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13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 13:46
Intervention d'Emmanuel Maurel au Conseil National du PS le samedi 11 avril 2015

Chers camarades,

Gérard Colomb [intervenant précédent], nous invite à parler des faits, alors parlons des faits: le chômage augmente, la précarité augmente, et nous en sommes à la quatrième élection perdue et perdue lourdement.

Et si nous devons faire un congrès en vérité, en sincérité, moi je vous dirais mon désaccord avec certains camarades qui au soir des élections nous disent : « finalement c’est mieux que si c’était pire », certains camarades qui nous disent « nous avons tellement entendu le message des français que nous en tirons les conclusions : nous allons continuer comme avant, comme si de rien n’était parce que le cap est bon!… certes les résultats se font attendre mais le cap est bon! ».

Et bien moi j’ai un désaccord.

Et je ne crois pas que le problème soit que les français ne voient pas les résultats.

Le problème c’est que le gouvernement ne veut pas voir le résultat des élections et en tirer des leçons.

Et la leçon c’est que le cap, au moins en matière économique, n’est pas bon.

Ça sera le débat du congrès, cher Jean-Marc Germain! : Le débat n’est pas de savoir s’il faut des « ajustements » …

Le débat c’est : quel nouveau cap pour réussir la fin du quinquennat ?

Est-ce que nous sommes d’accord oui ou non pour continuer cette politique qui consiste à baisser les dépenses publiques, à baisser les cotisations sociales sous prétexte de retrouver de la compétitivité ?

Nous sommes un certain nombre à dire « non ».

Nous sommes un certain nombre à dire qu’en période de croissance atone, c’est-à-dire aujourd’hui, il faut relancer le pouvoir d’achat.

Relancer le pouvoir d’achat en faisant tout simplement ce que nous préconisions nous mêmes, noussocialistes, à l’unanimité, en 2011 et en 2012, c’est-à-dire, faire par exemple la CSG progressive.

J’entends que tout le monde est d’accord, et bien faisons-le maintenant si tout le monde est d’accord et n’attendons pas l’année 2016 ou l’année 2017.

En relançant l’investissement public et privé !

J’entends que tout le monde veut relancer l’investissement public.

Alors pourquoi on continue à avoir un projet de loi de finances qui prévoit la baisse des dotations des collectivités locales ?

Si tout le monde est d’accord dans le Parti Socialiste, chers camarades, là sur le coup, nous pouvons faire la motion de synthèse maintenant !

Et bien faisons-là tout de suite !

On peut voter unanimement au Conseil National : « les Socialistes réunis en Conseil National décident que désormais, on ne baisse pas les dotations aux collectivités locales ! »

Et je suis prêt à ce que Jean-Christophe Cambadélis le propose… et nous voterons tous… !

Mes chers camarades, et je finis par là, il faut répondre à l’urgence économique et sociale, il faut aussi répondre à l’urgence politique.

Et Benoit Hamon a eu raison de rappeler l’incroyable désarroi idéologique d’une gauche qui ne se reconnait pas parfois dans les mots.

Et Jean-Marc Germain parlait des mots qui blessent, mais moi, je vais vous en parler des mots qui blessent : je ne comprends pas comment on peut à la fois en appeler à un nouveau Front Populaire et tolérer que notre ministère de l’économie explique à longueur de colonne que ce qui que le chômage est si élevé en France c’est que les travailleurs français sont trop protégés ! C’est ce qu’il a dit hier !!!

Alors franchement est-ce que c’est ça le devoir de sincérité entre nous ?!

Oui nous voulons tous rassembler la Gauche. Et moi je suis désolé, mais je déteste le procès en illégitimité qui consiste à dire que nous empruntons les idées aux autres !

Moi je suis socialiste, fier d’être socialiste, fier d’être militant au Parti Socialiste.

Je ne suis pas au Front de Gauche, je ne suis pas chez les écologistes, mais parfois, oui c’est vrai je ne reconnais pas mon propre parti quand j’entends certains camarades du gouvernement parler de la Gauche et de son avenir !

Et j’ai le droit moi aussi de me revendiquer de la fierté d’être socialiste !

Alors chers camarades, si on veut rassembler la gauche, on ne la rassemble pas sur une ligne qui la divise et qui la fracture durablement.

Et pour cela, il faut un parti socialiste qui soit fort, il faut un parti socialiste qui soit autonome !

Or nous le dirons tous dans nos motions.

Mais là aussi cher Gérard Collomb, les faits sont têtus !: que ce soit sous Harlem Désir, ou sous Jean-Christophe Cambadélis, le Parti a écrit des positions à propos de projets de loi du gouvernement!

Et les a transmis au gouvernement!

À chaque fois, à chaque fois, la réponse a été la même : « nous avons entendu le message du Parti Socialiste, c’est la raison pour laquelle nous ne reprenons pas cette position »

Donc si vous voulez vraiment infléchir la position et réussir le quinquennat, choisissez la motion qui vous propose un vrai changement, et cette motion c’est celle qui est conduite par Christian Paul, la motion « À gauche pour gagner ! ».

 

merci à Gérald Elbaze pour la transcription de l'enregistrement

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11 avril 2015 6 11 /04 /avril /2015 19:28
Intervention de Christian PAUL devant le Conseil national du Parti socialiste, le 11 avril 2015

Chers amis et camarades,

Je défie quiconque ici de considérer que le congrès de Poitiers sera un congrès ordinaire.
Il n’est pas écrit d’avance.
Les tempêtes que nous traversons doivent au contraire nous stimuler et réveiller notre parti.
C’est un congrès pour faire gagner la gauche.
Sinon, il  ne sert à rien.

Cet enjeu a motivé notre rassemblement, la mobilisation de beaucoup d’énergies et de talents, le dépassement de plusieurs courants existants. Plusieurs s’exprimeront en leur nom.
Des congrès, nous en avons vécu de difficiles, d’autres qui ont connu une réelle ferveur.

1)    CE CONGRES EST INSÉPARABLE DE L’ÉTAT DE NOTRE PAYS.

Si nous sommes rassemblés, avec A Gauche, pour gagner, c’est que nous avons une conscience commune de la gravité de l’état de la France.

Les fractures françaises annoncent des temps glaciaires. La carte de France de la progression du Front national vient de s’aggraver, alors que nous sommes au pouvoir. Ce n’est pas seulement la carte de nos défaites locales. Mais celle de l’affaiblissement de la France, de son industrie et de sa ruralité. C’est la carte des abandons de la République. De la pauvreté et du chômage de masse. Que faisons-nous ?
Nous n’agissons pas à la mesure du drame français, celui des vies précaires, des emplois détruits sans que d’autres les remplacent. Nous ne parlons plus à ceux que nous devons défendre, et qui dès lors, se détournent de nous.

