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19 août 2009 3 19 /08 /août /2009 20:14


Intro la rochelle 2009
envoyé par PartiSocialiste. - L'info internationale vidéo.
tout le programme de l'université d'été 2009 en cliquant ici
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19 août 2009 3 19 /08 /août /2009 17:11

A la Rochelle, le PS veut prendre de bonnes résolutions

Affichée comme l'événement de «la rentrée politique officielle» du PS, l'université d'été socialiste se tiendra du 28 au 30 août. Dernier d'une série de rendez-vous organisés en ordre dispersé par les autres partis de gauche et certains socialistes.

LAURE EQUY - Libération - mercredi 19 août 2009

Un bon cru, promet-on à Solférino. En aucun cas concurrencé par la flopée des rendez-vous de rentrée à gauche - journée d’été Europe Ecologie à Nîmes dès jeudi, université d’été du NPA ce week-end, «remue-méninges» du PG à Clermont-Ferrand, etc. - et pas même par les ateliers d’été du courant de Vincent Peillon, vendredi et samedi à Marseille. Secrétaire national, Emmanuel Maurel a détaillé, ce mercredi, le programme de l’université d’été du PS, qui se tiendra du 28 au 30 août à La Rochelle.

Pas question d’abord de se livrer à une séance d’introspection dominée par les petites phrases assassines, comme celles ayant suivi l’échec électoral du 7 juin. «Ce ne sera pas un moment où les socialistes se regardent le nombril»,«se tourner vers les Français, la gauche, la société». D’où un casting ouvert aux chercheurs et intellectuels. assure Emmanuel Maurel, qui appelle le parti à

Dans l’esprit «réunion de famille où l'on invite les frères et sœurs, les cousins proches», les alliés de gauche sont aussi conviés. De Cécile Duflot (Verts) et Jean-Michel Baylet (PRG), à Olivier Dartigolles (PCF) et Jean-Pierre Chevènement (MRC). Et ce, dans la perspective d’échafauder la «maison commune de la gauche». Une rencontre garantie 100% «débat et projet», sans «tambouille électorale», espère Emmanuel Maurel.

Pour éviter les sujets qui fâchent, les régionales de 2010, pour lesquelles certains voudraient partir sous leurs propres couleurs, ne feront pas l’objet d’un atelier proprement dit. Et pour cause de «stratégie pas très lisible» et aussi de raclée électorale aux européennes, le Modem a été boudé.

«La convivialité ne se décrète pas»

La Rochelle, prolongement de la trêve estivale? «La convivialité ne se décrète pas. On ne va pas obliger les socialistes à être heureux ensemble, admet le secrétaire national chargé du rendez-vous. Mais on peut créer un événement favorable.» Pour preuve, «toutes les personnalités seront présentes», et la séance d’ouverture doit réunir les deux ex-rivales, Martine Aubry et Ségolène Royal, mais cette dernière en tant que présidente de Poitou-Charentes.

Le terrain socialiste n’est pas pour autant déminé: après le psychodrame épistolaire de juillet entre Aubry et Manuel Valls, celui-ci a déjà décliné sa participation à un atelier sur l’autorité républicaine. Quant à Arnaud Montebourg, s’il animera un «atelier de la rénovation» à La Rochelle, le député de Saône-et-Loire menace de quitter le PS si son rapport sur la tenue de primaires en vue de 2012 était enterré.

Jugeant qu’on «cherche à étouffer cette tentative de rénovation», il met en garde, dans une tribune publiée par le Nouvelobs.com: «Je n’irai pas plus loin. S’il devait échouer, ce combat serait pour moi le dernier, au sein d’un PS qui, telle la vieille SFIO, ne mériterait plus qu’on l’aide à survivre.»

«Pas un parti caporalisé comme l’UMP»

Et si l’université d’été est censée marquer, à en croire Maurel, «la rentrée politique officielle du PS», d’autres auront grillé la politesse. Au premier rang desquels, les soutiens de Ségolène Royal réunis dans le courant L’Espoir à gauche. «Les autres rendez-vous témoignent de la vitalité d’un parti qui n’est pas caporalisé comme l’UMP, rétorque Maurel. Cette initiative est intéressante mais n’a pas la même ampleur. Vincent Peillon sera à la Rochelle avec les autres.» Et ce après avoir réuni une jolie brochette d’invités, dont le communiste Robert Hue, l’écologiste Daniel Cohn-Bendit, Christiane Taubira (PRG)… et Marielle de Sarnez, bras droit de François Bayrou.

Décidé à faire entendre sa petite musique sur la question de l’alliance au centre, François Rebsamen, proche de Royal, a d’ailleurs déjà rappelé sa position sur Europe 1: «Nous voulons un large rassemblement autour de la gauche. Mais la gauche n’y suffira pas à elle toute seule.» Tout comme Peillon qui a plaidé pour «une nouvelle alliance majoritaire, des communistes au MoDem». Sans attendre la rentrée.

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 07:57
Thomas Piketty, professeur à l'Ecole d'économie de Paris
"Une nouvelle nuit du 4 août est nécessaire"
LE MONDE | 03.08.09 | 15h18  •  Mis à jour le 03.08.09 | 17h58

homas Piketty, professeur à l'Ecole d'économie de Paris, a publié "Les Hauts revenus en France au XXe siècle : inégalités et redistribution" (Hachette, "Pluriel", 2006). Entretien.

"Comme en 1789, la question des "privilèges" se pose avec une gravité particulière dans le domaine fiscal. La nuit du 4 août, en effet, a débouché sur une révolution fiscale fondée sur le principe de l'universalité de l'impôt.

L'exemple type est l'impôt sur les successions. Créé en 1791, c'était un impôt très moderne pour l'époque - ,les Etats-Unis et le Royaume-Uni ne l'institueront qu'au début du XXe siècle - dans la mesure où il s'appliquait à toutes les personnes et à tous les types de biens. Les autres impôts mis en place par la Révolution française, dont la taxe foncière et la taxe d'habitation sont issues, obéissaient également à cette exigence d'égalité et d'universalité. De même que l'impôt sur le revenu, créé en 1914.

Or que constate-t-on aujourd'hui ? Eh bien qu'il existe, comme sous l'Ancien Régime, une catégorie de la population qui échappe à ce principe fondateur de notre système fiscal, en ne payant pas les impôts qu'elle devrait payer.

Parler de privilèges, ici, peut paraître anachronique, dans la mesure où les contours de cette catégorie ne sont plus liées directement à la personne. Les conséquences n'en sont pas moins les mêmes : Didier Migaud, le président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, a ainsi montré dans un récent rapport que, au-delà de 400 000 euros de revenus annuels, le taux effectif d'imposition diminue au fur et à mesure que le revenu augmente.

Ce phénomène, proprement scandaleux, s'explique en premier lieu par le développement des stratégies d'optimisation fiscale, qui permettent à certains de consacrer une partie de leur argent à payer des conseillers grâce auxquels ils pourront tirer profit de la moindre brèche dans le système afin de payer moins d'impôts.

L'autre raison, c'est l'accumulation des "niches fiscales". Celles-ci se sont multipliées depuis la seconde guerre mondiale, et surtout ces dernières décennies. En soi, une niche fiscale n'est pas forcément illégitime au moment où on l'introduit. Par exemple, décider que certains revenus du patrimoine devaient temporairement échapper à l'impôt sur le revenu n'était pas absurde, dans le contexte de la reconstruction de l'après-guerre. En revanche, c'est devenu quelque chose de complètement incompréhensible aujourd'hui.

L'addition de ces exemptions, qui se sont ajoutées les unes aux autres dans notre histoire et sous tous les gouvernements, fait que notre système fiscal actuel n'obéit absolument plus au grand principe de 1789 : "à revenu égal, impôt égal".

En matière d'impôts, une nouvelle nuit du 4 août est donc nécessaire. Mais, comme l'argent circule aujourd'hui beaucoup plus facilement qu'en 1789, certaines actions ne peuvent être menées qu'au niveau international, comme par exemple quand l'administration Obama a menacé les banques suisses de leur retirer leur licence aux Etats-Unis si elles ne communiquaient pas leurs fichiers de contribuables américains.

Sur ce terrain, la France a beaucoup parlé, mais n'a rien fait. Bien au contraire : les cadeaux aux contribuables les plus privilégiés se sont multipliés, et aucune réforme fiscale d'ensemble n'a été envisagée. Avec le bouclier fiscal, les 1 000 plus gros contribuables ont ainsi reçu cette année de l'administration un chèque moyen égal à 30 années de smic (350 000 euros).

