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13 juin 2014 5 13 /06 /juin /2014 16:19

Le Monde.fr | 13.06.2014 à 10h11 -  Par Diane Jean

appel des 100Le 5 avril 2014, ils étaient une centaine de socialistes à demander une revalorisation du travail des parlementaires. Deux mois plus tard, le collectif de «l’appel des cent», auteur de propositions économiques et sociales «pour plus d’emplois et de justice sociale», se retrouve une deuxième fois dans le bureau du premier ministre. Qui sont-ils et que veulent-ils ?

1. Comment tout a commencé ?

Après les mauvais résultats du PS aux municipales et le remaniement du gouvernement, quatre-vingt dix élus socialistes signent une lettre le 5 avril 2014, adressée à Manuel Valls, premier ministre fraîchement nommé. Les parlementaires demandent un nouveau «contrat de majorité», exigeant une meilleure prise en considération du travail parlementaire et une coopération plus efficace de la majorité avec le gouvernement.

Ce courrier est «une démarche inédite qui répond à une situation politique sans précédent à gauche», expliquait Christian Paul, député de la Nièvre, au Monde, en avril. A la fin du même mois, Manuel Valls reçoit à Matignon une délégation de ces députés pour les convaincre du bien-fondé de son plan d’économies, autrement appelé pacte de responsabilité.

Mais les élus rebelles de la majorité ne se sont pas remis de la «déroute du PS» aux élections municipales et européennes, et souhaitent réorienter la politique budgétaire pour «aider notre pays à trouver une voie juste qui rassemble». Ils multiplient les tribunes, les tweets, les interpellations aux ministres et les références à la politique économique de Matteo Renzi, le chef du gouvernement italien, qui a choisi de relancer la croissance par des mesures de soutien au pouvoir d'achat, qui les inspirent.

Chaque vote important des derniers mois constitue l'occasion de faire entendre leurs voix. En juin, certains d’entre eux rédigent ainsi un panel de propositions à l’occasion du budget rectificatif de 2014, discuté en conseil des ministres.

2. Qui se cache derrière l’appel des CENT ?

Difficile d’y voir clair, entre ceux qui signent les courriers destinés au premier ministre, ceux qui s’abstiennent de voter dans l’hémicycle et ceux qui concourent à la formulation de nouvelles propositions économiques.

L’appel des cent constitue un groupe hétérogène, en raison d’une décomposition des courants au sein du parti au pouvoir, d’après Rémi Lefebvre, professeur en sciences politiques à l’université de Lille 2 et spécialiste du PS.

L’initiative du 5 avril 2014, paraphée par un tiers du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a regroupé plusieurs sensibilités : des proches de Martine Aubry, de Benoît Hamon, d’Arnaud Montebourg ou encore de Laurent Fabius, ainsi que des membres de l’aile gauche traditionnelle du PS. Le 17 avril, au lendemain des annonces du premier ministre sur le plan d’économies de 50 milliards d’euros, ils reprennent la plume et précisent leur ligne directrice.

3. Que veulent aujourd’hui ces parlementaires ?

En finir avec la politique économique du «serrage de ceinture», répond Pouria Amirshahi, animateur de l’aile gauche du Parti socialiste, à l’hebdomadaire Marianne. L’appel des cent veut s'écarter du chemin de la «politique de l'offre» pris par l'exécutif. Ces députés restent persuadés que le chômage et la dette ne peuvent s’enrayer qu’en encourageant la demande et non l’offre comme le veut le gouvernement.

Démêlés politiques ne signifient pas forcément naissance d'un nouveau parti, loin de là. Ces députés contestataires souhaitent infléchir le débat. «Il n’y a pas de trajectoire ou de plan écrit à l’avance, assure M. Amirshahi. Nous n’avons pas pour objectif de créer une nouvelle organisation politique.»

Rien à voir donc avec le «club des socialistes affligés», le nouveau think tank qui regroupe des hommes et femmes politiques de la gauche radicale et des écologistes. Même si ceux-là discutent aussi une alternative à la politique de l’offre, celle qui favorise les entrepreneurs plutôt que les consommateurs.

4. Le contre-budget des députés mécontents

Le 9 juin, les contestataires lancent la plateforme de l’appel des cent. Les députés ne s’arrêtent pas là. Ils ont proposé des solutions alternatives et concrètes au budget prévu par le gouvernement et revu le 11 juin en conseil des ministres. Les voici :

  • Une contribution sociale généralisée (CSG) progressive. L’objectif est de redonner du pouvoir d’achat aux ménages en modulant le taux de CSG selon les revenus. Cet impôt participe au financement de la protection sociale. Le barème deviendrait identique à celui de l’impôt sur le revenu. En 2014, le taux global de la CSG s’élève à 7,5 %. Les élus contestataires proposent qu’en 2017, le taux soit en dessous de cette valeur pour les revenus de moins de 26 000 euros.
  • Conditionner les investissements du crédit impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Cette économie d’impôt accordée aux entreprises permet en principe d’améliorer leur compétitivité. Pour M. Amirshahi, «c’est une aide qui va être distribuée aux entreprises sans aucune condition particulière». L’idée des élus protestataires est d’inviter les entreprises à réallouer un quart de ce crédit dans des projets de transports en commun ou de construction de logements. Une enveloppe estimée à 5 milliards d’euros. L’avantage de la proposition, d’après le député, c’est qu’un tel investissement aiderait à pallier la baisse des dotations prévues aux collectivités locales pour 2015-2017.  
  • 150 000 emplois aidés et 150 000 contrats en alternance. Les auteurs du projet attestent que, une fois leurs idées suivies, le chômage baissera d’ici à fin 2015. Les chômeurs de plus de deux ans pourraient avoir accès aux emplois d’avenir, ces contrats qui facilitent à l’origine l’insertion des jeunes peu ou pas qualifiés.
  • Concentrer les baisses d’impôts des entreprises sur «celles qui en ont réellement besoin». les élus socialistes veulent davantage cibler les économies prévues pour les entreprises. Des domaines recevraient une intention particulière : l’industrie, en difficulté, et la recherche et l’innovation pour leur besoin en développement, et les «secteurs exposés à la concurrence internationale»