Notre pays a tous les atouts et tous les talents pour stopper le déclin. Ceux des ouvriers et des chercheurs, des pôles d’excellence et de nos piliers industriels, ceux des créateurs et des bâtisseurs. Alors pourquoi ça ne marche pas ? Ça ne marche pas parce que le pays est dans bien des endroits démoralisé, que le cap fixé ne peut être un récit comptable ou autoritaire du redressement du pays. Les Français sont fatigués de l’impuissance, et nous aussi. Il ne suffit pas de parler de réformes, qui viennent d’ailleurs et qui n’arrivent jamais. Il faut parler au pays de vision d’avenir, de conquérir plus de justice, de transformer la société française avec elle-même, pas sans elle, pas contre elle !

Quatre défaites électorales en moins d’un an nous ont rappelés durement à la réalité. Ne cherchez pas de précédents depuis Epinay. Il n’y en a pas.
Comment prévenir la cinquième, les régionales, et la sixième en 2017.
Pas par la méthode de l’édredon !
Pas en s’alarmant du tripartisme, vision trop simple. Si la gauche était unie, ça se saurait. Si l’abstention n’était pas la 1ère force, ça se saurait aussi. Derrière l’apparent tripartisme, il y a un peuple qui nous quitte ;
À simplifier, on se désarme.

Ne nous habituons pas à l’air irrespirable des soirs de défaite.
En politique, je ne sais rien de pire que l’indifférence. Celle des citoyens. Et trop souvent la nôtre.

Pour faire réussir la France, et pour faire gagner la gauche, il faut des valeurs et des résultats, de la justice et de l’efficacité.
Nous n’avons pas d’autre obsession que d’aider à trouver des solutions, dans la clarté. C’est bien sûr le sens de notre motion.

2) L’URGENCE, C’EST DE FIXER ENSEMBLE L’AGENDA DES REFORMES

À engager en moins de deux années. Se concentrer sur l’essentiel. Montrer aux Français et donc aux socialistes le sens de notre action. Là se regagneront l’unité des socialistes, et l’adhésion de nos électeurs.

Le compte à rebours de 2O17 est engagé. Plus une minute ne doit être gaspillée.
Le Premier ministre a annoncé cette semaine des mesures dont je ne vais pas désapprouver la logique. Nous les demandons depuis un an ici à l’Assemblée nationale.
Mais elles ne sont pas à l’échelle, pas à la mesure du chômage de masse qui s’est aggravé.

La politique économique, ce n’est pas la recherche du temps perdu…
Nous sommes au pouvoir depuis trois ans, le compte à rebours est largement commencé.
J’ai écouté attentivement Manuel Valls.
Mais j’ai également entendu depuis des mois le constat implacable des économistes, ceux que nous adorons dans l’opposition, mais qui sont oubliés quand nous sommes au pouvoir, Thomas Piketty, Daniel Cohen, ou Pierre-Alain Muet. Sans efforts massifs d’investissements en France et en Europe, pas de salut collectif.
J’ai écouté aussi les syndicats et aussi des chefs d’entreprises qui ne sont pas tous formatés par les éléments de langage du Medef.
Oui, nous avons un débat capital de politique économique.
Pas pour le plaisir des chiffres, pour la réussite de la France. Sans un soutien massif aux investissements privés et publics, et en particulier ceux des collectivités locales, la demande ne repartira pas.

Ce débat engage notre réussite. Priorité à l’efficacité.
Il engage notre identité. Faire payer par les Français un pacte de responsabilité qui ne marche pas, c’est un virage illégitime. Pour redonner confiance au peuple, la politique spectacle a peu de poids. Il faut de la justice et des résultats.

Il faut donc vigoureusement corriger le cap.

Je décris cet agenda en allant à l’essentiel :
-    Recentrer la politique d’aide aux entreprises pour la rendre réellement efficace et porteuse d’emploi. Tout a été dit. Mais je redis l’urgence du redéploiement de la moitié des 40 milliards accordés.
-    Reprendre le chantier de la réforme bancaire. Nous ne pouvons pas renoncer à une régulation du secteur bancaire et de la finance. La 1ére loi bancaire a été une occasion manquée, sans levier pour notre économie.
-    Améliorer de façon sensible les conditions de vie des classes populaires et des classes moyennes. L’inflation zéro, qui justifie pour les beaux esprits les gels des pensions ou la pause des salaires, n’existe pas pour les travailleurs pauvres. Par la fiscalité, les retraites ou les salaires, les marges existent. Utilisons-les pour soutenir le pouvoir d’achat et la demande.
-    Pousser, et encore pousser à la réorientation des politiques européennes.Les égoïsmes sont en place. Les changements récents de politique monétaire sont réels; mais ils viennent tard et rassurent peu. La crise de l’Europe n’en finit pas. Les inspirateurs ne sont plus là. Je ne veux pas que notre génération soit celle qui abandonne aux libéraux et aux populistes le soin de dépecer le rêve européen.

J’entends aussi que le socialisme doit venir au secours de la République.
Mais enfin, depuis plus d’un siècle, la République et le socialisme vont la main dans la main.
Pour le dire à la manière de 2015, nous ne combattrons ni le Front national, ni les communautarismes, ni la sécession des territoires qui se sentent abandonnés sans affronter ici et maintenant la question des souffrances sociales. Nous appelons à une nouvelle génération de services publics dans les quartiers et dans les villages. C’est notre Plan République. Il n’y a pas de République dans l’esprit du 11 janvier sans parler d’égalité réelle entre les Français et entre les territoires. Ne laissons pas s’éteindre ce mouvement du 11 janvier, où tant de consciences se sont réveillées.

3) IL Y A L’URGENCE ET IL Y A L’AVENIR. LES SOCIALISTES SONT LES ÉCLAIREURS, LES ARCHITECTES DU PROJET FRANÇAIS, PAS DES FIGURANTS.

La politique se perd quand elle ne désigne pas une destination.
Le coeur et le moteur de notre action, c’est un projet pour la France.
Nous savons gérer le pays, mieux que la droite qui l’a laissé divisé et naufragé en 2012.
Mais savons-nous encore le transformer ?
C’est notre raison d’être.

Le projet est un capital pour demain. Ne le mettons pas au coffre en jetant la clé.