Justifier cela au motif qu'il ne s'agit somme toute que d'un petit nombre de personnes revient à passer à côté du sujet. En 1789 déjà, certains faisaient valoir que l'aristocratie ne représentait qu'à peine 1 % de la population, et qu'il ne fallait pas aiguiser la jalousie du peuple à l'égard de ses élites naturelles.

L'exigence d'égalité et de justice fiscale était pourtant nécessaire, incontournable. Elle l'est toujours aujourd'hui."

Propos recueillis par Thomas Wieder
Article paru dans l'édition du 04.08.09
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10 août 2009 1 10 /08 /août /2009 08:51
Une juste colère sociale

Par Edwy Plenel - dimanche 9 août 2009 - Mediapart.fr

Au fait, c'est quoi la gauche? Sur Mediapart, c'est le feuilleton de l'été, impulsé par les lecteurs eux-mêmes, en réaction à l'appel au suicide collectif lancé par Bernard-Henri Lévy. Ici et , des intellectuels critiques s'étonnent que la gauche de gouvernement ne cherche guère à connaître leurs réponses à cette question, ne se souvenant de leur existence qu'au moment des périls électoraux. Ailleurs, sous l'impulsion d'un historien résolument jaurèsien, Vincent Duclert, divers abonnés débattent, hors-les-murs de la vieille maison endormie sise rue de Solférino à Paris, de ce qu'est, de ce que devrait être, de ce que pourrait être et de ce que sera peut-être le socialisme. Or, en écho à ces débats participatifs, voici que la réalité, ces derniers jours, apporte sa propre réponse à la question posée.  Une réponse en deux temps, le milliard des traders de BNP Paribas face au désespoir des salariés de Molex, et qui tient en deux mots : la question sociale.

D'un côté, une banque, BNP Paribas, qui, sans gêne aucune, augmente ses provisions d'un milliard d'euros pour mieux récompenser, fin 2009, ses traders, ces employés dont la spéculation est le métier. Dans la foulée, on apprend que l'Autorité des marchés financiers soupçonne deux dirigeants de la Société générale d'avoir bénéficié d'informations privilégiées pour réaliser des gains stupéfiants. Comme l'a expliqué Martine Orange sur Mediapart, cette arrogance, alors même que le coût social de la crise économique provoquée par les errements d'une finance déréglementée ne cesse de s'alourdir, est une attitude largement partagée au sommet du monde bancaire, parmi cette nouvelle aristocratie financière issue du dévoiement du service de l'Etat – comme nombre de leurs pairs, Baudoin Prot et Frédéric Oudéa, les dirigeants de BNP Paribas et de la Société générale sont d'anciens inspecteurs des finances, formés à l'ENA. Mais l'indignation morale est ici de peu de secours. Car ces messieurs servent, avec autant d'avidité que d'opiniâtreté, leurs intérêts, ceux d'une classe sociale, ceux du monde qu'ils enrichissent et qui les a enrichis.

Au jour le jour, la crise que nous traversons, historique à en croire l'ample littérature qu'elle suscite déjà, ne cesse ainsi de donner raison à Karl Marx : fondé sur l'accumulation sans freins et, pour cette raison même, porté à exploiter le travail de l'homme et à détruire les richesses de la nature, le Capital est égoïste par essence. Quand, d'aventure, il lui arrive de céder à la générosité ou au partage, ce n'est que sur la base d'un rapport de forces défavorable, sous la contrainte et dans l'obligation. Ceux qui, pour l'heure, nous gouvernent le savent pertinemment. Et s'ils se sont bien gardés d'accompagner leurs aides faramineuses au secteur bancaire de la moindre disposition contraignante – après tout, la gamme est large, de la représentation de l'Etat dans les conseils d'administration jusqu'à la nationalisation de tout ou partie du crédit –, c'est simplement qu'ils servent les mêmes intérêts sociaux. Leurs cris d'orfraie d'aujourd'hui ne sont que larmes de crocodile: loin de pleurer leur propre imprévoyance, ils se contentent de dissimuler leur consentement à cette hypocrisie.

Pour les uns comme pour les autres, politiciens démagogiques ou financiers affairistes, la crise actuelle, tout à la fois économique, financière et écologique, ne saurait être systémique, sauf à penser non seulement contre eux-mêmes mais contre le capitalisme en tant que tel. Aussi feront-ils tout ce qui est en leur possible pour qu'elle ne soit qu'un moment darwinien d'adaptation où l'essentiel est de survivre selon les vieilles recettes de la privatisation des bénéfices et de la socialisation des pertes. Tout en profitant de tous les avantages et protections d'un modèle français qu'ils entendaient démolir systématiquement hier et dont les mécanismes de redistribution limitent aujourd'hui les dégâts, ils n'auront de cesse non seulement de se refaire, mais de retrouver des marges, en utilisant la crise comme levier d'action face à un monde du travail sur la défensive.

Le droit de résistance à l'oppression économique

L'histoire n'étant jamais écrite, il n'est pas exclu qu'ils y arrivent, et c'est ce qui se joue sur l'autre front, celui qu'ont occupé la semaine passée les Molex en colère. Le drame qui a pour théâtre le site de Villemur-sur-Tarn est exemplaire des ravages d'un capitalisme saisi par la finance, destructeur de richesses collectives par obsession de fortunes privées. Il ne s'agit pas en effet de l'une de ces activités condamnées par l'actuelle révolution industrielle. Tout au contraire, comme il s'en vante sur son site, le groupe américain Molex, fondé en 1938, est devenu un dynamique constructeur de composants électroniques qu'il vend avec profit, en tant qu'équipementier, aux industries de la chaîne numérique, de l'automobile aux télécommunications, en passant par l'aéronautique, le médical ou le militaire, etc.

Quand, fin 2008, le groupe annonce son intention de fermer son usine de Haute-Garonne et de licencier ses 283 salariés, le comité d'entreprise est donc légitimement fondé à contester cette décision. De fait, le cabinet d'expertise désigné jugera l'entreprise économiquement viable et, de surcroît, estimera qu'elle est une des plus rentables de la division automobile de Molex. La suite est connue: entêtement de la direction américaine, demi-tour d'un mystérieux repreneur, opacité totale des négociations, séquestration brève de cadres dirigeants, incident virulent ou violent, selon les versions, avec un dirigeant du groupe, fermeture brutale de l'usine... Comment ne pas comprendre la colère des salariés concernés, qui mêlent ouvriers, employés, techniciens? Comment ne pas admettre qu'ils soient révoltés d'être tenus pour une simple variable d'ajustement? Comment ne pas leur reconnaître le droit d'opposer leur résistance à la violence qui leur est faite?

Ainsi que l'a rappelé Mathieu Magnaudeix dans l'une des chroniques "éco" de Mediapart diffusées par Orange, les récents conflits sociaux médiatisés pour leurs événements exceptionnels – séquestrations, bousculades ou dégradations – ne résument certes pas tout le climat social. Pour quelques Continental, New Fabris, Nortel, Sony, Caterpillar, Derichebourg, 3M ou Molex, qui se mobilisent et, parfois, obtiennent satisfaction, combien de milliers de salariés quittent le travail sans rien dire, avec le minimum légal, soit quatre mois de salaire pour vingt ans d'ancienneté, victimes silencieuses d'un été social meurtrier?  Mais, pour autant, ces justes colères ne sont pas marginales, ni dans leur composition – ouvriers, employés, professions intermédiaires: toutes les couches du salariat y sont représentées –, ni dans leur animation – elles s'expriment au cœur du syndicalisme représentatif –, ni dans leur exposition – l'opinion est encline à les comprendre, voire à les soutenir.

Car, face à L'horreur économique mise à nu dès 1996 par Viviane Forrester, ces salariés mettent en pratique l'un de nos « droits naturels et imprescriptibles » reconnu, dès son article 2, par la Déclaration des droits de l'homme de 1789: le droit de « résistance à l'oppression ». Oui, l'oppression, ici entendue comme une réalité qui ne serait pas discutable, pas contestable, pas réversible: une réalité qu'il faudrait subir parce qu'allant de soi, alors même qu'elle met en péril équilibres et solidarités, égalités, libertés et fraternités. Pour le monde du travail qui en subit le joug, la prétendue loi du marché est du même ordre que la monarchie de droit divin: une puissance extérieure et arbitraire, sur laquelle il n'a aucune emprise et encore moins droit au chapitre. Et la vertu des temps de crise, quand la prospérité ne fait plus écran, c'est de dévoiler combien la violence, symbolique ou matérielle, est au principe de cette domination. Une violence de possédants inquiets, d'autant plus barricadés et repliés qu'ils savent combien leurs avantages ou privilèges sont plus intolérables aujourd'hui qu'hier.

