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17 octobre 2008 5 17 /10 /octobre /2008 15:20

Pour un nouveau réalisme économique de gauche.
Par Benoît Hamon

Les propositions du candidat à la succession de François Hollande face à la crise, lors d'une conférence à l'Institut d'études politiques à Paris animée par Liêm Hoang-Ngoc.

Tout à coup, tout irait mieux. Il aurait suffi d'un plan de sauvetage, d'un Président en état de grâce, d'une Europe rassemblée pour stopper la crise et ramener le soleil. Les bourses reprennent de la vigueur, les traders sortent de leur courte déprime, les banques ont réussi à obtenir l'assurance de pouvoir socialiser leurs pertes colossales…

CE QUE DOIT PROPOSER LA GAUCHE, EN FRANCE, EN EUROPE ET DANS LE MONDE

Depuis dimanche, nous serions donc sortis de ce que le nouveau Prix Nobel d'économie qualifie au diapason des économistes les plus sérieux, de début d'un « méchant cycle de récession ». Les bourses, les traders, les banques retrouvent le sourire…

Derrière ce triomphe, il y a le sort de millions d'hommes et de femmes, nus devant la crise, impuissant à renégocier les échéances de leurs dettes, impuissants à endiguer la dégradation de leur pouvoir d'achat, de leurs conditions de travail , de leurs conditions de vie tout simplement, il y a des millions d'hommes et de femmes qui s'apprêtent à recevoir une lettre de licenciement pour cause de délocalisation ou de cessation pure et simple d'activité.

Dans un élan de solidarité sans précédent, les nations du monde au prix d'un gigantesque effort financier, se sont portés au secours du système financier mondial sans que l'on sache aujourd'hui si l'appétit gargantuesque des marchés sera assouvi par l'engloutissement de milliards des dollars et d'euros. Les piliers du temple seraient à nouveau solides. Et les marchands pourraient y reprendre tranquillement leurs emplettes. Comme avant, sans remord, sans souvenir ni leçon du séisme de la veille.

Nous savons pourtant que : • Politiquement, absolument rien n'a changé dans la gouvernance de l'économie mondiale, les acteurs financiers ont simplement trouvé un mécanisme de réassurance, lui-même branché sur les marchés financiers – il y a donc une logique de cercle vicieux - si ce n'est une belle arnaque.

• Economiquement, des secteurs entiers peuvent être décimés dans les prochaines années, et des centaines de millions d'épargnants sont potentiellement concernés.

• Socialement, les conséquences de la crise seront implacables pour l'emploi, le pouvoir d'achat, le marché du logement, l'accès au crédit, les systèmes de retraite par capitalisation… Où sont passés les défenseurs de droite et de gauche des fonds de pensions ?

• Moralement enfin, plusieurs milliards de dollars ont été trouvés en quelques jours pour préserver le système financier, quand les Nations Unies consacrent 80 milliards de dollars seulement par an aux objectifs du Millénaire de lutte contre la pauvreté.

Alors, pour répondre d'emblée à la question posée pour nos travaux : ce que doit proposer la gauche, en France, en Europe et dans le Monde, c'est un changement profond des règles du jeu, des réformes à la fois réalistes qui s'enracinent dans les causes objectives de la crise que nous subissons, et radicales car les enjeux sont énormes.

LA CRISE ACTUELLE VALIDE NOTRE CRITIQUE FONDAMENTALE DU CAPITALISME

Il faut se féliciter du fait que la crise actuelle ait permis une pédagogie sans précédent de l'analyse critique du capitalisme. Depuis longtemps, ceux qui critiquaient les dérives de l'économie libérale étaient taxés de gauchistes, de rétrogrades, au mieux de nostalgiques ou de rêveurs. Il n'y a pas d'honneur à avoir été des prophètes, pas même au sein du Parti socialiste… Lorsque l'on n'a pas su se faire entendre, c'est que l'on a en partie échoué. Mais ne laissons pas passer l'occasion de rappeler la permanence et la pertinence de notre critique du capitalisme :

• La financiarisation du capitalisme est directement à la source la crise : l'argent créé ou échangé ne va plus principalement à l'économie réelle, donc à l'industrie, à l'emploi, à la création de ressources ou de biens de consommation, mais bien à la rémunération des détenteurs de capitaux. Même si la crise des « subprimes » provient du secteur du logement, ce n'est pas à un secteur économique en particulier que cela est dû, mais à la perversion d'un de ses principaux mécanismes de financement ; si le logement social existait aux Etats-Unis et s'il n'était pas remplacé par une course effrénée à la propriété financée par des crédits à risques, nous n'en serions sans doute pas là.

• La déréglementation de l'économie de marché est la « seconde mamelle » de la crise : depuis plus de vingt ans, la pensée économique dominante est de « jouir sans entraves » ; l'arnaque principale est d'avoir réussi à faire croire que la déréglementation de l'économie, l'affaiblissement des mécanismes de contrôle et de solidarité, permettraient l'enrichissement du plus grand nombre et sans frais. La réalité de la crise nous montre l'inverse : si le niveau de vie a incontestablement augmenté sur la planète, la répartition des richesses est malheureusement de plus en plus inégalitaire, et les mécanismes de régulation échappent désormais pour l'essentiel à la responsabilité politique.

• L'essor du « libre échange » au niveau mondial est venu parachever l'édifice : l'OMC vante la mécanique vertueuse du libre échange qui serait gagnante-gagnante. La course à la compétitivité entre les nations se déroule à coup de dumping social, dumping fiscal et dumping environnemental. Elle a pour principale conséquence de d'encourager la baisse des recettes publiques (comme démontrée en Europe par le cabinet KPMG sur la baisse tendancielle de l'IS dans le marché intérieur grâce à la concurrence fiscale) mais aussi de pousser la réduction du coût du travail et donc à la modération salariale.

