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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 16:22

Liberation.fr - 8 mars 2013 - 15:24 - par Emmanuel Maurel

Tribune - Vice-président de la région Ile-de-France, le socialiste Emmanuel Maurel réagit à l'édito de Nicolas Demorand du 6 mars sur la situation de l'emploi en France, titré «Compromis».

MaurelBien sûr, la politique passe par des compromis. Mais on ne les concède pas, on les gagne, au terme de vrais combats. On ne rend pas les armes avant la bataille, on commence par rendre les coups !

Or ce n’est pas un «compromis» que vous nous proposez, c’est une défaite en rase campagne. Vous pensez peut être aider ce gouvernement en endossant le costume des résignés : vous ne faites que décourager un peu plus celles et ceux (et il y en a beaucoup parmi vos lecteurs) qui n’ont pas renoncé à changer la vie.

Oui, la situation économique est extrêmement difficile, oui, la crise est d’une ampleur inédite, oui, le rapport de forces est, dans un tel contexte, plutôt défavorable au monde du travail. Mais de là à rejoindre la cohorte des éditorialistes assoupis, fatalistes, toujours prompts à énumérer les «sacrifices nécessaires» et les mutations «inéluctables» ?

«Travailler plus pour gagner autant voire moins» ? «Rendre des droits chèrement acquis» ? Il n’y aurait donc pas d’alternative possible ? Rien d’autre à faire que courber l’échine et attendre que ça passe, en priant pour qu’il y ait le moins de casse possible ? C’est ça que vous proposez aux «entrepreneurs et aux salariés» qui, comme vous le soulignez justement, «n’ont jamais boursicoté» ? Ce serait donc à eux de payer, point barre. Il faudrait accepter l’ordre des choses, à ce point ? Ne pas réagir ? Ne pas se battre ? Ne pas essayer, au moins ?

En reprenant à votre compte tout ce que vous fustigiez hier chez Sarkozy (je n’aurais pas la cruauté de citer ce que vous écriviez il y a un an à peine), vous accréditez la thèse des tenants du «there is no alternative», qui alimente les «populismes» dont vous déplorez la progression. L’austérité, un mal nécessaire ? Le démantèlement de notre modèle social, la flexibilité du marché du travail, des mesures de bon sens ? Et vous prétendez qu’il ne s’agit pas là d’«idéologie» ? Mais c’est quoi alors ? De la science ?

Au moment où la course folle à l’austérité soulève, partout en Europe, de légitimes indignations, vous prétendez qu’il est «pragmatique» de continuer d’aller dans le mur. Au moment où même les économistes du FMI redécouvrent les vertus de la relance keynésienne, vous semblez vous ranger du côté des gardiens du temple libéral.

La politique, c’est évidemment des compromis, mais aussi des choix. Vous semblez penser qu’il n’y en a plus ! Vous voulez qu’on se rende… à l’évidence, là où il faudrait se libérer du carcan de la pensée toute faite, de ce que vous appeliez jadis «l’idéologie dominante». Il suffit pourtant de parcourir votre journal pour se rendre compte qu’il y existe d’autres choix. Les Islandais ont bien tenu tête aux banquiers ! Les Suisses s’y mettent ! Même Obama plaide pour une augmentation du salaire minimum. Et nous serions les seuls, nous Français, nous Européens, à devoir subir sans rien dire le chantage à l’emploi que tentent d’imposer ceux qui sont passés entre les gouttes de la crise qu’ils ont provoquée.

Oui, il existe d’autre choix que celui du social défaitisme qui ne mérite pas le beau nom de «compromis» que vous lui affublez. Celui du volontarisme comporte des risques, des incertitudes ; rien ne garantit qu’il réussisse tant sont nombreux les obstacles, les résistances.

Nul ne nie la difficulté de la tâche. Mais c’est dans les moments de grandes turbulences qu’il faut faire preuve de courage.

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 23:01

François Bazin (Le nouvel observateur) auteur de «Pilhan, le sorcier de l'Elysée», était l'invité des Entretiens de Solférino

Jacques Pilhan (1943-1998) ou l’histoire improbable d’un conseiller de l’ombre qui a façonné les relations de deux présidents, François Mitterrand et Jacques Chirac, avec les Français. Qui mieux que François Bazin, Rédacteur en chef du service politique du Nouvel Observateur pour évoquer le parcours singulier d’un homme hors du commun?

