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9 avril 2009 4 09 /04 /avril /2009 09:19
Point de vue
Un nouveau Front populaire, par Paul Quilès et Marie-Noëlle Lienemann
LE MONDE | 08.04.09 | 13h07

La crise s'approfondit, les mécontentements se multiplient et l'attente de changement est là, mais la gauche n'incarne, pour l'heure, ni une véritable alternative ni une alternance prometteuse. L'une et l'autre sont pourtant nécessaires, urgentes, indissociables, car l'incertitude des temps et le malaise social peuvent enclencher un cycle bien connu dans l'histoire : désespérance, impasse, peur, révoltes, restauration de l'ordre et durcissement réactionnaire.

L'absence d'un débouché politique crédible apparaît comme un danger majeur pour la démocratie. Cependant, rien n'est joué, à condition que les dirigeants de gauche veuillent bien sortir de la léthargie actuelle, en posant, enfin, la question de la stratégie pour gagner la prochaine élection présidentielle.

La posture du PS, qui consiste à présenter quelques propositions programmatiques, à chercher à assurer sa position dominante par rapport aux autres candidats de gauche et à compter sur le rejet de Nicolas Sarkozy pour capitaliser les voix de gauche au second tour, s'est avérée par trois fois inefficace. Cela risque de durer si les nombreuses ambitions personnelles, faciles à décrypter et contradictoires, continuent à paralyser tout choix stratégique.

Certains proposent de conserver la réponse "classique", en la complétant par l'organisation de primaires, afin de trouver le "bon" candidat censé sauver la gauche. Outre le fait que la méthode n'a pas été suffisante en Italie pour empêcher la défaite et que la culture politique américaine est très différente de celle de la France, chacun mesure bien que le choix des Français ne se fera pas seulement sur la personnalité du présidentiable, mais sur sa capacité à proposer une sortie de crise. De plus, cette méthode fait l'impasse sur la question majeure, qui constitue la condition essentielle de la victoire : l'unité de la gauche.

A la présidentielle, c'est toujours le camp le plus uni qui l'emporte. Il s'agira en 2012 de présenter un projet collectif en phase avec les attentes du peuple de gauche. Aucune des forces en présence ne peut prétendre le porter seule, pas même le PS. Sans l'unité, il ne sera pas possible d'élaborer une nouvelle synthèse qui dépasse les antagonismes passés, les rancoeurs accumulées, les procès d'intention plus tournés vers le passé que vers l'avenir. Sans l'unité, les Français demeureront dubitatifs sur la capacité de la gauche à gouverner et à transformer. Il y a urgence à lancer un nouveau Front populaire !


IMPOSER DES MESURES PLUS JUSTES

On ne plus s'en tenir à une référence formelle au rassemblement, sans définir comment le réaliser, sur quelles bases, avec qui, selon quel calendrier. Nous proposons, au contraire, une démarche éloignée des tentations mortifères de l'hyperprésidentialisation, qui mette en avant le projet, le programme, de façon à créer les conditions d'une reconquête et d'une victoire. Cette démarche comprendrait :

1 - L'organisation immédiate d'une "convergence des gauches" (politiques, syndicales, associatives, citoyennes) pour faire reculer le gouvernement, imposer des mesures plus justes, présenter une autre logique que celle de Nicolas Sarkozy.

2 - La création d'un "Comité pour un nouveau Front populaire", avec le même souci d'associer, avec les partis, toutes les forces qui s'engagent à gauche. Ce comité préparerait des "Etats généraux de la gauche", dégageant des thèmes fondateurs en vue de la mise au point d'une charte pour l'élection présidentielle, à achever avant mi-2010.

3 - L'élaboration, sur la base de cette charte, du programme d'un candidat unique de la gauche à l'élection présidentielle.

4 - L'organisation de primaires, où les militants des organisations signataires de la Charte seraient consultés, prendrait alors tout son sens. La constitution de ce nouveau Front populaire est la seule voie sérieuse pour organiser la victoire de la gauche en 2012. Les responsables politiques de la gauche seront-ils à la hauteur de cette attente ?