Dans le monde occidental, la pente est la même. En France, ce sont onze points de PIB qui ont été transférés de la rémunération du travail à celle du capital. Le rendement demandé au capital investi est devenu tel qu'il détourne la valeur ajoutée de l'investissement comme de la rémunération du travail. La principale conséquence sociale de ce phénomène est le développement d'une nouvelle forme de prolétariat constitué de travailleurs pauvres et de leur familles.

LA CRISE ACTUELLE EST UNE CRISE DU SYSTÈME, UNE CRISE DU CAPITALISME

Nous assistons bien à une crise du capitalisme. Quelles en sont les caractéristiques ?

• C'est une crise de liquidités : prudentes, méfiantes ou fragilisées, les banques ne se prêtent plus d'argent, et le manque de liquidités pour honorer des créances provoque des réactions en chaîne.

• C'est une crise spéculative : à cause des spéculations à la baisse contre les valeurs bancaires, les banques voient leurs fonds propres se dévaloriser.

• C'est une crise financière d'un type nouveau : l'accumulation de créances douteuses liées à la prolifération de produits financiers dérivés, ajoute un aspect surréaliste puisque les pertes sont pour une grande part d'entre elles de nature virtuelle.

• C'est une crise qui condamne les modèles de régulation de nature privée voire corporatiste : les normes comptables aujourd'hui appliquées, qui valorisent les entreprises en fonction du cours du marché, condamnent les entreprises cotées dès lors que les marchés s'effondrent, même si leur activité productive est saine ; de leur côté, les agences de notation qui sont pourtant sensées se porter garantes, se sont en fait avérées incompétentes, aveugles ou consanguines ; d'autres normes comptables et une agence publique européenne de notation sont devenues essentielles.

C'est donc bien une crise du modèle capitaliste : il semble que nous ayons heureusement atteint les limites d'un système prédateur reposant sur la captation par le capital de la valeur ajoutée et sur une dérégulation à outrance, mais rien aujourd'hui ne permet de croire que l'issue de la crise débouchera sur une remise en cause profonde du système économique et financier.

LE PLAN EUROPEEN EST NECESSAIRE MAIS IL N'A PAS D'AUTRE BUT QUE DE PRESERVER LE SYSTEME

La conduite de SARKOZY face à la crise est à l'image de ses revirements successifs et de son agitation habituelle. Il critique les dérives des financiers américaines mais il n'avait de cesse, il y a à peine plus d'un an, de vanter les mérites du système américain de crédits hypothécaires. Il répond à l'urgence en prenant la tête d'une improbable unité européenne mais, et c'est le comble, Gordon BROWN l'avait précédé en proposant de faire jouer la garantie publique des Etats européens sur les prêts interbancaires et en fixant des contraintes sérieuses aux acteurs financiers. Surtout, il faut dénoncer les mensonges et les oublis du plan SARKOZY :

• Tout d'abord, ce plan va coûter de l'argent au contribuable. Certes, ce n'est pas un plan financé à ce stade par les impôts, mais le choix du montage financier n'est pas inoffensif ni indolore : la recapitalisation des banques sera financée par l'emprunt, qui devra lui-même être supporté soit par les impôts, soit plus probablement par le déficit ; d'une manière ou d'une autre, ce plan aura donc un impact sur les contribuables voire sur les citoyens par ses conséquences en matière de services publics ou de dette publique. Plus que jamais, il faut dénoncer la politique fiscale du Gouvernement, désormais illustrée par le très injuste « paquet fiscal ».

En 2007, 617 foyers fiscaux se sont vus rétrocéder par le Fisc un chèque moyen de 233000 euros. L'immoralité absolue d'une telle décision est rendue encore plus insupportable par la crise actuelle. L'unité nationale, chère à Mrs Fillon et Sarkozy commence par l'annulation pure et simple des mesures du paquet fiscal

• Ensuite, ce plan ne protègera pas les Français de la récession qui va suivre. Au contraire, SARKOZY va poursuivre sa politique de démantèlement des services publics, qui seront pourtant essentiels pour permettre aux classes moyennes et populaires de supporter les conséquences de la crise ; nous saurons rappeler au Gouvernement qu'il sait comment trouver de l'argent lorsqu'il s'agit de préserver des acteurs financiers, mais qu'il y renonce facilement lorsqu'il s'agit de se soucier de la vie quotidienne de nos concitoyens. Il ne faut pas creuser bien profond pour débusquer l'imposture du discours de Sarkozy. C'est le même homme qui appelle au retour de l'Etat pour sauver les marchés qui dans le même souffle confirme la privatisation de la Poste et de la Banque Postale.

• Enfin, le plan SARKOZY, c'est l'impunité et l'amnistie à l'égard de ceux qui ont fauté. Bien sûr, le locataire de l'Elysée nous a servi ses tirades contre les « voyous de la finance » mais en fin de compte, ce sont bien les « dettes de jeu » de ceux qui ont fauté qui seront effacées de l'ardoise, alors que les mêmes joueurs peu scrupuleux sont si intransigeants à l'égard de leurs clients au moindre découvert.

Pour mémoire c'est le même Nicolas Sarkozy qui est intervenu pour que 'Etat vide un peu plus ses caisse s de quelques centaines de millions d'euros pour dédommager Bernard Tapie, le même Nicolas Sarkozy qui voulait dépénaliser l'abus de bien social. En matière de vertu et de moralité on aurait rêvé pédigrée plus blanc.

Ce plan était donc sans doute nécessaire car il fallait des réponses techniques à la crise financière, mais il demeure insuffisant et mensonger. Ne laissons pas la droite en faire une victoire politique et un but en soi, car ce plan, surtout à l'échelle européenne, a pour seule vocation de permettre au système de renaitre. L'ambition de la gauche doit être d'aller plus loin, d'inventer autre chose, et elle doit le dire haut et fort.