5.  Sont-ils vraiment CENT ?

Quatre-vingt-dix parlementaires ont signé les premiers courriers des 5 et 17 avril. Seuls 41 se sont abstenus de voter le plan d’économies de Manuel Valls à la fin du mois, et une vingtaine ont contribué au lancement de la plateforme du contre-budget mi-mai. A la fin du rapport, on peut lire «un travail approfondi associant une centaine de parlementaires et de nombreuses consultations». Bref, le «cent» de l'appel ressemble à un chiffre arrondi au supérieur.

Six des «cent» ont été reçus par Manuel Valls le 11 juin au soir, dont Laurent Baumel, député d’Indre-et-Loire, issu de la Gauche populaire, et Christian Paul, élu de Nièvre et proche de Martine Aubry, qui font partie des initiateurs de l’appel. Arnaud Leroy et Pouria Amirshahi, tous deux représentants des Français de l’étranger, Jérôme Guedj (Essonne), Jean-Marc Germain (Hauts-de-Seine) étaient également de la rencontre. Tous font partie du noyau dur.

6. Beaucoup de bruit pour rien ?

Il y a donc eu deux rencontres entre entre ces élus contestataires et le Premier ministre en deux mois. Mais le ministre des finances, Michel Sapin, a promis aux représentants des patrons des PME de tenir bon sur le pacte de responsabilité.

«Le groupe socialiste va bientôt prendre une position commune. Une fois que celle-ci aura été définie, ceux qui voudront quand même déposer des amendements feront un choix contraire à celui du groupe. Il faudra alors que chacun prenne ses responsabilités», a prévenu Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement.

Renouveau idéologique ou simple cri de colère ? «Cette démarche est originale dans la mesure où elle constitue une espèce de lobbying interne de forme parlementaire qui échappe à la logique traditionnelle des courants du PS», estime le politologue Rémi Lefebvre au Monde.fr.

«Une partie des députés se rendent aujourd'hui compte que le désastre électoral des municipales et européennes risque de les emporter dans trois ans.», estime le politologue, qui juge l’initiative encore «composite» et «fragile». Pour lui, il peut s’agir d’un calcul.  «Avec la fin du cumul, ces députés n'ont plus que ce mandat  électoral, et ils le savent menacé. Ils sont donc très sensibles à la question de leur possible réélection, car n'ont plus rien à perdre», ajoute-t-il.

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27 mai 2014 2 27 /05 /mai /2014 23:30

INTERVIEW - Emmanuel Maurel, député européen, responsable du courant PS «Maintenant la gauche».
C’est un rescapé. Elu dimanche dans la grande région Ouest, Emmanuel Maurel, l’un des porte-voix de l’aile gauche du Parti socialiste, appelle la gauche à «arrêter d’être obsédée par une logique comptable de l’économie».

Maurel BastamagComment la gauche en est-elle arrivée là ?

J’y vois trois raisons… La première est démocratique. Les gens ont le sentiment que leurs dirigeants n’ont plus aucune prise et qu’ils ont renoncé à changer le monde. Cela touche d’autant plus la gauche qu’elle soulève, à chaque fois qu’elle est élue, un espoir bien plus grand. On attendait François Hollande sur la régulation de la finance et de la mondialisation. Il n’y a pas eu de traduction concrète de ce qu’il avait annoncé dans sa campagne. La deuxième raison réside dans l’indifférenciation droite-gauche qui désoriente l’électorat populaire. La troisième est géographique : le score du Front national augmente à mesure qu’on s’éloigne des centres urbains. Là où le sentiment de relégation est fort, où les gens se sentent délaissés, où les services publics sont absents ou fonctionnent mal. Il faut des politiques publiques différentes… mais cela nécessite de l’argent. Arrêtons d’être obsédés par une logique comptable de l’économie.

C’est-à-dire ?

Il faut tout changer. N’ayons plus les yeux rivés sur nos déficits et le niveau de l’inflation. Prenons des mesures ambitieuses sur le pouvoir d’achat et la relance de notre économie. François Hollande doit également s’attaquer - comme il l’a promis - à la réorientation de l’UE, au refus de cette Europe de la compétition.

Il vous est souvent rétorqué qu’on ne peut dépenser l’argent qu’on n’a pas…

C’est un argument employé pour justifier l’immobilisme. S’endetter, c’est aussi investir et préparer le futur de notre pays ! Je le répète : il faut sortir d’une logique comptable de la politique et de l’économie, avoir une vision dynamique.

