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4 mars 2009 3 04 /03 /mars /2009 16:03
Du grain à moudre
par Julie Clarini et Brice Couturier
du lundi au vendredi de 18h30 à 19h15
Du grain à moudre


de Brice Couturier

Ecoutez

émission du mardi 24 février 2009
Tous keynésiens ?


L’homme de l’année est décédé depuis 63 ans. Selon nombre de commentateurs, John Maynard Keynes est l’inspirateur des plans de relance qui se succèdent à un rythme vertigineux depuis trois mois. En France, où néo-classiques et autres néo-libéraux étaient très impopulaires, on proclame « la revanche de Keynes ». Et, en effet, nous assistons à une panne du crédit - dû à la défiance des banques entre elles, qui est en train d’entraîner une asphyxie progressive de nos économies. Les acteurs économiques, ménages et entreprises, qui ont perdu confiance, réduisent leurs dépenses et retardent leurs décisions d’investissement. C’est une conjoncture que Keynes avait décrite dans sa « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » de 1936. Le moment est donc keynésien. Face à cette asphyxie, monte de partout l’appel à la dépense publique pour venir relayer une demande qui s’enraye. Partout aussi, le recours aux déficits budgétaires et à une politique monétaire laxiste, sont mis en œuvre pour tenter de stimuler les investissements. Tout cela aussi est bien conforme aux exhortations prodiguées par Keynes à Roosevelt à l’époque du New Deal.
Reste que ce « retour à Keynes » est vivement critiqué par nombre d’économistes, selon lesquels ce sont précisément les « relances keynésiennes » à répétition, en France, et la politique d’argent facile, aux Etats-Unis, qui nous ont précipités dans la crise actuelle – et qu’elles ne sauraient donc nous en sortir. Reste aussi que tous ces milliards, empruntés par les Etats pour être injectés dans les économies devront un jour être remboursés. Choisiront-ils la voie des impôts ou celle de l’inflation ?
Enfin, la famille keynésienne est déchirée en clans multiples dont chacun tire à soi la couverture et prétend fournir le sens ultime d’une œuvre aussi complexe qu’ambitieuse.

Invités

Jean Paul Azam au téléphone depuis la Belgique.  Professeur d’économie à l’Université de Toulouse

Bernard Maris.  Economiste
Journaliste
Enseigne à l'Institut d'études européennes de Paris VIII

Jan Horst Keppler.  Professeur à Paris Dauphine actuellement en détachement dans un organisme international



les livres


Bernard Maris et Gilles Dostaler
Capitalisme et pulsion de mort
Albin Michel - janvier 2009

Krach financier, panique, fuite vers la liquidité : la crise qui entraîne aujourd'hui le monde vers son effondrement est comparable à celle des années trente, mue à nouveau par ce que Keynes appelait « le désir morbide de liquidité », et Freud, plus abruptement, « la pulsion de mort ». Nichée au coeur du capitalisme, cette pulsion le pousse à détruire et à s'autodétruire.

Cet ouvrage propose une lecture du capitalisme à travers le double prisme de Freud et de Keynes. Il dévoile ce que ce tout jeune système au regard de l'histoire de l'humanité recèle de menaces pour elle à travers son énergie mortifère, et laisse entrevoir « l'au-delà du capitalisme ». Fruit de plus de dix ans de recherches, il se trouve être, brutalement, d'une extraordinaire actualité.

- 4ème de couverture -


Bernard Maris
Keynes ou L'économiste citoyen
Presses de Sciences Po - Septembre 2007

Jamais sans doute la prégnance de l'économie n'a été aussi forte dans la vie politique et sociale, et jamais la pensée de Keynes n'a autant été d'actualité et aussi mal comprise. Au-delà des trop connues politiques de relance macro-économiques et de lutte contre le chômage, le message de Keynes est une conception totalement originale des rapports de l'économie et de la société. Aux sources de l'analyse keynésienne se trouve une réflexion singulière sur la psychologie des hommes et leurs rapports à l'argent, une théorie particulière de l'avenir et de l'incertitude, et partant de la justification du profit, une conception révolutionnaire du marché. Keynes peut nous enseigner aujourd'hui comment l'économie, qui semble s'être provisoirement émancipée de la société, peut à nouveau redevenir citoyenne et civilisée.

- Note de l'éditeur -


Jan Horst Keppler
L'économie des passions selon Adam Smith : les noms du père d'Adam
Kimé - Mai 2008

L'oeuvre d'Adam Smith ne cesse de fasciner. Elle puise sa fertilité de son caractère paradoxal où l'abandon irréfléchi à un mimétisme économique, façonné par le mécanisme de la sympathie, se met au service d'une téléologie sociale. Les pulsions égoïstes et violentes sont ainsi canalisées, et permettent d'établir une sociabilité qui sera la base de la poursuite du bien-être économique et de la propagation de l'espèce, thèmes centraux du discours smithien qui fait part sur ce point des réflexions sur la «douceur du commerce».

La contribution révolutionnaire d'Adam Smith qui fondera la nouvelle «science économique» s'opère pourtant au niveau des structures informationnelles qui sous-tendent cette opération. La «sympathie» ne structure non seulement les préférences humaines à travers la reconnaissance des propres sentiments dans l'image spéculaire de l'autre, mais établit entre les individus une communication à base de représentations iconiques qui permettra l'émergence d'une société de marché marquée par l'absence de coûts de transaction, la division du travail, et la maximisation du bien-être général.

Que ces bienfaits du comportement économique soient rachetés à un prix lourd est le signe de la complexité de l'oeuvre smithienne. En s'adonnant au jeu de la sympathie, l'individu smithien perd l'approbation du «spectateur impartial», le dépositaire original de ses aspirations éthiques, et sera en proie à une profonde mélancolie. La recherche toujours plus ardue, et la multiplication des noms de cette figure paternelle qui est le «spectateur impartial», accompagnent en contrepoint la construction des bases communicationnelles de la société de marché dans la Théorie des Sentiments Moraux. Vers la fin, la coupure du contact direct avec le «spectateur impartial» annonce la Richesse des nations où une société fraternelle bâtie sur le respect des lois se substitue à la négociation individuelle de la Loi du «spectateur impartial».

Dans ces deux livres complémentaires, Adam Smith nous livre ainsi une théorie du comportement social parfaitement élaboré à la fois dans ses présupposés anthropologiques, psychologiques et informationnelles ainsi que dans ses conséquences économiques, politiques et sociales. La synthèse paradoxale de la fin, structurée autour de la main invisible, nous démontre le plan d'une société où le «spectateur impartial» se retire pour mieux assurer la réussite de ses desseins.
- 4ème de couverture -


les liens


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La crise financière comme vous n'en avez encore jamais entendu parler dans ce dossier avec des paroles d'intellectuels, un peu de pédagogie et un forum pour vous exprimer.
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