-    Nous pouvons nous retrouver pour un nouveau modèle de développement.
L’écosocialisme est une sortie de crise. Il doit devenir le visage moderne de la gauche.
–    Notre projet pour le futur, c’est de ne pas cesser de protéger les salariés devant l’accélération de la mondialisation, c’est d’abord respecter le droit du travail, l ‘actualiser, sans le détruire. C’est ne pas reculer à la première difficulté quand nous avons fait preuve de courage. J’invite le gouvernement à appliquer sans retard le compte pénibilité de la réforme des retraites.

-    Notre projet, c’est le principe d’égalité. Celui-là même qu’il faudrait oublier, parce qu’il ne serait pas moderne. La question de l’égalité n’est pas derrière nous, elle est devant. Pour l’école, le logement, la santé, l’emploi, le numérique. Nous plaidons pour que la gauche reste concentrée sur cette question de l’égalité et qu’elle repense en profondeur les moyens d’y parvenir.

-    Notre projet, c’est beaucoup mieux de démocratie. Et si ce chantier conditionnait tous les autres ? Nous l’avons expérimenté au Parlement. Notre engagement de rééquilibrer les pouvoirs ne doit pas rester lettre morte.
Si le pays peine connaît souvent l’immobilisme, c’est qu’il n’y a plus de médiation et de participation. Les Français ne sont pas dans les circuits de décision.
C’est là aussi que notre parti doit être utile au pays.

    4) MAIS TOUS NOS DÉBATS SERONT VAINS SI LE PARTI SOCIALISTE ET LA GAUCHE FRANÇAISE SONT EN MIETTES.

Notre rassemblement a déjà fait mentir les prophéties d’un congrès plié d’avance. Vous l’avez compris, nous n’irons pas à Poitiers pour faire des selfies.
J’ai accepté une mission : rassembler celles et ceux qui le veulent, pour agir et ne plus subir.
Pour retrouver le chemin de la gauche qui gagne, grâce à ses résultats et à ses valeurs.
Le Congrès, c’est important. Il n’a que trop tardé. Pourquoi ?

-    Le Parti doit changer en profondeur
Entendez-le, le congrès n’est pas pour notre parti une épreuve. Nous devons en faire une chance, une nouvelle chance.
Le Parti a manqué le passage de l’opposition au pouvoir, du projet à l’action.
L’endormissement du Parti quand la gauche est majoritaire n’était pas une fatalité. Il n’y a pas de malédiction. Il lui faut trouver sa juste place entre le Parlement et l’éxécutif.
Le Parti doit inspirer l’action du gouvernement et garantir le respect de ses engagements. Vous conviendrez que nous en sommes loin.
Combien d’exemples de positions jamais débattues, jamais défendues (loi bancaire, réforme fiscale, travail du dimanche…) ? Il faut sonner la fin du laisser faire.

L’unité se fait dans la clarté des idées, pas dans l’habileté des textes.
Que ceux qui avec s’accordent avec nous sur le fond se mettent d’accord avec nous sur la forme (je le dis à Cohérence socialiste)
Que ceux qui pensent juste décident d’agir vraiment. Ça ferait une très belle majorité.

Et je le dis sans qu’il soit besoin de dramatiser. Les militants sont en proie aux doutes. Plus que quiconque, ils mesurent le grand écart entre les discours d’avant et les actes de maintenant.

Dans ce congrès, les militants prendront la parole. Je veillerai à ce qu’elle ne leur soit confisquée d’aucune manière. Il n’y aura dans ce congrès aucune opacité. Je défendrai la clarté des idées, mais aussi partout la transparence des pratiques.

    – Ce congrès est important pour que la Gauche se retrouve sans retard.
Nous aimons la gauche qui gagne, pas seulement les élections. Ca peut aider. Mais qui gagne les cœurs durablement.
Pour la justice, pour l’amélioration de la vie des gens, de ces vies ordinaires devenues des vies précaires, pour les batailles communes, immenses, de préservation de notre planète.

Nous aimons la gauche rassemblée, mais la « grande gauche », pas une majorité rétrécie à chaque étape.
Une « grande gauche » cimentée par un contrat de majorité, qui repose sur un projet partagé, et pas seulement sur des accords électoraux conclus à la hâte ou des passages au gouvernement négociés entre deux portes.

J’aime ces mots de René Char nés dans des moments de résistance autrement douloureux.
Mais ils valent aussi pour un parti héritier d’une longue histoire et qui ne doit biaiser ni avec le réel, ni avec son idéal.
Je vous les adresse :
« C’est l’enthousiasme qui soulève le poids des années.
C’est la supercherie qui relate la fatigue du siècle ».

Alors, changeons autant qu’il le faut, sans simulacre, sans nous censurer, sans nous renier, sans renoncer jamais à notre fierté d’être socialistes.

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10 avril 2015 5 10 /04 /avril /2015 12:44

LE MONDE |  | Propos recueillis par 

La motion de la gauche du PS, qui réunit le collectif des frondeurs et les courants de l’aile gauche, a choisi Christian Paul comme premier signataire. Le député de la Nièvre, qui aura notamment derrière lui Benoît Hamon, Emmanuel Maurel et les amis d’Arnaud Montebourg, dirigera une campagne centrée sur la critique des choix économiques de François Hollande et Manuel Valls.

Christian Paul dans Le Monde : « Évitons un congrès de simulacre »

La gauche du PS va partir groupée au congrès à Poitiers, début juin, ce qui n’était pas acquis. Qu’est-ce qui a permis ce rapprochement ?

Christian Paul : Nous avons une conscience commune de l’état des fractures et de délitement du pays. La plus récente est la fracture démocratique qu’aucun discours comptable ne peut réduire. Nous dépassons les courants traditionnels pour faire face à une situation d’une gravité comme la gauche n’en a jamais connue au pouvoir. Il est urgent que les militants socialistes soient conviés à réorienter par leur choix la politique de la fin du quinquennat. Ce rassemblement est une très bonne nouvelle. Je souhaite qu’il soit le signal d’une future majorité possible au PS et d’une gauche qui gagne. Ce rendez-vous ne doit pas être celui de la dispersion ou du déchirement.

 

Allez-vous faire campagne contre la politique économique du gouvernement ?

Un débat de politique économique est nécessaire au sein de la gauche. Il n’est pas médiocre et ne porte pas sur des broutilles, mais sur l’essence même des rôles respectifs des entreprises et de la puissance publique dans la création et la répartition des richesses. Notre objectif est de faire naître une gauche capable d’accompagner la France dans les grandes transformations du XXIe siècle, mais aussi et surtout d’offrir des solutions applicables dans les deux ans qui viennent.