Paul Quilès est ancien ministre ;

Marie-Noëlle Lienemann est députée européenne.

Ils sont animateurs du club Gauche avenir.

Article paru dans l'édition du 09.04.09
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9 avril 2009 4 09 /04 /avril /2009 09:16

Posté par Liêm Hoang NgocEntretien avec Liêm Hoang Ngoc sur le G20


France 3 : Doit-on se féliciter des résultats de ce G20 ?

Liêm Hoang Ngoc : On a beaucoup communiqué sur le G20 mais il y a deux problèmes clés qui n’ont pas été abordés : le premier c’est celui de l’assainissement du bilan des banques or vous avez aujourd’hui deux prix Nobel – et non pas des moindres – Paul Krugman et Joseph Stiglitz qui ont expliqué qu’il fallait que l’état entre massivement dans le capital des banques si on voulait restaurer la confiance. Ce problème n’a pas été abordé. Le deuxième problème qui n’a pas été abordé c’est qu’on parle beaucoup d’un nouveau Bretton Woods mais Bretton Woods avait accouché d’un nouveau système monétaire international or, aujourd’hui, on est toujours sous le régime de l’étalon dollar, dans un contexte où il y a une défiance de plus en plus importante vis à vis du dollar qui pourrait conduire assez rapidement à une crise de change international. Les Chinois, eux-mêmes, réclament l’édification d’un système centré sur une monnaie de réserve internationale, fondé sur un panier de biens, - un peu ce que proposait Keynes avant Bretton Woods.


Les mesures adoptées hier vont-elles vraiment moraliser l’économie ? C’était aussi le but de ce G20...

Il faudrait non seulement moraliser l’économie mais surtout la rendre plus efficace. Et, à cet égard, 5000 milliards ont été annoncés pour relancer l’économie or là aussi on attend le passage aux travaux pratiques parce que les Etats-Unis ont, la semaine dernière, monétiser leur déficit public, c’est-à-dire qu’ils ont fait fonctionner la planche à billets pour acheter 300 milliards d’emprunts d’état pour relancer leur économie. En Europe, si on veut mettre sur la table 2000 milliards, - parce que ce serait cet ordre de grandeur là -, on voit mal comment on pourrait les emprunter sur les marchés financiers, il faudrait que la banque centrale finance les déficits publics or c’est interdit par les statuts de la BCE. Il va donc il y avoir un débat aigu en Europe.

Y aura-t-il vraiment des sanctions contre les paradis fiscaux ?

Peut-être mais pour cette crise ce n’est pas le problème clé. Le problème c’est que les banques ont émis des crédits très risqués qui, ensuite, ont été titrisés dans le monde entier par le biais de produits dérivés, sur lesquels les hedge funds ont ensuite spéculé. Il faudrait encadrer la titrisation, en limitant, par exemple le volume des crédits titrisables mais ce n’est évoqué qu’à la marge.

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6 avril 2009 1 06 /04 /avril /2009 11:22
Les sept conseils de Mister Dean aux socialistes français

Liens:
[1] http://www.mediapart.fr/club/blog/stephane-allies
[2] http://www.mediapart.fr/journal/france/010409/ps-la-longue-marche-des-primaires
[3] http://www.mediapart.fr/club/edition/obamamccain-quelle-amerique/article/050409/les-dessous-de-la-campagne-d-obama-par-howar
[4] http://www.mediapart.fr/journal/france/250109/la-strategie-obama-est-elle-importable-en-france
[5] http://www.huffingtonpost.com/george-lakoff/biconceptualism_b_30396.html
[6] http://partisocialiste.blog.lemonde.fr/2009/03/31/bertrand-delanoe-se-hate-lentement/
[7] http://www.tnova.fr/images/stories/publications/notes/essai01.pdf
[8] http://www.tnova.fr/images/stories/groupes-de-travail/006-mission-us/terranova-rapportmissionus.pdf