Défendre les intérêts du groupe social majoritaire

Le paradoxe, et nous en venons ainsi à la gauche, à son identité et à son avenir, c'est qu'en cette trêve aoûtienne, seul le pouvoir sarkozyste semble prendre la mesure de cette alarme pour essayer de la conjurer, prise de conscience dont a témoigné le zèle du nouveau ministre de l'industrie, Christian Estrosi. Le plus souvent, la gauche, en ses formations parlementaires et en ses directions autorisées, est absente, modérée ou silencieuse, en retrait. Elle paraît déléguer la question sociale, telle qu'elle est vécue dans les entreprises, aux organisations syndicales, comme s'il ne s'agissait pas aussi d'une question politique où se joue sa raison d'être et son enracinement électoral. Ainsi, sur le site officiel du Parti socialiste, lequel parti, avec plus de 23 millions d'euros d'aides publiques annuelles, a tout de même les moyens matériels d'exister pendant l'été, il n'y avait, dimanche 9 août encore, aucune information actualisée sur la situation sociale, tandis qu'était toujours indisponible le programme de la prochaine Université d'été à La Rochelle, pourtant ouverte en théorie aux militants.

Des lecteurs bien intentionnés ne manqueront pas d'objecter, en citant l'attitude de tel élu, les déclarations de telle personnalité. Mais il s'agit là de réactions individuelles. Or, par le prisme de son parti électoralement dominant, c'est de la gauche comme dynamique collective, et non pas comme addition d'individualités, que l'on se préoccupe ici: de la gauche comme pôle d'attraction, potentiellement rayonnant et rassembleur, plutôt que comme aire de compétition, repoussante à raison de ses divisions et de sa cacophonie. Or les explications conjoncturelles sont impuissantes à rendre compte de sa paralysie et de son atonie alors même que la crise, ses urgences et ses misères, la réclame. Les causes sont plus structurelles, plus essentielles, plus anciennes. Aussi, après d'autres, voudrais-je soutenir l'hypothèse suivante: si cette gauche-là nous semble muette, entravée et divisée, c'est qu'elle a tout simplement oublié, égaré, voire perdu, ce qui la justifie et la légitime: la défense des intérêts sociaux du monde du travail. Autrement dit des intérêts du groupe social majoritaire dans ce pays.

En 2007 – dernière année disponible à l'Insee et ces chiffres sont à peu près stables depuis 2003 –, la proportion des actifs occupés parmi l'ensemble de la population au-dessus de 15 ans comptait: 22,8% d'ouvriers, 29,8% d'employés et 23,6% de professions intermédiaires (catégorie qui rassemble techniciens, instituteurs, certains métiers de la santé ou du travail social, etc.). Soit, au total, 76,2% des actifs occupés. De plus, en 2007 toujours, un salarié sur cinq, soit 5,5 millions de personnes, était un ouvrier ou un employé non qualifié, victime désignée des contrats courts, du temps partiel ou du chômage. La réalité sociale, profonde, massive, de la société française est celle-là, à mille lieues des stock-options. Concrètement, ainsi que le rappelle avec constance l'Observatoire des inégalités, cela signifie par exemple que le salaire maximal de la moitié des salariés à temps complet du secteur privé est de seulement 1 555 euros, tandis que celui de la moitié des fonctionnaires ne dépasse pas 1 923 euros. A l'inverse, les 10% les plus riches de la population possèdent, à eux seuls, 46% de la fortune nationale.

Défendre les moins fortunés, les moins protégés, les moins armés, les plus exposés, les plus fragiles: il n'y a pas d'autre levier d'action pour la gauche politique. Pas d'autre boussole. Pas d'autre repère. Pas d'autre fil à plomb. Si, du moins, l'on veut bien ne pas se payer de mots et admettre que la politique, c'est la construction d'un rapport de forces, d'une dynamique de rassemblement, bref d'une forme d'hégémonie pour reprendre la formulation d'Antonio Gramsci, dont la droite actuellement aux affaires s'est révélée jusqu'ici bon élève. Car, en face, il y a, sans faux-semblants, une classe sociale minoritaire qui assume parfaitement ses visées hégémoniques. Comme le démontrent à satiété les enquêtes de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, nos sociologues de la bourgeoisie, elle sait méticuleusement défendre ses intérêts, se rassembler et s'entraider, choisir par avance ses représentants politiques, les financer, les soutenir et les conseiller, en changer sans états d'âme si nécessaire, séduire, recruter et adouber des alliés dans d'autres milieux, etc.

Que serait une gauche sans la question sociale?

Tandis que le mythe messianique d'un prolétariat prophète s'effondrait sous nos yeux avec l'imposture du socialisme réel, notre classe dominante ne renonçait aucunement à mener sourdement cette lutte de classes dont la gauche officielle désertait non seulement l'exercice mais le principe même. Quand, avec sa prétention habituelle, Alain Minc se présente comme « le dernier marxiste français », il ne dit pas autre chose, se souvenant des classiques de son enfance en milieu communiste, autrement dit le fameux Manifeste de Marx et Engels en 1848: « L'histoire de toute société jusqu'à nos jours, c'est l'histoire de la lutte des classes ». Mais, transfuge assumé, entre agent recruteur et tête chercheuse, il met cette lucidité au service du camp adverse, avec non seulement un immense zèle de converti, mais aussi le même aveuglement qu'en d'autres temps ou d'autres lieux, il aurait mis à défendre l'URSS de Staline, identifiée à la cause internationale des prolétaires.

Nous voici au cœur de la difficulté: tandis que la droite y retrouvait une assurance idéologique perdue depuis 1945, l'effondrement de l'imposture soviétique a durablement ébranlé la croyance de la gauche dans la pertinence du social, comme principe d'intelligibilité du réel et comme levier d'action politique. Et, de fait, la question sociale est un prisme réducteur si l'on croit pouvoir en faire l'alpha et oméga d'une politique progressiste. Elle n'épuise évidemment pas la question démocratique, celle des droits et des libertés, puisqu'elle fut aussi l'alibi de politiques autoritaires ou totalitaires. Elle épuise encore moins la question environnementale dont, au nom d'un progrès industriel destructeur, elle s'est révélée et se révèle encore, en Chine par exemple, l'adversaire déterminé. Pas plus qu'elle n'épuise les questions internationales, ayant servi d'alibi, ou servant encore, à des politiques d'Etat nationalistes et chauvines, voire à des pratiques partisanes xénophobes envers des travailleurs d'origine étrangère ou, dans le cas français, issus de notre empire colonial.

Autrement dit, il ne suffit pas de s'acharner à défendre les intérêts des salariés, ouvriers et employés, pour être porteur d'un programme crédible qui associe exigence sociale, ambition démocratique, urgence écologique et solidarité internationale. Mais si la condition n'est pas suffisante, elle reste absolument nécessaire, à la manière d'un préalable, d'un point d'ancrage ou d'un point de départ. Sinon, qu'est-ce que la gauche? Des valeurs, entend-on dire le plus souvent. Autant dire une gauche introuvable, et qui plus est arrogante et prétentieuse. En quoi, la gauche, dans son expression politique, serait-elle par nature propriétaire de valeurs, autrement dit de principes transcendants les clivages, par exemple humanistes, démocratiques, internationalistes? En quoi, alors que son histoire avérée témoigne qu'il lui est fréquemment arrivé de les malmener ou de les renier, au grand dam de militants sincères? Et qu'il y eut, alors, aussi bien des individualités de droite que des minoritaires de gauche pour défendre ces principes bafoués?

Une gauche réduite à cette abstraction ne s'appartiendrait plus, tout simplement. « Une gauche sans la question sociale, c'est ce qui reste quand on a renoncé à la question de la justice et de l'égalité: une gauche de négation, qui se contente de n'être pas de droite, ou de l'être avec modération », écrit Daniel Bensaïd dans Un nouveau théologien, B.-H. Lévy, dont le titre est un hommage à Charles Péguy (1873-1914). Alors que Bernard-Henri Lévy mène la danse sur Ce grand cadavre à la renverse qu'est selon lui la gauche, il n'est pas inutile de lire ou de relire cette réfutation implacable et trop ignorée, la plus pertinente et la plus rigoureuse à mon sens. On le sait: Bernard-Henri Lévy, qui poursuit l'assaut cette semaine dans Le Nouvel Observateur, a emprunté cette image nécrosée du cadavre à Jean-Paul Sartre (1905-1980) qu'il embarque dans sa croisade ainsi qu'une autre figure des heures glorieuses de l'hebdomadaire hier emblématique de la gauche, André Gorz, qui y signait Michel Bosquet.

