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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 15:38
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17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 09:14

Les rites de la politique (4) : le manifeste-qui-pose-des-conditions

Le déroulement de la précampagne présidentielle est absolument satisfaisant : il permet à Variae de mener à bien son entreprise anthropologique de clarification des us et coutumes politiques, à destination des honnêtes hommes (et femmes) qui les observent sans toujours les comprendre. Louons Pierre Moscovici, digne épigone dskien, de nous donner aujourd’hui l’occasion de nous pencher sur un des exercices idéologiques les plus périlleux qui soit : la rédaction d’un manifeste-qui-pose-des-conditions, parfois familièrement baptisé ultimatum, et dont le téméraire « L’audace d’innover », rédigé par l’ex-lieutenant de DSK, est un parfait exemple.

D’où part l’envie d’écrire un tel texte ? Du refus de voir une phase de choix politique, en l’occurrence celle des primaires socialistes, se « réduire à des enjeux de personne », à des « calculs politiciens », bref au « narcissisme des petites différences ». Il va donc s’agir a contrario de créer de la grosse différence, de produire un texte qui « se veut comme un point de repère et un ensemble d’exigences » pour « structurer le débat ». Bref, signer tel le Z de Zorro un coup de tonnerre politique qui se démarque du projet socialiste, et qui force ensuite tout un chacun, du plus petit militant au plus grand cacique, à se définir par rapport à lui. Comment faire ?

 

Première règle d’un tel texte : soigner particulièrement le titre. Autant le dire, la facilité aurait voulu, dans le cas présent, que Pierre Moscovici opte pour un classique « Prudence et conservatisme », voire se laisse aller à un « Pas trop vite, pas trop loin, et sans risque ». Son choix courageux de « L’audace d’innover » annonce au contraire fièrement la couleur : entre les passéistes, les trouillards, et lui, il va falloir choisir.

 

Deuxième règle : commencer par un diagnostic décoiffant et susceptible de bouleverser la vision du monde de ses lecteurs. On apprend ainsi ici qu’il y a eu une « crise du capitalisme » que la droite « a su habilement détourner » pour « détricoter les services publics » ; qu’à cela s’ajoute, plus surprenant encore, une « crise démocratique » avec un « fossé entre citoyens et puissance publique », sans même parler de cette Europe « trop loin des citoyens ». Trop de vérités injustement tues jusqu’alors dans les cénacles socialistes, et qui éclatent enfin au grand jour.

 

Troisième règle : trancher dans le vif, en assumant clairement des positions noir sur blanc, à rebours des compromis fuyants, et quitte à choquer. On réclamera ainsi « Un État modernisé et efficace, qui intègre au cœur même de son action la notion de l’usager et de sa satisfaction et la culture du résultat », pour marquer une frontière nette, suppose-t-on, avec les (nombreux) socialistes qui se tamponnent des « usagers » et des « résultats ». On expliquera que l’on est pour le « désendettement », mais contre les « coupes budgétaires » ; qu’il faut « revenir sur la « réforme » des retraites du gouvernement Fillon », « mais également approfondir notre propre approche » ; bref, que oui, mais que non, sans exclure que oui, et sans oublier que non. On ajoutera qu’il est nécessaire, enfin, d’investir dans les « secteurs d’avenir », rupture fracassante et historique avec tous ceux qui revendiquent farouchement l’investissement dans les secteurs du passé et ne servant plus à rien. Notons d’ailleurs qu’il est fort justement écrit que la gauche devra mettre en place non pas un plan d’investissement, mais « un véritable plan d’investissement », non pas une sécurité sociale professionnelle mais une « véritable sécurité sociale professionnelle », et porter non pas une relance européenne, mais une « véritable relance européenne ». Autant de nuances véritablement lourdes de sens.

