur pression de Berlin pour relever les finances publiques, après avoir travaillé pour Goldman Sachs. Ils se retrouvent à l'intersection des deux domaines de domination.

Or la France navigue à vue, précisément à cette intersection, avec des élites de droite, dans la tradition catholico-vichyste, très séduites par l'Allemagne et les systèmes autoritaires de l'Europe continentale, tandis que le tempérament de sa population rend la France plus proche des valeurs de liberté anglo-saxonnes. D'où des tensions intéressantes sur le plan historique et anthropologique...

En ce qui concerne la construction européenne, les forces de l'inégalité et de la domination sont dans une forme d'ivresse terminale: exigence d'un service frénétique de la dette publique, appétit de privatisations, soif d'austérité! Bref, encore plus de tout ce qui a été fait! Comme si les élites, qui tiennent un tel discours, étaient aveuglées par les dieux attachés à leur perte: nous pataugeons dans le tragique de l'Histoire...

Cependant, un tel retour au tragique se fait chez nous sur un mode sénile, en raison de notre pyramide des âges: voilà pourquoi vous ne voyez pas une jeunesse européenne envahissant massivement l'espace public, comme dans les pays arabes.

Qu'en est-il de la démocratie en Europe?

Nous découvrons la supercherie suivante: les valeurs européennes étaient censées s'incarner dans un espace de démocratie libérale ayant renoncé aux rapports de force entre les nations, traitées sur un pied d'égalité, quelle que fût leur puissance. C'était une fiction. On savait que le Luxembourg n'avait pas forcément son mot à dire, certes. Mais la Belgique, par exemple, avait réellement voix au chapitre.

Or l'Europe est aujourd'hui devenue le contraire d'un tel mythe fondateur. L'égalité? Nous nous retrouvons avec un système hiérarchique dément: des faibles et des forts (avec un fort absolu: l'Allemagne). Les faibles sont mis au pas et privés de leur système démocratique, tandis que surgit un nouveau personnel venu de Bruxelles, Francfort et Berlin – les trois pôles du système de domination –, sous les applaudissements de Paris, convertie en succursale chargée de faire la claque!

«Il n'y a plus de rapports égalitaires en Europe»

L'Allemagne, revoilà l'ennemi ?

Je sais tout ce que l'Allemagne apporta à l'Europe avant le nazisme – à commencer par la réforme protestante et l'alphabétisation de masse. Ce pays repose sur une culture particulière, centrée sur la famille souche; système à héritier unique un peu autoritaire. D'où son efficacité industrielle, sa position dominante en Europe, mais aussi sa rigidité mentale. L'Allemagne s'est toujours affolée quand elle s'est retrouvée en position dominante. Notamment sous Guillaume II, avant le premier conflit mondial, quand, échappant à la raison bismarkienne, elle se retrouva hégémonique. La situation actuelle se rapproche davantage de cette période wilhelmienne que de la séquence nazie.

Or une telle ivresse de puissance serait facile à contrôler, si les décideurs français étaient normaux: l'Allemagne est vieille, avec 80 millions d'habitants qui peinent à se renouveler; elle n'est plus dans une culture totale; son industrie, somme toute moyenne, hyper exportatrice, certes, est loin du niveau japonais, par exemple, techniquement parlant. Bref, il serait facile de la ramener à la raison. Mais la névrose des classes dirigeantes françaises les pousse à s'agenouiller.

Une telle inaptitude à remettre Berlin à sa place, de la part d'un président de la République atteint de nanisme politique et qui se montre donc incapable d'affronter Angela Merkel, entretient l'Allemagne dans son délire. Délire auquel répond une hostilité incroyable à l'encontre de Berlin, sur tout le continent.

Nous venons d'assister, en Grèce et en Italie, à une interdiction de référendum, à des dépositions de chefs de gouvernement...

Les pays qui viennent d'être mis au pas, la Grèce, l'Italie, bientôt l'Espagne et le Portugal, ce sont des nations dont les traditions démocratiques s'avèrent récentes et fragiles. L'Europe, qui était censée être le continent de la démocratie libérale, est devenue une machine qui l'a cassée dans des régions où elle venait de naître!

Apparemment, l'Allemagne, qui donne le la, possède une démocratie plus saine que la France: les syndicats ouvriers s'y avèrent encore représentatifs, l'extrémisme politique y est moins apparent qu'ailleurs: ça tourne mieux. Angela Merkel ne s'offre pas aux yeux du monde et de son peuple comme un problème inquiétant pour la démocratie, contrairement à l'actuel président de la République française.

Pourtant, si vous examinez la surpuissance économique allemande dans l'espace européen, vous découvrez qu'elle se fit par le biais d'une politique économique égoïste, avec des délocalisations des produits intermédiaires en Europe de l'Est, hors zone euro. Il y a eu outre-Rhin, des années durant, un blocage et une baisse des salaires en s'appuyant sur les mécanismes autoritaires de la culture allemande, au profit d'une politique d'exportation dans la zone euro, où Berlin réalise ses plus gros excédents commerciaux.

Une telle politique effectuée contre ses partenaires fut menée de bout en bout par des coalitions, comprenant souvent le SPD; ce qui remet finalement en cause le principe d'une véritable alternance.

Alors se pose une question en forme de retour cruel de l'Histoire: le facteur central de la dégénérescence de la démocratie dans le système européen, ne serait-ce pas l'Allemagne?...

Des foules, d'Athènes à Madrid, crient déjà au IVe Reich!

Le ras-le-bol s'exprime par des expressions exagérées. Mais si personne ne dit véritablement ce qui se passe, les opprimés ont l'impression d'être niés. Les choses ne sont pas dites au bon niveau, puisque Nicolas Sarkozy lâche sur tout. Il n'y a donc plus de rapports égalitaires en Europe.

Les Allemands ne sont pas foncièrement arrogants. Ils ont lâché beaucoup sur la gestion par la Banque centrale. Certes, pour ce pays à la vision fort peu égalitaire, la communautarisation de la dette semble un obstacle infranchissable. Mais il aurait été possible de le faire plier pendant qu'il était encore temps.

Le jour où l'euro tombera, il sera acté qu'une classe dirigeante entière a été déligitimée. Pour un prix inférieur à celui de 1940! Sans frais militaires! Finalement, je pourrais vous proposer une histoire riante de la France, non pas immédiatement mais un an après la chute de l'euro, alors que les Allemands ne pourront pas y faire face si facilement...

«L'euro (dans le sens monétaire) totalitarisme !»

Croyez-vous à une Europe sans euro ?

Je suis passionné, culturellement, par l'Europe. Or la monnaie unique, dont on voit qu'elle produit actuellement une exaspération sur le continent, était, dès le départ, la négation de l'Europe. J'étais donc contre au départ. J'avais fini par l'accepter, persuadé qu'elle ne pouvait être sauvée que si l'Europe passait au protectionnisme.