 

Le gouvernement a déjà écarté l’idée d’une inflexion de la ligne économique…

L’épreuve du réel est probante, mais les dogmes ont la vie longue. L’investissement piétine, les capacités de production sont sous-utilisées. Et pour cause, la demande reste en panne ! Le marché ne peut pas tout, pour passer à un nouveau modèle de croissance. Depuis trois ans, les décisions ne sont pas à la mesure de ce que nous avons décrit en arrivant, c’est-à-dire un pays au système productif en panne, aux finances publiques naufragées. Nous n’avons pas mis la France sur le bon chemin en matière d’économie. Il était par exemple hasardeux d’allouer 40 milliards d’euros de baisses des prélèvements sociaux et fiscaux sans contreparties. Un redéploiement s’impose.

 

Les mesures annoncées par Manuel Valls en faveur de l’investissement ne vous conviennent pas ?

Elles vont dans le sens souhaité, mais restent beaucoup trop timides. 10 à 20 % de ce qu’il faudrait faire. Les mots évoluent, mais les actes ne suivent pas. Ce sont des coups d’épingle. Désormais, sans soutien massif et rapide en France et en Europe sur l’investissement privé, les équipements publics et la demande, il n’y aura pas d’issue au chômage de masse. Ça n’a pas d’effet.

 

Quel rôle doit jouer le parti, selon vous, par rapport au gouvernement ?

Les Français décrochent de la gauche. Nous sommes le premier parti de la gauche française, qui doit inspirer la politique du gouvernement, garantir les engagements pris devant nos électeurs, avoir un temps d’avance avec des idées nouvelles.

 

Jean-Christophe Cambadélis, l’actuel patron du PS, ne remplit pas ce rôle ?

Trop souvent depuis trois ans, le Parti socialiste a laissé faire. On ne peut pas le matin se montrer lucide, exigeant, et le soir s’assoupir quand se prennent les décisions. Nous avions élaboré des projets, et ils n’ont pas été défendus au Parlement. Je pense à la réforme fiscale, à la réforme bancaire, ou au travail le dimanche. J’aurais aimé voir le premier secrétaire actuel au premier rang de ces débats. Nous voulons relancer ces propositions. Le PS doit trouver sa juste place entre le Parlement et l’exécutif.

De ce parti dans lequel je milite depuis 1978, j’ai une conception exigeante et chaleureuse. J’ai la mémoire de combats exaltants. Mais nous gâchons le moment historique dans lequel nous sommes, si la méthode et l’orientation choisies excluent une partie de la gauche.

 

Vous aurez face à vous une large motion de la majorité actuelle, avec la bienveillance de l’exécutif. Pensez-vous pouvoir renverser le rapport de force ?

Jean-Christophe Cambadélis doit avoir davantage de difficultés que moi à accorder les points de vue de son côté. J’ai entendu dire que le congrès était déjà joué, que les militants étaient convoqués comme des figurants. Evitons un congrès de simulacre. Ce serait désinvolte à l’égard des Français qui attendent un réveil de la démocratie.

 

Pourquoi Martine Aubry, dont vous êtes personnellement proche, ne rejoint-elle pas votre motion ?

Dans un tel moment, chacun cherche la bonne voie pour être efficace. Je respecterai son choix. Notre rassemblement est constitué de militants qui ont été aux avant-postes quand il a fallu reconstruire le PS.

 

Une partie des Verts et du Front de gauche fait des appels du pied à la gauche du PS pour les rejoindre dans la construction d’une alternative à la majorité actuelle. Est-ce une option ouverte ?

Nous avons un dialogue ouvert avec toute la gauche. Mais ceux qui veulent faire exploser le PS se trompent de cible. Nos adversaires, ce sont la droite et l’extrême droite. Notre mission, c’est de revitaliser le PS. Aujourd’hui, la majorité s’est rétrécie. Elle ne parvient pas à retrouver une base électorale. Ça peut devenir irréversible. On ne réunit pas par l’injonction ou la peur. L’enjeu, c’est de rassembler une « grande gauche » autour d’un projet partagé, dès les régionales.

 

Votre motion est-elle favorable à une primaire à gauche pour 2017 ou considère-t-elle François Hollande comme le candidat naturel des socialistes ?

On a vu à l’UMP comment le retour de Nicolas Sarkozy, le « candidat naturel », s’est mal passé ! Notre objectif, c’est de faire réussir la majorité et le président de la République. Je ne vais pas me battre pour construire un projet pour les deux ans à venir et remettre en cause tous les jours la légitimité de François Hollande. Pour le reste, il a dit lui-même que s’il échouait sur le chômage, cela rendrait difficile sa candidature en 2017. Je trouve que c’est une façon très responsable d’aborder la question de la prochaine élection. Et donc rien n’est tabou.

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9 avril 2015 4 09 /04 /avril /2015 16:11
intervention de Frédéric FARAVEL en conseil fédéral le 1er avril 2015

le texte de cette intervention est également disponible sur le blog de Frédéric FARAVEL

Je ne rajouterai pas à ce qu'a présenté le premier secrétaire fédéral sur la campagne des départementales dans le Val-d'Oise, si ce n'est, à mon tour, pour remercier nos candidats, qui se sont engagés dans une période particulièrement difficile, et aux militants qui les ont soutenu ; les campagnes menées ont souvent été exemplaires et originales, et dans quelques territoires a priori hostiles à la gauche, certains résultats posent des jalons intéressants pour l'avenir.

 

Reste que ces élections départementales viennent marquer une quatrième défaite nationale en un an. Elle est à nouveau sans appel : la gauche passe de 61 départements à 31 ; jamais un camp politique n'avait perdu autant de départements en un seul scrutin. Nous perdons des départements symboliques : la Seine-Maritime, chère au cœur de Laurent Fabius, les Côtes-d'Armor, département qui a toujours été le plus à gauche de Bretagne et le seul des départements bretons à basculer de gauche à droite, le Nord, l'Essonne, la Corrèze ou encore les Bouches-du-Rhône (qui était depuis quelques années devenu symbolique pour d'autres raisons que d'être à gauche depuis des lustres).

On peut évidemment se satisfaire que le FN n'ait au final emporté aucun département, notamment le Pas-de-Calais et le Gard où la gauche conserve une majorité relative. Mais il serait faux de dire que la progression du FN aurait connu un coup d'arrêt : sans assise locale antérieure solide, l'extrême-droite partait avec un sérieux handicap en terme d'implantation, indispensable pour l'important. Au premier tour, il récolte 25,07% (plus qu'aux européennes) et a gagné 400 000 voix par rapport au 25 mai 2014. Le FN a bel et bien été le premier parti de France lorsque l'on décortique sérieusement et honnêtement les résultats du premier tour. Il a été le seul parti ou rassemblement de partis en capacité de présenter plus de 2 000 tickets.