Howard Dean prêche l'obamisme aux gauches européennes
Par Patrick Jarreau


Liens:
[1] http://www.tnova.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=570:moderniser-la-vie-politique-innovations-americaines-lecons-pour-le-france&catid=3:essais
[2] http://www.tnova.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=676:from-campaign-to-governance&catid=4:notes
[3] http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jYZp51rwq1EuQSD3BxxxbF4kHkXA
[5] http://www.rue89.com/2009/01/23/barack-obama-stratege-trois-electeurs-sur-quatre-fiches
[6] http://www.renover-maintenant.org/article.php3?id_article=1047
[7] http://www.ilovepolitics.info/Sur-les-pas-d-Obama,-le-renouveau-de-la-gauche-americaine_a1265.html
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6 avril 2009 1 06 /04 /avril /2009 09:01
Chronique
Le capitalisme est mort, vive le capitalisme !
LE MONDE | 04.04.09 | 14h53  •  Mis à jour le 04.04.09 | 14h53

elon que l'on en attendait beaucoup ou pas grand-chose, on a été déçu ou enthousiasmé par le communiqué final du G20. Du moins, le pire n'a pas eu lieu : la répétition de la conférence qui s'était tenue elle aussi à Londres, en 1933, lors de la Grande Dépression, et qui s'était soldée par un fiasco complet

A-t-on assisté au meilleur ? Cela ne fait aucun doute, en matière de communication et de mise en scène. Avec un jeu d'acteurs de grande qualité, des méchants bien identifiés (les paradis fiscaux, les hedge funds, les agences de notation), des gentils autodésignés (les Allemands et les Français), avec ce qu'il fallait, aussi, de suspense - "Nicolas Sarkozy va-t-il claquer la porte ?" - pour que le dénouement heureux de cette pièce de théâtre déchaîne les applaudissements des citoyens-spectateurs. Il faudra voir si leur bonne humeur résiste longtemps aux annonces de plans sociaux et pour savoir vraiment si l'"opération confiance restaurée" menée par les dirigeants du G20 est un succès.

Sur le fond ? Encore peu d'avancées concrètes sur les dossiers techniques, mais la promesse d'y travailler d'arrache-pied. Des bizarreries aussi, comme celle consistant à ne faire figurer sur la liste "noire" des paradis fiscaux que quatre malheureux pays (Costa Rica, Malaisie, Philippines et Uruguay) dont on ignorait même qu'ils avaient ce statut. Brunei et le Guatemala avaient eu la bonne idée de téléphoner jeudi matin à l'OCDE en promettant d'être plus coopératifs, ce qui leur permit d'être rayés in extremis, tandis que Jersey a été miraculeusement classé dans les pays "blancs", c'est-à-dire au-dessus de tout soupçon.

Des non-dits également, lourds de sens, sur des sujets majeurs. Pas un mot sur la réorganisation du système monétaire international et sur la remise en cause de l'étalon-dollar - la Maison Blanche en ayant fait un casus belli. Pas un mot sur la fin de non-recevoir opposée par les Européens aux demandes insistantes des Américains et du FMI pour qu'ils relancent plus vigoureusement leurs économies. Pas un mot sur les moyens de s'attaquer aux gigantesques déséquilibres commerciaux, largement responsables de la crise. Pas un mot, surtout, sur la façon dont les Etats comptent s'y prendre pour assainir un jour leurs finances publiques, dont la situation effraierait n'importe quelle commission de surendettement.

Quelques inquiétudes, enfin. Par exemple sur le rôle de grand superviseur mondial dévolu au FMI. Une idée en elle-même excellente, mais qui serait encore plus rassurante si l'institution n'était passée totalement à côté de la crise des subprimes. Elle n'a rien vu venir et elle a ensuite beaucoup tardé à réagir. On reste aussi un peu dubitatif sur la façon dont vont "collaborer" le FMI, dépendant des politiques, et le Conseil de stabilité financière, entre les mains des banquiers centraux, quand on sait la méfiance réciproque que les deux parties se vouent.

Le nouveau monde né à Londres risque de ressembler à l'ancien. Le moteur de la croissance mondiale va rester, sans doute pour longtemps - et quoi qu'en dise M. Obama -, la consommation des ménages américains. Qui vont continuer à s'endetter pendant que les fonds spéculatifs vont continuer à spéculer, les agences de notation à noter et les traders de Goldman Sachs à empocher des bonus représentant plusieurs centaines d'années de smic.