Le libre-échange, présenté comme un doux commerce entre les peuples, est en réalité une déclaration de guerre économique de tous à tous. Il crée cet état de jungle, de rapport de force en train de détruire l'Europe. Il aboutit à une hiérarchisation des nations en fonction de leur situation économique.

Du coup, au stade actuel, ma préférence irait vers un sauvetage de l'euro par le protectionnisme européen. Il faudrait donc que la France ait le courage de négocier cette solution avec l'Allemagne. Il faut créer les conditions d'une remontée de la demande sur l'ensemble d'un continent, où l'on cesserait de se jeter les uns sur les autres. L'Europe redeviendrait alors ce qu'elle a cessé d'être: un atout. Ce qui apparaît aujourd'hui comme une faiblesse déstructurante, la diversité anthropologique, referait alors sa force dans un contexte global protégé.

Toutefois, au rythme où va cette crise financière, monétaire, économique, avec une récession programmée par les plans d'austérité, je vois se dessiner une sortie préventive de l'euro. Je donne raison sur ce point à l'économiste Jacques Sapir. Les Allemands se verraient alors contraints d'accepter une restructuration globale, ainsi que le protectionnisme européen.

Mais nous assistons à une absence de débats économiques. On claironne qu'il n'y a pas d'alternative. Cette attitude de déni quant aux solutions possibles trahit la fossilisation mentale du Vieux Continent. Les experts s'époumonent, tel un chœur de vieillards: «Ce n'est pas possible!»

C'est effrayant comme un discours totalitaire imposant la négation de la vie, de la réalité, de l'Histoire, de la capacité à peser sur les choses. Nous avons eu la soumission à la race avec le nazisme, la soumission à une doxa dite socialiste avec les démocraties populaires; il y a désormais une soumission à des plans d'austérité, qui conduisent mécaniquement à la régression.

Voilà bien une pathologie mentale digne de celles qui menèrent au totalitarisme. Le totalitarisme était fondé sur des sociétés dont la jeunesse était encore le ressort. Nous le reproduisons donc dans sa version décrépite: l'euro (dans le sens monétaire) totalitarisme!

Ferons-nous l'économie d'une guerre sur le sol européen, alors que l'équilibre de la terreur semble être passé du domaine nucléaire au domaine financier?

Les menaces de guerre font partie de la panoplie agitée par le système. S'il y a bien quelque chose qui ne menace pas sur ce continent fourbu: c'est la guerre. Personne ne va nous envahir. Le danger vient de la baisse du niveau de vie, de l'implosion des systèmes éducatifs, ou de la destruction des services publics.

Cela dit, des régimes autoritaires sont possibles. En France notamment, où la combinaison de valeurs libérales et égalitaires en tension peut déboucher sur le bonapartisme. Si la baisse du niveau de vie s'accélère et si la gauche n'est pas capable de proposer une alternative avec reprise de contrôle du système financier et restructuration de l'Europe, si la droite reste donc au pouvoir, nous irons à l'évidence vers un régime autoritaire.

Toutes les décisions du président de la République actuel s'inscrivent dans l'établissement d'un tel régime. Cela va de la mainmise sur l'information, à la volonté de fusionner la police et la gendarmerie, alors que ces deux corps séparés de maintien de l'ordre – grande tradition républicaine – s'avèrent l'une des garanties de la démocratie.

Alors, nous connaîtrions la dictature sans la guerre. C'est déjà ça, non?...

Les indignés, c'est ce qui reste quand on a tout perdu?

Les indignés sont peu nombreux dans nos sociétés européennes, où l'âge médian dépasse la quarantaine (40 ans en France, 44 ans en Allemagne), où l'état d'atomisation de la structure sociale freine l'action collective. Je ne crois pas à la puissance des forces de contestation. Nous avons besoin de prises de conscience fortes et non d'un basculement général et révolutionnaire. Je milite pour un retour des élites à la raison, pas pour leur renversement.

Je n'ai rien contre les élites, mais je ne supporte pas qu'elles trahissent leur tâche. La lutte des classes existe et m'apparaît en partie soluble par la négociation. Il y aura toujours des classes supérieures. Celles-ci me sont intolérables lorsqu'elles deviennent folles et irresponsables. Les grandes démocraties reposent sur un système où une partie des élites accepta un tel contrat, au point de passer du côté du peuple. Or nous avons dorénavant des oligarques furieux, qui répondent à la définition d'un marxisme caricatural.

J'ai une conscience égalitaire de petit-bourgeois de gauche et je suis attaché à une forme de moralité sociale: cela ne fait pas de moi un révolutionnaire.

Votre rhétorique enflammée donne pourtant le change...

Oui, j'exprime très violemment des idées très modérées.

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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 10:51

Vous pouvez télécharger ici la candidature de Christine Néracoulis, conseillère municipale de Saint-Gratien, et de Fabrice Rizzoli, secrétaire de la section de Deuil-la-Barre/Enghien-les-Bains, pour obtenir l'investiture du Parti Socialiste aux élections législatives de juin 2012, sur la 6ème circonscription du Val-d'Oise.

Les adhérents du PS inscrits sur les listes électorales de la 6ème circonscription voteront le 1er décembre.

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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 09:27

 

Cher(e) camarade, 

En 2012, la gauche a rendez-vous avec les Français. 

Notre pays traverse une crise d’une ampleur inédite, qui déstabilise profondément les économies des États membres de l’Union Européenne. Nos concitoyens sont inquiets pour leur avenir et celui de leurs enfants. Chômage, précarité, baisse du pouvoir d’achat : c’est la réalité de l’immense majorité des Français. 

La droite au pouvoir depuis près de 10 ans est largement responsable de cette situation. Elle a creusé les déficits. Elle a démantelé notre modèle social. Et ses choix en matière fiscale, favorables aux riches, ont largement contribué à accroître la dette et les inégalités. 

Injuste socialement, inefficace économiquement, la politique de la droite a pris une autre dimension avec le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Le président sortant a abîmé la France. Sa diplomatie hasardeuse et tapageuse a déçu les amis de la France. Sa gestion calamiteuse de la crise a affaibli notre pays sur la scène internationale. Sa pratique du pouvoir, faite d’atteintes à la laïcité, de dérapages xénophobes, de mauvais coups au principe d’impartialité de l’État et d’indépendance de la justice, est à mille lieues de cette « République irréprochable » qu’il entendait instaurer. 

En 2012, la gauche a un devoir de victoire 

Choqués, lassés, inquiets, nos compatriotes ont soif de changement. C’est pourquoi, en 2012, la gauche a un devoir de victoire. 