 

Quatrième règle : le manifeste-qui-pose-des-conditions se doit de présenter des propositions suffisamment précises et originales pour contraindre véritablement les candidats à se positionner à leur sujet. Le présent texte fourmille de ces pépites. Sur les banlieues ? « Il faudra aussi avoir le courage [l'audace, quoi] de faire des choix et, lorsque ce sera nécessaire, de concentrer les moyens sur ceux qui en ont le plus besoin. ». Sur l’éducation, « cause d’envergure nationale » ? Il ne faudra pas craindre de « créer une école publique moins inégalitaire, plus performante et plus ouverte en s’appuyant sur ceux qui en sont la chair : les enseignants ». On transpire à grosses gouttes. L’innovation et l’audace (l’audace d’innover, en somme) atteignent leur acmé sur la douloureuse et ô combien actuelle question du protectionnisme : la solution ici imaginée est celle de « l’Europe pragmatique et soucieuse de sa compétitivité ». C’est simple : une Europe qui affirme « ouverture » et « internationalisme », sans nuire « aux intérêts fondamentaux de ses citoyens », tout en n’étant pas « plus libre-échangiste, mois protectrice de ses intérêts » que les autres. Bref, une Europe ouverte sans être ouverte, enfin pas moins ni plus que les autres puissances et surtout pas au détriment des Européens mais attention, pas non plus à celui de ses principes. Simple, non ? Je ne m’abaisserai même pas à répondre aux lecteurs taquins, ou de mauvaise foi, qui feindront de ne pas voir la différence avec le projet voté par tous les socialistes, qui préconise de trouver un juste milieu entre « Europe passoire » et « Europe bunker ». Je ne relèverai pas plus quand les esprits chagrins maugréeront que la proposition en matière fiscale – « s’attaquer à l’immense chantier de la fiscalité » via la « réforme (…) portée dans le débat par le travail de Camille Landais, Thomas Piketty et Emmanuel Saez » – n’est pas si clivante et originale, puisque revendiquée jusqu’à Marine Le Pen. Qu’on se le dise : c’est une voie véritablement originale qui est prescrite ici, un point c’est tout.

 

Pour finir, crevons l’abcès. Je sais que certains d’entre vous ont lu ces lignes un sourire sarcastique aux lèvres, faisant fi du débat de fond pour ne se concentrer que sur une idée fixe : au fond, justement, ce texte vaudrait, comme tous les manifestes-qui-posent-des-conditions, moins par son contenu que par sa liste de signatures de « Parlementaires, Présidents de Conseils régionaux et généraux, Maires de villes de plus de 10 000 habitants, Membres du Conseil national ». Au fond ce texte serait à un manifeste ce qu’un préfabriqué est au château de Versailles, une contribution banale produite en pilote automatique, une sorte de « Mosco minute soup » comme me l’a soufflé un odieux blogueur gauchiste. Au fond donc, tout ce texte ne serait qu’un habillage et un prétexte pour un catalogue de soutiens, susceptibles de basculer avec armes et bagages, à la suite de l’auteur, vers un camp ou vers un autre dans la primaire qui vient, et qui serviraient donc de monnaie d’échange dans les futures négociations – par exemple pour Matignon, ou pour la direction du parti socialiste. Les partisans de cette triste interprétation brandiront surement, à l’appui de leur raisonnement, la menace proférée il y a peu par Pierre Moscovici, tel un vulgaire candidat pourquoipasmoi, à destination de François Hollande et Martine Aubry : soit vous passez un accord avec moi d’ici une semaine, soit je me présente aux primaires contre vous.

 

J’espère que le présent billet aura fait toute la lumière sur cette sortie médiatique : il ne s’agit nullement, pour le député du Doubs, de poser un ultimatum dans une logique d’« enjeux de personne », de « calculs politiciens », bref de « narcissisme des petites différences », mais bel et bien de faire peser un « point de repère et un ensemble d’exigences » pour « structurer le débat », avec ce texte véritablement décoiffant et qui fera date – n’en doutons pas. Car comme le dit le proverbe, la fortune sourit aux audacieux.

 

Romain Pigenel

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 09:45
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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 14:23


L'intégrale du point presse du lundi 16 mai par PartiSocialiste

La déclaration de Benoît Hamon :

Nous avons appris dans la nuit de samedi à dimanche à l’aube la nouvelle de l’arrestation et de l’inculpation par la police et la justice américaine de DSK pour des faits graves. Comme tout le monde j’ai été frappé, abasourdi par l’information.

Nous disposons à cette heure-ci d’informations parcellaires, incomplètes et de versions contradictoires : celle de la jeune femme qui a porté plainte et celle de DSK qui nie les faits.