A entendre ses responsables, depuis dimanche soir, ce n’est pas le chemin que prend le gouvernement…

On est dans le déni et l’aveuglement. On nous explique qu’il faut continuer comme avant, plus vite, plus fort… Il y a de quoi s’inquiéter, on a tout de même réalisé le plus mauvais score de l’histoire du parti d’Epinay ! Ne pas prendre de réformes radicales, c’est d’une irresponsabilité inquiétante. S’arc-bouter sur des principes comme celui des 3% [de déficit public], cela relève du dogmatisme. Lorsqu’on commence à avoir plus peur des marchés que de la colère du peuple, il ne faut pas s’étonner d’être ensuite sanctionné.

Le problème ne serait qu’économique ?

Il est aussi institutionnel. La Ve République est à bout de souffle. Le seul message envoyé par l’exécutif au législatif est de rester bien sagement debout, le petit doigt sur la couture du pantalon. On ne peut plus fonctionner comme ça. Il faut donner plus de pouvoir au Parlement, laisser plus de libertés au parti majoritaire. Offrir des espaces à la démocratie directe et participative. Et, pour les socialistes, avoir en tête le rassemblement de la gauche.

Comment ?

On ne pourra pas le faire sans changer d’abord d’orientation économique. Et je suis sûr que la majorité des adhérents et sympathisants du Parti socialiste sont eux aussi pour une réorientation de la politique gouvernementale. Il faut qu’ils puissent aujourd’hui s’exprimer.

C’est une manière de réclamer un congrès ?

Au-delà de l’exigence d’un congrès, il faut que les militants aient davantage la parole, qu’ils puissent être acteurs, y compris peser sur les décisions prises par le gouvernement. Qu’ils soient associés à la politique gouvernementale. La force du PS, ce sont ses militants, qui se sont mobilisés et battus durant cette campagne. Il faut les respecter.

Recueilli par Lilian Alemagna

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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 14:54

100 PS frondeursLes résultats des élections européennes ont produit un second choc qui ébranle comme jamais notre République, deux mois après la défaite municipale. La gauche au pouvoir, pour reconquérir la confiance et l’adhésion des Français, doit accepter de profondes remises en causes, et agir autrement. Il est temps de retrouver l’esprit et les engagements de 2012, et c’est pourquoi nous proposons une nouvelle politique.

Dès aujourd’hui, nous travaillons à une plate-forme, prolongeant l’appel des Cent, pour contribuer avec d’autres, à sortir de l’impasse. Nous appelons le Président de la République à considérer, enfin, que sa majorité toute entière est disponible pour un dialogue sincère et utile au redressement du pays.

En Europe, la France est plus que jamais porteuse d’un message d’une grande clarté : l’austérité n’est pas une politique acceptable et durable, pour les Français comme pour les autres. L’aveuglement comptable conduit aux dérives des politiques publiques. Dès la prochaine rencontre européenne, nous demandons au Président d’inviter l’Union européenne à réviser le calendrier et le contenu des règles budgétaires qui étouffent la croissance. 3%, programme d’investissements massifs, préservation des dépenses d’avenir : éducation, innovation, recherche. L’Europe ne peut continuer comme avant le 25 mai. Ce fut un « 21 avril » européen.

En France, au Parlement, nous défendrons un projet de relance de l’économie efficace et juste. Représentants du peuple, nous prendrons nos responsabilités.

Nous proposerons et ferons voter les lois indispensables à cette nouvelle étape. A l’heure où la croissance ne repart pas et où toutes les prévisions confirment la hausse du chômage jusqu’à fin 2015, nous défendons :

- Plus de moyens pour une politique économique ciblée, fixant des contreparties en investissements et en emplois à une mobilisation sans précédents des moyens de la puissance publique.

- Plus de pouvoir d’achat par une réforme de justice fiscale, et la progression maintenue des prestations sociales.

- Plus d’ampleur des politiques pour l’accès à l’emploi des jeunes, des chômeurs de longue durée et des seniors

Notre plate-forme proposera de relancer la régulation des activités financières, les investissements publics locaux, la transition écologique et de revitaliser la démocratie et les services publics dans les territoires dont le vote a confirmé hier la conviction d’abandon.

Face à l’extrême-droite qui s’enracine, et à l’Ump qui a facilité sa progression, nous voulons redonner de l’espoir. Nous avons trois ans pour démontrer que la gauche française sait collectivement se hisser à la hauteur de cet enjeu historique.

Pouria Amirshahi, Laurent Baumel, Jean-Marc Germain, Jérôme Guedj et Christian Paul
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15 mai 2014 4 15 /05 /mai /2014 19:32

Propos recueillis par , publié le 15/05/2014 à 13:02

Décidément, le cap politico-économique de François Hollande ne passe pas pour certains socialistes... Les plus déçus rejoindront peut-être le "Club des socialistes affligés", lancé par Liêm Hoang-Ngoc, membre du bureau national du PS et de l'aile gauche du parti, économiste et eurodéputé sortant.

Des "socialistes affigés" par le "nouveau discours officiel" du PS et de l'exécutif, une "orientation politique néfaste et démobilisatrice": les mots de votre manifeste sont lourds...

Le terme de socialistes "atterrés" aurait également convenu, pour faire écho au "manifeste des économistes atterrés", que j'avais signé en 2010. Mais la marque "atterrée" était "déposée" par mes amis. Le terme de socialistes "affligés" est néanmoins plus fort. Il reflète le sentiment des électeurs de gauche et des militants socialistes qui sont déboussolés et qui ne se tournent pas pour autant vers le Front de Gauche. Ils ne comprennent pas le choix opéré par François Hollande. Son virage libéral est un choix structurant qui peut conduire le PS à la déroute. 