Pour autant, rien n’est joué et tout reste à faire. Mais nous avons de vrais atouts. Notre projet a été adopté à l’unanimité. Nous avons conclu avec nos partenaires de gauche un accord de gouvernement. Et, surtout, notre parti est rassemblé derrière son candidat à la présidentielle, François HOLLANDE, choisi par plusieurs millions de Français lors de primaires réussies, pour nous conduire à la victoire. 

Oui, le changement est désormais possible. À nous de le rendre concret. Pour cela, il faudra gagner l’élection présidentielle. Et, un mois plus tard, remporter les élections législatives. Tous les militant(e)s du Parti sont mobilisés vers cet objectif. 

La 7ème circonscription : un combat emblématique ! 

Dans notre département, toutes les circonscriptions, à l’exception de la 8ème, sont détenues par un député de droite ! Pour les militants du Val d’Oise, le défi est immense… et enthousiasmant. 

Dans la 7ème circonscription, nous mènerons un combat particulièrement emblématique : face à nous, le député sortant, Jérôme Chartier, est le représentant souvent caricatural du sarkozysme. Secrétaire national de l’UMP, le maire de Domont s’est illustré dans la défense de la politique fiscale de la droite au pouvoir : inlassable promoteur du « bouclier fiscal », il n’a cessé de plaider pour la poursuite des « réformes » aux conséquences économiques et sociales désastreuses. La victoire de la gauche sur la 7ème circonscription aura donc valeur de symbole. 

Comme toi, j’ai envie de me consacrer à construire cette victoire. 

C’est la raison pour laquelle je te propose aujourd’hui de me désigner pour être la candidate du Parti socialiste sur la 7ème circonscription en juin 2012. Mon expérience, locale et nationale, sera je le crois un atout pour reconquérir cette circonscription. 

Je suis prête à relever ce défi. 

Habitante du Val d’Oise depuis ma naissance et de notre circonscription depuis près de quinze ans, j’ai la passion de notre territoire et l’envie de porter la voix de ses habitants au Parlement. 

Secrétaire nationale de notre parti depuis 3 ans, j’ai participé à l’élaboration de notre projet aux côtés de notre première secrétaire Martine AUBRY, plus spécifiquement sur les thèmes des seniors, du handicap, de la perte d’autonomie. J’ai animé un des groupes de travail avec nos partenaires d’« Europe Écologie Les Verts » qui a abouti récemment au texte commun. 

Élue municipale à Ecouen, conseillère régionale d’Île-de-France, suppléante de Didier Arnal en 2007, je connais bien les enjeux de notre circonscription et les projets des villes et villages qui en font partie. De Sarcelles à Montmorency, en passant par le canton d’Écouen et le canton de Domont, notre territoire est riche de sa diversité. Les élus et les militants savent qu’ils ont toujours pu compter sur moi pour porter les aspirations des habitants, et faire aboutir de nombreux projets. 

Les habitants, qui me connaissent, peuvent en témoigner. Mais si vous avez toujours pu compter sur moi, c’est tout simplement parce que je suis une militante. À vos côtés, sur le terrain. 

Mon attachement à notre territoire est également très personnel puisque j’y enseigne dans un collège. Engagée pour le renouvellement des pratiques politiques, j’ai tenu à conserver mon activité professionnelle. 

Ma connaissance du terrain, de ses habitants et mon expérience nationale sont des atouts pour faire gagner la gauche dans notre circonscription face à un candidat UMP très implanté. 

Patrick HADDAD, élu de Sarcelles et conseiller communautaire délégué à l’emploi à la Communauté d’Agglomération Val-de-France a accepté d’être mon suppléant. Notre ticket allie l’expérience, le renouvellement, la représentation de la diversité territoriale de notre circonscription. Ensemble, nous avons l’ambition de mener une campagne dynamique, sérieuse et conviviale. 

Conformément à notre convention « rénovation », et fidèle à mes convictions, je me suis engagée à ne pas cumuler le mandat de députée avec celui de Conseillère régionale ou tout exécutif local. 

Parce que rien ne remplace le débat et l’échange, je vous donne rendez-vous avant le vote du 1er décembre, à l’assemblée de circonscription du 29 novembre. 

Dans l’attente de te rencontrer, je te prie de croire, cher(e) camarade, en mon amitié socialiste. 

Charlotte Brun

« Je connais Charlotte de longue date, puisqu’elle m’avait déjà proposé de faire partie de son équipe quand elle animait le mouvement des jeunes socialistes du Val d’Oise il y a 15 ans. Je connais ses convictions et son engagement sans faille au sein de notre parti et c’est avec plaisir que j’ai accepté d’être son suppléant.

J’ai toujours vécu à Sarcelles dans le canton sud-ouest où ma famille s’est installée en 1962. J’y ai suivi toute ma scolarité, puis ai poursuivi des études universitaires jusqu’à l’obtention d’un doctorat en économie. Professionnellement, je suis consultant dans le domaine des politiques sociales et Maître de conférences associé à l’Université. Politiquement, je suis conseiller municipal de Sarcelles et conseiller délégué à la communauté d’agglomération Val de France où j’ai en charge le dossier particulièrement sensible de l’emploi. J’ai également été secrétaire de la section de Sarcelles pendant près de 8 ans où le Parti Socialiste est arrivé en tête à toutes les élections.

Je serai fier de participer à la reconquête de notre circonscription par la gauche. Pour cela, il nous faudra rassembler la diversité de notre territoire, car contrairement à Nicolas Sarkozy et Jérôme Chartier dont la politique consiste à dresser les Français les uns contre les autres, notre ambition est au contraire de les réunir autour d’un projet commun. Les habitants de notre circonscription, qu’ils soient issus des zones urbaines sensibles ou des quartiers péri-urbains résidentiels, ont les mêmes aspirations et les mêmes préoccupations : l’emploi, le pouvoir d’achat, le logement et la sécurité. Gagner pour répondre à ces aspirations, tel est le sens de mon engagement aux côtés de Charlotte et à vos côtés dans cette campagne. »

Patrick HADDAD, élu de Sarcelles
et conseiller communautaire délégué à l’emploi
 
à la Communauté d’Agglomération Val de France

 

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 13:57

 logo.jpgLa crise dite des dettes souveraines que connaissent plusieurs États depuis plus d'un an ne cesse de déployer ses conséquences économiques et sociales dramatiques dans l'ensemble des pays de l'Union européenne.

EUSE.jpgElle a aussi des conséquences politiques lourdes de menaces pour la démocratie. En effet, les march és financiers mettent une pression énorme pour imposer le néolibéralisme comme horizon indépassable, à travers des plans d'austérité drastiques, et cela avec la complicité active de la la Commission européenne, de la Banque centrale européenne, des gouvernements de droite (voire sociaux-démocrates) et de leurs relais médiatiques. 