Dans une telle situation d’incertitude: nous devons nous en tenir aux principes.

DSK est présumé innocent

Il est inutile d’écrire l’histoire à l’avance dans ses conséquences pour l’avenir de DSK lui même, dans les conséquences de cette affaire pour le FMI, pour la France, pour la présidentielle et pour les primaires.

Le Parti socialiste s’il se sent évidemment concerné par la situation reste concentré sur la réponse qu’il doit apporter aux Français : le chômage, le pouvoir d’achat et les inégalités.

C’est pourquoi, le Bureau National du PS auquel Martine Aubry ne devait pas participer en raison de son déplacement sur le projet à Bordeaux est avancé à midi en sa présence. Cela permettra aux socialistes de se retrouver et d’échanger sur la situation. Le déplacement à Bordeaux auprès des français sur le projet est maintenu. Le lendemain Martine Aubry participera au Forum sur l’enseignement supérieur.

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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 13:44

BrunPour toutes celles et tous ceux qui sont nés dans les années 1970, il n’y a de « souvenir » de 1981 que reconstruit au gré des récits familiaux, des rétrospectives et des soirées militantes. Pour ceux là, il n’y a pas de nostalgie. Juste peut‐être un léger regret, celui de ne pas avoir connu « ça » : l’ivresse de la victoire après des décennies d’opposition, le sentiment de participer à un événement historique, le fol espoir que tout est désormais possible.

Car pour la plupart, les trentenaires d’aujourd’hui se sont engagés au Parti socialiste au temps peu enthousiasmant du mitterrandisme crépusculaire (celui du franc fort et des affaires).

Ils ont été élevés au « devoir de grisaille » et au « droit d’inventaire », prévenus contre les promesses de lendemains qui chantent. Ils ont été convaincus que les grandes espérances meurent souvent en de grandes désillusions, et que leur socialisme, désormais nécessairement européen, sera gestionnaire et réaliste ou ne sera pas. Bref, non seulement ils n’ont pas eu la chance de « vivre » 81, mais il leur a été conseillé de se résigner à ne le vivre plus. En gros, il est demandé aux nouvelles générations militantes (celle qui n’ont pas vécu 81) d’avoir moins d’ambitions pour avoir moins de remords.

Si 81 demeure, pMoins d'ambition, moins de remords ?our tous les socialistes, une référence, c’est parce que la gauche a vaincu, en mai, une double malédiction. Celle de la Vème république, qui semblait interdire l’accès au pouvoir à une gauche trop défiante du pouvoir personnel. Celle de la durée, puisque l’histoire de France enseignait que les destins des gouvernements progressistes étaient de disparaître en moins d’un an, après d’éphémères « feux de joie sociaux » (l’expression est de Lionel Jospin). Tous les socialistes savent gré au « génie tactique » de Mitterrand d’avoir surmonté ces deux obstacles.

Mais pour le reste, la vulgate retient de 81… 83, c’est‐à‐dire le tournant de la rigueur (« inévitable »), en attendant l’avènement du messiannisme communautaire (le « grand dessein » européen) censé faire oublier l’idéologie de la rupture. Bref, 81 nous aurait appris l’amère saveur du renoncement (version mélancolique) ou le salutaire « rappel à l’ordre » de la confrontation avec la réalité (version technocratico‐optimiste).

Cette réécriture, si elle est majoritairement admise, occulte cependant un fait essentiel. En deux ans, et en dépit des obstacles, des réticences, des incroyables résistances aussi, la gauche au pouvoir a appliqué l’essentiel des 110 propositions ! Il serait fastidieux de reproduire ici l’ensemble des mesures votées. Mais l’oeuvre législative, immense, a contribué à changer le pays, tant du point de vue des libertés (abrogation de la peine de mort, fin des procédures d’exception, dépénalisation de l’homosexualité, liberté de réunion dans les lycées) que de la redistribution des richesses (cinquième semaine de congés payés, revalorisation du SMIC, des allocations familiales, retraite à 60 ans).