On peut légitimement s'interroger sur la stratégie du Premier ministre de faire du score du FN l'alpha et l'oméga – et bien d'autres s'interrogent comme moi au-delà de la motion que je représente : il a sans doute remobilisé une partie de notre électorat déstabilisé – essentiellement dans le sud-ouest – mais dans le nord, l'est ou le sud-est du pays, dans les territoires rurbains, il a avant tout mobilisé l'électorat FN, en plaçant les projecteurs sur ce parti.

La nationalisation excessive de la campagne a par ailleurs largement occulté notre capacité à défendre des projets de territoires solidaires et des bilans honnêtes et souvent positifs, achevant de fragiliser certaines équipes sortantes qui n'en demandaient pas tant. La nationalisation des enjeux, accrue par la personnalisation autour du Premier ministre, a pu aussi limiter les reports de voix à gauche entre les deux tours, qui sans sauver de départements nous auraient pourtant permis de sauver un ou deux cantons, plutôt que d'être éradiqués comme ce fut le cas notamment dans le Var ou les Yvelines.

 

Il serait enfin trop facile de faire porter la seule explication de la déroute sur les divisions de la gauche : à l'évidence, elle ne nous a pas aidés – et le Val-d'Oise peut être un exemple de partenaires locaux pas fiables. Mais l'effondrement de la gauche socialiste dans les urnes s'explique avant tout par la déception de l'électorat socialiste, qui étaient au rendez-vous des précédents scrutins, quand déjà nos partenaires présentaient des candidats au premier tour.

Ce scrutin vient à nouveau confirmer que l'hypothèse de deux gauches irréconciliables est infondée, thèse défendue d'ailleurs à front renversé tout à la fois par certains amis du Premier ministre et par Jean-Luc Mélenchon. Comme le dit Emmanuel Maurel, dans son entretien au magazine Regards, l'électorat de gauche «est bien plus unitaire que nous» c'est-à-dire que les appareils politiques et leurs militants : nos électeurs ne comprennent pas qu'ils puissent exister une gauche alternative quand la gauche au gouvernement déçoit, aussi font-ils porter la même opprobre à tous les partis de gauche, quels qu'ils soient. Ils ne comprendraient pas non plus des accords d'appareils sans contenu au seul prétexte de faire barrage au FN, sans jamais se poser la question des raisons pour lesquelles atteint à 25% ou était annoncé à 30% dans les sondages.

J'ai pu discuter avec notre secrétaire national aux élections, Christophe Borgel, député de Haute-Garonne sur ce sujet : autant il avait raison de considérer qu'il était irresponsable de se diviser quand on avait géré ensemble une majorité et un exécutif départementaux (et l'union plus ou moins partielle a d'ailleurs été réalisée dans l'Essonne ou dans la Somme, sans pouvoir contrecarrer la vague nationale cependant), mais concédait-il l'union était souvent illusoire là où l'on ne dirigeait pas les départements et que le poids des désaccords nationaux étaient déterminants.

 

Alors que faire maintenant ?

Aurons-nous l'intelligence de comprendre qu'on ne peut – sauf à se condamner à l'autodestruction – poursuivre une politique économique incomprise, qui ne donne pas de résultats et ne peut en donner !

Non, l'exécutif a assuré qu'il allait garder le cap. Pourtant, il semble que le Premier ministre, mardi, devant les députés socialistes décontenancés, jusque parmi les plus « légitimistes », ait commencé à concéder de maigres autocritiques.

  • «La feuille de route de l'Union Européenne [serait] inacceptable en l'état» :

Mais, quand donc engagerons-nous le bras de fer avec la Commission européenne et les conservateurs allemands, que nous aurions dû engager dès notre arrivée au pouvoir et que nous aurions pu à nouveau engager le lendemain de la victoire de Syriza, sans qu'aucun de ces moments n'aient été mis à profit ?

  • «Rien ne sera fait contre la croissance» :

Mais pourtant les pactes de compétitivité et de responsabilité jouent contre la croissance : ils ne font que nourrir les dividendes plutôt que les investissements privés ; ils restreignent l'investissement public, notamment celui des collectivités dont les marchés publics remplissaient les carnets de commande des PME ; ils brident le pouvoir d'achat par la hausse de la TVA, le blocage de fait des salaires, le gel du point d'indice des fonctionnaires, ou encore un calcul de la CSG défavorable aux petites retraites…

On ne peut pas se contenter d'une simple inflexion ou correction, d'un meilleur contrôle, ou de «signes» ou «marqueurs» qui rassureraient à la marge une partie de notre électorat pour limiter la casse sans résoudre le problème de fond. Il faut désormais engager une relance écologique et sociale par l'investissement public et le pouvoir d'achat, sans attendre une relance européenne qui ne vient pas. Nous sommes pas Godot, nous ne devons pas attendre la croissance. C'est maintenant qu'il faut agir avec un euro moins cher et un pétrole moins cher.

  • «Le Parti Socialiste doit créer les conditions du rassemblement de la gauche» :

Mais comment le parti le pourrait-il quand aucune inflexion majeure de la politique économique ne viendrait appuyer cette tentative ?!?

Comment le faire si le Parti ne semble même pas avoir de prises sur les choix du gouvernement, et l'on a vu dans le débat parlementaire sur le projet de loi Macron durant lequel le memorandum (très sévère) du PS sur ce texte a été purement et simplement ignoré par le gouvernement, jamais relayé par les députés dits « légitimistes », et seulement en partie par les « Frondeurs » !?

Comment le faire quand le Premier secrétaire lui-même ne peut dans sa contribution que regretter l'absence de réforme fiscale, alors même qu'il revendique le soutien des deux tiers des parlementaires socialistes !?

 

Tout cela plaide pour que les militants socialistes reprennent la main et choisissent de remettre au cœur de l'orientation et des exigences du parti notre projet de 2011 et nos engagements de 2012. La direction actuelle a démontré qu'elle n'avait ni l'énergie ni la volonté de le faire. Il faut donc en changer.

Certains camarades voulaient ce soir que nous nous engagions dans la préparation des élections régionales de la fin de l'année ; ils ont sans doute raison. Mais je le dis avec fermeté, sans changement dans le parti et dans l'action gouvernementale, les mêmes causes produiront les mêmes effets et les résultats de la politique social-libérale aboutiront aux mêmes résultats que ceux que nous venons à nouveau de subir.

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9 avril 2015 4 09 /04 /avril /2015 13:37
Christian Paul sera le 1er signataire de la motion commune de l'aile gauche du PS et des "frondeurs"

Le député de la Nièvre Christian Paul a été désigné, mardi 7 avril, premier signataire de la motion "aile gauche-frondeurs" pour le congrès du PS. Il croit "possible" une "nouvelle majorité pour le Parti socialiste", un parti qu'il entend "revitaliser".