Dernière évolution très inquiétante, l'Italie après la Grèce a été obligée de voir se former un gouvernement dit de techniciens (libéraux) sous la conduite de l'ancien commissaire européen et ancien conseiller de la banque Goldman Sachs, Mario Monti.


Quelque que soit le rejet que suscite fort légitimement Berlusconi, tout gouvernement doit découler d'un mandat du peuple. Or, le gouvernement Monti n'est pas issu d'une majorité politique. Les marchés financiers attendent de lui l'application stricte d'un plan d'austérité, et cela jusqu'à des élections législatives dont la date n'est pas fixée.     

Alors que l'Union Européenne était déjà perçue comme bien peu démocratique, comme l'a montré le passage en force suite au non à la Constitution européenne en France et aux Pays Bas, cette crise fait franchir un pallier supplémentaire à l'étouffement de la souveraineté populaire, à tel point que nous pouvons parler d'oligarchie au sens de confiscation du pouvoir par les élites !

Si durant la prochaine présidentielle la gauche et les socialistes échouent à offrir une réelle alternative, en redonnant le pouvoir au peuple face au marché, le danger de l'extrême droite n'en sera que plus grand.

EmmanuelMaurel2011Pour échanger autour de ce thème, vous êtes ainsi conviés :


Vendredi 25 novembre 2011, 19h15

 Amphi du gymnase Huyghens, 10 rue Huyghens, Paris 14ème, métro Vavin ou Raspail.

 

Quelle souveraineté populaire face au danger de dictature des marchés ?


Intervenant : Emmanuel Maurel, vice-président du Conseil Régional d'Ile de France, chargé de la formation professionnelle, de l'apprentissage et de l'alternance, Secrétaire national du PS à l'Université permanente et aux universités d'été, dirigeant d'Un Monde d'Avance.  

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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 09:15

"La vraie menace pesant sur l'Union" - Chronique quotidienne "Géopolitique" de Bernard Guetta, prononcée le jeudi 10 novembre 2011

Bouton de lecture

(ré)écouter cette émission

disponible jusqu’au 05/08/2014 08h16

Le plus grand danger pour l’Europe n’est peut-être pas celui qu’on voit. Plus haletante que jamais, la crise de la dette publique met à l’épreuve la crédibilité de la monnaie unique mais, l’un dans l’autre, elle a ses effets bénéfiques puisqu’elle amène les pays de la zone euro à affirmer une solidarité financière que les traités avaient pourtant proscrite dans la crainte qu’elle n’ouvre la voie au laxisme budgétaire de trop d’Etats.

Traités ou pas, la dette publique s’est emballée. C’est la crise mais, en en tirant les leçons avant même de l’avoir résolue, beaucoup des dirigeants européens, toujours plus nombreux, envisagent maintenant des changements institutionnels d’envergure qui pourraient, à terme, précipiter l’Union dans une crise politique structurelle autrement plus grave et menaçante pour l’Europe que ses difficultés financières du moment.

Après s’être résolu à la solidarité pour éviter un crash irrémédiable, ils voudraient institutionnaliser au plus vite un pilotage commun des économies des pays de l’euro, ce qu’ils appellent une «gouvernance économique commune». Ils n’ont pas tort. Ils ont même entièrement raison puisque la zone euro ne peut pas avoir une monnaie unique et 17 politiques économiques différentes. Il y a là une salutaire évolution des esprits dont il faut d’autant plus se réjouir que les mêmes dirigeants européens en viennent à prôner, enfin, une Europe à deux vitesses, celle qui voudrait aller plus vite et plus loin dans l’intégration économique et celle qui préférait en rester aux traités actuels.

C’est ainsi que Nicolas Sarkozy déclarait, mardi, à Strasbourg, qu’il «y aura clairement deux vitesses européennes : une vitesse – « fédérale » disait-il [en fait il n'a pas prononcé le mot] – vers d’avantage d’intégration dans la zone euro et une vitesse plus confédérale dans l’Union européenne». C’est exactement ce qu’expliquait hier Guido Westerwelle, le ministre allemand des Affaires étrangères, en estimant que le changement des traités européens pourrait déboucher sur des « coopérations différenciées ». C’est aussi l’idée de Mme Merkel qui ne laisse plus passer 2 jours sans la marteler et celle, aussi, de Joschka Fischer, figure des Verts et ancien ministre allemand des Affaires étrangères qui ne voit «pas comment ces 27 Etats parviendraient à accoucher de réformes d’importance».

On va vers un noyau dur fédéral mais le problème est que, parti comme c’est, ce fédéralisme à quelques uns ne sera pas politique mais uniquement économique. Ce n’est pas pour rien qu’on ne parle pas de «gouvernement économique» mais de «gouvernance commune» car elle n’aura de fédérale que le nom, totalement usurpé en l’occurrence.

Le fédéralisme, c’est un exécutif et un législatif communs, une démocratie commune et non pas du tout des décisions et règles concoctées entre gouvernements nationaux à l’issue de compromis obscurs et qui s’imposeront aux peuples concernés sans qu’ils aient eu leur mot à dire. Non seulement ce vers quoi on se dirige n’est pas le fédéralisme mais ce n’est plus la démocratie. C’est un on ne sait quoi, inacceptable et dont l’inéluctable rejet menacera l’Europe autrement plus que ses dettes publiques.

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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 08:51

LEMONDE.FR | 08.11.11 | 19h03   •  Mis à jour le 09.11.11 | 13h36

 

François Hollande du France 2, lundi 7 novembre

François Hollande du France 2, lundi 7 novembreAFP/-

François Hollande serait-il trop attentiste en matière de politique économique ? L'angle d'attaque prudent du candidat socialiste, en cette période de crise, commence à mettre mal à l'aise les économistes de gauche.

 

Pour les membres du collectif des Economistes atterrés, parmi lesquels Henri Sterdyniak et Cédric Durand, M. Hollande ne cesse depuis plusieurs jours de mettre en cause les gouvernements ou le duo Merkel-Sarkozy sur la gestion de la crise de la dette grecque, mais sans jamais faire de contre-proposition ni remettre en cause les dogmes de la règle européenne. D'autres comme Daniel Cohen ou Thomas Piketty, bien que proches du PS et moins radicaux, n'en font pas moins entendre eux aussi des critiques.

Le député de Corrèze a annoncé qu'il présenterait son scénario de sortie de crise "dans quelques jours". Il doit réunir "ses" économistes mercredi 9 novembre pour le mettre au point. En attendant, il campe sur une posture d'opposant mais donne l'impression que la gauche tâtonne.