Alors, bien sûr, il y a 83 et la rigueur, 85 et l’élaboration de l’Acte Unique, aux inspirations si éloignées des principes du programme commun. Mais le « socialisme de gouvernement » à la française ne saurait se résumer à cette inflexion. De la même manière que le quinquennat primoministériel de Jospin c’est à la fois les 35 heures ET le traité d’Amsterdam, les emplois jeunes ET la privatisation de France Telecom, il n’y a pas de lecture univoque des septennats mitterrandiens.

Les détracteurs de gauche du PS ont assimilé ces dernières décennies à un lent cheminement vers la banalisation idéologique (le PS est devenu un « parti social démocrate européen comme un autre ») et l’indifférenciation politique (le débat hexagonal se résume à un choix entre centre gauche et centre droit, sur fond d’acceptation unanime du libéralisme économique).

Cette grille de lecture est contestable. L’immense majorité des militants (et même des dirigeants) du parti socialiste ne se reconnaissent pas dans ce qu’on a jadis appelé le « social libéralisme ». Mais ils sont de plus en plus rares à croire à la possibilité d’un changement radical, perméables qu’ils sont, comme n’importe quel de leur concitoyen, à l’idéologie dominante.

Pour le dire autrement, s’ils se refusent à théoriser le renoncement (parce qu’ils ne se résolvent pas à vivre dans une « société de marché » dans laquelle le capital est toujours favorisé au détriment du travail), les socialistes français au pouvoir ne se donnent pas toujours les moyens d’affronter (pacifiquement, cela va de soi) celles et ceux qui n’ont pas intérêt au changement, pas même de poser le rapport de forces aboutissant à un compromis favorable au monde du travail.

Résumons. Pour celles et ceux qui étaient trop jeunes pour goûter l’événement à mesure historique, « 81 » reste comme une métonymie de « la gauche au pouvoir dans la durée ». Avec ce que cela comporte d’espoir, de réalisations concrètes, mais aussi de difficultés et de déceptions. Avec aussi un certain nombre d’ « enseignements » à tirer.

Garder le bébé sans l’eau du bain
Une stratégie toujours valable, le rassemblement de la gauche

C’est d’une banalité affligeante, mais il est bon de le rappeler. Avant 81, il y a eu un long travail de construction programmatique. Il y a surtout eu un pari stratégique, celui de l’union de la gauche. En dépit des scepticismes (voire des oppositions) en interne, des multiples tentatives communistes pour y mettre un terme, la majorité mitterrandiste du PS a « tenu bon » sur l’unité. Cette nécessité du rassemblement, elle vaut aujourd’hui plus encore hier. Mais nous ne pouvons nous contenter de construire un simple cartel électoral. Pour gagner demain, il faut engager toutes les forces de la gauche autour d’un contrat de gouvernement qui prépare l’alternative.

Une exigence, un projet de transformation sociale

Les socialistes d’aujourd’hui ne sont pas victimes du « syndrome du mur de l’argent », celui qui hantait les victorieux de 81, tétanisés par le souvenir de leurs glorieux prédécesseurs de 36 dont les ardeurs réformatrices se brisèrent contre les résistances des possédants. Les socialistes au pouvoir ont démontré qu’ils étaient de « bons gestionnaires » (à l’aube des années 90, une monnaie forte et une inflation faible, même la droite n’osait en rêver !), qu’ils avaient définitivement intégré la sacro sainte « culture de gouvernement ». A l’exception de quelques marginaux de droite, aucun commentateur ne croit sérieusement que la gauche française n’a d’autre vocation que de vider les caisses avant de s’en retourner dans le confort paisible de l’opposition.

A l’inverse de 81, le PS ne fait plus peur à personne. Et c’est peut être là le problème. Obsédés par les grands équilibres et les contraintes extérieures, rivalisant d’imagination dès qu’il s’agit d’inventer l’austérité rose d’après 2012, les dirigeants socialistes semblent parfois perdre de vue l’essentiel : leur mission historique, leur raison d’être, c’est la redistribution des richesses. Plus prosaïquement, et pour paraphraser un Gaston Deferre peu suspect de gauchisme, la gauche au pouvoir, ce sont d’abord les augmentations de revenus salarial pour les classes populaires et moyennes. « S’il n’y a pas ça, le reste ne vaut pas ».