On peut comprendre l'amertume de tous ceux qui se disaient qu'un autre monde était possible. Mais ils ne doivent s'en prendre qu'à eux-mêmes et à leur incapacité à présenter des propositions alternatives un tantinet réalistes. Il n'y a pas que le laisser-faire anglo-saxon à sortir en loques du G20. L'altermondialisme aussi.

A Londres, vingt dirigeants de pays représentant 85% du PIB mondial et 65% de la population de la planète ont décidé d'unir leurs efforts, comme jamais, et de mobiliser plusieurs milliers de milliards de dollars pour sauver le système. Pas pour en changer. Le G20, c'est la victoire par K.-O. de la "mondialisation libérale" dont on pensait pourtant que les subprimes l'avaient durement éprouvée. Non seulement les chefs d'Etat ont rejeté toute idée de protectionnisme, mais ils se sont engagés à débloquer le cycle de négociation commerciale de Doha.

Triomphe de la mondialisation libérale, triomphe aussi - et comme ça tout le monde est content - du communisme. Ou plus exactement de la Chine qui s'en réclame encore officiellement, même si l'on ne voit plus très bien, avec ses milliardaires, sa folie pour la Bourse et ses inégalités record, ce qui subsiste du projet marxiste. Le président Hu Jintao fut la vraie vedette du sommet de Londres. Les autres participants, à commencer par M. Obama, guettèrent le moindre de ses froncements de sourcils, de peur qu'il ne soit un signal pour une vente massive de bons du Trésor. La Chine, dont on dit que l'économie commence déjà à repartir et qui pourrait enregistrer cette année une croissance de plus de 6%, alors que les pays de l'OCDE verraient leur PIB baisser de près de 5%. La Chine, leader de ces BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) dont les PIB réunis devraient, selon l'économiste de Goldman Sachs Jim O'Neill, dépasser celui des pays du G7 dès 2027, soit huit ans plus tôt qu'il ne le prévoyait avant la crise. La Chine, enfin, première puissance économique d'une Asie qui, toujours selon M. O'Neill, devrait occuper dans vingt ans trois des quatre premières places du classement mondial. Finalement, Le Déclin de l'Occident aurait été un excellent titre pour la pièce de théâtre que les dirigeants du G20 nous ont jouée avec brio à Londres.



Courriel :

delhommais@lemonde.fr


Pierre-Antoine Delhommais
Article paru dans l'édition du 05.04.09
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3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 14:42
Pierre Cahuc et André Zylberberg : "La méthode Sarkozy : organiser l'opacité"
LE MONDE | 03.04.09 | 14h06  •  Mis à jour le 03.04.09 | 14h06

ierre Cahuc et André Zylberberg sont économistes. L'un est notamment professeur à Polytechnique et l'autre directeur de recherches au CNRS.

Dans le livre qui sort chez Flammarion (Le Monde du 20 mars), vous affirmez que les réformes de Nicolas Sarkozy sont non seulement ratées, mais "néfastes". N'est-ce pas excessif ?

Tout dépend de ce qu'on appelle des réformes réussies. Nous avons comparé les objectifs annoncés et les résultats obtenus. Non seulement les objectifs ne sont pas atteints, mais ce qu'on prétendait améliorer a été aggravé.

Prenons des exemples. La rupture conventionnelle, sorte de divorce à l'amiable entre un salarié qui veut quitter son entreprise et son patron. Selon le ministre du travail, c'est la fin d'une hypocrisie qui conduisait au détournement des lois sur le licenciement.

La bonne question : est-ce une réforme adaptée à la modernisation du marché du travail ?, n'a pas été posée. On a gardé l'intégralité du droit du travail, alors qu'il fallait le réformer et on a ajouté la rupture conventionnelle, pour permettre à des personnes qui ont envie de quitter leur entreprise de le faire en bénéficiant des allocations chômage. Cela va profiter à ceux qui sont proches de la retraite.