Il n'a pas manqué de dénoncer le plan de rigueur annoncé par François Fillon en le jugeant "incohérent, injuste et inconséquent". Il a renchéri, lundi 7 novembre sur France 2 en estimant que ce plan était "un constat d'échec que le premier ministre, au nom du président de la République, a dressé". Mais pas un mot sur un éventuel plan alternatif.

Cette hésitation commence à se voir. "Le PS est embarrassé" remarque Henri Sterdyniak, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Aux yeux du chercheur, François Hollande "a du mal à se différencier car il a peur qu'on l'accuse d'être irresponsable et de mettre en péril le triple A de la France".

Le candidat PS, qui n'a cessé de mettre en avant son sérieux budgétaire durant la primaire, ne veut pas apparaître laxiste. "François Hollande n'ose pas promouvoir sa politique de relance par l'investissement productif, les nouvelles technologies et plus de solidarité", continue le cofondateur du collectif des Economistes atterrés.

"ON A BESOIN DE PLUS D'AUDACE"

Daniel Cohen, professeur d'économie à l'Ecole normale supérieure et conseiller de la banque d'affaires Lazard (ainsi que membre du conseil de surveillance du Monde), a lui aussi du mal à cacher sa gêne. Selon lui, le candidat socialiste a tous les outils pour montrer sa différence.

"Le programme du PS est rempli de dispositions qui visent à amortir la crise", souligne celui qui conseilla Martine Aubry durant la primaire. "La gauche est capable de revenir à des paramètres budgétaires plus sains et de se créer des marges de manœuvre", insiste-t-il. La frustration est partagée par Thomas Piketty, professeur à l'Ecole d'économie de Paris (EEP). "La gauche pourrait être plus explicite et aller plus loin dans la formulation d'une alternative", assure-t-il. "On a besoin de plus d'audace et de propositions alternatives de la part du PS", insiste ce spécialiste de la fiscalité, co-auteur de Pour une révolution fiscale (Le Seuil).

"Le silence de la gauche est assourdissant", constate de son côté Cédric Durand, maître de conférences à l'université Paris 13. Cet autre signataire du Manifeste des Economistes atterrés met l'attentisme du candidat Hollande sur le compte du "consensus" droite-gauche sur la construction européenne. "Ils sont d'accord sur une gestion libérale, souligne-t-il. Or la politique de rigueur appliquée par l'Union européenne est injuste, dangereuse et antidémocratique."

La gauche est pourtant attendue, disent, avec leurs nuances, ces économistes. Il lui faut faire des propositions et montrer ses différences avec la politique de la droite. D'autant que les résultats des plans de rigueur appliqués dans l'UE vont être dramatiques, estiment ces spécialistes. "C'est désolant de voir l'Europe converger vers une purge budgétaire qui va se traduire par une dette majeure et une croissance très faible", assure M. Cohen. "La gestion de la crise par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy est lamentable. François Hollande serait de toutes façons meilleur", affirme M. Piketty.

ARRÊTER LA SPIRALE DE LA RIGUEUR

Tous pensent qu'il faut arrêter la spirale de la rigueur. La gauche doit assumer sa relance par la croissance sans complexe, en remettant en cause les "tabous" de la construction européenne comme le pacte de stabilité et l'indépendance de la BCE, disent-ils. "Il faut que le PS et le SPD fassent des propositions communes plus concrètes", avertit Thomas Piketty. Cette autre politique passe par "un saut dans le fédéralisme européen" via l'instauration d'eurobonds et la création d'une Agence de la dette européenne, défend le professeur de l'EEP.

Même insistance du côté de Daniel Cohen pour qui "la gauche doit tenir un discours de croissance au niveau européen". Mais elle doit aussi s'inscrire dans le débat présidentiel français. L'économiste de l'ENS estime que François Hollande doit montrer que l'austérité n'est "pas inéluctable" en proposant des mesures comme l'arrêt du soutien aux heures supplémentaires, la suppression des niches fiscales ou la fixation des prix des loyers. "Il faut relancer l'économie par une vraie politique industrielle, l'investissement sur les nouvelles technologies et impulser une politique de solidarité par l'harmonisation fiscale", propose de son côté Henri Sterdyniak.

"On aimerait savoir ce que pense le PS du poids des marchés et de leur chantage sur les déficits publics", se demande Cédric Durand pour qui il faut "poser la question de l'annulation de la dette vu son coût social". "La question des nationalisations demeure une question centrale sur laquelle François reste silencieux", note ce proche du NPA.

Même si les pistes divergent, l'attente est forte. Un mot d'ordre semble réunir tous ces chercheurs : ne pas faire comme les socialistes espagnols ou grecs. "La gauche française n'a pas comme seul destin de suivre celui de Papandréou", résume ainsi Daniel Cohen.

Sylvia Zappi

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 14:16

Alors que le capitalisme connaît sa crise la plus sérieuse depuis celle des années 1930, les principaux partis de gauche semblent muets, embarrassés. Au mieux, ils promettent de ravauder le système. Plus souvent, ils cherchent à prouver leur sens des responsabilités en recommandant eux aussi une purge libérale. Combien de temps ce jeu politique verrouillé peut-il durer alors qu’enflent les colères sociales ?

par Serge Halimi, Directeur du Monde Diplomatique, novembre 2011, Le Monde Diplomatique

Les Américains qui manifestent contre Wall Street protestent aussi contre ses relais au sein du Parti démocrate et à la Maison Blanche. Ils ignorent sans doute que les socialistes français continuent d’invoquer l’exemple de M. Barack Obama. Contrairement à M. Nicolas Sarkozy, le président des Etats-Unis aurait su selon eux agir contre les banques. S’agit-il seulement d’une méprise ? Qui ne veut pas (ou ne peut pas) s’attaquer aux piliers de l’ordre libéral (financiarisation, mondialisation des flux de capitaux et de marchandises) est tenté de personnaliser la catastrophe, d’imputer la crise du capitalisme aux erreurs de conception ou de gestion de son adversaire intérieur. En France, la faute incombera à « Sarkozy », en Italie, à « Berlusconi », en Allemagne, à « Merkel ». Fort bien, mais ailleurs ?

Ailleurs et pas seulement aux Etats-Unis, des dirigeants politiques longtemps présentés comme des références par la gauche modérée affrontent eux aussi des cortèges indignés. En Grèce, M. Georges Papandréou, président de l’Internationale socialiste, met en œuvre une politique d’austérité draconienne qui combine privatisations massives, suppressions d’emplois dans la fonction publique et abandon de la souveraineté de son pays en matière économique et sociale à une « troïka » ultralibérale (1). Les gouvernements d’Espagne, du Portugal ou de Slovénie rappellent également que le terme de gauche s’est à ce point déprécié qu’on ne l’associe plus à un contenu politique particulier.