Le seul problème, c'est que notre pamphlétaire pressé les a si mal lus qu'il commet un contresens. Sartre, grand pourfendeur de la gauche officielle dans les années 1970, et Gorz, auteur des Adieux au prolétariat, sont conviés à leur corps défendant à la mise à mort du socialisme, de l'idée et du nom, où résonne distinctement la question qu'il s'agirait de congédier définitivement: l'exigence sociale, de justice et d'égalité. Or il suffit de relire l'un et l'autre pour trouver une réplique sans appel à Bernard-Henri Lévy, au nom de cette évidence que, s'il y a une gauche politique et une idée socialiste, c'est tout simplement qu'il y a des conflits de classe, des luttes entre dominants et dominés, capitalistes et travailleurs, propriétaires et salariés, etc. Ironie supplémentaire, la réponse de Sartre se trouve dans une série d'entretiens accordés au Nouvel Observateur, fin 1964 et début 1965, quand la gauche assommée par sa perdition algérienne vivait des débats similaires, Gaston Defferre en "Monsieur X" jouant les Manuel Valls de l'époque.

Jean-Paul Sartre et André Gorz répondent à B.-H. Lévy

Voici donc ce qu'affirmait Sartre, au cours de ces entretiens repris dans Situations, VIII, recueil paru en 1972 et sous-titré Autour de 68: « Les vrais défaitistes sont ceux qui nous proposent, comme Defferre, d'achever la gauche sous prétexte de la guérir. Est-ce être pessimiste que constater un état de choses alarmant? Je vous l'ai dit, je l'ai écrit, je ne suis pas le seul à le penser: la gauche est malade. Mais je crois qu'elle ne peut pas mourir. La gauche n'est pas une "idée généreuse" d'intellectuels. Une société d'exploitation peut s'acharner à vaincre la pensée et les mouvements de gauche, et même, par périodes, les réduire à l'impuissance: elle ne les tuera jamais car c'est elle-même qui les suscite. [...] A longue échéance, une gauche renaîtra, quel que soit le sort de celle que nous connaissons aujourd'hui, parce que l'existence même de la gauche est la manifestation d'un conflit de classes qu'on cherche à masquer mais qui reste une réalité ».

« La gauche se meurt, passons à droite »: par cette formule, Sartre résumait ce qu'il appelait « le réalisme des technocrates »: « Ce qu'il faut refuser, c'est le chantage à l'urgence que nous font les technocrates: "La gauche a peu de chances de se relever rapidement des maladies dont elle souffre. Enterrons-la vite!" Pourquoi? Il faut essayer de la sauver, même si cela doit prendre du temps. [...] Qu'on ne vienne pas nous dire aujourd'hui que "tout est foutu" parce qu'une série de circonstances historiques [...] a amené les partis de gauche à leur point de division le plus haut et à leur niveau d'efficacité le plus bas. Cela veut simplement dire qu'il faut se mettre au travail. »

Ce « réalisme des technocrates » n'est évidemment pas sans évoquer nos Gracques d'aujourd'hui qui, sous divers atours, témoignent des régressions et amnésies produites par la contamination de la gauche ou, plutôt, de ses cercles dirigeants, par l'esprit de l'Ecole nationale d'administration. Qui plus est une ENA qui, à la mise à distance du social par une vision appauvrie du service de l'Etat, a fini par ajouter la régénération des élites économiques et financières du capitalisme lui-même. Or si la gauche se pense d'emblée comme l'Etat, un Etat qui ne tient même plus à distance le capitalisme financier, elle en vient inévitablement à se priver du seul levier dont elle dispose pour exister par elle-même, construire sa propre identité et créer sa propre dynamique: la question sociale.

Quant au regretté André Gorz (1923-2007), on ne saurait trop recommander la lecture de Capitalisme Socialisme Ecologie (1991), recueils de textes souvent parus d'abord en Allemagne lors des débats qui suivirent la chute du Mur de Belin. On y comprend bien que ses Adieux aux prolétariat (1980), démontage des visions messianique et prophétique d'une classe ouvrière mythifiée, n'étaient en rien un abandon de la question sociale qu'il plaçait au cœur des enjeux écologiques. Pour ce précurseur de l'écologie politique, si la scène et les acteurs du conflit ont profondément changé, son enjeu reste identique: « Si on conçoit le socialisme comme une forme de société dans laquelle les exigences de la rationalité économique sont subordonnées à des exigences sociétales et culturelles, l'actualité du socialisme doit paraître plus grande que jamais ».

Gorz encore: «Le socialisme est mort tant qu'il se comprenait comme un système tendant à une totale rationalisation scientifique. Par cette prétention, il s'est coupé de tout ancrage dans l'expérience vécue ainsi que de l'aspiration des individus à l'émancipation et à l'autonomie. Mais le socialisme subsistera comme mouvement ou comme horizon historique pour autant que, conformément à sa signification originelle, il se comprend comme aspiration à achever l'émancipation des individus dont la révolution bourgeoise a marqué le commencement et qui reste à réaliser dans les domaines dans lesquels le capitalisme soumet les hommes et les femmes aux contraintes systémiques, aux rapports de domination et aux aliénations inhérentes au règne de la marchandise.»

Quitte à "Bronzer intello", comme nous le propose, bien loin des urgences sociales, son dernier numéro, Le Nouvel Observateur, qui ne manque pas d'archives, ferait œuvre utile en republiant tel interview de Jean-Paul Sartre ou tel article d'André Gorz. Au moins retrouverait-il ainsi sa mémoire, comme devrait s'efforcer de le faire la gauche toute entière.