LES REPONSES A CETTE CRISE DOIVENT ETRE AU CŒUR DE NOTRE PROJET POLITIQUE ET DU CONGRES DE REIMS

Je plaide pour un nouveau réalisme économique de gauche. Comment croire que ceux qui dans les 20 dernières années, sont associés intellectuellement et idéologiquement à la marchandisation croissante de la société, au recul de la puissance publique et à la mise en retrait des mécanismes collectifs de solidarité seraient à droite comme à gauche les plus crédibles pour proposer une sortie de crise. Sans parler de modernité, c'est la crédibilité économique et politique qui a objectivement changé de camp. Je voudrai donc développer les principes de ce nouveau réalisme économique de gauche.

1. Cette politique devra tout d'abord reposer sur une autre ambition européenne, dont nous devons faire le cœur de notre prochaine campagne.

L'unité européenne a été obtenue de façon poussive sur le plan de sauvetage. Il faut se souvenir des réactions invraisemblables de la Commission européenne appelant aux premiers jours de la crise au respect strict des critères du pacte de stabilité ou s'inquiétant de la comptabilité de la recapitalisation de Dexia avec le droit européen en matière d'aides d'Etat.

Cette crise a aussi souligné quelques tares de la gouvernance économique de l'Europe qui faute de fédéralisme budgétaire, ne peut par exemple lancer un emprunt européen ni lever un impôt pour financer une caisse de recapitalisation européenne ; Alors faute de mieux, ceci a conduit les Etats-membres à suspendre discrètement l'application du pacte de stabilité pour se libérer des contraintes budgétaires, ce que nous sommes un certain nombre à demander au demeurant depuis longtemps pour pallier les insuffisances du budget communautaire.

2. Il faudra également un meilleur contrôle des activités bancaires et de crédit : la lutte contre les paradis fiscaux doit venir au premier plan de notre action internationale ; leur existence facilite les transactions les plus occultes et les plus risquées, notamment grâce au secret bancaire et aux règles fiscales appliquées.

J'identifie quelques décisions prioritaires : le renforcement de la directive Epargne, la création d'une nouvelle taxe financière vers les territoires qui refusent de mettre en œuvre une véritable coopération fiscale et judiciaire ou la mise en œuvre d'un traité international qui impose la levée du secret bancaire à la demande des autorités compétentes. Par ailleurs, les conditions du crédit doivent être plus nettement encadrées pour ne pas engendrer de risques inconsidérés, ou au contraire pour en garantir l'accès.

3. Il faudra ensuite agir pour modifier la répartition des richesses : la crise financière n'est pas seulement due à la prolifération de produits dérivés toxiques. Elle trahit l'épuisement du modèle américain qui a creusé les inégalités. Alors que les hauts revenus augmentent régulièrement, les revenus des classes moyennes et modestes stagnent.

La croissance de la période 2002-2006 ne pouvait être tirée que par leur endettement, alimenté par le crédit hypothécaire nourri par la machinerie financière aboutissant à titriser les créances toxiques achetées par les acteurs financiers du monde entier. Certes, le taux d'endettement des ménages français est encore relativement faible, mais la crise du pouvoir d'achat et la crise du logement conduisent déjà au surendettement de nombreuses familles.

Il y a une urgence sociale et un impératif économique à mettre un terme à la modération salariale, d'autant que les profits n'alimentent plus l'investissement et sont en majorité consacrés à la rémunération d'actionnaires dont l'épargne a nourri les bulles spéculatives sur les marchés boursiers. C'est pourquoi la politique salariale doit conduire à l'indexation des salaires sur les gains de productivité et l'inflation.

4. On ne pourra échapper à la fixation des restrictions européennes au libre-échange : le libre-échange n'est pas étranger à la pression exercée à la baisse sur les salaires. C'est pourquoi le débat sur les restrictions au libre-échange, porté par OBAMA aux Etats-Unis, est plus actuel que jamais si la gauche entend favoriser les conditions d'une harmonisation vers le haut des normes sociales dans le cadre d'une coopération internationale.

On le verra dans les prochains mois, lorsque des acteurs importants de l'industrie mondiale, par exemple dans le secteur automobile, connaîtront des difficultés considérables à cause des distorsions de concurrence. La « préférence communautaire » doit être au cœur de la politique industrielle de l'Europe, pas dans un but de protectionnisme étroit, mais pour faire payer aux producteurs « moins disant » le coût de leur « dumping social ».

5. Il nous faut une vision ambitieuse du développement de l'Etat-Stratège : le retour de l'intervention de l'Etat ne doit pas se cantonner à socialiser les pertes, en recapitalisant les acteurs financiers qui ont flambé en bourse l'argent des épargnants, pour privatiser ensuite le bien public. Les marchés financiers livrés à eux-mêmes se sont trompés.

Il faut que la recapitalisation du système financier soit l'occasion de définir le périmètre d'un pôle public financier stable et solide. Celui-ci doit être mis au service de la politique industrielle, dans le cadre d'un développement durable. Le pacte de stabilité a d'ores et déjà été suspendu par l'Eurogroupe pour permettre aux Etats-membres d'emprunter. Il doit être enterré pour ne pas devenir l'alibi de la réduction du périmètre des services publics.

6. Il faut enfin retrouver la voie de la justice fiscale : une réforme fiscale doit être engagée pour éviter que le financement du plan de sauvetage ne pèse sur les revenus moyens et modestes qui subissent de plein fouet la crise du pouvoir d'achat.

Le bouclier fiscal doit être levé. Il faut créer un grand impôt universel et progressif sur le revenu en fusionnant l'IR et la CSG. Il faut aussi rendre progressif l'impôt sur les sociétés et le moduler selon l'usage qui est fait des bénéfices.

Voilà, chers amis, des réponses qui me semblent être à la hauteur de la situation pour une gauche qui décomplexée, digne de son histoire et des attentes de nos concitoyens. La crise produit de drôles d'effets au Parti Socialiste. Les archaïques d'il y a quelques semaines sont devenus fréquentables. Il serait même recommandé de lire leur motion ou d'y puiser quelques arguments.