En quoi le cap de François Hollande vous "afflige"-t-il et nuit-il au PS, à vos yeux?

En France, le PS s'est toujours démarqué de la troisième voie initiée par Tony Blair au Royaume-Uni et Gerhard Schröder en Allemagne. Les politiques de l'offre sont aussi impopulaires qu'inefficaces. Elles conduisent désormais la zone euro au bord de la déflation. L'austérité budgétaire et salariale, coordonnée dans toute l'Europe, a engendré un jeu à somme négative dont la conséquence est désormais une insuffisance de demande dans la zone euro. La BCE a certes réagi. Mais la politique monétaire, seule, est impuissante dans ce contexte. 

Les politiques de l'offre sont aussi impopulaires qu'inefficaces

François Hollande a fait ce choix dès sa conférence de presse de novembre 2012 et l'a imposé sans débat au PS. Le rapport commandé à Louis Gallois dès l'été 2012 avait auparavant déminé le terrain du CICE et du pacte de responsabilité.  

Aujourd'hui, le malaise est réel au PS et parmi les parlementaires socialistes. Je ne fais que dire tout haut ce que beaucoup pensent, croyez-moi. Dans leurs permanences, beaucoup sentent le risque des défaites à venir. D'ici 2017, nous allons perdre des régions comme nous avons perdu des villes. Aurons-nous un second tour entre la droite et l'extrême-droite à l'élection présidentielle? Combien de députés socialistes restera-t-il? Une quarantaine? 

Que proposez-vous ?

Il faut réfléchir avec un coup d'avance pour rebondir en cas de déroute de notre camp. La recomposition de la gauche se fera vraisemblablement autour d'un axe rose, vert, rouge. La famille des socialistes doit plus que jamais maintenir des liens avec des formations comme le Front de Gauche (FDG) et Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) au lieu de construire de nouvelles majorités avec l'UDI... 

La recomposition de la gauche se fera autour d'un axe rose, vert, rouge 

Ce club a pour vocation de contrebalancer le poids des think tanks sociaux-libéraux que sont Terra Nova et Jean-Jaurès. Social-démocratie et social-libéralisme ne sont pas des synonymes. Nous voulons ainsi montrer qu'une politique keynésienne pro-européenne est bien plus crédible que la politique de l'offre. Il faudra notamment rouvrir le débat sur les politiques budgétaires nationales, excessivement contraintes par les textes européens, et accroître le rôle du budget communautaire. 

Le 12 avril dernier, Liêm Hoang Ngoc était aux côtés de Jean-Luc Mélenchon (FDG) et Alexis Tsipras, leader de la gauche radicale en Grèce, lors d'une manifestation anti-austérité à Paris.

Le 12 avril dernier, Liêm Hoang Ngoc était aux côtés de Jean-Luc Mélenchon (FDG) et Alexis Tsipras, leader de la gauche radicale en Grèce, lors d'une manifestation anti-austérité à Paris.

AFP PHOTO / PIERRE ANDRIEU

Que répondez-vous au porte-parole du PS, Carlos Da Silva, qui estime que votre manifeste est nourri par "l'amertume" de ne pas avoir été reconduit sur les listes du PS pour les élections européennes ?

C'est une basse polémique, qui trahit le fait qu'on nous prend enfin au sérieux... L'idée de ce club germe depuis la première conférence de presse du président de la République, en novembre 2012. Le moment est venu cette semaine de le rendre public, dans la foulée du débat initié par les 90 parlementaires à l'Assemblée nationale et de l'appel des socialistes contre l'austérité qui circule dans les fédérations du parti.  

En amont de cette future "nébuleuse rose-rouge-verte" que vous envisagez, quels sont vos liens actuels avec les frondeurs du PS ? Et avec le Front de Gauche et EELV, dont les représentants sont invités au premier colloque organisé le 7 juin ?

J'ai signé l'appel des 90 parlementaires [pour un nouveau contrat de majorité, publié en avril dans le Journal du Dimanche, ndlr]. S'abstenir était le plus que mes collègues pouvaient faire à l'Assemblée nationale sans ouvrir de crise de régime. Le programme de stabilité a été adopté avec les voix de l'UDI. Ceci indique que la base politique et sans doute sociale de la politique du gouvernement est très étroite. 

Pour ce qui est du FDG et d'EELV, nous avons des atomes crochus évidents. Cécile Duflot a compris qu'il fallait sortir du gouvernement pour ne pas cautionner ce tournant majeur. Quant au FDG, ses dirigeants sauront certainement dialoguer car la droite et l'extrême droite seront bientôt aux portes du pouvoir.

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 15:01

L’Assemblée nationale a adopté hier le programme de stabilité présenté par le Premier ministre au nom du gouvernement par 265 voix pour, 232 voix contre et 67 abstentions dont 41 de la part de députés du groupe socialiste.

AN2La dynamique engagée depuis plusieurs semaines au sein du Parti Socialiste pour souligner qu’il n’y a pas qu’une seule politique possible s’étend donc : 11 députés avaient décidé de s’abstenir lors de la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre, près d’une centaine d’entre eux s’étaient réunis pour proposer un «nouveau contrat de majorité». Ce sont désormais 41 députés socialistes qui ont clairement signifié leur désaccord avec une orientation économique inspirée de politiques qui démontrent leur caractère inefficace dans toute l’Europe.