Nous aurons bon exhiber tous les brevets de bonne gestion et de maîtrise de la comptabilité publique, si notre programme législatif pour la législature à venir ne s’attaque pas frontalement à la question des inégalités sociales (et donc au système qui, structurellement, tend à les faire augmenter), nous ne retrouverons pas la confiance des Français.

Une méthode de gouvernement à (ré)inventer.

Pour gouverner dans la durée, il faut le soutien d’une majorité parlementaire. Pour transformer dans la durée, il faut le soutien actif des forces sociales qui ont intérêt au changement. C’est peut‐être la leçon la plus intéressante de mai 81. Une fois la victoire célébrée, les ministres ont gouverné, les députés ont légiféré, le parti a soutenu le gouvernement.

Mais pour imposer de durables et tangibles avancées, pour vaincre les conservatismes et faire échec aux résistances des possédants, le pouvoir politique ne suffit pas. Sans mobilisation populaire, sans mise en mouvement de la société, l’ardeur réformatrice s’essouffle. Nous étions pourtant instruits par l’exemple de 1936 : les grandes conquêtes sociales de juin ont été rendues possibles parce que d’immenses grèves ont suivi la victoire électorale. En 81, parce qu’il fallait réussir dans la durée, la gauche politique redoutait la mise en branle du mouvement social, et le mouvement social craignait de gêner la gauche politique. Les deux se sont progressivement éloignés.

Or, pour une gauche de combat, la victoire ne clôt pas un élan, elle a vocation à en ouvrir un nouveau. En ces temps d’apparente apathie citoyenne et de désaffection syndicale, cela peut paraître utopique. Mais au moment où nous prétendons mobiliser des millions de citoyens pour désigner notre candidat(e) à l’élection présidentielle, il serait décevant, pour ne pas dire médiocre, de nous contenter de ce « one shot » démocratique. Plus qu’au choix des personnes, finalement secondaire pour ceux qui comme nous croient avant tout aux aventures collectives, c’est à l’élaboration du projet et à son application concrète, quotidienne, qu’il faut associer le peuple de gauche.

Charlotte Brun
Secrétaire nationale du PS aux personnes âgées et au handicap,
Conseillère régionale d'Île-de-France,
Première adjointe au Maire d'Ecouen

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29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 19:00
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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 15:48
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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 16:54

Leur grand virage à gauche

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Le Point - Publié le 06/01/2011 à 09:48 - Michel Revol

On peine à imaginer Henri Emmanuelli brassant un tas de dollars et tirant sur un cigare cubain plutôt que sur ses brunes. C'est pourtant, en caricaturant un rien, ce qui aurait pu lui arriver." J'ai failli être très riche ", reconnaît l'ombrageux député socialiste des Landes. Au début des années 70, le jeune Emmanuelli entame une carrière de banquier. Il dirige une agence de la Banque de l'Union parisienne à Paris, puis à Rungis. A 27 ans, il passe chez Rothschild, à Pau. Pourtant, il n'aime guère l'argent." Les riches ne sont pas heureux ", découvre alors ce banquier fier de n'avoir jamais possédé une seule action. Mais ses clients l'apprécient. L'un d'eux, détenteur du monopole de l'importation du bois russe en France, lui propose même d'en faire son successeur. Emmanuelli hésite. Il est candidat aux législatives de 1978 dans les Landes." Je me dis : si je perds, j'accepte. " Il gagnera.

Le businessman en puissance est devenu député socialiste, l'un des plus féroces contempteurs du système capitaliste." Oui, je suis un ptérodactyle qui réclame des barrières aux frontières, grogne l'homme dans son étroit bureau de l'Assemblée nationale.Mais je ne suis pas pour le Gosplan, je suis juste pour que chacun ait droit à un peu plus de justice et de dignité. " Entre les deux carrières - l'une avortée, l'autre réalisée -, il y a pourtant un point commun, un même moteur, qui s'appelle sans nul doute la revanche sociale.