Nous n'allons pas nous en plaindre. Nous ne prétendons avoir tout vu tout prédit et tout pensé avant tout le monde. Mais nous n'avons pas non plus l'impression d'être les plus en retard dans l'analyse de la crise et la formulation de réponses politiques.

Rien ne serait pire pour le PS que son action se confonde avec celle de ceux qui veulent renflouer un système, sauver un monde qui s'éteint inexorablement. Il est l'heure de reprendre un monde d'avance.

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2 octobre 2008 4 02 /10 /octobre /2008 14:30

Communiqué de presse de Benoît HAMON,

député européen, membre du bureau national du PS

 

                                                                                                          Paris, le 1 octobre 2008

Crise financière : le Gouvernement doit cesser d'ajouter de la crise à la crise


Après avoir annoncé que la crise financière des « subprimes » passerait sur la France comme le nuage de Tchernobyl, le Gouvernement cède désormais à la panique et perd de vue l'intérêt des Français. Le gouvernement ajoute de la crise à la crise.

 

Alors même qu'un budget de rigueur se prépare pour 2009, le Gouvernement se dit prêt à débloquer des milliards pour sauver des institutions financières qui ont pris des risques inconsidérés avec l'argent des épargnants, et qui ont agi avec une immoralité qui

 

Dans le même temps, le financement du logement social est menacé par la remise en cause possible du Livret A et des dizaines de milliers de ménages ne peuvent plus faire face à leurs échéances de prêts immobiliers, notamment concernant les prêts-relais. Il est urgent d'imposer aux banques, qui ont failli à leur mission, un moratoire sur les variations de taux et sur les prêts relais, comme il est essentiel de garantir la pérennité des ressources affectées au logement social.

 

Afin de faire face à ces enjeux fondamentaux pour la vie quotidienne des Français, le Gouvernement n'a plus d'autre choix que de remettre en cause le « paquet fiscal », ce qui assurera un gain immédiat de recettes fiscales d'une dizaine de milliards d'euros.

 

Nicolas Sarkozy veut moraliser le capitalisme. Qu'il moralise d'abord sa politique.

 

Le gouvernement réclame l'unité nationale. Qu'il commence par reprendre à ceux qui se sont enrichis par la spéculation depuis des années, les cadeaux qu'il leur a octroyés.

 

Nicolas Sarkozy veut mettre de l'ordre dans un marché devenu fou. Qu'il interrompe donc la privatisation de la poste et qu'il renonce à cette nouvelle dérégulation du marché du travail qui s'annonce avec la mise en ouvre du travail le dimanche.

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23 septembre 2008 2 23 /09 /septembre /2008 09:34

Les Matins


Matins (les)

par Ali Baddou
du lundi au vendredi de 7h à 9h05


Ecoutez



émission du mardi 23 septembre 2008
Jean-Paul Fitoussi









J-P Fitoussi
 © M. Chalandon / RF


Notre invité est l’économiste Jean-Paul Fitoussi. Il vient nous parler de La nouvelle écologie politique, c’est le titre du livre qu’il publie avec Eloi Laurent (Seuil). Qu’est-ce qu’il faut entendre par cette expression ? Une nouvelle discipline qui se donnerait pour tâche de penser les sphères économiques, politiques et écologiques comme des systèmes ouverts les uns sur les autres.
Leur thèse ? Elle claque comme un paradoxe : nous serions désormais trop nombreux à être riches et bien portants sur la planète et ce serait une menace pour les équilibres de l’environnement.
Alors comment penser ensemble le développement économique, la sortie de millions de personnes de la pauvreté et la nécessité de protéger les équilibres de l’environnement ? Est-ce que la terre peut accueillir toutes les richesses du monde ? Alors comment imaginer une troisième voie entre le besoin de développement et le risque de catastrophe écologique ?
 

Invités


Jean-Paul Fitoussi.  Il est professeur des universités à Sciences-Po et président de l'OFCE (Centre de recherche en économie de Sciences-po).











Les Chroniques









7h15 : Les enjeux internationaux
par Thierry Garcin et Eric Laurent




> Visitez le site





7h25 : La chronique de Caroline Eliacheff
Le principe de plaisir


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7h35 : La revue de presse internationale




> Visitez le site








8h30 : La chronique d'Olivier Duhamel
"Fast politique" phase II


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8h55 : Le portrait du jour par Marc Kravetz
Troy Davis


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8 août 2008 5 08 /08 /août /2008 12:10
35 heures: l'étude de l'Insee qui dérange

URL source: http://www.mediapart.fr/journal/economie/070808/35-heures-l-etude-de-l-insee-qui-derange
Liens:
[1] http://www.mediapart.fr/club/blog/martine-orange
[2] http://www.mediapart.fr/files/enquête insee emploi.pdf
[3] http://www.mediapart.fr/journal/economie/270508/s-affranchir-des-35-heures-tout-en-gardant-la-duree-
legale-du-travail

[4] http://www.mediapart.fr/journal/france/100408/heures-sup-pourquoi-ca-ne-marche-pas
[5] http://www.mediapart.fr/club/blog/jean-marie-padovani
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16 juillet 2008 3 16 /07 /juillet /2008 13:07

L'invité de la Forge : Nasser MANSOURI (CES)
envoyé par la-forge

Nasser Manssouri, représentant de la CGT au Conseil économique et social (CES) était le rapporteur de l'avis du CES "Dynamiser l'investissement productif en France" publié en mars 2008. A l'invitation de la Forge, il en présente ici les principales mesures.
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3 juillet 2008 4 03 /07 /juillet /2008 09:09
Il est troublant de remarquer, que sous un gouvernement positionné à droite, l’initiative économique soit si peu encouragée et qu’il soit de plus en plus difficile pour nos PME de faire des affaires dans des conditions acceptables.