Links:
[1] http://www.mediapart.fr/club/blog/Edwy-Plenel
[2] http://www.mediapart.fr/club/edition/socialisme-hors-les-murs
[3] http://www.mediapart.fr/club/blog/sophie-dufau/250709/ps-le-debat-sur-mediapart
[4] http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/BHL-847/
[5] http://www.bernard-henri-levy.com/
[6] http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/010809/ces-intellectuels-que-le-ps-desespere-premier-volet-de-notre-enquete
[7] http://www.mediapart.fr/journal/france/020809/22-intellectuels-repondent-sur-la-crise-des-socialistes-le-deuxieme-volet-de-n
[8] http://www.mediapart.fr/journal/france/010809/intellectuels-experts-et-politiques-histoire-de-vies-paralleles
[9] http://www.mediapart.fr/club/blog/vincentduclert
[10] http://www.mediapart.fr/journal/economie/070809/societe-generale-un-dirigeant-vendu-pour-217-millions-d-euros-de-titres-en-d
[11] http://www.mediapart.fr/journal/france/050809/bonus-des-traders-il-n-y-pas-que-bnp-paribas
[12] http://fr.wikipedia.org/wiki/Baudouin_Prot
[13] http://fr.wikipedia.org/wiki/Frédéric_Oudéa
[14] http://www.mediapart.fr/journal/economie/070809/deux-ans-de-crise-il-est-enfin-possible-d-entendre-d-autres-economistes
[15] http://www.mediapart.fr/journal/economie/020509/face-la-crise-marx-est-il-la-mode-ou-dans-l-actualite
[16] http://www.alternatives-economiques.fr/le-modele-francais-fait-de-la-resistance_fr_art_851_43464.html
[17] http://www.molex.com/molex/index.jsp;jsessionid=0371C19338A7C78A94A81585704A0AAD.node0
[18] http://fr.wikipedia.org/wiki/Molex
[19] http://finances.orange.fr/Points-de-vue-eco/Pour-les-filles-de-Pontivy-ni-gros-cheque-ni-bonbonne-245325.html
[20] http://www.mediapart.fr/journal/economie/140709/plans-sociaux-et-chomage-un-ete-social-meurtrier
[21] http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Horreur_économique
[22] http://fr.wikipedia.org/wiki/Viviane_Forrester
[23] http://fr.wikipedia.org/wiki/Déclaration_des_droits_de_l'homme_et_du_citoyen_de_1789
[24] http://www.mediapart.fr/journal/france/060809/sarkozy-au-cap-negre-estrosi-saute-sur-le-pont
[25] http://www.parti-socialiste.fr/
[26] http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020158354&fastPos=1&fastReqId=2114470337&categorieLien=id&oldAction=rechTexte
[27] http://www.desirsdavenir.org/segolene-royal/les-actualites/une-belle-victoire-pour-heuliez/08-07-2009
[28] http://www.lepost.fr/article/2009/08/05/1647653_marine-aubry-l-annonce-de-la-bnp-sonne-comme-un-veritable-scandale.html
[29] http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-La_gauche_et_les_classes_populaires-9782707140982.html
[30] http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATCCJ03121
[31] http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1250
[32] http://www.inegalites.fr/
[33] http://fr.wikipedia.org/wiki/Hégémonie_culturelle
[34] http://fr.wikipedia.org/wiki/Antonio_Gramsci
[35] http://www.journaldunet.com/management/dossiers/050685fortune/pincon.shtml
[36] http://www.alternatives-economiques.fr/sociologie-de-la-bourgeoisie-michel-pincon-et-monique-pincon-charlot_fr_art_140_14573.html
[37] http://www.lekiosque.fr/Le-Point-o396.aspx
[38] http://www.amazon.fr/Lextraordinaire-histoire-ma-vie-ordinaire/dp/2020893231
[39] http://fr.wikisource.org/wiki/Manifeste_du_Parti_communiste
[40] http://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Bensaïd
[41] http://www.editions-lignes.com/UN-NOUVEAU-THEOLOGIEN-BERNARD.html
[42] http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Péguy
[43] http://www.edition-grasset.fr/chapitres/ch_bhl3.htm
[44] http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/20090806.OBS6661/?xtmc=bernardhenrilevy&xtcr=1
[45] http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre
[46] http://fr.wikipedia.org/wiki/André_Gorz
[47] http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=2855
[48] http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaston_Defferre
[49] http://www.amazon.fr/Situations-VIII-Jean-Paul-Sartre/dp/2070279979
[50] http://www.lesgracques.fr/manifeste
[51] http://www.amazon.fr/Capitalisme-socialisme-écologie-André-Gorz/dp/2718603836
[52] http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2335/articles/a406511-.html?xtmc=bronzezintello&xtcr=1
[53] http://www.mediapart.fr/journal/france/090609/lettre-ces-socialistes-qui-nous-desesperent
[54] http://jde.lesverts.fr/
[55] http://www.espoir-a-gauche.fr/lettre-de-vincent-peillon/delia-CMS/page/article_id-734/topic_id-6/
[56] http://www.npa2009.org/content/demandez-le-programme-de-luniversité-dété
[57] http://www.c6r.org/
[58] http://www.lepost.fr/article/2009/07/11/1616184_montebourg-invite-plenel-a-jarnac-un-crachat-sur-une-tombe.html
[59] http://renovation.parti-socialiste.fr/
[60] http://bessac.typepad.fr/formation/
[61] http://www.mediapart.fr/journal/france/200709/nicolas-sarkozy-face-la-nouvelle-colere-sociale
[62] http://maps.google.com/maps/ms?ie=UTF8&hl=fr&t=p&msa=0&msid=106468196104779563781.00045a2a5e1c2cf69d5d4&ll=46.988988,1.955652&spn=8.033979,11.664219&source=embed
[63] http://www.mediapart.fr/journal/france/120609/six-mois-apres-retour-sur-la-route-de-la-crise
[64] http://www.mediapart.fr/journal/france/160709/continental-le-recit-de-l-interieur
[65] http://www.mediapart.fr/journal/france/230409/les-continental-hanovre-pour-le-debut-d-une-lutte-internationale
[66] http://www.mediapart.fr/journal/economie/190309/apres-continental-enquete-sur-l-oise-un-departement-qui-se-meurt
[67] http://www.mediapart.fr/journal/france/060409/continental-les-maisons-du-malheur
[68] http://www.mediapart.fr/journal/france/261108/crise-jeu-de-massacre-sur-le-front-de-l-emploi
[69] http://www.mediapart.fr/club/edition/toulouse/article/080609/la-derniere-chance-des-molex-avant-fermeture
[70] http://www.mediapart.fr/journal/economie/130709/bata-huit-ans-apres-le-plan-social-que-sont-ils-devenus
[71] http://www.mediapart.fr/journal/economie/041108/comme-un-air-de-revolte-a-la-pointe-des-ardennes
[72] http://www.mediapart.fr/journal/france/300709/riberac-village-suspendu-son-usine-de-feutre
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9 août 2009 7 09 /08 /août /2009 09:45
mercredi 5 août 2009, à 18:52

Communiqué de Razzy Hammadi, Secrétaire national au Service public Philippe Doucet, Secrétaire national aux droits des consommateurs et Guillaume Bachelay, Secrétaire national à l’Industrie et NTIC

Après la provocation du PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, réclamant une augmentation de 20% des prix à la consommation, le gouvernement rogne sur le pouvoir d’achat des Français en proposant une augmentation des tarifs administrés de 2,3% !

Révisés traditionnellement au cours de l’été, les tarifs de l’électricité sont fixés conjointement par les ministères de l’Energie et de l’Economie après avis consultatif de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) et en prenant soin de ne pas dépasser l’inflation. Le Gouvernement a donc toute capacité et autorité à intervenir.

Les arguments avancés sont d’autant plus choquants que l’entreprise est en bonne santé financière et qu’elle s’est activée copieusement sur le marché des acquisitions, stratégie coûteuse, voire aléatoire.

Ce n’est pas à l’usager-consommateur de payer les choix industriels des dirigeants d’EDF opérés qui plus est au détriment du réseau national.

Le Parti socialiste demande au Gouvernement de renoncer à cette augmentation des prix malvenue en cette période de crise. Il lui rappelle qu’il a également le devoir de veiller au bon usage des fonds publics dans les investissements qui doivent être réalisés par EDF : énergies propres, économies d’énergie, entretien et sécurisation du réseau, recherche et développement.

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30 juillet 2009 4 30 /07 /juillet /2009 10:53
Le 28 juillet 2009 - Réponse à BHL

Comme on pouvait s’y attendre, la lourde défaite du Parti socialiste aux élections européennes a suscité en son sein, après un court délai de décence, un déchainement de critiques contre Martine Aubry, tandis que dans les médias retentissaient à nouveau les oraisons funèbres de la social-démocratie. “Le PS se meurt, le PS est mort”, s’exclame, comme en 1993, comme en 2002, un chœur bigarré de fossoyeurs trop pressés. “Le PS est dans la situation du PC à la fin de années 70″ diagnostique le docteur BHL. Reprenant la vieille idée fixe de Jean-François Kahn , l’ex-nouveau philosophe invite le PS à se dissoudre. “Il doit disparaître au plus vite” clame-t-il dans le JDD du 19 juillet. Disparaître, riche idée! Mais pour mettre quoi à la place ?

Jean-François Kahn proposait le MoDem, de François Bayrou. BHL, quant à lui, se dispensant de toute réponse. “La dialectique y pourvoira”,  écrit-il dans le JDD du 19 juillet 2009. La dialectique a bon dos, elle ne pourvoira à rien. Il est facile de rayer d’un trait de plume un parti séculaire, profondément enraciné dans l’histoire et dans la société française et sans lequel il n’y a pas d’alternance possible dans notre pays. Il est très difficile de construire un parti équivalent, les Verts en savent quelque chose. C’est un travail de Titan, qui exige des décennies. Dissoudre le PS n’arrangerait que ses adversaires de droite, qui disposeraient dès lors d’une longue rente de situation dans l’occupation du pouvoir.

L’assimilation  entre la crise d’agonie dans laquelle est entré le PCF à la fin des années 1970 et la crise de refondation que connait la social-démocratie européenne est grotesque.

Les partis communistes ont sombré avec la disparition de l’URSS et du marxisme soviétique auxquels ils s’étaient identifiés. Ceux d’entre eux, tel le PC italien, qui ont su prendre à temps leurs distances et se rallier à la social-démocratie ont survécu.

Ce naufrage n’a pas affecté la sociale démocratie. En atteste la vague rose des années 1996-1997, qui porta au pouvoir 13 partis socialistes sur 15 en Europe. Le socialisme démocratique s’est constitué à la fois contre le libéralisme économique - l’utopie délétère de la société de marché -; et contre le totalitarisme léniniste - l’utopie meurtrière de la société parfaite.

Les partis socialistes et sociaux-démocrates connaissent non pas une crise d’agonie, mais une crise de refondation, comme ils en ont  déjà subi et surmonté plusieurs dans leur longue et tumultueuse histoire.