La famille d'Henri Emmanuelli est modeste -" Et le milieu social est toujours déterminant dans la vie d'un homme. " Son père est électricien. Il meurt électrocuté quand Henri Emmanuelli a 12 ans. C'est sa mère, femme de ménage, qui l'élève." L'injustice, ce n'est pas seulement ça, raconte le député des Landes.L'injustice, c'est surtout lorsque le boucher refuse au petit garçon que j'étais de faire crédit parce que la précédente note n'a pas été réglée. Voilà qui marque durablement un enfant. " L'un de ses compères en radicalité, Jean-Luc Mélenchon, a aussi vécu des moments fondateurs dans sa jeunesse. Mélenchon est un pied-noir, rapatrié dans le pays de Caux à 11 ans. En Normandie, le choc est non seulement géographique, météorologique, mais aussi social. Mélenchon est le " bicot "." A l'école, les enfants le chassaient à coups de pierres ",raconte un de ses amis. De là, sans doute, son envie inextinguible de révolte -" Résister, c'est exister ", dit-il -, exacerbée par ce peuple au sang bouillonnant." J'ai la chance de vivre dans le seul grand pays où la révolution peut arriver ", confiait aux Inrockuptibles ce fervent républicain, adepte de l'ordre et de la bienséance. Il commencera la révolution chez les trotskistes, avant de se ranger un peu au PS.

Le cas Hamon est différent. On ne contestera pas son penchant pour les idées radicales, lui qui fait à peine la moue quand on le taxe de Garde rouge de Martine Aubry. En revanche, point d'univers à la Zola dans son enfance. Son père est chef d'atelier à l'arsenal de Brest, sa mère, secrétaire. Dans la cité bretonne, pourtant, Hamon s'éveille aux rapports de classes qui régissent la hiérarchie entre ouvriers et hauts gradés." A 18 ans, ce constat relève plus des tripes et de la colère que de la raison ", dit-il aujourd'hui. Comme ses deux aînés, il se radicalise ensuite à la faveur d'une longue sédimentation politique. Patron du Mouvement des jeunes socialistes au début des années 90, Benoît Hamon lance ses troupes juvéniles dans une vaste réflexion, de façon à couper le lien organique et politique qui lie le MJS au PS." J'ai mûri politiquement à cette époque. Nous étions très avant-gardistes sur les sujets de société, avec le mariage homosexuel par exemple, et sur l'économie, avec la réduction du temps de travail. " Les chevau-légers du MJS s'adonnent sans retenue à la radicalité." Les réactions des jeunes sont toujours plus acérées et éruptives, explique l'actuel porte-parole du PS.Cette phase de réflexion nous amène à être beaucoup plus à gauche que le PS. "

Hamon est pourtant encore, à l'époque, proche de Michel Rocard. Il s'enracine à la gauche du parti lors de son travail avec Martine Aubry, dont il devient le conseiller jusqu'en 2000, lorsqu'elle est ministre. Ah, les 35 heures, les emplois-jeunes... Vient le 21 avril 2002. Ce soir-là, Benoît Hamon est à France 2, dans la cellule d'Ipsos installée dans les locaux de la chaîne (il travaille alors pour l'institut de sondages). Vers 19 heures, il apprend l'élimination de Jospin au premier tour. Au même instant, le ministre délégué à l'Enseignement professionnel Jean-Luc Mélenchon est informé du désastre. La défaite est une stupeur et sa cause, une horreur : Jospin a recueilli plus de voix chez les cadres sup que chez les ouvriers." J'étais interdit. Je me suis dit : on arrête nos conneries, on va faire notre devoir, c'est-à-dire renverser la table ", raconte Hamon.

Avec Montebourg et Peillon, il crée le NPS (Nouveau Parti socialiste), cependant que Mélenchon et Emmanuelli fondent Nouveau Monde. Tous les trois s'accordent sur le même constat post-21-avril : le parti, coupé de sa base, incapable de parler au peuple, dérive à droite. Eux ne bougent pas. L'envers, c'est les autres : ils sont à droite, ces usurpateurs du socialisme mitterrandien, ces strauss-kahniens, ces ségolénistes ou ces hollandais qui dérivent sans fin vers la social- démocratie ou, pis encore, vers un social-libéralisme " en faillite pays après pays ", critique Mélenchon." Ceux qui créent l'illusion d'une aile gauche sont ceux qui dérivent vers la droite, car ils sont honteux ", analyse Emmanuelli. Comme le dit d'une phrase bien sentie Benoît Hamon : " Ce n'est pas moi qui me radicalise, c'est le monde. "