Maintenant la Gauche salue la cohérence et le courage de ces 41 élus socialistes - et tout particulièrement dans le Val-d'Oise Jean-Pierre Blazy et Gérard Sébaoun - qui ont, malgré les pressions, la dramatisation et les propos souvent outranciers, fait preuve de constance sur le fond et montré qu’une politique économique plus équilibrée est possible. Des coupes sombres dans les dépenses liées à la protection sociale et la réduction des capacités d’investissement public relèvent d’une logique erronée alors que l’atonie de notre économie appelle au contraire des mesures de relance substantielles. Les mesures annoncées risquent de plus d’impacter durement le pouvoir d’achat des ménages.

Face aux menaces floues mais répétées de dissolution de l’Assemblée, alors même que le gouvernement n’avait pas engagé sa responsabilité sur ce vote, ces parlementaires dont font partie les députés "Maintenant la Gauche" ont fait preuve d’une grande responsabilité en demeurant fidèles au programme validé en 2012 par les électeurs.

Force est de constater que l’assise politique de la majorité est une nouvelle fois fragilisée avec une opposition claire des parlementaires du Front de Gauche mais aussi une prise de distance de plus en plus nette des députés écologistes comme de ceux du MRC.

Nous appelons l’ensemble des socialistes à retrouver le sens de la mise en œuvre des engagements du candidat François Hollande. Le pacte de responsabilité ne s’inspire pas de l’esprit de la campagne présidentielle ni du projet socialiste adopté à l’unanimité en 2011, pas même de l’orientation adoptée majoritairement par le PS lors du congrès de Toulouse.

Il n’y a aujourd’hui pas plus qu’hier une seule politique possible.

Il est urgent de redonner la parole aux militants en les consultant sur des choix de politique économique qui n’ont pas jusqu’ici été débattus au sein du parti majoritaire.

Maintenant la Gauche continuera à défendre des solutions concrètes et réalistes pour redresser notre pays dans la justice et réorienter de toute urgence la construction européenne, comme nous l’avons fait en présentant en 2013 un plan de relance écologique et sociale ou encore une contribution au débat autour de la réforme fiscale. La situation économique appelle une nouvelle étape de redistribution des richesses qui redonne du pouvoir d’achat aux Français et  alimente le carnet de commande des entreprises pour créer à nouveau des emplois. Nous serons aux côtés des députés socialistes qui ont démontré hier leur détermination pour la rendre possible.

Maintenant la Gauche

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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 18:41

La direction du parti a fait le choix, critiqué, de convoquer ce Conseil national à Paris en semaine. La mise à l’ordre du jour de l’élection du nouveau premier secrétaire suite au départ d’Harlem Désir a de fait éludé le débat sur les causes de la défaite lors des élections municipales.

Nous avons contesté dès le départ le choix d’une désignation du nouveau premier secrétaire par ce CN. Seuls les militants peuvent en effet élire un premier secrétaire du PS pleinement légitime. Notre expression dans la lettre ouverte aux camarades et à la direction nationale était claire sur nos demandes : direction collégiale, vote militant pour le premier secrétaire après les élections européennes, états généraux des socialistes puis finalement congrès extraordinaire à l’automne.

Une expression commune entre Maintenant la Gauche et d’autres sensibilités a eu lieu en ce sens autour d’une motion préalable soumise aux membres du CN avant le début des travaux pour critiquer la procédure choisie par la direction et demander un vote rapide des militants. Présentée par Jérôme Guedj, Patrick Ardouin et Barbara Romagnan, cette motion a été repoussée par les membres du CN en obtenant 54 voix pour, 131 contre et 4 abstentions.

discoursmathieu.jpgPour relayer cette critique et la nécessité d’un vote militant, c’est Sylvain Mathieu, premier secrétaire fédéral de la Nièvre, qui s’est porté candidat au premier secrétariat face à Jean-Christophe Cambadélis.

Il a recueilli lors d’un vote à bulletins secrets 32,88% (72 votes) des voix, ce qui est un score important compte tenu de la composition du CN où le collège des premiers fédéraux donne un poids prépondérant à la majorité du parti.

Forts de l’expression très large autour de la motion présentée à l’ouverture du CN, nous allons continuer à exiger sans relâche un vote des militants pour leur premier secrétaire après les élections européennes, qui ne soit pas une simple «ratification» du choix de Jean-Christophe Cambadélis.

Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann et Gérard Filoche ont rappelé nos positions dans le débat général du CN en mettant en garde contre la tentation toujours présente chez certains d’attribuer le résultat des municipales à une question de «pédagogie». Nous avons réaffirmé que seul un changement de cap de la politique menée par le gouvernement peut nous permettre de retrouver la confiance des Français.

Retrouvez l’intervention de Jérôme Guedj sur BFM TV au sujet de la désignation du nouveau premier secrétaire :

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15 avril 2014 2 15 /04 /avril /2014 22:34

Cette motion d’ordre préalable aux débats du Conseil national du mardi 15 avril a été déposée pour Maintenant la Gauche, Un Monde d'Avance et des camarades de la motion 4 par Patrick Ardouin, Marie Bidaud, Guillaume Balas, Gérard Filoche, Olivier Girardin, Jérôme Guedj, Frédéric Lutaud, Emmanuel Maurel et Barbara Romagnan.