Ces partis avaient appris à maîtriser et à civiliser, au siècle dernier, un capitalisme national et industriel. Ils sont confrontés aujourd’hui à un capitalisme mondialisé et dominé par la finance. A une société fragmentée et vieillissante aussi, travaillée par un individualisme désormais désagrégateur. Les politiques publiques et les moyens d’action  qu’ils avaient mis en œuvre pendant un demi-siècle sont désormais de moins en moins efficaces. Voilà la raison profonde de la  crise de la social-démocratie européenne. S’y ajoute, en France, - circonstance considérablement aggravante ! -, une crise de leadership qui perdure depuis 2002.

Ces partis seront-ils capables de se donner les moyens théoriques, programmatiques, institutionnels de domestiquer et d’humaniser le nouveau capitalisme, comme ils ont su le faire en XXème siècle pour l’ancien ? De la réponse à cette question dépend leur avenir. Si elle est négative, comme le pensent (et l’espèrent) leurs adversaires et nombre de leurs prétendus amis, ces partis sont voués à un lent dépérissement, à l’instar, en France, de feu le Parti radical. Mais on ne détruit que ce que l’on remplace. Ni les Verts, ni le PCF, ni le PG, ni les trotskystes, ne sont en mesure de se substituer, au PS, dans un avenir prévisible, comme principale force d’alternance et d’alternative.

Si, au contraire, la réponse est positive, comme je le crois, ces partis retrouveront un nouveau souffle. Ce qui rend les partis mortels, c’est leur inaptitude à s’adapter aux nouvelles conditions historiques de leur action, dans la fidélité à leurs valeurs et aux grands objectifs qui les incarnent. Les partis socialistes disposent de suffisamment de ressources humaines et de pragmatisme pour savoir rebondir. C’est le secret de leur longévité : le benjamin de la famille - le PS français - a 105 ans, le vétéran - le SPD allemand - plus de 130 !

Tous les partis socialistes d’Europe sont à la recherche de nouvelles voies. L’échec de la “troisième voie” blairiste exige de réorienter, mais non d’interrompre leurs efforts.

Il ne faut pas liquider le PS, mais le refonder : rénover ses idées, son projet, son programme, son organisation, ses pratiques. C’est à cela que s’est attelée courageusement Martine Aubry. C’est pour cela que nous la soutenons.

Que nous recommande, pour sa part,  BHL pour régénérer la gauche ? “De renouer avec l’essentiel”, répond-il dans le JDD, c’est-à-dire avec “trois grands refus : l’antifascisme, l’anticolonialisme, l’anti totalitarisme.”

On croit rêver !

Le monde subit la crise économique, sociale, écologique la plus grave que le capitalisme ait connu depuis 1929, le chômage et le travail précaire explosent, le réchauffement climatique approche un point de non retour, et BHL nous exhorte à renouer avec l’antifascisme, l’anti colonialisme, l’anti totalitarisme !

Plutôt que de renouer des liens qui ne sont pas rompus, efforçons-nous de répondre aux préoccupations et aux aspirations des Français plongés dans la tourmente, et, en particulier, à celles des classes populaires et des classes moyennes.

Les partis socialistes doivent d’abord préciser et populariser leur stratégie de sortie de crise : Plan de relance, bouclier social, économie verte. Ils doivent élaborer une réforme en profondeur de l’économie et de la société internationales pour que pareil désastre ne se reproduise plus. Ils doivent parachever la synthèse entre la doctrine social-démocrate et l’apport de l’écologie politique, du féminisme, de l’individualisme culturel. Ils doivent promouvoir un nouvel internationalisme, car aucun des nouveaux défis qui nous assaillent n’a de solution au niveau national. Ce nouvel internationalisme s’incarne d’abord dans la relance et la réorientation de la construction européenne. Faire de l’Europe la première démocratie économique, écologique et sociale du monde, creuset d’une nouvelle Renaissance et levier d’une autre mondialisation : voilà l’utopie réaliste que les socialistes européens proposent à leurs peuples.

Cette Europe volontaire sera nécessairement une Europe différenciée : les Etats qui veulent aller  plus loin et plus vite pour mettre en œuvre des politiques communes doivent pouvoir le faire.

Ainsi réorientée, l’Union européenne pourra jouer un rôle primordial dans l’amélioration de la gouvernance mondiale et l’institution d’une nouvelle régulation du capitalisme.

Les éléments du nouveau programme socialiste sont en gestation depuis dix ans. Ils ont pour nom : l’Etat social préventif, la sécurisation des parcours professionnels, l’économie verte, la transition vers la société de la Connaissance, la démocratie sociale et participative, l’accès de tous à l’Education et à la Culture, l’Europe-puissance, la mondialisation maîtrisée et solidaire…

Trois refondations

Ce qui me rend optimiste, malgré la dureté des temps, sur les capacités de rebond des partis socialistes, c’est l’histoire de leur mouvement. Celle-ci permet  de déceler au moins trois refondations:

? Les partis socialistes étaient initialement des partis ouvriers révolutionnaires, regroupés au sein de la IIème Internationale marxiste. Ils ont connu une première refondation dans les années 20 et 30 du siècle dernier, en réalisant la synthèse entre le libéralisme politique, le mouvement démocratique et la critique socialiste du capitalisme.

Ils ont alors renoncé au recours à la violence, fût-elle de masse,  comme méthode de conquête du pouvoir et se sont ralliés à l’Etat de droit et au Parlementarisme, au prix de la scission communiste. Obtempérant à l’exhortation du grand Bernstein, ils ont osé paraître ce qu’ils étaient : des grands partis démocratiques de réforme sociale.

? Ils ont connu une seconde refondation, dans les années 50 et 60, mais dans les années 30 pour les Scandinaves, en rompant avec le collectivisme et en se ralliant à l’économie sociale de marché. Ils ont admis que, sous certaines conditions, les forces du marché et de la libre entreprise pouvaient être mises au service du progrès économique, social, culturel, démocratique. Ces conditions  sont l’existence d’un Etat démocratique avancé et celle d’une organisation puissante du mouvement ouvrier, politique, associatif et syndical. Les partis socialistes sont alors devenus des grands partis populaires de gouvernement, exerçant régulièrement le pouvoir. Ils ont cessé d’être des partis de classe pour devenir des “partis du peuple tout entier”, agissant sur la société au moyen de l’appareil d’Etat.

? Ces partis sont engagés aujourd’hui dans une troisième refondation. Confrontés à la mondialisation capitaliste, ils doivent se constituer eux-mêmes en force transnationale, soucieuse de représenter et de défendre les intérêts et les aspirations des salariés européens, par delà leurs appartenances nationales. Ils doivent élaborer un programme, une stratégie une organisation, d’emblée à l’échelle continentale. L’adoption d’un  programme social européen les 7 et 8 décembre 2006 à Porto , constitue un premier pas dans ce sens. Celle du Manifesto, adopté le 1er décembre 2008 à Madrid, à l’occasion de l’élection européenne, en représente un second. Mais, dans ce domaine,  l’essentiel reste à faire.

Confrontés au réchauffement climatique, à l’épuisement progressif des énergies fossiles, aux pollutions de l’eau, des terres, de l’air, à la déforestation et à l’appauvrissement de la biodiversité, les socialistes doivent intégrer à leur corps de doctrine et à leur programme l’apport de l’écologie politique. Ils doivent devenir des partis éco-socialistes réalisant la synthèse entre la sensibilité sociale de la social-démocratie et les préoccupations environnementales des écologistes.

Confrontés au nouvel âge de la démocratie dans lequel nous sommes entrés : démocratie médiatique et sondagière, mais aussi individualiste, sceptique et hyper marchande, les partis socialistes doivent transformer leur mode d’organisation et leur méthode d’action. Plus éduqués, mieux informés, les citoyens modernes ne sont plus disposés à donner carte blanche à leurs représentants pendant 5 ans. Ils aspirent à être davantage impliqués, associés aux décisions qui les concernent. La gauche a beaucoup œuvré, au siècle dernier, pour promouvoir la démocratie sociale. Elle doit instituer désormais la démocratie participative.

La social-démocratie européenne, et en son sein le Parti socialiste français, sauront mener à bien cette troisième refondation. Ils en ont les ressources et la volonté. Tout le reste n’est qu’affaire de temps, car les causes de la crise de la social-démocratie contemporaine sont plus faciles à énoncer qu’à surmonter, les réponses plus faciles à exposer qu’à mettre en œuvre.

Raison de plus pour ne pas perdre de temps.