Avec le traité européen, qu'ils rejettent tous les trois en 2005, leur colère grandit. Et si c'était ça, le moteur de leur radicalité ? Un regard qui claque et le caractère teigneux, comme le Breton Hamon. Un menton bagarreur et le goût de la provoc, comme Jean-Luc Mélenchon, toujours prêt à souffleter les importuns. L'oeil noir et l'envie jamais repue d'en découdre, comme Henri Emmanuelli." Ils ont en commun un côté sans-culotte : ces trois-là se défient de l'autorité, de l'aristocratie politique ", remarque Laurence Rossignol, secrétaire nationale du PS. Quand Henri Emmanuelli s'oppose à Laurent Fabius, au début des années 90, la querelle tourne à la lutte de classes et de styles : le Landais modeste contre l'énarque privilégié, le défenseur de la classe ouvrière contre le promoteur de la baisse des impôts et de la défiscalisation des stock-options. Plus qu'une opposition, une rébellion.

Soupçons. La radicalité du trio a pourtant des limites. L'alternative - le marxisme - a fait long feu et aucun des trois leaders ne s'est opposé à la nouvelle déclaration de principes du PS, qui, pour faire court, approuve l'économie de marché. Mélenchon a trouvé la parade en créant en 2008 le Parti de gauche, sans convaincre ses ex-camarades socialistes." Trotskiste un jour, trot- skiste toujours ", raille l'ancien ministre Michel Sapin, signifiant par là que Mélenchon reste fidèle à l'agit-prop de sa jeunesse : en quittant le PS, il fait un coup politique et médiatique. Sa radicalité serait une posture. N'était-il pas un ministre heureux à partir de 2000, au sein de ce gouvernement Jospin qui avait " plus privatisé que Juppé et Balladur réunis ", rapporte un élu PS ? Le soupçon plane aussi sur Hamon, coupable, selon quelques ténors, de trouver à la gauche du PS une place pour s'épanouir." Il reprend la maison Emmanuelli en viager ! " s'amuse l'un. A gauche du Parti socialiste, on parle plus fort, plus clair, plus haut. A défaut de frapper juste, on frappe les esprits.

La crise les conforte dans leur combat. Elle signe, jurent-ils, les turpitudes du capitalisme échevelé, et ils ne se gênent pas pour le faire savoir." Excusez-moi d'avoir eu raison ! " ironisait Benoît Hamon aux premiers frissons de la fièvre, en 2008. Emmanuelli doit aussi se féliciter d'avoir pris fait et cause pour la gauche de la gauche, mais pour des raisons différentes : s'il avait choisi la banque en 1978, il serait peut-être aujourd'hui ruiné... En tout cas, vilipendé.

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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 13:21
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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 15:51
par Reinaldo Dos Santos, militants socialistes parisiens
mardi 9 novembre 2010 - article publié sur Facebook

Je n'utilise jamais cette fonction de Facebook, n'étant pas un blogueur, mais j'ai besoin de plus de caractères que ne permet décemment un statut pour m'exprimer sur un sujet qui, j'avoue, me désarçonne un peu.

Je n'ai jamais été un fervent partisan des consensus mous, qui forceraient l'un ou l'autre à accepter un texte qui heurterait profondément ses convictions. Mais là, je ne comprends pas, ou alors j'ai peur de comprendre. « Réalistes » de tous poils ont décidé que le texte préparatoire de cette convention méritait un lynchage public. Dans un premier temps, je m'en suis léché les babines, me disant "dis donc, vu comment ils fulminent, ça doit être une grosse prise de pouvoir des radicaux sur la préparation du projet!", et me suis donc jeté sur la version la plus récente disponible. Et là, cruelle désillusion. Non pas que le texte soit mauvais - il est même très à mon goût - mais j'avoue que je le trouve tout à fait conforme à la commande passée: un texte de préparation du programme présidentiel, sur lequel l'ensemble des socialistes seraient en mesure de se retrouver.

Alors pourquoi de tels cris d'orfraie? Les critiques accusent ce texte d’être « un gros chèque en blanc », d’être un « catalogue », ou encore de ressembler à « la hotte du Père Noël ». Deux réflexions s’imposent immédiatement.