Présentée notamment à la tribune par Jérôme Guedj, ce texte demandant un vote rapide et ouvert des militants socialistes pour leur premier secrétaire a obtenu au CN 54 voix en sa faveur, 131 contre et 4 abstentions.

BlRgVs6IcAAXyhx.jpgPlus que la défaite aux élections municipales, cest son ampleur qui exige une prise de conscience et une réaction de notre parti.

Nous avons connu par le passé des moments d’alternance politique douloureux mais il s’agit aujourd’hui d’une défaite sans précédent, nos bases historiques et politiques que sont nos communes viennent de tomber.

Les Français nous somment de réagir. L’abstention massive de notre électorat comme la montée de l’extrême droite sont l’expression de la déception et de la colère de nos concitoyens. La crise, les Français la vivent au quotidien, et ce n’est pas un manque de pédagogie ou de communication sur nos réformes qui ont engendré de tels scores. Les français, à travers leurs votes, ont exprimé un décalage profond entre la  politique gouvernementale et ce pour quoi ils avaient voté en 2012.

Le Parti socialiste, ses élus, ses représentants ont été sanctionnés. C’est en cela que la défaite est collective. Il nous revient alors, en toute lucidité, de débattre de nos orientations politiques ; sinon à quoi servirait un parti politique ?

Il faut malgré tout se relever et pour cela reconnaître que le Parti socialiste n’a pas su entendre alerter, proposer, exister tout simplement depuis deux ans que nous sommes aux responsabilités.

Il nous faut recréer un dialogue entre lExécutif, le Parlement et le Parti, en respectant les prérogatives de chacun mais en n’ignorant pas leurs fonctions respectives. Nul autre que les adhérentes et les adhérents ne peuvent décider de l’orientation et de celles et ceux qui l’incarnent !

La question «à quoi sert le PS aujourd’hui ?» doit maintenant être posée collectivement.

Il revient aux militants et à eux seuls de dire la suite.

Aussi vu la gravité de la situation deux exigences immédiates s’imposent :

  • Ne pas avaliser un changement de premier secrétaire sans que les militants aient pu en décider ce qui suppose qu’ils puissent voter  entre des candidatures alternatives claires.
  • Engager une procédure permettant aux militants d’intervenir sur le fond de la ligne politique, sur le fonctionnement démocratique et pluraliste, comme sur le rôle du parti socialiste et de ses adhérents.

Soyons clairs il ne suffit pas de donner la parole aux militants mais de leur rendre le pouvoir.

Nous demandons donc la mise en place dune direction collégiale chargée d’organiser des États généraux des socialistes avec la remontée de cahiers de doléances et propositions d’ici la rentrée puis à lautomne un congrès. Aujourd’hui notre parti a moins besoin d’un chef que d’une dynamique collective, moins besoin de mesures bureaucratiques que de changements politiques.

Car au-delà du PS, c’est l’avenir du pays et de la gauche qui se joue.

Nous devons retrouver le cap du rassemblement des forces de gauche et des écologistes mais pour retrouver ce chemin de l’unité, il est essentiel et primordial que le PS redevienne lui-même, un parti socialiste, capable de porter l’espérance des classes moyennes, des couches populaires et d’être au cœur du peuple de gauche.

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14 avril 2014 1 14 /04 /avril /2014 16:47

nouveau-logo-psChères et chers camarades,

Au lendemain de la défaite historique du PS aux dernières élections municipales, il nous paraît essentiel d’analyser lucidement la situation et d’en tirer de fortes conséquences. Il en va de l’avenir de la gauche, de celui de notre parti et, avant tout, de la crédibilité même du projet que nous avons présenté aux Français il y a 2 ans.

Si le Parti socialiste a traversé bien des crises dans le passé, sa situation est extrêmement préoccupante aujourd’hui, parce que, cette fois-ci, il se trouve  confronté simultanément à trois crises :

- une crise électorale exceptionnelle, avec la perte de 10 villes de plus de 100 000 habitants et d’un tiers des villes de plus de 10 000 habitants, qui s’accompagne d’un début d’implantation du FN dans la gestion communale. Par ailleurs, l’éloignement des urnes atteint des sommets, avec près de 40% de Français qui se sont abstenus ou ont voté blanc ou nul. Quant aux perspectives des prochaines élections (européennes, sénatoriales, régionales, départementales), elles sont, de l’avis général, assez sombres.

- une crise de fonctionnement qui se prolonge, avec une évaporation des militants, de moins en moins nombreux, de plus en plus démotivés et de moins en moins formés, sans parler d’une procédure de désignation des dirigeants qui abaisse le rôle des militants.

- une crise existentielle que l’on n’ose pas aborder de face, parce qu’elle conduit à poser la question dérangeante : à quoi sert le PS aujourd’hui ?

Cette dernière question résume bien la somme des interrogations à laquelle nous devons répondre aujourd’hui, si nous ne voulons pas connaître à nouveau les grands échecs du passé (1969, 1993, 2002). Il ne faut pas oublier non plus que les grands partis ne sont pas éternels : à gauche, les exemples du délitement du parti radical et du parti communiste sont là pour nous le rappeler.

La crise existentielle est accentuée par le poids du fonctionnement quasi régalien de la Vème République, que les socialistes n’ont pas réduit, malgré leurs déclarations (quand ils ne l’ont pas accentué, comme en 2000, avec l’instauration du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral). Les dernières décisions pilotées par l’Elysée en sont une nouvelle preuve éclatante.