Un des meilleurs procureurs de l’impasse de la social-démocratie européenne se trouve être le porte-parole... du Parti socialiste (PS) français. « Au sein de l’Union européenne, relève M. Benoît Hamon dans son dernier livre, le Parti socialiste européen (PSE) est historiquement associé, par le compromis qui le lie à la démocratie chrétienne, à la stratégie de libéralisation du marché intérieur et à ses conséquences sur les droits sociaux et les services publics. Ce sont des gouvernements socialistes qui ont négocié les plans d’austérité voulus par l’Union européenne et le Fonds monétaire international [FMI]. En Espagne, au Portugal et en Grèce bien sûr, la contestation des plans d’austérité prend pour cible le FMI et la Commission européenne, mais aussi les gouvernements socialistes nationaux. (…) Une partie de la gauche européenne ne conteste plus qu’il faille, à l’instar de la droite européenne, sacrifier l’Etat-providence pour rétablir l’équilibre budgétaire et flatter les marchés. (…) Nous avons été en plusieurs lieux du globe un obstacle à la marche du progrès. Je ne m’y résigne pas (2). »

D’autres jugent en revanche cette transformation irréversible car elle aurait pour origines l’embourgeoisement des socialistes européens et leur éloignement du monde ouvrier.

Bien que lui-même plutôt modéré, le Parti des travailleurs (PT) brésilien estime que la gauche latino-américaine doit prendre la relève de celle du Vieux Continent, trop capitaliste, trop atlantiste, et donc de moins en moins légitime quand elle prétend défendre les intérêts populaires : « Il y a aujourd’hui un déplacement géographique de la direction idéologique de la gauche dans le monde, indiquait en septembre dernier un document préparatoire au congrès du PT. Dans ce contexte, l’Amérique du Sud se distingue. (...) La gauche des pays européens, qui a tant influencé la gauche dans le monde depuis le XIXe siècle, n’a pas réussi à apporter les réponses adéquates à la crise et semble capituler face à la domination du néolibéralisme (3). » Le déclin de l’Europe, c’est peut-être aussi le crépuscule de l’influence idéologique du continent qui avait vu naître syndicalisme, socialisme et communisme — et qui paraît plus volontiers que d’autres se résigner à leur effacement.

La partie est-elle perdue pour autant ? Les électeurs et militants de gauche qui s’attachent à des contenus plutôt qu’à des labels factices peuvent-ils espérer, y compris dans les pays occidentaux, combattre la droite avec des camarades conquis par le libéralisme mais toujours électoralement hégémoniques ? Le ballet est en effet devenu rituel : la gauche réformiste se distingue des conservateurs le temps d’une campagne par un effet d’optique. Puis, lorsque l’occasion lui est donnée, elle s’emploie à gouverner comme ses adversaires, à ne pas déranger l’ordre économique, à protéger l’argenterie des gens du château.

La transformation sociale dont la plupart des candidats de gauche à l’exercice des responsabilités gouvernementales proclament la nécessité, voire l’urgence, requiert bien évidemment qu’ils y voient davantage qu’une rhétorique électorale. Mais aussi... qu’ils accèdent au pouvoir. Et c’est sur ce point précis que la gauche modérée fait la leçon aux « radicaux » et aux autres « indignés ». Elle n’attend pas, elle, le « grand soir » (lire « Il y a un siècle aux Etats-Unis, un débat fondateur ») ; elle ne rêve pas non plus de se blottir dans une contre-société isolée des impuretés du monde et peuplée d’êtres exceptionnels (lire « Des gens formidables... »). Pour reprendre des termes employés il y a cinq ans par M. François Hollande, elle ne veut pas « bloquer, plutôt que faire. Freiner, plutôt qu’agir. Résister, plutôt que conquérir ». Et elle estime que « ne pas battre la droite, c’est la garder, donc la choisir (4) ». La gauche radicale, en revanche, préfère selon lui « enfourcher n’importe quelle colère » plutôt que faire « le choix du réalisme (5) ».

Or la gauche de gouvernement, c’est son atout maître, dispose « ici et maintenant » de troupes électorales et de cadres impatients qui lui permettraient d’assurer la relève. « Battre la droite » ne tient cependant pas lieu de programme ou de perspective. Une fois les élections remportées, les structures en place — nationales, européennes, internationales — risquent de faire barrage à la volonté de changement exprimée pendant la campagne. Aux Etats-Unis, M. Obama a pu ainsi prétendre que des lobbies industriels et l’obstruction parlementaire des républicains avaient sapé un volontarisme et un optimisme (« Yes, we can ») pourtant entérinés par une large majorité populaire.

Ailleurs, des gouvernants de gauche se sont excusés de leur prudence ou de leur pusillanimité en invoquant des « contraintes », un « héritage » (l’absence de compétitivité internationale du secteur productif, le niveau de la dette, etc.) qui avaient entamé leur marge de manœuvre. « Notre vie publique est dominée par une étrange dichotomie, analysait déjà M. Lionel Jospin en 1992. D’un côté, on reproche au pouvoir [socialiste] le chômage, le mal des banlieues, les frustrations sociales, l’extrémisme de droite, la désespérance de la gauche. De l’autre, on le somme de ne pas se départir d’une politique économique financière qui rend très difficile le traitement de ce que l’on dénonce (6). » Vingt ans plus tard, la formulation de cette contradiction n’a pas pris une ride.

Les socialistes avancent qu’une défaite électorale de la gauche déclenche en général la mise en œuvre par la droite d’un arsenal de « réformes » libérales — privatisations, réduction des droits des syndicats, amputation des recettes publiques — qui détruiront les outils éventuels d’une autre politique. D’où le « vote utile » en leur faveur. Mais leur défaite peut aussi comporter des vertus pédagogiques. M. Hamon concède par exemple qu’en Allemagne « le résultat des élections législatives [de septembre 2009], qui a valu au SPD son plus mauvais score [23 % des suffrages] depuis un siècle, a convaincu sa direction du changement nécessaire d’orientation (7) ».

Les socialistes grecs se félicitent d’avoir agi plus vite que Mme Margaret Thatcher...

