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12 avril 2014 6 12 /04 /avril /2014 15:24

Pourquoi je me suis abstenu lors du vote de confiance au Gouvernement.

C'est la conjonction de plusieurs réflexions.

526x297-upg.jpgLa première, c'est l'analyse de la situation qui a précédé et permis l'élection de François Hollande à la Présidence de la République. Le terreau d'un défaite de Nicolas Sarkozy était palpable, au delà du bashing médiatique, dans nos échanges avec les citoyens. L'épisode DSK a conforté le rejet du Président sortant et l'émergence définitive d'un homme simple, déterminé et préparé pour relever le défi de la Gauche de gouvernement. La réussite des primaires, leur modernisme ont étouffé les divergences au sein du PS au bénéfice du mano a mano Gauche-droite qui s'annonçait. Il y avait dans nos sections une ferveur qui écartait presque mécaniquement le spectre d'une éventuelle défaite. L'aspiration à tourner la page était partout présente. La conjonction de notre candidat à son meilleur et la vigueur des mollets militants ont fait (de peu) la différence.

 Cette victoire attendue de François Hollande appartient donc à nos militants, au cercle large de nos sympathisants, aux différentes familles de la Gauche, et plus largement à celles et ceux qui ont affirmé leur volonté de changement dans les urnes. Nos victoires législatives, souvent dans des circonscriptions difficilement gagnables, la mienne en fait partie, nous ont offert la majorité absolue à l'Assemblée Nationale, une situation confortable à haut risque.

Rappeler ces évidences permet de mesurer le niveau du retournement démocratique vécu douloureusement par notre famille politique les 23 et 30 mars. J'en tire une première conclusion, ne jamais oublier les origines du pouvoir qui nous est confié le temps d'une mandature.

La seconde me vient de notre exercice de ce pouvoir, fondu dans le moule de la Vème République, jusqu'à notre parti maladroitement aligné et totalement absent du débat politique. Dans le groupe SRC, si l'ambiance est bonne, le temps du débat sur les grands enjeux est souvent réduit avec comme épine dorsale d'un discours globalisant, un soutien sans faille au Gouvernement. Notre marge de manoeuvre est faible, nos alertes, nos inquiétudes, nos désaccords peu audibles.

Le fait majoritaire est une réalité qui s'impose à l'ensemble des camarades, et mon vote n'a jamais fait défaut (j'assume mes votes sur l'ANI et la réforme des retraites par exemple puisqu'ils ont fait polémique et m'ont été reprochés) sauf sur le TSCG, car la question européenne reste au coeur de nos combats contre la doxa libérale de la commission.

La troisième a pris naissance avec l'affirmation d'une politique économique et fiscale discutable à plusieurs titres. L'absence de la nécessaire réforme fiscale outil de justice sociale, la déclaration mortifère du ras le bol fiscal, la contraction du pouvoir d'achat qui ne semble avoir été ni anticipée, ni maitrisée et enfin des annonces d'aides aux entreprises sans ciblage ni contreparties réelles. Et cerise sur la gateau, 50 milliards d'économie dont près de la moitié sur la protection sociale ce qui n'a fait que nourrir mes doutes et mon inquiétude.

Fallait-il en ma qualité de député de la majorité aller jusqu'à un vote d'alerte vis à vis du Gouvernement ? J'ai participé dès le début à un mouvement de députés socialistes qui a agrégé une petite centaine centaine d'entre nous appelant à un "contrat de majorité" et à un parlement co-constructeur de la politique menée. Notre initiative n'était pas une défiance vis à vis du nouveau Premier Ministre et de son Gouvernement et s'interdisait de nourrir tout risque, fusse-t-il microscopique, de censure. Et si notre prise de parole heurte la pratique de la Vème, il était inconcevable de rester muets après la déroute électorale. La traduction dans les votes s'est partagée entre un soutien très majoritaire mais sans blang seing, et une abstention lucide.

Nous souhaitons tous, au delà de notre vote, la réussite de la Gauche au pouvoir, raison pour laquelle nous voulons la réorientation de la politique européennee, la relance par l'investissement ciblé, davantage de pouvoir d'achat et pas sa contraction. La nécessité de contenir la dette puis de la réduire, de faire des efforts pour mieux de dépenses d'État, des collectivités et de la sécurité sociale, l'obligation de réformes structurelles et d'une simplification, aucun de ces chantiers ne nous est étranger, mais nous divergeons sur les moyens et la temporalité. L'austérité avec le risque d'une déflation que beaucoup d'écomistes nous prédisent, ne peut pas s'inscrire sur la feuille de route d'une Gauche de Gouvernement. C'est pourquoi nos débats doivent être nourris et loyaux sur le contenu du pacte de responsabilité comme sur les projets de loi de Finances qui viennent.

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