La question « à quoi sert le PS aujourd’hui ? » doit maintenant être posée collectivement. L’objectif de ce travail sera de définir, sans se limiter à des formules incantatoires, le rôle du PS et les moyens qu’il doit se donner s’il veut être un acteur de ce changement tant annoncé et non le spectateur passif et désolé d’un scène où il n’a pas sa place.

Nous ne pouvons pas rester insensibles à l’interpellation de ces militants qui nous quittent en reprochant au PS de ne pas être un « outil de transformation de la société » et qui ne comprennent pas comment nous pouvons accepter sans trop réagir les changements de position sur des dossiers emblématiques (Europe, austérité,…).

La gravité de la situation exige que la parole soit donnée aux militants, ce qui sera la première étape pour leur rendre le pouvoir. Ils doivent intervenir à la fois sur le fond de la ligne politique, sur le fonctionnement démocratique et pluraliste de leur parti, ainsi que sur son rôle.

logo MLG 2C’est pourquoi nous proposons la mise en place d’une direction collégiale, car il serait impensable qu’un changement de premier secrétaire se fasse sans que les militants aient pu en décider, ce qui suppose qu’ils puissent voter entre des candidatures alternatives claires.

Cette direction collégiale serait chargée d’organiser rapidement des Etats généraux  des socialistes, qui se saisiraient d’ici la rentrée des « cahiers de doléances et de propositions » transmis par les militants. A l’automne, un congrès viendrait conclure ce processus.

Au-delà de l’avenir du PS, c’est celui du pays et de la gauche qui se joue, car il faudra aussi trouver les voies de l’indispensable rassemblement des forces de gauche et des écologistes. Pour cela, il est essentiel et primordial que le PS redevienne ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un parti socialiste au cœur du peuple de gauche, capable de porter l’espérance des couches populaires.

Pour Maintenant la Gauche

Emmanuel Maurel Marie-Noëlle Lienemann Jérôme Guedj

Paul Quilès, ancien ministre, et les membres du Bureau national du PS : Julien Dray, Anne Ferreira, Gérard Filoche, Marianne Louis, Jonathan Munoz, Jean-François Thomas

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12 avril 2014 6 12 /04 /avril /2014 15:24

Pourquoi je me suis abstenu lors du vote de confiance au Gouvernement.

C'est la conjonction de plusieurs réflexions.

526x297-upg.jpgLa première, c'est l'analyse de la situation qui a précédé et permis l'élection de François Hollande à la Présidence de la République. Le terreau d'un défaite de Nicolas Sarkozy était palpable, au delà du bashing médiatique, dans nos échanges avec les citoyens. L'épisode DSK a conforté le rejet du Président sortant et l'émergence définitive d'un homme simple, déterminé et préparé pour relever le défi de la Gauche de gouvernement. La réussite des primaires, leur modernisme ont étouffé les divergences au sein du PS au bénéfice du mano a mano Gauche-droite qui s'annonçait. Il y avait dans nos sections une ferveur qui écartait presque mécaniquement le spectre d'une éventuelle défaite. L'aspiration à tourner la page était partout présente. La conjonction de notre candidat à son meilleur et la vigueur des mollets militants ont fait (de peu) la différence.

 Cette victoire attendue de François Hollande appartient donc à nos militants, au cercle large de nos sympathisants, aux différentes familles de la Gauche, et plus largement à celles et ceux qui ont affirmé leur volonté de changement dans les urnes. Nos victoires législatives, souvent dans des circonscriptions difficilement gagnables, la mienne en fait partie, nous ont offert la majorité absolue à l'Assemblée Nationale, une situation confortable à haut risque.

Rappeler ces évidences permet de mesurer le niveau du retournement démocratique vécu douloureusement par notre famille politique les 23 et 30 mars. J'en tire une première conclusion, ne jamais oublier les origines du pouvoir qui nous est confié le temps d'une mandature.

La seconde me vient de notre exercice de ce pouvoir, fondu dans le moule de la Vème République, jusqu'à notre parti maladroitement aligné et totalement absent du débat politique. Dans le groupe SRC, si l'ambiance est bonne, le temps du débat sur les grands enjeux est souvent réduit avec comme épine dorsale d'un discours globalisant, un soutien sans faille au Gouvernement. Notre marge de manoeuvre est faible, nos alertes, nos inquiétudes, nos désaccords peu audibles.

Le fait majoritaire est une réalité qui s'impose à l'ensemble des camarades, et mon vote n'a jamais fait défaut (j'assume mes votes sur l'ANI et la réforme des retraites par exemple puisqu'ils ont fait polémique et m'ont été reprochés) sauf sur le TSCG, car la question européenne reste au coeur de nos combats contre la doxa libérale de la commission.

La troisième a pris naissance avec l'affirmation d'une politique économique et fiscale discutable à plusieurs titres. L'absence de la nécessaire réforme fiscale outil de justice sociale, la déclaration mortifère du ras le bol fiscal, la contraction du pouvoir d'achat qui ne semble avoir été ni anticipée, ni maitrisée et enfin des annonces d'aides aux entreprises sans ciblage ni contreparties réelles. Et cerise sur la gateau, 50 milliards d'économie dont près de la moitié sur la protection sociale ce qui n'a fait que nourrir mes doutes et mon inquiétude.