  • T.S. (avec AFP)
  • Publié le 08/04/2015 | 18:04, mis à jour le 08/04/2015 | 18:06
Les gauches du Parti Socialiste se rassemblent pour proposer une alternative

 

Christian Paul, proche de Martine Aubry, a été désigné mardi soir premier signataire par plusieurs sensibilités, dont le collectif Vive la gauche (les "frondeurs") et les deux courants de l'aile gauche. Il va donc affronter, au nom de sa motion, le suffrage des militants socialistes le 21 mai, tout comme Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire candidat à sa succession et comme la députée Karine Berger, première signataire d'un pôle auto-désigné "les non-alignés".

"Je souhaite construire une nouvelle majorité pour le parti socialiste. Je la crois possible", a déclaré le député de la Nièvre. "Ma mission est de redonner fierté et confiance à tous ceux qui au PS ne se résignent pas, ni aux défaites électorales, ni au rétrécissement de la majorité", a-t-il ajouté. Selon lui, l'accord obtenu sur une motion commune est "la bonne surprise de ce congrès. Cela fait mentir toutes les prophéties selon lesquelles c'était joué d'avance. Tout le monde pariait sur la division. Le PS offrira le visage du débat""J'ai accepté cette mission en disant qu'il n'y aurait pas de déchirement, mais plutôt un PS qui offre le visage du débat", a déclaré Christian Paul. "Nous voulons le réveiller, le revitaliser". Car pour lui, "depuis trois ans, le parti n'a pas trouvé sa juste place entre le parlement et le gouvernement."

 

"Un signal à l'électorat de Martine Aubry et d'Arnaud Montebourg"

Selon le calendrier du PS, les motions pour le congrès de Poitiers (5 à 7 juin) doivent être déposées d'ici samedi, jour d'un conseil national (parlement) du parti. Les courants de l'aile gauche du Parti socialiste et les "frondeurs", en se mettant d'accord sur une motion commune, estiment avoir réussi un "coup", qui ne laisse pas présager d'un congrès facile pour la majorité. "Ce n'était pas joué d'avance. On a quand même réussi un bon coup", se félicitait mercredi un membre de "Maintenant la gauche", l'un des deux courants de l'aile gauche, qui est parvenu dans la nuit à faire "motion commune" avec l'autre sensibilité, celle de l'ex-ministre Benoît Hamon, Un monde d'avance, et les "frondeurs" de Vive la gauche.

Signe de leur réussite à leurs yeux : le premier signataire de celle-ci est le député Christian Paul, un des animateurs des "frondeurs", ces socialistes qui contestent, au PS, et en particulier à l'Assemblée, la politique économique du gouvernement, en particulier depuis la déroute du parti aux municipales en mars 2014. C'est "un signal à l'électorat de Martine Aubry et d'Arnaud Montebourg", se félicitait-on à l'aile gauche. CarChristian Paul est un proche de Martine Aubry (lorsqu'elle était patronne du PS, il dirigeait le "Laboratoire des idées" en vue du projet du PS pour 2012). Ce député de la Nièvre revendique par ailleurs une "fraternité ancienne" avec son voisin de circonscription Arnaud Montebourg, qu'il a aussi côtoyé au sein du Nouveau parti socialiste au début des années 2000.

 

Une alliance inespérée il y a encore quelques mois

D'où un "rassemblement plus large qu'escompté" de signataires du texte qui va, au-delà de l'aile gauche traditionnelle, de certains proches de Martine Aubry (Daniel Goldberg), d'Arnaud Montebourg (Aurélie Filippetti, Patrice Pratt), à l'ex-strausskahnien Laurent Baumel... L'alliance des deux "ailes" gauche n'était pas non plus gagnée il y a quelques mois. "Il a fallu rabibocher plusieurs fils", admet un membre de l'une des deux.

En 2012, au congrès de Toulouse, le courant d'Emmanuel Maurel, qui avait fait un score honorable avait peu goûté au fait que Benoît Hamon et ses amis rejoignent la motion majoritaire d'Harlem Désir. Et peu apprécié sa participation au premier gouvernement de Manuel Valls. Benoît Hamon, pourtant poussé par son entourage -depuis l'automne dernier et sa sortie du gouvernement- à postuler au poste de premier secrétaire, tout comme Emmanuel Maurel, ont également mis de coté leurs ambitions personnelles.

Leur motion, "en voie d'être bouclée", demandera des "inflexions fortes pour essayer de sauver le quinquennat", avec des mesures à court terme pour "les plus défavorisés, sur le logement, l'équilibre territorial", selon l'eurodéputé Guillaume Balas, proche de M. Hamon. Le texte veut aussi en finir avec "la stricte allégeance"du parti au gouvernement, selon lui. "Du fait de cette alliance, ce ne sera pas un congrès piloté d'avance. Ce sera un congrès assez dur, avec un vrai débat politique", a confié à l'AFP un conseiller ministériel fin connaisseur du parti.

"A Jean-Christophe Cambadélis, on apporte la preuve non seulement que le congrès n'est pas joué d'avance mais aussi que la situation n'est pas simple pour la majorité sortante", a estimé M. Maurel. Gros bémol à ce stade : Martine Aubry et ses proches n'avaient toujours pas fait connaître leurs intentions, mais n'ont jamais évoqué un rapprochement. "Nous continuons à dialoguer jusqu'à vendredi minuit", date limite de dépôt des motions, a assuré Christian Paul. "C'est mieux si elle en est (de la motion commune), mais ce n''est pas perdu si elle n'en est pas", se rassurait un "hamoniste". "Elle se détermine toujours sur le fond. Je sais, ça agace, c'est embêtant. Mais elle n'a pas encore la motion que je vais proposer, nous sommes en train de l'écrire", a mis en avant sur RTL le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, candidat à sa succession, qui compte bien rallier l'ex-première secrétaire.

Les militants voteront sur les motions dans chaque section le 21 mai. Une troisième motion sera déposée, celle des "non-alignés", animée par la députée des Hautes-Alpes Karine Berger.

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9 avril 2015 4 09 /04 /avril /2015 13:19
Un congrès de qualité nécessite que l'on respecte quelques règles

Vous trouverez ci-dessous le mail que j'ai adressé au Premier secrétaire fédéral suite à l'envoi, avec l'utilisation plus que probable du fichier fédéral, d'une convocation pour l'assemblée générale départementale de la motion Cambadélis qui n'a même pas encore été déposée (copie du mail en fin d'article).