En effet, sous la pression des grands groupes, où les figures d’entrepreneurs ont été tristement remplacées par des organes dirigeantes, conseils d’administration et même fonds de pension, les PME sont littéralement écrasées. Par cette forme de gestion, c’est l’aspect humain qui a été sacrifié. Pourtant vouloir avancer en négligeant l’homme, c’est oublier que sans ces hommes piétinés aucune avancée même purement économique n’est possible.
Car dans les faits, ces bulldozers économiques déshumanisés ont acquis un tel poids et une telle puissance qu’ils peuvent se permettre en toute impunité les pratiques les plus déloyales, ce qui menace à termes les PME. Les Partenariats Publiques Privés scellés avec les grands groupes ferment actuellement la porte aux entreprises plus modestes. Au « mieux », elles sont reléguées au rang de sous-traitant, mais dans des conditions qui doivent absolument être dénoncées : prix ridicules, payables dans des délais de 90 jours mais qui dépassent allègrement les 120 jours. Ces pratiques inacceptables mettent en périls nos PME qui sont ainsi placées sous un état de tension permanente, ce qui se répercute sur leur efficacité, leur fragilité et malheureusement sur les employés, menaçant ainsi l’ensemble de la société.
Le marché, censé dans la logique libérale s’autoréguler, a depuis longtemps montré ses limites, c’est donc le rôle de l’Etat d’apporter le cadre dans lequel c’est l’intérêt de tous qui sera optimisé. Ainsi, les marchés publics doivent laisser de la place aux TPE et PME. Les plus grands groupes, à qui on doit imposer une ouverture plus importante des référencements, doivent être contraints à honorer par exemple leurs paiements dans des délais plus respectueux du travail fourni. Il n’y a aucune raison que sans justification sérieuse ces sociétés ne soient pas condamnables pénalement pour leurs retards volontaires. Il faut bien comprendre qu’un sous-traitant est un partenaire et non pas une sous-entreprise qu’on doit soumettre par la force et la peur. Les TPE et PME de par leur poids n’ont que peu de moyen de dénoncer les pratiques frauduleuses, toujours sous la menace de la concurrence et la crainte de perdre un client qui par le poids de ses commandes crée un rapport de dépendance.
Pourtant, est-il nécessaire de rappeler le poids de ces PME dans l’emploi en France ? Il est d’ailleurs affligeant de constater les difficultés qu’un jeune entrepreneur doit affronter pour monter son propre projet d’entreprise. Bien plus dommageable qu’un parcours du combattant, c’est un parcours du ridicule qui se dessine devant lui. La Loi Dutreuil malgré un bon battage médiatique, est une farce dès lors qu’on rentre dans le concret. En effet, les banques refusent quasi-systématiquement les sociétés à 1€, ou lorsqu’elles acceptent : pas de découvert, pas de chéquier. L’entreprenariat est considéré aujourd’hui en France comme une maladie mentale et cela à tous les niveaux. Personne ni pour vous aider, ni pour vous encourager, ce qui crée un climat délétère. Comment dans ces conditions peut-on monter un projet solide ? Alors qu’on désire simplement créer de la richesse, du bien-être et prendre en main son propre destin.
Les courageux qui résistent et parviennent à faire face aux difficultés, doivent payer d’avance des charges qui s’élèvent vite à 1500€ alors que les premières démarches commerciales sont à peine engagées. Bill Gates, Steve Jobs, Hewlett Packard n’avaient que leurs idées lorsqu’ils ont commencé. En France, il faut plus avoir des fonds propres que de grandes idées pour pouvoir finaliser un projet, ce qui est déplorable dans un pays comme le notre qui possède une grande force culturelle et intellectuelle ; il est rageant d’imaginer toutes ces idées qui s’évaporent avec les espoirs de ceux qui ne sont pas nés assez riches pour les exploiter.
En tant que socialistes nous devons nous réapproprier le terrain de l’Entreprise dans sa dimension noble et ne plus laisser à la droite cette jouissance qu’elle n’a clairement pas su réussir. Il ne faut pas oublier la dimension sociale de l’Entreprise, avec notre vision pragmatique, plus proches des acteurs économiques : salariés des TPE et PME, entrepreneurs souhaitant jouir d’une réelle liberté d’entreprendre pour le bien de tous dans des règles qui permettront à chacun de s’insérer dans un marché concurrentiel, dans le bon sens du terme, c’est-à-dire où chacun peut s’épanouir et non où les poids lourds de la discipline imposent leur loi du plus fort.
Personne ne doit être freiné dans cette optique humaniste qui doit rester ambitieuse économiquement. Il est illogique qu’une personne handicapée doivent renoncer à son AAH de pourtant moins de 700€ par mois, dès lors qu’elle veut développer une petite activité pour améliorer son quotidien. C’est à nous socialistes d’encourager toutes les initiatives humaines, pour qu’en agissant en France, l’envie de réussir prévale sur la peur de perdre ses acquis. C’est aux petites gens et à tous les courageux qui veulent nourrir leurs ambitions qu’il faut porter aide et attention, les grands patrons ne sont pas encore en danger.

Farid Echeikr,
adjoint au maire de Fosses,
section Plaine de France
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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 13:16
Joseph Stiglitz: «Le mode de vie américain n'est pas tenable»
Joseph Stiglitz. Dernier livre paru: «Une guerre à 3000 milliards de dollars» (Fayard). Photo Reuters
Le prix Nobel d'économie revient sur le coût de la guerre en Irak et explique en quoi ce conflit a fait exploser le modèle de croissance américain, entraînant les crises planétaires que nous connaissons.
Recueilli par GRÉGOIRE BISEAU et FABRICE ROUSSELOT - Libération : samedi 7 juin 2008

Vous estimez le coût de la guerre en Irak à 3 000 milliards de dollars. L’administration Bush parle de 800 millions. D’où vient une telle différence ?