La première, très naïvement, est peut-être que je n’avais pas compris à quoi servaient ces conventions. Puisque de toute façon il n’y a que le projet présidentiel qui engagera le parti et son candidat, il me semblait bien que ces conventions avaient un but prospectif, de façon à renouer avec les forces vives de la gauche tout en commençant à répertorier les chantiers qui nous attendront une fois au pouvoir. Et que par conséquent il s’agissait plus de lister ces chantiers, la hiérarchisation de ces propositions ainsi que leur évaluation financière venant avec la préparation du projet. En clair, les conventions c’est « voici ce que nous considérons comme juste de faire », et le projet et la campagne c’est « voici ce que nous jugeons possible de faire ». Mais peut-être est-ce moi qui ai mal compris, et dans ce cas je prie une âme charitable de m’expliquer avec des mots simples à quoi va servir la préparation du projet, voire à quoi auront servi ces conventions…

La deuxième réflexion, qui est plus un constat, c’est cette terreur des « promesses inconsidérées ». Je suis abasourdi par la timidité de certains de nos dirigeants et camarades, dont le leitmotiv pourrait être « je crois que ça va pas être possible ». Mais il s’agit peut-être ici aussi d’un désaccord d’analyse.

Que demande au PS l’électorat de gauche ? D’être crédible ? Personne ne doute que nous le sommes, hormis la droite qui en a fait son argument ultime et désespéré. Si l’électorat de gauche doutait de notre crédibilité à gouverner, nous ne dirigerions pas la majorité des collectivités territoriales de France. Ce que nos électeurs attendent de nous, c’est une espérance. Qu’on les fasse un peu rêver, quoi ! Nombre d’amis, de parents, de relations de cette gauche pas forcément socialiste m’ont déjà dit « Mais oui, on sait qu’on devra voter pour vous, mais donnez-nous juste envie de le faire, que ça soit moins douloureux ! ». Ces voix qui nous ont manqué par le passé, elles ne demandent que ça : de l’audace !

J’en viens donc à la crainte qui demeure, la crainte de penser qu’au fond, il n’y a pas de désaccord, même pas sur la méthode, mais juste un concours d’opportunités : se démarquer de ce texte, c’est à la fois tenter une OPA sur « l’électorat réaliste », savonner la planche d’Aubry sans pour autant s’en prendre directement à elle (n’insultons pas l’avenir…), et se payer « Hamon le gauchiste qui ferait mieux de rejoindre son pote Mélenchon et nous laisser entre gens responsables ». Là encore, deux interrogations me taraudent.

Tout d’abord, qu’on ne s’aime pas d’un bout à l’autre du Parti Socialiste, ce n’est pas un scoop, et ce n’est même pas une nouveauté historique. Mais de la même façon que j’apprécie toujours peu le comportement de certains camarades de courant qui se roulent par terre en hurlant au libéralisme dès qu’on parle de Valls, Moscovici ou DSK, tirer à boulets rouges sur un texte qui est la résultante d’un travail collectif de toutes les sensibilités du parti simplement parce que le rapporteur s’appelle Benoît Hamon est soit consternant, soit beaucoup trop flatteur. Consternant s’il s’agit juste de se payer l’ami juré à peu de frais. Et beaucoup trop flatteur s’ils craignent que nous ayons réussi à laver le cerveau de tous les dirigeants de ce parti, par le simple fait de tenir la plume…

Enfin, il m’est arrivé plus d’une fois en lisant les textes des conventions précédentes de me dire que je n’étais pas d’accord avec tel ou tel sous-point, ou que telle ou telle proposition me paraissait bien en deçà des besoins du moment. Et j’aurais pu dégommer le texte sur la simple base de ce sentiment, sans pour autant en ressentir une quelconque culpabilité. Mais à chaque fois, nous avons fait le choix de la responsabilité. En étant responsable pour deux, en choisissant de ne pas abîmer la volonté de travail collectif si ce n’était pour une bonne raison (cf l’épisode des annuités de cotisation), nous avons, à mon sens, contribué au redressement du Parti Socialiste depuis 2 ans. Je trouve dommage que d’autres aient choisi, à l’approche des primaires, d’être irresponsables pour deux…

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