Frédéric FARAVEL
mandataire départemental de la motion 3 dans le Val-d'Oise

"Bonjour Rachid

 
J'avoue avoir été un peu surpris en recevant ce courrier électronique ce matin qui annonce la convocation d'une assemblée générale fédérale de présentation d'une motion qui n'est pas encore déposée avec l'utilisation évidente du fichier fédérale pour l'envoi.
Cette manière de faire ne me paraît pas correcte alors que la commission fédérale d'organisation du congrès n'a même pas encore été installée et n'a de fait pas définie les règles d'utilisation du fichier fédéral et des envois d'information aux militants dans la perspective du congrès de Poitiers.
 
Ce courrier électronique me paraît donc créer un précédent fâcheux en terme d'égalité de traitement entre les futures motions, qui seront déposées samedi 11 avril, en privilégiant de manière évidente les supporters la direction nationale sortante, et en faisant peu de cas de la lettre et de l'esprit de nos règles communes. Il est vrai que notre premier secrétaire actuel nous avait déjà annoncé voici quelques mois que les statuts du PS n'avaient qu'une valeur indicative.
Je suis donc particulièrement déçus que cet esprit peu fraternel ait été importé dans une fédération qui jusqu'ici avait présenté un comportement plutôt exemplaire.
 
Aussi, il me paraît indispensable qu'un nouveau courrier électronique adressé à tous les militants socialistes valdoisiens précise :
  • qu'il s'agit bien d'un envoi d'une motion non encore déposée qui n'engage en rien la neutralité des instances fédérales ;
  • dans quelles conditions et sur quelles bases cet envoi a été réalisé.

Dans le même mouvement, je demande que la commission fédérale d'organisation du congrès soit réunie au plus vite pour fixer formellement les règles d'utilisation du fichier fédéral ; il me paraît nécessaire, au regard du précédent créé par le courrier électronique de ce matin, que les mandataires départementaux des futurs motions aient un accès complet et libre au fichier fédéral.

Je me permets au passage de t'adresser à toutes fins utiles la circulaire fédérale de la fédération de Seine-Saint-Denis, qui me paraît une base pertinente pour préciser nos règles communes dans le Val-d'Oise.
 
Dans tous les cas, nous alerterons les militants socialistes et les membres des instances nationales de l'impair de ce matin et de la nécessité d'y remédier.
 
Amitiés socialistes,
Frédéric FARAVEL
mandataire fédéral de la motion 3 (congrès de Toulouse)
membre du BNA
membre du bureau fédéral du PS95"

Convocation Motion Cambadelis Val d Oise 08-04-2015

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1 avril 2015 3 01 /04 /avril /2015 12:45
Emmanuel Maurel dans Regards : «Notre électorat est plus unitaire que nous»

entretien par Loïc Le Clerc | 30 mars 2015

Le frondeur Emmanuel Maurel s’attriste de voir l’exécutif mener le Parti socialiste de revers électoral en revers électoral. Mais espère lui faire changer son cap social-libéral grâce à une entente entre les différentes forces de gauche... rangées derrière le PS.

 

Regards. Quel est votre sentiment après ces élections départementales, concernant les scores du PS et ceux de la gauche en général ?

Emmanuel Maurel. Mon sentiment, au lendemain de la défaite, c’est d’abord de la tristesse, parce qu’il y a beaucoup de candidats qui avaient de bons projets, pour certains de bons bilans, qui sont au tapis. Tristesse mélangée d’un peu de colère parce que, hélas, s’ils ont perdu hier, ce n’est pas tant pour des raisons locales que pour des raisons nationales. La "nationalisation" du scrutin fait qu’on n’a pas parlé du tout de la réalité de l’enjeu des élections départementales. La plupart des candidats socialistes sont sanctionnés pour une politique économique et sociale qu’ils ont subi plus qu’ils ne l’ont choisie. Le constat global est que notre électorat s’abstient surtout, et que le désamour du PS n’aboutit pas à une alternative à gauche. Je pense que notre électorat est plus unitaire que nous : en réalité, il ne fait pas tellement la différence entre les différentes forces politiques à gauche. Cela nous invite à réfléchir collectivement sur la façon de sortir de cette situation par le haut.

« On ne peut pas rassembler la gauche sur une ligne qui la divise »

Dans un "contrat", la gauche du PS appelle à ce qu'une "grande Gauche se rassemble sans retard". Une fois de plus, la seule issue pour la gauche d'opposition se trouve derrière le PS ?

Non, pas du tout. Je pense qu’il n’y a aucune tentation hégémonique aujourd’hui. Il y a la reconnaissance de deux phénomènes : premièrement, si nous ne rassemblons pas la gauche dans toutes ses composantes, nous allons au devant de graves déconvenues. Deuxièmement, aujourd’hui encore le PS reste le principal parti à gauche, et de loin. Il faut faire à partir de ces deux données objectives, c’est-à-dire mener l’action sur deux niveaux, dans et en dehors du PS. La vraie divergence que j’ai avec Hollande et Valls, une divergence très importante, est que l’on ne peut pas rassembler la gauche sur une ligne qui la divise, qui la fracture.

Alors pourquoi ne pas vous opposer plus fortement à l’exécutif ? Les frondeurs n’auraient-ils pas intérêt à faire scission ?

Mais je ne vois pas pourquoi nous ferions cela ! Le PS, c’est mon parti, je me reconnais dans son histoire, dans ses valeurs, et surtout je prends plaisir à côtoyer les militants et les élus qui ne sont pas sociaux-libéraux. La vérité, c’est que la base socialiste reste attachée à ce qui a fait notre identité. Le problème, c’est que l’on a une césure de plus en plus importante entre l’exécutif qui fonce droit devant et une base électorale et militante qui a du mal à suivre, parce qu’elle est réticente envers cette politique. Nous, nous essayons de convaincre le plus grand nombre possible de socialistes d’exprimer ce mécontentement, de créer un rapport de force pour changer de politique. C’est difficile, mais ce n’est pas impossible.

« Valls veut nous convaincre que sa politique est la seule possible »

La gauche du PS peut-elle seulement infléchir la politique du gouvernement ? On l’a vu lors de la loi Macron, Valls fait ce qu’il veut, avec ou sans vous.