Ces changements n'ont rien à voir avec cette "sécurité sociale professionnelle" que prônait le candidat Sarkozy. Ils auront pour effet de réduire l'emploi des seniors à un coût exorbitant pour les finances publiques. Ce qu'il faut, c'est rendre le droit du travail plus transparent afin qu'il ne soit pas systématiquement détourné.

La transparence, c'est précisément l'un des maîtres mots de Nicolas Sarkozy.

Il y a un grand écart entre le discours et la pratique. On annonce la transparence et on organise l'opacité. La méthode de Nicolas Sarkozy consiste à lancer beaucoup de chantiers en même temps en concédant facilement des avantages catégoriels pour éviter de bloquer le processus.

Or, sur chacun des chantiers, les opposants aux réformes résistent avec vigueur. Progressivement, Nicolas Sarkozy se retrouve piégé. L'opacité permet de masquer l'échec global d'une réforme en communiquant uniquement sur un aspect ayant l'apparence d'une "réussite", par exemple l'allongement de la durée de cotisation pour les régimes spéciaux de retraite. Tous les avantages concédés en contrepartie ne sont pas évoqués. Pire, le gouvernement a imposé de ne publier aucun chiffrage officiel sur le sujet pendant la réforme. Un récent rapport du Sénat indique que cette réforme va sans doute coûter plus cher qu'elle ne rapporte, contrairement à l'objectif annoncé.

Il y a tout de même des réalisations. C'est le cas des taxis, dont le nombre vient enfin d'augmenter.

C'est l'exemple même de l'impréparation. En installant la commission Attali, Nicolas Sarkozy déclarait : il n'y a pas assez de taxis en France et ce n'est pas le plus difficile à réformer. Or quand on possède un taxi, on a une licence. A Paris, elle vaut autour de 180 000 euros. Si l'on veut réformer, il ne faut pas spolier les propriétaires de ces licences, il faut donc les dédommager pour ensuite ouvrir la profession.

Le rapport Attali prévoyait d'ouvrir la profession sans se préoccuper de dédommager les chauffeurs de taxi. Face à une telle injustice, la profession s'est mobilisée. Le gouvernement a alors bouclé à la va-vite un accord claironnant une augmentation de 5 000 taxis à Paris. En réalité, on arrive à ce chiffre par tout un tas d'arguments comptables - des "équivalents taxis" parce qu'on roule une heure de plus ou qu'on assouplit la réglementation, etc. En outre, il a été obtenu une voie réservée sur l'autoroute A1 pour rejoindre l'aéroport Charles-de-Gaulle, mais son coût sera considérable. Le bilan global est qu'il n'y a pas plus de taxis que ce qui était prévu avant la réforme, que les conducteurs ont un peu amélioré leur situation, mais au détriment des usagers et des contribuables. Cet exemple peut sembler anecdotique, mais le processus est le même sur toutes les grandes questions, notamment la loi sur la modernisation de l'économie.

Sur ce sujet, pendant la campagne pour l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy, comme Ségolène Royal, estimait que les lois Raffarin et Galland devaient être supprimées.

Il est vrai que, à peine élu, le chef de l'Etat a affirmé que le grand commerce de détail fonctionnait mal, que la concurrence n'était pas au rendez-vous, et que les prix étaient supérieurs à ce qu'ils sont dans des pays comparables au nôtre.

Pour y remédier, il faut permettre à de nouvelles enseignes de s'installer dans des zones de chalandise en faisant concurrence à celles qui sont en place. Le projet de réforme proposé allait timidement en ce sens. Mais les amendements parlementaires ont complexifié la loi et renforcé les difficultés pour les nouveaux arrivants. En pratique, les élus locaux pourront contrôler l'installation de tout magasin d'une surface supérieure à 300 mètres carrés, exactement le même seuil que celui de la loi Raffarin... que l'on voulait supprimer ! Ce qui donne un avantage aux enseignes en place qui s'entendent avec les élus locaux pour obtenir une extension de leurs surfaces. Et le manque de concurrence persiste.

On assiste encore à un grand écart entre la communication et la réalisation. On peut se demander jusqu'à quand ça va durer.

40 % de plus d'heures supplémentaires, grâce à leur défiscalisation, n'est-ce pas là une réussite ?