Fallait-il en ma qualité de député de la majorité aller jusqu'à un vote d'alerte vis à vis du Gouvernement ? J'ai participé dès le début à un mouvement de députés socialistes qui a agrégé une petite centaine centaine d'entre nous appelant à un "contrat de majorité" et à un parlement co-constructeur de la politique menée. Notre initiative n'était pas une défiance vis à vis du nouveau Premier Ministre et de son Gouvernement et s'interdisait de nourrir tout risque, fusse-t-il microscopique, de censure. Et si notre prise de parole heurte la pratique de la Vème, il était inconcevable de rester muets après la déroute électorale. La traduction dans les votes s'est partagée entre un soutien très majoritaire mais sans blang seing, et une abstention lucide.

Nous souhaitons tous, au delà de notre vote, la réussite de la Gauche au pouvoir, raison pour laquelle nous voulons la réorientation de la politique européennee, la relance par l'investissement ciblé, davantage de pouvoir d'achat et pas sa contraction. La nécessité de contenir la dette puis de la réduire, de faire des efforts pour mieux de dépenses d'État, des collectivités et de la sécurité sociale, l'obligation de réformes structurelles et d'une simplification, aucun de ces chantiers ne nous est étranger, mais nous divergeons sur les moyens et la temporalité. L'austérité avec le risque d'une déflation que beaucoup d'écomistes nous prédisent, ne peut pas s'inscrire sur la feuille de route d'une Gauche de Gouvernement. C'est pourquoi nos débats doivent être nourris et loyaux sur le contenu du pacte de responsabilité comme sur les projets de loi de Finances qui viennent.

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11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 20:45

Retrouvez la tribune d’Emmanuel Maurel parue dans le magazine Marianne sorti le Vendredi 11 avril 2014

marianne-logo1.gifDans son dernier éditorial, M. Julliard convoque Lewis Carroll et le Père Noël (excusez du peu !) pour moquer une formule utilisée par moi le soir du second tour des élections municipales. A l’encontre des apparences, je prétendais en effet que ce scrutin témoignait d’un «indéniable besoin de gauche».

«La France vote à droite», rétorque M. Julliard.  A un homme de lettres, je demande de m’excuser par avance d’opposer le triste prosaïsme des chiffres.

Entre 2008 et 2014, la droite n’a pas progressé en nombre de suffrages exprimés. En pourcentage, elle passe de 45,3% à 45,9%. A contrario, la gauche, elle, s’effondre : elle réalise 43,8% des voix en 2014 là où elle en totalisait 50,9% en 2008. Le différentiel de participation est également frappant : là où François Hollande rassemblait plus de 60% des suffrages exprimés le 6 mai 2012, l’abstention atteint 43,1% ; là où il en recueillait moins de 50%, l’abstention n’est plus que de 38,6%.

La droite ne s’est pas plus mobilisée que d’habitude, ce sont les électeurs de gauche, et singulièrement les socialistes, qui ont boudé les urnes. Il n’y a pas de vague bleue. Il y a une énorme vague blanche, nourrie par la déception, l’impatience, parfois même la colère. A défaut d’un «besoin», cette abstention-sanction de gauche témoigne bien, et même M. Julliard n’en disconviendra pas, d’un «manque». Oui, la gauche manque à une partie de nos électeurs qui se sont reconnus dans le message de la campagne de 2012, et qui ne se retrouvent pas toujours dans une politique qui trop souvent s’en éloigne.

1390661 10201999010448869 1924398699 nMais le reste de la gauche ne profite pas de la déroute du PS, observe finement l’éditorialiste. Ça se discute. Certes, EELV et le Parti communiste ne font pas des percées spectaculaires. Mais ils résistent relativement mieux que les socialistes. Bien entendu, il n’y a pas de principe des vases communicants entre les forces.  Pour mieux étayer son implacable démonstration, M. Julliard fait mine de s’en étonner. C’est oublier que c’est le cas… depuis plus de trente ans ! Pour nos électeurs, même diverse, la gauche est une. Quand le PS défaille, le reste de la gauche en pâtit.

De ces constats, je tirai le soir du second tour des municipales une conclusion : il faut mener une politique plus équilibrée (qui privilégie la relance de l’activité économique à la baisse des dépenses publiques, qui cesse de résumer la question de la compétitivité au seul «coût du travail», et qui fasse de la réorientation de la construction européenne une priorité absolue), soutenue par une majorité plus large (qui rassemble les forces qui ont épaulé François Hollande en mai 2012).

Pour le reste, je fais évidemment mienne l’interprétation «non politicienne» de Jacques Julliard. Le scrutin de dimanche révèle une colère grandissante devant l’apparente impuissance des hommes politiques à peser sur le cours des choses, à maîtriser un monde où l’argent est la mesure de tout. Quand les dirigeants semblent redouter la pression des marchés financiers plutôt que la colère des peuples, comment leur donner tort ?

Mais, de ce constat lucide, M. Julliard tire une conclusion surprenante : «Même de gauche, les électeurs ne croient pas à l’autre politique». Ainsi donc, les électeurs sanctionneraient une ligne qu’ils considèreraient pourtant comme la seule possible ? Cela ne tient pas. Pour une raison simple. Le peuple, dans sa grande sagesse, n’a jamais cru que la politique se réduisait à un choix entre deux seules options : celle des raisonnables (il fut un temps où ils s’enorgueillissaient d’appartenir à un «cercle») et celle des irréalistes (tous les «autres»). Il y a une multitude de politiques possibles. Il y a des dizaines de choix. A commencer par celui de changer de cap quand les résultats ne sont pas au rendez-vous.

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