Elle provient de la façon dont vous faites l’addition. Nous prenons en compte des coûts qui sont «cachés» dans le budget du ministère de la Défense. Par exemple, du fait de l’impopularité de la guerre et parce que de nombreux soldats américains doivent aller en Irak même s’ils n’en ont pas envie, les salaires ont été augmentés pour tous les militaires. Le gouvernement ne prend en compte que les salaires des troupes présentes en Irak, alors que nous incluons la masse salariale globale des forces armées. Mais le plus important, ce sont les coûts futurs de cette guerre. Les 800 millions, nous les avons déjà dépensés. Le candidat républicain à la Maison Blanche, John McCain, pense que la plupart des troupes américaines auront quitté l’Irak en 2013. Or, selon notre calcul, la guerre nous coûte 12,5 milliards par mois. Il faut aussi considérer le coût de la démobilisation et du rapatriement des soldats et des équipements, et l’argent qu’il nous faudra dépenser pour rebâtir des forces armées aussi performantes qu’avant l’intervention en Irak. Enfin, reste le coût lié au rapatriement des soldats blessés et handicapés.

Vous évoquez aussi les coûts sociaux ?

Il y a les coûts sociaux micro-économiques et macro-économiques. Premier exemple : lorsqu’un soldat fortement handicapé revient d’Irak, souvent, l’un des membres de sa famille est obligé d’arrêter de travailler pour l’aider. Il faut alors prendre en charge cette famille et lui assurer des aides financières. En terme macro économique, il est évident que la guerre en Irak a eu un effet négatif sur l’activité américaine.

Quelles sont les conséquences de la guerre sur l’économie américaine ?

Tout d’abord, la guerre a contribué à l’augmentation des prix du pétrole. Les prix ont grimpé bien au-dessus de 100 dollars le baril et les experts les plus prudents estiment que 5 à 10 dollars de la hausse lui sont imputables. En 2002, les marchés énergétiques avaient analysé l’évolution du prix du pétrole pour les dix ans à venir. Selon eux, la production suivrait l’accroissement de la demande et le prix du baril serait relativement stable. L’Irak a totalement changé l’équation, principalement du fait de l’instabilité qui a gagné le Proche- Orient. Et l’un des effets pervers fut que les producteurs de pétrole, qui ont perçu des revenus plus importants, ont décidé pour certains de ne pas accroître leur production. Ensuite, il faut considérer les faibles retours sur investissement de cette guerre. L’argent dépensé en Irak, quand on paye une entreprise de travaux publics népalaise par exemple, ne profite pas de la même façon à l’économie américaine que si l’on construisait une école ou un parc de jeux.

L’intervention en Irak a-t-elle joué un rôle dans la crise des subprimes…

Oui, tout à fait. Le Président Bush a déclaré que la guerre n’avait rien à faire avec les problèmes économiques, que les Américains avaient simplement construit et acheté trop de maisons. Mais il faut essayer de comprendre. Parce que l’économie américaine était plus faible, la FED (Réserve fédérale) a voulu créer plus de liquidités, elle a donc décidé de garder les taux d’intérêts à des niveaux très faibles tout en laissant se développer de nombreux produits de crédits, sans aucun contrôle. Cela a permis de maintenir l’activité à un certain niveau pendant un certain temps, et cela a préservé aussi la bulle immobilière. L’économie américaine avait des problèmes et la guerre en Irak les a aggravés. Les économistes ont cru que nous étions entrés dans une nouvelle ère. La hausse du pétrole semblait ne pas affecter autant que cela l’économie, pas comme elle le faisait depuis les années 70. Mais en fait, c’est parce que l’on supportait à bout de bras cette même économie que l’effet était moindre. En un an, en 2006, plus de 900 millions de dollars ont été consacrés aux remboursements d’emprunt. C’est énorme dans une économie qui pèse 13 trillions de dollars. Le problème est que nous sommes au bord de la récession et que notre marge de manœuvre est considérablement réduite. En 2008, le déficit américain sera vraisemblablement de 500 milliards de dollars : nous n’avons plus les moyens de stimuler l’économie.

Les dépenses consacrées à l’industrie de la défense peuvent-elles avoir des effets positifs sur l’économie en matière de retombées technologiques ?

Bien sûr, certains secteurs en ont bénéficié. Mais dans sa globalité, l’argent dépensé pour la guerre n’accroît pas la productivité future des Etats-Unis. Pas de la même façon que si l’on avait investi dans les infrastructures ou la recherche. On note des bénéfices ponctuels et marginaux, dans les industries spécialisées pour les prothèses, à cause des blessés. Mais c’est sans comparaison avec les bénéfices que l’on aurait pu retirer si l’argent avait été investi dans l’amélioration de l’état de l’économie.

Peut-on parler de récession ?

Officiellement, l’économie fait face à un fort ralentissement. La crise des subprimes n’est pas terminée. Dans de nombreux cas aux Etats Unis, la valeur de l’emprunt immobilier dépasse celle de la maison. Ceux qui ne peuvent plus payer leurs emprunts sont souvent confrontés au chômage. Les gens se voient proposer des formules de crédit qui aggravent leur situation et prolongent leur endettement. On leur suggère de payer moins les trois premières années, en faisant le calcul que leur maison va prendre de la valeur et qu’ils pourront rembourser plus tard ou revendre leur bien. Seul problème : l’immobilier est en chute et tous ces montages s’écroulent. Tout cela était un leurre. De plus en plus d’emprunts s’effondrent forçant les gens à quitter leurs maisons. Et ça va continuer. Le gouvernement veut que les Américains aient confiance en leur économie. Il parle d’une situation de l’emploi stable, de croissance à 0,6 % du PIB. Mais on constate deux choses: la consommation, qui soutient la croissance, tient beaucoup à l’écoulement de stocks qui n’étaient pas vendus. Les ventes commerciales sont dans le rouge. Côté emploi, l’offre n’a pas progressé depuis six mois, il y a même moins d’heures de travail sur le marché. Un signe clair que l’économie est malade.