Un « rétablissement doctrinal » d’une ampleur tout aussi modeste est intervenu en France après la déroute législative des socialistes en 1993, au Royaume-Uni après la victoire de 2010 du Parti conservateur. Et sans doute constatera-t-on bientôt un cas de figure identique en Espagne et en Grèce, tant il paraît improbable que les gouvernants socialistes de ces pays imputent leur prochaine défaite à une politique exagérément révolutionnaire... Pour plaider la cause de M. Papandréou, la députée socialiste grecque Elena Panaritis a même osé recourir à une référence renversante : « Il a fallu onze ans à Margaret Thatcher pour mener à bien ses réformes dans un pays qui avait des problèmes structurels moins importants. Notre programme a été mis en place il y a seulement quatorze mois (8)  ! » En résumé, « Papandréou, mieux que Thatcher ! »

Sortir de cette nasse requiert de dresser la liste des conditions préalables à la mise au pas de la mondialisation financière. Cependant, un problème surgit aussitôt : compte tenu de l’abondance et de la sophistication des dispositifs qui ont enchâssé depuis trente ans le développement économique des Etats dans la spéculation capitaliste, même un programme relativement bonasse de réformes (moindre injustice fiscale, progression modérée du pouvoir d’achat des salaires, maintien du budget de l’éducation, etc.) impose dorénavant un nombre significatif de ruptures. Ruptures avec l’actuel ordre européen, mais aussi avec les politiques auxquelles les socialistes se sont ralliés (9).

Faute, par exemple, d’une remise en cause de l’« indépendance » de la BCE (les traités européens ont garanti que sa politique monétariste échapperait à tout contrôle démocratique), faute d’un assouplissement du pacte de stabilité et de croissance (qui, en période de crise, asphyxie une stratégie volontariste de lutte contre le chômage), faute de la dénonciation de l’alliance entre libéraux et sociaux-démocrates au Parlement européen (qui a conduit ces derniers à soutenir la candidature de M. Mario Draghi, ancien banquier de Goldman Sachs, à la tête de la BCE), sans même parler du libre-échange (la doctrine de la Commission européenne), d’un audit de la dette publique (afin de ne pas rembourser les spéculateurs qui ont parié contre les pays les plus faibles de la zone euro) ; faute de tout cela, la partie serait d’emblée mal engagée.

Et même perdue d’avance. Rien ne permet en effet de croire que MM. Hollande en France, Sigmar Gabriel en Allemagne ou Edward Miliband au Royaume-Uni réussiraient là où MM. Obama, José Luis Zapatero et Papandréou ont déjà échoué. Imaginer qu’« une alliance qui fasse de l’union politique de l’Europe le cœur de son projet » assure, comme l’espère M. Massimo D’Alema en Italie, « la renaissance du progressisme (10) » s’apparente (au mieux) à un rêve éveillé. En l’état des forces politiques et sociales, une Europe fédérale ne pourrait que verrouiller davantage des dispositifs libéraux déjà asphyxiants et déposséder un peu plus les peuples de leur souveraineté en confiant le pouvoir à des instances technocratiques opaques. La monnaie et le commerce ne sont-ils pas d’ailleurs des domaines déjà « fédéralisés » ?

Toutefois, tant que les partis de gauche modérés continueront de représenter la majorité de l’électorat progressiste — que ce soit par adhésion à leur projet ou par sentiment que celui-ci constitue la seule perspective pour une alternance rapprochée —, les formations politiques plus radicales (ou les écologistes) se retrouveront condamnées au rôle de figurants, de force d’appoint, de mouches du coche. Même avec 15 % des suffrages, quarante-quatre députés, quatre ministres et une organisation rassemblant des centaines de milliers d’adhérents, le Parti communiste français (PCF) n’a jamais pesé entre 1981 et 1984 dans la définition des politiques économiques et financières de François Mitterrand. Le naufrage de Refondation communiste en Italie, prisonnier de son alliance avec des partis de centre gauche, ne constitue pas un précédent plus exaltant. Il s’agissait alors, on s’en souvient, de prévenir à tout prix le retour au pouvoir de M. Silvio Berlusconi. Lequel est intervenu quand même, mais plus tard.

Le Front de gauche (auquel appartient le PCF) veut contredire de tels augures. En faisant pression sur le PS, il espère le voir échapper à « ses atavismes ». A priori, le pari paraît illusoire, voire désespéré. Toutefois, s’il intègre d’autres données que le rapport de forces électoral et les contraintes institutionnelles, il peut se prévaloir de précédents historiques. Ainsi, aucune des grandes conquêtes sociales du Front populaire (congés payés, semaine de quarante heures, etc.) n’était inscrite dans le programme (très modéré) de la coalition victorieuse en avril-mai 1936 ; le mouvement de grèves de juin les a imposées au patronat français.

L’histoire de cette période ne se résume pas pour autant à la pression irrésistible d’un mouvement social sur des partis de gauche timides ou effarouchés. C’est bien la victoire électorale du Front populaire qui a libéré un mouvement de révolte sociale en donnant aux ouvriers le sentiment qu’ils ne se heurteraient plus au mur de la répression policière et patronale. Enhardis, ils savaient aussi que rien ne leur serait donné par les partis pour lesquels ils venaient de voter sans qu’ils leur tordent la main. D’où cette dialectique victorieuse — mais tellement rare — entre élection et mobilisation, urnes et usines. Un gouvernement de gauche qui n’affronterait pas une pression équivalente s’enfermerait aussitôt dans un huis clos avec une technocratie qui depuis longtemps a perdu l’habitude de faire autre chose que du libéralisme. Il n’aurait pour seule hantise que de séduire des agences de notation dont nul n’ignore cependant qu’elles « dégraderont » sur-le-champ tout pays engageant une véritable politique de gauche.

Semblable à une étoile morte, la République du centre jette ses derniers feux

Alors, audace ou enlisement ? Les risques de l’audace — isolement, inflation, dégradation — nous sont serinés de l’aube au crépuscule. Oui, mais ceux de l’enlisement ? Analysant la situation de l’Europe des années 1930, l’historien Karl Polanyi rappelait que « l’impasse où s’était mis le capitalisme libéral » avait alors débouché dans plusieurs pays sur « une réforme de l’économie de marché réalisée au prix de l’extirpation de toutes les institutions démocratiques (11) ». Mais de quelle souveraineté populaire peuvent encore se prévaloir des décisions européennes prises à la remorque des marchés ? Déjà, un socialiste aussi modéré que M. Michel Rocard s’alarme : tout nouveau durcissement des conditions imposées aux Grecs pourrait provoquer la suspension de la démocratie dans ce pays. « Dans l’état de colère où va se trouver ce peuple, écrivait-il le mois dernier, on peut douter qu’aucun gouvernement grec ne puisse tenir sans appui de l’armée. Cette réflexion triste vaut sans doute pour le Portugal et/ou l’Irlande, et/ou d’autres, plus gros. Jusqu’où ira-t-on (12)  ? »

Bien que soutenue par toute une quincaillerie institutionnelle et médiatique, la République du centre chancelle. Une course de vitesse est engagée entre le durcissement de l’autoritarisme libéral et l’enclenchement d’une rupture avec le capitalisme. Celle-ci paraît encore lointaine. Mais quand les peuples ne croient plus à un jeu politique dont les dés sont pipés, quand ils observent que les gouvernements se sont dépouillés de leur souveraineté, quand ils s’obstinent à réclamer la mise au pas des banques, quand ils se mobilisent sans savoir où les conduira leur colère, cela signifie malgré tout que la gauche est encore vivante.