(1) Jean-François Kahn : “Pourquoi il faut dissoudre le PS” - Larousse - 2008

(2) Résolution PSE : Pour une Nouvelle Europe Sociale - Dix principes pour un avenir commun

Henri Weber - Député européen - Secrétaire national-adjoint  à la Mondialisation

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28 juillet 2009 2 28 /07 /juillet /2009 22:58

Intervention de Bernard Angels sur le Projet de loi de règlement pour 2008

Discussion générale en séance publique du 15 juillet 2009

Mme la présidente. La parole est à M. Bernard Angels.

M. Bernard Angels. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la loi organique relative aux lois de finances, la LOLF, et son calendrier rénové nous permettent aujourd'hui de débattre de l'exercice budgétaire 2008 et, d'une part, d'en examiner les écarts avec les prévisions de la loi de finances initiale, d'autre part, d'étudier les causes profondes de cette dissemblance.

Monsieur le ministre, vous avancez l'explication selon laquelle la mauvaise conjoncture économique serait la principale explication de l'état particulièrement dégradé de nos finances publiques et des décalages constatés au regard de la loi de finances initiale et des collectifs budgétaires.

Mme Nicole Bricq. Ce n'est pas vrai !

M. Bernard Angels. Pourtant, si l'on se réfère aux rapports de la Cour des comptes, la réalité est bien différente.

En effet, plus que les chocs de la crise et de l'inflation, ce sont bien des réformes structurelles inadaptées, à l'image de la loi TEPA, la loi en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat, qui sont les principales responsables de ce dérapage.

Il me semble tout d'abord indispensable d'analyser les évolutions respectives des recettes et des dépenses publiques afin de discerner plus finement les causes profondes du déficit budgétaire, arrêté à 56,3 milliards d'euros pour l'année 2008.

J'évoquerai en premier lieu les recettes fiscales, qui ont diminué de 2,5 % entre 2007 et 2008.

Selon votre analyse, la crise économique serait responsable de 8,5 milliards d'euros de moins-values.

À l'aide des documents fort instructifs fournis par les magistrats de la rue Cambon, je me suis livré à une addition d'une simplicité biblique.

Tout d'abord, j'ai constaté une différence de 23 milliards d'euros entre les recettes fiscales estimées en loi de finances initiale et les recettes fiscales constatées : 5 milliards d'euros semblent être liés à des surestimations, en particulier en ce qui concerne l'impôt sur le revenu et la prime pour l'emploi, 7,8 milliards d'euros s'expliquent par des allégements fiscaux et 5,6 milliards d'euros par des transferts de charges. Une majorité de ces transferts a d'ailleurs pour cause la loi TEPA, car il fallait bien compenser le manque à percevoir de la sécurité sociale du fait des exonérations consenties.

Ce sont donc un peu plus de 4 milliards d'euros et non 8,5 milliards d'euros qui sont imputables à la conjoncture. Il y a donc une grande marge entre les chiffres que vous évoquez et ceux qui sont annoncés par la Cour des comptes. La démonstration est faite que vous avez sciemment surestimé l'impact de la crise.

Je veux pour preuve du poids budgétaire des mesures que vous avez prises le fait qu'en quatre ans les recettes fiscales brutes ont augmenté de 58 milliards d'euros. Pourtant, leur montant net accuse, lui, une diminution de 6 milliards d'euros sur la période.

Il n'est pas difficile de comprendre les raisons de ce décalage. En quatre ans, les impôts d'État ont été allégés de 30 milliards d'euros et 34 milliards d'euros de recettes fiscales ont été transférés à d'autres administrations publiques, dont 25 milliards d'euros en contrepartie de transferts de charges.

Au total, les simples mesures fiscales mises en œuvre par les exécutifs successifs ont fait augmenter le déficit de l'État de 39 milliards d'euros.

J'observe également que, pour la seule année 2008, les mesures nouvelles ont fait diminuer les recettes fiscales nettes de 10 milliards d'euros.

En ce qui concerne les dépenses, vous affirmez être parvenu à respecter la norme « zéro volume » en restreignant l'augmentation des dépenses publiques à la stricte inflation, évaluée à 2,8 %.

Pourtant, ce résultat est lui aussi biaisé. Vous vous êtes en effet abstenu d'intégrer certaines dépenses, que vous faites porter à d'autres organismes, à l'image des 950 millions d'euros dus au titre de l'épargne logement et pour lesquels vous avez demandé au Crédit foncier de France de faire l'avance en lieu et place de l'État.

Si l'ensemble de ces dépenses avait été intégré au budget, l'augmentation réelle des dépenses publiques s'établirait non pas à 2,8 %, mais à 3,4 %.

Vous comprendrez, monsieur le ministre, combien il est déplorable que le Gouvernement ait choisi de se soustraire à la sincérité budgétaire, qui est le fondement même de la LOLF.

La sincérité budgétaire aurait aussi impliqué que vous mettiez en parallèle l'évolution de la dépense budgétaire et celle des dépenses fiscales, car si un effort semble avoir été fait sur la maîtrise de la dépense budgétaire en 2008, ce fut au prix d'une explosion des dépenses fiscales, qui représentent cette année 73 milliards d'euros, soit une augmentation de 23 milliards d'euros en cinq ans, nonobstant le coût à venir de la baisse de la TVA dans la restauration, estimé à 2,5 milliards d'euros.

Depuis 2003, chaque année, quinze nouvelles dépenses fiscales voient le jour, contre seulement cinq entre 1980 et 2003.

Deux chiffres illustrent mon propos : les dépenses fiscales représentent aujourd'hui 21 % des dépenses totales et 27 % des dépenses du budget général.

Par ailleurs, il semble que la volonté de faire des économies sur les dépenses de l'État pèse lourdement sur l'investissement public. En effet, celui-ci est en léger recul par rapport à l'an dernier, de 0,1 point, plaçant l'État loin derrière les collectivités territoriales, qui réalisent aujourd'hui plus de 70 % de l'investissement public. Or, le Président de la République ne vient-il pas d'annoncer que le « déficit d'avenir » devra financer de « bons investissements » ?

Vous comprendrez aisément, monsieur le ministre, notre difficulté à discerner une quelconque cohérence entre la parole du chef de l'État et la politique budgétaire d'alourdissement des dépenses fiscales menée depuis deux ans.

Ainsi, la baisse marquée des recettes nettes de l'État, du fait des mesures d'allégements d'impôts et de cotisations sociales consenties par le Gouvernement, et la croissance soutenue de ses dépenses, expliquent de manière tout à fait convaincante le niveau élevé de nos déficits budgétaire et structurel.

Intéressons-nous, dans un premier temps, au seul déficit budgétaire.

Arrêté à 56,3 milliards d'euros, il est supérieur de 14,6 milliards aux prévisions contenues dans la loi de finances initiale. En un an, il a augmenté de 0,7 point pour atteindre 3,4 % du PIB. Certes, le ralentissement de l'activité explique en partie ce résultat - je me suis attaché à le démontrer -, mais j'ai également noté que, sans les mesures d'allégement d'impôt, qui produisent pour la première fois, en 2008, leurs effets en année pleine, les recettes fiscales nettes auraient augmenté de 2,7 %, soit un rythme proche de l'évolution des dépenses nettes. Dans cette configuration, le solde budgétaire eût été nettement amélioré.

J'attire également votre attention sur ce que je qualifierai de « facteur aggravant » pour l'état du résultat budgétaire 2008 : je veux parler des reports de charges sur 2009 correspondant à des impayés en 2008. En effet, dans une optique de transparence des comptes publics, il semble nécessaire d'inclure ces reports dans l'exercice 2008. Or, si l'on ajoute au solde de 2008 les 6 milliards à 7 milliards d'euros qui ont été reportés sur l'exercice 2009, le déficit public dépasserait les 62 milliards d'euros.

Dans un contexte de finances publiques fortement dégradé, vous avez continué, par les choix budgétaires qui ont été les vôtres, à pratiquer une politique de fuite en avant, faisant des générations à venir les comptables de vos arbitrages d'aujourd'hui.

Au surplus, vous vous êtes défaussé de votre responsabilité en imputant aux événements extérieurs ce déficit record.

M. Eric Woerth, ministre. C'est un peu gros !

M. Bernard Angels. Cependant, monsieur le ministre, si la crise avait déjà commencé à produire tous ses effets en 2008, alors, elle aurait dû peser de manière massive sur les résultats budgétaires de la zone euro et de l'Union européenne.

Si tel avait été le cas, pourquoi la France afficherait-t-elle un solde budgétaire parmi les plus défavorables de l'intégralité de la zone euro et de l'Union européenne ?