La crise des subprimes va-t-elle continuer à affecter l’économie européenne ?

Oui. De nombreuses banques européennes ont acheté des produits dérivés des subprimes et en subissent le contrecoup. De plus, si l’économie américaine continue à ralentir, l’une de ses rares forces restent les exportations, à cause de la faiblesse du dollar vis-à-vis de l’euro. Tout cela n’est pas bon pour l’Europe.

On assiste à une flambée des prix du pétrole, des émeutes de la faim, une crise mondiale, des menaces de récession… Est-ce une juxtaposition de crises indépendantes ou une seule et même crise ?

Ces crises sont liées entre elles, mais elles ont leur propre dimension. La crise pétrolière est liée à la situation de la guerre en Irak. Celle des subprimes, une conséquence de la guerre et de la hausse du baril. La crise alimentaire, via l’essor des bio carburants, résulte de la crise pétrolière. L’Inde a eu raison d’être très énervée lorsque George Bush avait montré du doigt les grandes économies émergentes comme responsables de la crise alimentaire mondiale. Or en matière d’agriculture, il n’y a eu aucune surprise : les Chinois ne se sont pas décidés à manger plus de céréales et de porc du jour au lendemain. La vraie surprise, l’événement totalement inattendu, c’est la guerre en Irak. Et comme le prix du pétrole a grimpé de façon soudaine et violente, les Etats-Unis ont augmenté les subventions à la production d’éthanol, entraînant la hausse des céréales…

A vous entendre, la guerre en Irak serait au commencement de toutes ces crises ?

Elle a en tout cas une grosse part de responsabilités. Peut-être que ces crises se seraient passées de toute façon, mais la guerre les a précipitées et les a amplifiées.

Pourquoi avez-vous accepté l’invitation de Nicolas Sarkozy à participer à sa commission de réflexion sur le changement des instruments de mesure de la croissance française ?

C’est une commission d’abord nationale, mais les problèmes dont on va parler sont globaux. En clair : comment mesurer les performances et le progrès social d’une économie. C’est très important car ce que vous mesurez dans les statistiques conditionne ce que vous faites en matière de politique économique. Par exemple, l’Argentine dans le milieu des années 90 donnait l’impression d’aller très très bien, notamment à travers la mesure de la croissance de son PIB. Mais cette croissance, basée sur la consommation, était financée par l’étranger et ne pouvait donc pas perdurer. D’où la crise qui a ensuite éclaté. Donc la mesure du PIB ne dit rien sur le caractère soutenable de la croissance. Et on pourrait dire aujourd’hui la même chose des Etats-Unis. L’ONU a développé un indicateur du développement humain, qui intègre ce que vous dépensez en matière d’éducation ou de santé… Et bien à l’aune de cette statistique, les Etats-unis se retrouvent la dixième économie mondiale.

Dans ce débat, la France présente-elle des spécificités ?

Je vois deux ou trois choses. D’abord, beaucoup de gens considèrent que le système de santé français, si vous le comparez à celui des Etats-Unis, est beaucoup plus performant. En terme de sécurité, de qualité et aussi d’accès aux soins, notamment pour les moins favorisés. Et cela est largement sous-évalué. Ensuite, c’est l’environnement. Les Français sont très sensibles aux questions écologiques, et le PIB n’intègre aucune trace de cela. Enfin, c’est la valeur que vous accordez aux loisirs. Dans une économie qui fonctionne bien, c’est très important qu’un chômeur qui veut travailler puisse trouver un travail rapidement. De même, un salarié qui souhaite passer plus de temps avec sa famille, doit pouvoir le faire. C’est le signe d’une société qui a choisi de profiter de la hausse de la productivité. Donc si vous mesurez le progrès social par des indicateurs économiques conventionnels, vous passez à côté de tout ça. Et la richesse que vous mesurez est bien moindre.

On est, là, très loin du modèle américain, pourtant beaucoup plus performant en terme de croissance…

Ce qui se passe aux Etats-Unis est contraire à ce qu’enseigne la théorie économique élémentaire. Selon elle, quand une économie devient plus productive, vous profitez normalement d’une augmentation du temps libre. Or, les Etats-Unis évoluent dans un sens opposé. Quelque chose ne fonctionne pas. Par ailleurs, le mode de consommation et de production américain, n’est absolument pas tenable en matière de préservation de la planète. Avec le modèle américain, le monde n’est pas viable. Dans un peu moins de cent ans, la Chine va avoir la capacité de consommer ce que consomment les Etats-Unis. Si cela devait arriver, ce serait une catastrophe pour la planète. Et comme il est impossible de dire aux pays en voie de développement, «vous allez vous restreindre pour nous permettre de continuer à consommer comme aujourd’hui», il n’y a pas d’autres choix que de changer de modèle de croissance.

Y-a-t-il une prise de conscience de cette révolution dans la société américaine ?

Ça commence à peine. Les Américains sont en train de se rendre compte qu’il va consommer moins d’essence. Mais ils n’ont pas mesuré l’amplitude de cette réduction ni ce que cela va signifier en matière de changement de comportement.

Vous êtes optimiste sur le fait que le futur président américain marquera une rupture vis-à-vis de l’administration Bush sur les questions climatiques…

Oui. Et y compris, si John Mac Cain est élu. Je suis très critique vis-à-vis de son programme économique et de sa position sur l’Irak, mais je suis convaincu qu’il est concerné depuis longtemps par le réchauffement climatique. Mais il sera toujours très attentif aux intérêts des grandes entreprises et défendra en priorité les solutions qui sont compatibles avec le mécanisme de marché, comme les permis à polluer. De toute façon, le mouvement est irréversible: il n’y a qu’à voir avec quel sérieux les autorités chinoises s’attaquent au problème. Le pouvoir central de Pékin a encore du mal à faire descendre ce message dans les provinces. Et je suis convaincu qu’on est juste au commencement d’un long processus qui ne s’arrêtera pas. Savoir mesurer et évaluer les coûts environnementaux dans la création de richesse nationale est la condition pour faire évoluer la société dans son ensemble.