Il y a en effet 40 % d'heures supplémentaires de plus qui sont déclarées. Mais ces 40 % existaient, sans être déclarées, grâce à tout un système de primes et autres avantages. Désormais, il est plus intéressant de les déclarer, puisqu'elles sont défiscalisées, mais, du point de vue de l'activité, il n'y a pas de changement significatif. C'est du pur opportunisme fiscal sur le dos des contribuables. Quatre milliards d'euros pour l'instant, et 6 milliards envisagés en régime de croisière. C'est un manque à gagner énorme pour les finances publiques sans effet avéré sur l'activité.

La défiscalisation des heures supplémentaires est une réponse idéologique, pour faire passer le message "travailler plus pour gagner plus". Un message politique, comme l'était celui de la gauche avec les 35 heures, en négligeant, à chaque fois, la manière dont fonctionne l'économie.

Alors, la France serait-elle irréformable ?

Certainement pas. Mais il faut au préalable réformer notre démocratie sociale. Or la réforme de la représentativité syndicale menée par le président Sarkozy est aussi un échec. Désormais, la représentativité d'un syndicat se fonde sur son score aux élections professionnelles.

Cela ne fait que modifier le rapport de force entre les organisations sans s'attaquer aux défauts majeurs qui minent les relations sociales dans notre pays : la désyndicalisation massive des salariés du privé et le financement opaque, souvent à la limite de la légalité, des organisations syndicales.

L'autre priorité touche à la réforme de la démocratie politique. Elle suppose que l'on renforce le Parlement, en particulier en mettant fin au cumul des mandats et en améliorant les moyens dont disposent nos parlementaires. L'influence des groupes de pression pour faire obstacle au changement ou en tirer tous les bénéfices aurait alors plus de chance d'être mieux maîtrisée. Faute d'avoir fait un préalable de ces deux chantiers et de les avoir menés à terme, il y avait peu de chances de réussir des changements d'envergure.


Propos recueillis par Josyane Savigneau
Article paru dans l'édition du 04.04.09
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3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 09:09
Posté par Charlotte Brun Le gouvernement reste sourd aux difficultés rencontrées par les retraités

Le gouvernement accorde tout juste 1 % d’augmentation pour la retraite de base, c’est-à-dire pour l’immense majorité des retraités. Cette mesure ne permet pas de rattraper la perte de pouvoir d’achat subie en 2008. Elle entérine la diminution des pensions. Elle conforte une situation injuste socialement et dangereuse économiquement.Le Parti socialiste souligne que la majoration de 6,9 % de l’allocation de solidarité aux personnes âgées ne concerne que les personnes vivant seules et exclut les ménages retraités et défavorisés. Faut-il rappeler au gouvernement que plus d’un million de personnes âgées subissent la pauvreté ? Aujourd’hui, près de la moitié des retraités vivent avec une pension inférieure au SMIC.

Derrière la bulle des effets d’annonce, ces mesures maintiennent le minimum vieillesse largement sous le seuil de pauvreté et ne répondent pas aux difficultés croissantes rencontrées par les retraités.

Les retraités, de plus en plus confrontés à des choix, ne sont pas dupes. Si la crise économique les inquiète tant, c’est bien parce que l’action gouvernementale a considérablement fragilisé leur quotidien : dégradation du niveau des pensions suite aux réformes BALLADUR et FILLON, quasi impossibilité d’accès aux soins en raison des nombreux déremboursements, des franchises médicales et des forfaits hospitaliers.

Le Parti socialiste propose dans son propre plan de relance une aide immédiate au pouvoir d’achat de 500 euros pour le minimum vieillesse et une indexation des retraites sur l’évolution du salaire moyen. Il est également partisan d’un effort de longue haleine en direction des 14 millions de retraités afin d’enrayer la spirale de baisse constante depuis 2002 du niveau des pensions.


Communiqué de Charlotte BRUN, Secrétaire nationale aux personnes âgées, personnes handicapées et dépendance

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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 15:47

Communiqué de presse de Pascale Gerard secrétaire nationale nationale à la Formation professionnelle et à la sécurité sociale professionnelle et Razzy Hammadi secrétaire national aux service publiques. 