Serge Halimi

(1) Composée de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI).

(2) Benoît Hamon, Tourner la page. Reprenons la marche du progrès social, Flammarion, Paris, 2011, p. 14-19.

(3) Agence France-Presse, 4 septembre 2011.

(4) François Hollande, Devoirs de vérité, Stock, Paris, 2006, p. 91 et 206.

(5) Ibid, p. 51 et 43.

(6) Lionel Jospin, « Reconstruire la gauche », Le Monde, 11 avril 1992.

(7) Benoît Hamon, op. cit., p. 180.

(8) Cité par Alain Salles, « L’odyssée de Papandréou », Le Monde, 16 septembre 2011.

(9) Lire « Quand la gauche renonçait au nom de l’Europe », Le Monde diplomatique, juin 2005.

(10) Massimo D’Alema, « Le succès de la gauche au Danemark annonce un renouveau européen », Le Monde, 21 septembre 2011.

(11) Karl Polanyi, La Grande Transformation, Gallimard, Paris, 1983, p. 305.

(12) Michel Rocard, « Un système bancaire à repenser », Le Monde, 4 octobre 2011.

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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 08:44
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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 16:00

logoUMA95

Nous vous convions à participer l'assemblée générale de la motion C dans le Val d'Oise, qui se tiendra

Jeudi 3 novembre 2011
à 20h30
Salle de l'Orangerie
Parc des Mézières, avenue de l'Europe
à Eaubonne
(en face de la Poste principale d'Eaubonne) plan ci-joint

La campagne des Primaires Citoyennes ne nous a pas permis de nous réunir plus tôt. Il est cependant indispensable de nous retrouver et d'échanger alors que la campagne pour les élections présidentielles va entrer dans sa phase pratique.

Nous vous proposons donc de nous retrouver pour aborder les questions suivantes :

  1. Retour sur les Primaires Citoyennes ;
  2. Élections présidentielles et législatives 2012 ;
  3. Vie du courant « Un Monde d'Avance » ;
  4. questions diverses.


Amitiés socialistes,
pour "Un Monde d'Avance Val d'Oise"
Frédéric Faravel

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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 08:33

fdecomite

J’ai assisté effaré ce matin aux commentaires sur les résultats du sommet européen. Les européens auraient remporté une grande victoire contre la crise ? Balivernes. Les pays de la zone euro sortiront plus pauvres et moins souverains de ce nouvel épisode où les dirigeants européens ont une nouvelle fois démissionné face aux marchés.
Que s’est-il passé hier a Bruxelles ?

1. Contre l’intérêt des citoyens et des entreprises européennes, l’Europe généralise et amplifie l’austérité. Les européens ont choisi le pire. Ainsi l’accord prévoit «l’adoption par chaque État membre de règles sur un budget équilibré transmettant le Pacte de stabilité et de croissance dans la législation, de préférence au niveau constitutionnel ou équivalent, d’ici fin 2012». La règle d’or qui empêche toute politique contra-cyclique et réduit les États au rôle d’observateur des marchés et du fonctionnement de l’économie, est généralisée. Aussi, après la Grèce, le Portugal et l’Espagne, Berlusconi est venu rajouter l’Italie à la liste des pays soumis à une violente cure d’austérité. Ce matin, dirigeants européens et éternels commentateurs de la scène économique européenne se réjouissaient de concert de l’impact positif de cet accord sur les marchés. De quoi se réjouit on en fait ?  De la nouvelle retraite à 67 ans en Espagne et en Italie ? Du gel des salaires de la fonction publique et des pensions en Grèce ? De la vente à la découpe de la Grèce et du démantèlement des services publics partout ailleurs en Europe ? De la liquidation de la protection sociale ? De la hausse de la TVA en Grèce et bientôt en France ? Ainsi se confirme le « désastre » annoncé en mai 2011 par Stiglitz prix Nobel d’économie 2001. Ainsi se poursuit sous les hourras la « saignée » tant redoutée par Krugman prix Nobel d’économie 2008. Ainsi s’organise le scénario suicidaire de l’austérité a contrario de l’impérieux besoin de relance de l’économie européenne. Voilà ce que fêtent Nicolas Sarkozy, Angela Merkel , banques et assurances qui se jetteront sur le pactole de la privatisation de la sécurité sociale et des services publics. L’Europe offre aux marchés la dépouille de l’État social. Les marchés tressaillent de bonheur et il faudrait sabrer le champagne !

2. Les européens abandonnent une part supplémentaire de souveraineté. L’Europe est la seule puissance économique qui ne maitrise pas sa politique monétaire. Les pays de la zone euro ne fixent ni les taux d’intérêts ni les taux de change à la différence capitale de tous leurs rivaux commerciaux, américains, chinois, indiens, russes, brésiliens, japonais ou autres. L’Allemagne, moins par doctrine que par intérêt, s’est refusée à une remise en cause de l‘indépendance de la BCE et à un changement de ses statuts lui autorisant de racheter directement, dés que nécessaire, la dette souveraine des États membres de la zone euro. Ainsi plutôt de choisir la simplicité et de reconquérir leur souveraineté économique, les européens ont créé le FESF. Celui-ci, trop mince pour faire face à l’ampleur de la crise des dettes souveraines avait besoin de nouveaux financements. Là encore la logique et l’intérêt des européens auraient été d’alimenter le fonds par la création d’Eurobounds. Nouveau refus. C’est en allant chercher un chèque des chinois, des indiens des russes et des brésiliens que l’Europe va gonfler le FESF. Non contents d’abandonner leur souveraineté monétaire à la BCE, les européens se lient les mains, en sollicitant une aide dont les contreparties excluent à court terme toute politique européenne de protection vis à vis de la Chine et des autres émergents de nos intérêts stratégiques industriels. Que restera-t-il de la capacité des européens à négocier en bilatéral ou dans le cadre multilatéral de l’OMC dés lors que la stabilité de la zone euro dépend des robinets financiers de Pékin, Moscou ou New Delhi ?

3. Et l’intégration européenne dans tout cela ? Au bord du précipice, les européens allaient faire le grand bond fédéral racontait-on…  La seule discipline qu’ils s’appliquent est la discipline budgétaire exigée par les agences de notation et les marchés. Derrière pas un pas en faveur d’une taxe sur les transactions financières, l’harmonisation fiscale et encore moins la convergence sociale. Hier soir l’Europe a encore reculé.

L’automne européen s’assombrit un peu plus.

 

>> Retrouvez le communiqué du Parti Socialiste, « Un accord a minima qui ne prend pas la mesure de la gravité de la crise »

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