De toute façon, Valls, premièrement, veut rester premier ministre. Et deuxièmement, il est chef de la majorité jusqu’à preuve du contraire. Son objectif est de convaincre les députés et les militants socialistes que la politique qu’il mène, même si elle n’a pas de résultats et nous conduit à des défaites électorales, est la seule politique possible. En réalité, peu de gens y croient. Beaucoup de socialistes sont circonspects envers la politique économique menée. D’autres sont en colère, c’est plutôt notre cas. Et puis il y a une frange, très minoritaire, qui la soutient. La difficulté pour nous est de faire en sorte que les socialistes circonspects plaident résolument en faveur d’une inflexion de cette politique. Aujourd’hui, nous sommes à un moment d’hésitation. Le 49-3 fonctionne un temps, mais il ne peut pas être utilisé sur tous les textes. C’est un peu la méthode Coué érigée en mode de gouvernement, c’est-à-dire que le lendemain de la défaite, on dit : « Ça ne nous empêchera pas de continuer comme avant. »Cela vaut une fois, deux fois… Valls nous a fait le coup une troisième fois. Je ne suis pas sûr que l’on puisse continuer longtemps ainsi. Pour une raison très simple : cela va fracturer durablement la gauche et nous allons nous retrouver en 2017 dans une situation très préjudiciable, notamment pour le président sortant.

Pourquoi les frondeurs ne participent ni aux chantiers d'espoir, ni aux manifestations contre la loi Macron ?

Je n’y participe pas dans le sens où je n’ai pas signé cet appel, mais tant qu’il y a du débat à gauche, cela m’intéresse. Cela ne m’empêchera pas de m’y rendre. Quant à la manifestation du 9 avril, c’est une manifestation plus générale que contre la loi Macron. Mais il n’est pas inutile que le mouvement social se mobilise dans ce pays, que les syndicats fassent part de leur mécontentement, y compris quant la gauche est au pouvoir.

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30 mars 2015 1 30 /03 /mars /2015 10:01
Emmanuel Maurel sur LCP-AN : "on va au devant de graves déconvenues"
Hier soir, en duplex depuis le siège du Parti Socialiste, Emmanuel Maurel répondait au question de LCP-AN. Il critique le "message" de Manuel Valls qui maintient son cap politique au soir du deuxième tour des élections départementales : "Il est temps d’avoir l’intelligence et la lucidité de changer", estime-t-il. 


Emmanuel Maurel (frondeur PS) : "On va au... par LCP

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30 mars 2015 1 30 /03 /mars /2015 09:38

logo MLG 2014 95

Chers amis, chers camarades,

La situation politique exige que nous nous retrouvions rapidement pour en débattre ensemble. Après la réunion publique organisée en janvier à Vauréal avec Emmanuel MaurelVal-d_Oise_solidaire.jpgnous avons, avec tous les socialistes, concentré notre action sur la campagne des élections départementales et d'ici les 22 et 29 mars. Nous avons connu une grave défaite hier soir et nous sommes tout à la fois tristes et en colère que des camarades compétents et des projets de territoires utiles aux habitants aient pu ainsi être foulés aux pieds à cause des choix libéraux du gouvernement.

Parallèlement, nous avons défendu dans notre parti nos analyses et nos propositions, portées dans la contribution générale "Le sursaut républicain : un coup de jeune pour le Socialisme !", qui a été rejointe par de nouveaux camarades.

congres PoitiersDès le 11 avril, le Conseil National de synthèse fixera une nouvelle étape du congrès du Parti Socialiste, qui se réunira à Poitiers les 5, 6 et 7 juin prochains, avec le dépôt des motions. Dans cette optique, il n'aura échappé à personne que nous travaillons à rassembler largement les camarades autour d'une orientation qui reprenne le fil des engagements socialistes de 2011 et 2012, en cohérence avec ce que nous avons toujours défendu dès les premiers mois du quinquennat.

Nous avons donc choisi de réunir notre Assemblée Générale la veille du conseil fédéral du Val-d'Oise du Parti Socialiste pour faire le point sur les enjeux de la période.

Nous vous proposons donc de nous retrouver, militants de Maintenant la Gauche et signataires de la contribution générale "Le Sursaut Républicain"

MARDI 31 MARS 2015

à 20h30

Salle Pierre-Mauroy de la fédération du Val-d'Oise du PS
29, rue Francis-Combe à Cergy

L'ordre du jour sera évidemment le suivant :

  1. bilan et analyse des élections départementales ;
  2. contexte du congrès du PS ;
  3. questions diverses.

Nous espérons vous retrouver nombreux, nous partagerons le verre de l'amitié en fin de réunion.

Amitiés socialistes,

pour Maintenant la Gauche Val-d'Oise
le mandataire fédéral
Frédéric FARAVEL

MLG-95_2015.jpg

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30 mars 2015 1 30 /03 /mars /2015 09:31
Défaite au second tour des élections départementales : Maintenant la Gauche appelle au sursaut !

Communiqué de presse d’Emmanuel Maurel et de Maintenant la Gauche

Les résultats des élections départementales, après l’échec des municipales, exige de l’exécutif, du PS et de la gauche lucidité et sursaut. On ne saurait trouver des alibis pour atténuer la gravité de la situation, l’ampleur de la défaite et l’exigence de changement de cap.

Sur le terrain politique, comme sur le plan économique, il serait dramatique d’attendre sans réagir, au motif qu’un frémissement de certains indicateurs macro-économiques règlerait les graves problèmes qu’il nous faut surmonter.

Constater la désunion de la gauche et des écologistes en cherchant des boucs émissaires ne peut qu’accentuer les divisions, alors même qu’il revient au PS, principal parti de la gauche et au Président de la République, élu grâce à la mobilisation des électeurs de toutes ces forces, de proposer une stratégie et un contenu au rassemblement sans lequel aucune victoire n’est envisageable en 2017.

Après avoir appelé au rassemblement avant les élections et avec insistance entre les deux tours, il n’est pas possible, une fois les élections passées, de continuer comme si de rien n’était. C’est une question d’éthique politique mais aussi d’efficacité.

Le poids du Front national, même s’il ne se concrétise pas par la conquête de départements, est très alarmant. Le nécessaire combat moral et idéologique ne sera pas suffisant pour réduire le poids du FN.

Il est indispensable d’entreprendre la reconquête des couches populaires, de plus en plus nombreuses à ne plus voter et à ne plus voter à gauche ; Plus que d’autres, elles ont besoin d’une politique qui place la justice sociale, la relance du pouvoir d’achat et la création d’emplois au premier plan. Elles attendent des mesures immédiates et des perspectives d’avenir.

Le temps n’est pas aux calculs opportunistes, ni aux demi-mesures. De façon continue, « Maintenant la gauche » a fait des propositions, concrètes, sérieuses, qui pourraient servir de base à la discussion d’une plateforme de sursaut économique, social et républicain rassemblant toute la gauche et les écologistes.

Les socialistes ne peuvent plus attendre encore une fois un rebond venu d’ailleurs, ni se résigner à la défaite. Le temps presse désormais.

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