Alors que la fusion bâclée au sein du « Pôle Emploi » de l’ANPE et des ASSEDIC, ne cesse d’ajouter de la crise à la crise, à travers notamment la dégradation chaque jour vérifiée des conditions d’accueils et d’accompagnement des usagers et des retards d’indemnisation qui en ce moment même touchent plusieurs dizaines de milliers de chômeurs, voilà qu’une nouvelle étape dans le démantèlement du service public d’emploi vient d’être franchie.

 

En effet, alors que toutes les formules de privatisation d’accompagnement des chômeurs expérimentées en Europe se sont avérées être de véritables échecs tant du point de vue qualitatif en terme d’accompagnement que quantitatif en terme de résultat, « Pôle Emploi »

choisit clairement de s’engager dans cette voie, celle de la déresponsabilisation des pouvoirs publics, et de la privatisation de la solidarité sociale.

 

A partir du 1er juillet, après une phase d’expérimentation commencée en 2005 et dont les résultats n’ont ni mesurés ni discutés, ce sont 350 000 chômeurs qui seront suivis par des cabinets privés, et ce alors que la gouvernance de « Pôle Emploi » n’est toujours pas stabilisé.

 

L’appel d’offre lancé vendredi par Pôle Emploi, vise tout simplement à privatiser un secteur public qui plus que jamais nécessite investissement, régulation et prise en compte des effets dévastateurs des politiques néolibérales menées ces dernières années. Tout le contraire ce que fait actuellement le gouvernement, et ce par pure idéologie.

 

Le Parti Socialiste s’oppose avec la plus grande fermeté à la privatisation rampante du service public d’emploi et demande un audit public de la fusion ANPE/ASSEDIC. Le PS demande un moratoire sur la casse de l’emploi public et la mise en place de la RGPP et dans le même temps le recrutement d’agents publics formés afin de répondre au mieux aux besoins de nos concitoyens victimes de la crise économique.

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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 15:21
jeudi 2 avril 2009 - par Antoine Détourné, Président du Mouvement des Jeunes Socialistes - Régis Juanico, Député de la Loire et ancien président du MJS

Il est devenu courant à droite d’évoquer, le « malaise » ou l’angoisse des jeunes. Constatant le décalage flagrant entre les aspirations d’une génération et son discours politique, la droite qui a pris conscience du coût électoral d’un tel décalage tente une opération séduction. L’opération ne peut pas tromper, elle a déjà été utilisée dans l’histoire récente : récupération des analyses de la gauche, utilisation de notre patrimoine idéologique, et enfin, mise en œuvre d’une politique en tous points contraires aux objectifs affichés. Mais la jeunesse mérite un vrai débat.

La situation des jeunes révèle une société rongée par la précarité et tiraillée par des inégalités croissantes. Il y a aujourd’hui une forme d’imposture pour des dirigeants de droite à identifier et dénoncer une situation dont ils sont comptables : absence de politique de l’emploi, bourses d’études insuffisantes, inaction sur le logement, faux-semblants du plan espoir banlieue. Quel sens y a-t-il à parler d’accès à l’autonomie quand on supprime des postes dans l’éducation nationale ou quand les associations d’éducation populaire sont abandonnées ? Sans changement de cap général en matière de protection sociale et d’éducation, toute politique en direction des jeunes est vouée à l’échec.

Les jeunes sont aujourd’hui confrontés à une alternative intenable entre la précarité ou la solidarité familiale nécessairement arbitraire et inégalitaire. Il n’y a pas d’autonomie dans la précarité, tout comme il n’y a pas d’émancipation dans la dépendance.