M. Eric Woerth, ministre. Parce que nous avons plus de prélèvements !

M. Bernard Angels. Vous conviendrez certainement que les 3,5 % du PIB de déficit structurel français semblent bien élevés au regard des 1,4 % affichés par la zone euro hors France.

Du reste, pourquoi la croissance française, estimée à 0,4 %, aurait-elle été deux fois plus faible que dans le reste de la zone euro si la crise était seule responsable ? C'est une question bien précise.

La France est devenue le quatrième État le plus endetté de la zone euro en points de PIB, derrière l'Italie, la Grèce et la Belgique, et le cinquième de l'Union européenne après la Hongrie.

La France affiche un déficit primaire de 0,6 point de PIB, alors que la zone euro est, de ce point de vue, en situation d'excédent primaire de 1,6 point de PIB. Du fait d'une diminution constante de nos recettes publiques depuis quatre ans, la charge des intérêts de notre dette publique ne peut être financée que par l'emprunt.

Plus significatif encore, l'écart se creuse avec nos voisins allemands, qui, pour la première fois depuis la création de la zone euro, présentent une dette en points de PIB inférieure à la nôtre.

Ces chiffres éloquents devraient vous alerter sur la nécessité de tirer les leçons de cette année budgétaire 2008 en préservant nos recettes publiques pour faire face à la crise, dont les effets ont été véritablement désastreux en 2009.

En effet, la France subit de plein fouet les conséquences de la dégradation de la conjoncture, car elle y avait été insuffisamment préparée.

En 2007 et en 2008 déjà, la Cour des comptes avait fait part de ses inquiétudes s'agissant du déficit public, dont elle estimait qu'il avait été insuffisamment réduit au cours des années de croissance, et du déficit structurel, qu'elle jugeait trop élevé.

En 2009, ces remarques ont revêtu une importance nouvelle au vu de la crise financière, qui a rendu cruciale la nécessité d'un plan de relance.

Or, parce que vos choix politiques ont fortement contribué à déséquilibrer le budget, vous n'aviez pas les marges de manœuvre nécessaires pour mettre en œuvre un plan de relance suffisant et pertinent, quand bien même vous l'auriez souhaité.

Je n'évoquerai pas ici les priorités politiques qui ont été les vôtres, s'agissant de la relance, ni l'absence de mesures en direction de la consommation des ménages, en particulier les plus modestes.

Il eût été souhaitable, en effet, de faire face à la conjoncture en y étant préparé et dans un contexte plus sain pour nos finances publiques, car, en 2009, ce seront plus de 25 milliards d'euros de recettes fiscales qui disparaîtront du budget par rapport à l'année 2008, dont 10 milliards d'euros liés aux mesures de relance. Le déficit budgétaire pourrait donc être supérieur en 2009 à 120 milliards d'euros, pour une dette publique approchant les 80 % du PIB.

Malgré un plan de relance considéré comme le moins important de l'ensemble du G7, exception faite de l'Italie, qui n'a, quant à elle, pris aucune mesure de relance, le déficit français resterait en 2009 supérieur à la moyenne des autres pays européens.

Je conclurai par ce qui paraît avoir été le point d'orgue du congrès de Versailles : l'annonce, par le chef de l'État, d'un grand emprunt national, destiné précisément à financer ce fameux « déficit d'avenir », que j'évoquais précédemment, et qui serait supposé avoir un impact sur la croissance, grâce aux dépenses publiques qu'il engendrerait.

Je me réjouis que le Gouvernement se soit converti à la thèse selon laquelle les dépenses publiques ne se contentent pas seulement d'alourdir momentanément le déficit, mais qu'elles peuvent contribuer, lorsqu'elles sont bien employées, à préparer l'avenir et à relancer la croissance. Je m'interroge simplement sur la pertinence d'un tel outil dans un contexte économique comme le nôtre.

Je m'interroge également quant aux raisons pour lesquelles l'accent n'a pas été mis sur une revue générale, non des politiques publiques - la Cour des comptes a d'ailleurs souligné le peu d'efficacité de la RGPP, estimant le montant total des économies cumulées attendues à l'horizon 2011 à 6 milliards d'euros, soit sensiblement moins que les 8 milliards d'euros que vous annonciez, monsieur le ministre -, mais des niches fiscales et sociales : leur remise en question pourrait à elle seule couvrir une partie du déficit, à un moment où l'État emprunte constamment, que ce soit pour financer le paquet fiscal ou la charge des intérêts de la dette.

Monsieur le ministre, il est de votre responsabilité de prendre la mesure de l'impact des choix politiques du Gouvernement sur la situation budgétaire et financière de la France. Le débat sur l'orientation des finances publiques pour 2010 qui aura lieu demain sera, pour le groupe socialiste, l'occasion de vous le rappeler. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

 

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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 09:59
Par les députés socialistes

Le travail du dimanche, la loi Hadopi, le délit de solidarité, la privatisation de la poste, les fermetures d’usines qui s’enchaînent, l’éducation nationale paupérisée, le droit à la santé bafoué, les libertés menacées les unes après les autres…

Le groupe des députés socialistes est de tous les combats. L’adversaire est de taille. Il maîtrise toutes les communications. Il passe en force sur tous les dossiers, il méprise les droits fondamentaux
Il n’est pas une annonce présidentielle, il n’est pas un projet de loi qui n’ait reçu son alternative de la part des députes socialistes. Le travail accompli est considérable.
Non les députés socialistes ne se trompent ni de combat, ni d’adversaire. Non ! le groupe des députés socialistes ne cautionnera pas dans son camps l’hallali du matin et les torpillages du soir contre notre Parti. Non le groupe des députés socialistes n’accepte pas les « bourreaux des pleurs », ceux qui font du suicide collectif leur prière de tous les jours.

Maintenant ça suffit ! Chacun est libre de son expression, de son ambition, de l’épanouissement de son talent. Mais pas sur le dos de ses propres amis, pas sur le dos de nos concitoyens qui doivent pouvoir adhérer à un véritable changement de politique. Nous avons le devoir d’être sincèrement et collectivement au rendez-vous de leurs espérances.

Chacun doit se souvenir qu’il doit son élection à la confiance des militants du Parti socialiste et de ses électeurs. Halte au feu ! Notre combat collectif mérite mieux que les extravagances et le manque de sang-froid. Notre combat doit être mené à gauche avec fierté, la tête haute et en dehors des cimetières.
Les Français peuvent compter sur les députés socialistes.
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20 juillet 2009 1 20 /07 /juillet /2009 15:16
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18 juillet 2009 6 18 /07 /juillet /2009 12:55
UMA
Mercredi 15 juillet 2009

Programme des universités de rentrée Un monde d'avance

 

Les universités de rentrée Un monde d'avance se dérouleront du 25 au 27 septembre à Port d'Albret (Vieux-Boucau) dans les Landes. Téléchargez le bulletin d'inscription »»»

 

VENDREDI 25 SEPTEMBRE
Un Monde d'Avance : de la motion au courant

14 h : Accueil des participant-e-s

15 h : Formations politiques

      « Les fondamentaux en économie »
      « Les gauches en Amérique latine »
      « Le féminisme aujourd'hui »
      « Unités et divisions de la Gauche du congrès de Tours à la Gauche plurielle »

17 h 30 : Ouverture des universités et mot d'accueil

18 h : Un monde d'avance : de la motion au courant (plénière)

      Rapport d'activité et propositions d'orientation
      « Quels bilans de la séquence du congrès ? Quels bilans de la séquence électorale ? »
      « Analyse politique et perspectives au sein du Parti Socialiste »

21 h : Dîner sur place

SAMEDI 26 SEPTEMBRE
Les nouvelles frontières du progrès

9 h : « Dépasser le libre-échange » (table ronde en plénière)

10 h 30 : « La propriété privée contre le progrès » (table ronde en plénière)

13 h : Déjeuner sur place

14 h 30 : Ateliers

      « Pour un nouvel internationalisme »
      « La propriété intellectuelle »
      « La crise alimentaire globale »
      « La société du travail »
      « La bataille des idées »

17 h : « Sommet de Copenhague, vers la planification écologique ? » (table ronde en plénière)

18 h 30 : « La répartition des richesses » (table ronde en plénière)

20 h 30 : Dîner sur place et soirée festive

DIMANCHE 27 SEPTEMBRE
Le rassemblement

10 h : Meeting du rassemblement avec les responsables des partis de Gauche

12 h : Fin des universités
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