>> Les bonnes feuilles du livre sur l'Express.fr

Invité des Entretiens de Solferino, ce journaliste de renom s’est vu attribuer le prix du Livre politique par l’association Lire la politique pour l’ouvrage - Pilhan, le sorcier de l'Elysée - qu’il vient de consacrer à ce personnage à la fois influent et discret. « Il a été sans aucun doute le précurseur de la communication moderne, contribuant à la mise en scène du pouvoir », résume Emmanuel Maurel.

Vie de bohème

Pilhan ou l’histoire d’un homme fascinant, complexe et intuitif, aux prises à de multiples contradictions, dont le rôle s’est révélé décisif, jusqu’à sa disparition. Influent, surtout, voire même déterminant sous les septennats de Chirac et Mitterrand. Né à Tarnos, ville rouge située dans les Landes, il n’a pas vraiment conservé un bon souvenir de son passé… « C’était un surdoué qui n’était pas dans le rythme des autres, confie François Bazin. À Paris, il a mené une vie de bohème assumée. Intéressé par la politique, mais pas engagé, il s’est révélé en 1980, intégrant la campagne du candidat Mitterrand, avant de se rapprocher de l’Élysée, en 1983 ».

Il aimait le luxe par-dessus tout et seul le pouvoir captivait cet amateur invétéré de poker. « Peu de responsables politiques de gauche ont échappé à son filet », concède le journaliste en référence à une personnalité « diabolique et mystérieuse » qui sentait quelque peu le souffre. Et qui a joué un rôle déterminant dans la vie politique française… « L’installation d’un Mitterrand jupitérien, erratique et proche du peuple lui est propre. Au même titre que la posture chiraquienne, la fracture sociale ou la mise en scène d’un Bernard Tapie.»

Psychanalyse, marketing et anthropologie

La campagne de 81 est centrée sur l’homme, la posture de Mitterrand, en rupture avec celle qu’incarnait le leader naturel de la gauche, en 1974. Pour la première fois, la personnalisation entre ainsi en ligne de compte… « Avec Pilhan, la gestion de l’homme se révèle tout aussi essentielle que la campagne elle-même. L’idée est de travailler sur une marque, de la faire vivre dans la durée ». Adepte de la psychanalyse, du marketing et de l’anthropologie, il était une sorte d’« artisan d’art », fasciné par la personnalisation à outrance et le petit écran. « La télé, c’est le spectacle, affirmait-il. Le décor, la mise en scène sont tout aussi importants que le fond ». Voici donc ce journaliste atypique érigé en Monsieur Loyal d’un spectacle dont le président est l’épicentre.

Attentif au moindre détail, Pilhan n’a pas lésiné sur le jeu des éclairages et des sunlights, conférant ainsi à François Mitterrand une posture erratique. Rien là de bien étonnant pour celui qui ne croyait guère aux sondages et qui ne manquait pas de pointer au détour de phrases assassines l’influence de l’opinion dominante sur la population. Il vouait, en revanche, un véritable culte aux études qualitatives qui lui permettaient de monter des stratégies vulpines.

«Courtisan silencieux et discret»

Chirac en a tiré profit, 2002, à la faveur de sa réélection. « À ses yeux, le chef de l’État était l’incarnation même de l’autorité et de la vertu, précise François Bazin. Pour être crédible, il faut être entendu, justifiait-il. Peilhan était le théoricien de la rareté ». Loin d’une vision de l’« offre constante » qui porte clairement préjudice à Nicolas Sarkozy. Lequel assume un double rôle de souverain démocrate et de Premier ministre qui contribue à brouiller son image.

Influence surévaluée ? François Bazin assume. « Pilhan était un courtisan silencieux et discret, ce que Mitterrand appréciait par-dessus tout. Il l’a convaincu d’aller loin, très loin même dans la transgression. Son rôle était à cet égard déterminant. En 1988, comme il le fut sept ans plus tard lors de la réélection de Chirac ». Mieux, il a conforté l’image de François Mitterrand, déroulant sans cesse sous les yeux du stratège socialiste le film de sa vie politique. Au point d’en faire un personnage incontournable de la scène médiatique française.

Bruno Tranchant

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28 octobre 2008 2 28 /10 /octobre /2008 14:26

Reportage
envoyé par benoit-hamon
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