Les socialistes proposent un dispositif pionnier et précurseur d’une sécurité sociale professionnelle : une allocation autonomie pour tous les jeunes en formation ou en insertion, dont le montant serait calculé en fonction des revenus du jeune. Individualisée, elle irait de pair avec un accompagnement dans les choix d’avenir et l’accès à l’autonomie de chacun. Financée notamment par la refonte des aides actuelles, elle permettrait de faire le lien entre solidarité nationale, émancipation et mise en sécurité sociale. Universelle, elle serait un élément de citoyenneté, tout comme le service civique. Alors que les jeunes sont privés de droits sociaux, ils sont la seule tranche d’âge systématiquement enfermée dans l’absurde logique droits/devoirs, comme si la droite sommait les jeunes de présenter un certificat de civisme avant de leur accorder des droits. Il convient de sortir de l’obsession de l’assistanat : l’acceptation par les jeunes d’emplois pour lesquels ils sont surqualifiés et sous-payés prouve leur aspiration à l’autonomie. Les droits ne se méritent pas, ils font partie d’un pacte social.

Poser les fondations d’un nouveau pacte social intergénérationnel en s’appuyant sur la jeunesse, c’est bien le moins que nous devons à cette génération contrainte de penser l’avenir comme une addition de quotidiens sans perspective individuelle ni collective.

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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 08:12
Aujourd’hui en commission économique et monétaire, mon rapport sur la révision de la directive épargne a été adopté.

De quoi s’agit-il?

D’une affaire particulièrement sensible et sérieuse puisque ce texte révisé propose de mettre fin en 2014 au secret bancaire dans l’Union Européenne pour ce qui relève de la fiscalité de l’épargne.  En effet, depuis l’affaire du Liechstenstein, on découvre l’ampleur de la fraude et de l’évasion fiscale en Europe. Elle concerne des personnes physiques qui s’abritent derrière une fondation ou un trust pour ne pas payer les impôts dus sur les intérêts qu’ils perçoivent de leurs produits d’épargne. Elle concerne aussi trois pays dans l’union Européenne (Autriche, Belgique et Luxembourg) qui ont maintenu un système de prélèvement à la source de ces impôts qui entretient l’opacité et le soupçon.

Explication : chaque année le Luxembourg verse à la France X millions d’euros correspondant aux impôts dus par des français au fisc français sur des intérêts d’une épargne placée au Luxembourg. Impossible de connaître le détail des personnes et du montant exact des placements concernés.  C’est ce système auquel  mon rapport voté par la commission économique du parlement ce jour propose de mettre fin d’ici 2014.

Au-delà, nous avons établi une liste très exhaustive de paradis fiscaux qui inclut même les Etats américains du Delaware et du Nevada. Toute une série de constructions juridiques installées dans ces paradis fiscaux devront désormais faire la preuve qu’elles ne servent pas de véhicule à l’évasion ou à la fraude fiscale. Un système qui rendra impossibles, ou en tout cas beaucoup plus difficiles, les montages semblables à ceux pour lesquels Elf, Adidas et Michelin font aujourd’hui l’objet d’une enquête judiciaire.

Le travail n’est pas achevé pour autant: si j’ai obtenu la fin du secret bancaire, il reste encore un combat à mener pour l’inclusion dans le champ de la directive de plusieurs produits financiers qui devraient être assimilés à des produits d’épargne, puisqu’ils garantissent presque intégralement les capitaux investis. La droite s’oppose à une définition large et efficace de l’épargne et protège encore de cette manière les fraudeurs, jamais en retard d’une subtilité lorsqu’il s’agit d’échapper à l’impôt. Ce choix, elle devra l’assumer en plénière le 24 avril prochain, et devant l’électeur au mois de juin!

Benoît Hamon
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1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 18:00

DE LA CRISE ECONOMIQUE…
…A LA CRISE POLITIQUE

Son origine ? Jusqu'où ?
Quelles en sont les vraies victimes ?
Quelles réponses et à quel niveau ?
- le "plan de relance" de Sarkozy
- les propositions des Socialistes

REUNION-DEBAT
Avec
Liêm HOANG-NGOC
Economiste - Maître de Conférence à Paris I, Secrétaire national adjoint du PS en charge de l'économie

&
Bernard POIX
Syndicaliste - Conseiller national à l'économie à l'UNSA, Membre de la Commission syndicale de l'OCDE




JEUDI 2 AVRIL 2009
à 20 h 30

Grande Salle - Espace Mandela
82, Bd du Gal Leclerc
ARGENTEUIL
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