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15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 08:29
Pouvoir d'achat : socialistes, qu'auriez-vous fait à la place de l'équipe Sarkozy ? (3/5)
LEMONDE.FR | 13.05.08 | 18h17  •  Mis à jour le 14.05.08 | 11h09

n un an, Nicolas Sarkozy a notamment baissé certains impôts (bouclier fiscal, droits de succession, abattements fiscaux pour ceux qui paient l'ISF) et incité les Français à "travailler plus pour gagner plus", en défiscalisant les heures supplémentaires. Des mesures critiquées par l'opposition qui y a vu des "cadeaux fiscaux" pour les plus riches. Mais les socialistes auraient-ils apporté des solutions plus convaincantes ? Benoît Hamon, député européen socialiste, explique ce qu'il aurait fait pour améliorer le pouvoir d'achat des Français, si son parti avait été au pouvoir.


Constance Baudry

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24 avril 2008 4 24 /04 /avril /2008 14:05
Chronique de Liêm Hoang-Ngoc - France Inter 24 avril 2008

Patricia Martin : Les idées reçues de l’économie, avec Liêm Hoang-Ngoc, Maître de conférences à l’Université de Paris I. La question du jour : la flexibilité du marché du travail est-elle favorable à l’emploi ?

Le projet de loi sur la «modernisation du marché du travail» est en débat la semaine prochaine à l’Assemblée nationale. Patricia, il faut toujours se méfier du mot «moderne». Même si la politique ressemble à une cour de récréation, «celui qui le dit», c’est pas toujours «celui qui y est»… Le projet de loi abroge le CNE, mais étend de fait la période d’essai pendant laquelle les travailleurs peuvent être remercié sans préavis. Il invente le principe de «séparation à l’amiable» dans une relation salariale dont la caractéristique est d’être par excellence dissymétrique. Dissymétrique comme dans un couple lorsque l’un (ou l’une) est financièrement dépendant de l’autre. Dans la relation entre l’employeur et le salarié, faut-il le rappeler, le travailleur n’a rien d’autre à vendre, pour subsister, que sa force de travail.

PM : Pourtant, on nous dit que la flexibilité, c’est bon pour l’emploi…

La flexibilité du marché du travail n’est aucunement synonyme de plein-emploi. Dans les années 30, les marchés du travail étaient particulièrement flexibles. Il n’y avait ni code du travail, ni salaire minimum. Keynes attirait alors l’attention des conservateurs de son époque sur le fait que si des millions de travailleurs ne trouvent pas d’emplois, ce n’est pas parce qu’ils refusent la flexibilité, mais parce que la panne d’investissement des entreprises limite le nombre de d’emplois disponibles.

PM : Peu de gens tiennent aujourd’hui ce discours…

En effet, on martèle à nouveau que les rigidités du marché du travail sont à l’origine du chômage. Le coût du travail serait trop élevé. Le code du travail contraindrait la mobilité de l’emploi vers l’économie de la connaissance. On fait la promotion, ici et là, d’un compromis « gagnant-gagnant » qui préserve, pour les victimes de la flexibilité, le droit à être indemnisé, mais en contrepartie du devoir d’être mobile, de se former et de s’adapter à la nouvelle économie. Tel est en deux mots le discours ambiant, favorable à la « flexisécurité », pilier de la stratégie de Lisbonne, adoptée au sommet européen de mars 2000.

PM : Cette stratégie a-t-elle été efficace ?

Pas vraiment. La stratégie de Lisbonne est intégralement centrée sur l’ouverture à la concurrence et la flexibilité du marché du travail. Elle entend depuis huit ans faire de l’Europe une zone de forte croissance tirée par l’économie de la connaissance. Or la zone euro est devenue au cours de cette période celle où la croissance est la plus faible du monde, où le pouvoir d’achat baisse et où l’investissement dans les secteurs innovants est à la traîne.

On peut d’ailleurs parler de fétichisme de l’économie de la connaissance, tant l’investissement dans les secteurs innovants n’a pas décollé, particulièrement en France. Les 400 000 emplois vacants se situent dans des secteurs aussi traditionnels que la restauration, le bâtiment et sont occupés par de nombreux sans-papiers. Dès lors, la sécurisation des parcours professionnels, c’est-à-dire le volet «sécurité» de la «flexi-sécurité», revient à obliger les chômeurs à se former pour des emplois fantômes. Echouant à se réinsérer dans une économie qui ne crée pas d’emplois, ils seront montrés du doigt par les apôtres de la «lutte contre l’assistanat». On suspendra leurs allocations chômage. Ils seront «perdants-perdants»…

Le dicton du jour : Il est de Laurence Parisot : «l’amour est précaire, la vie est précaire. Pourquoi le travail ne le serait-il pas ?» Mademoiselle Martin, «nous vivons une époque moderne», ça, c’est de Philippe Meyer.

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23 avril 2008 3 23 /04 /avril /2008 14:53
Les économies annoncées par le gouvernement permettront-elles de réduire l’endettement public ? (22 avril)

Patricia Martin : La question du jour : Les économies annoncées par le gouvernement permettront-elles de réduire l’endettement public ?

Liêm Hoang Ngoc : Pas vraiment Patricia. Le gouvernement pense pouvoir économiser 7 milliards à l’horizon 2011 dans le cadre de la Revue Générale des Politiques Publiques. Il a annoncé le non remplacement de 35 000 départs à la retraite dans la fonction publique l’an prochain, après la suppression de 23 900 postes cette année. Cela permettra d’économiser tout au plus 500 millions d’euros par an. Il faudra sabrer de nombreux engagements budgétaires. Le Revenu de solidarité active en fera sans doute les frais. Les services publics seront quant à eux progressivement amputés des moyens d’assurer leurs missions.

Certains économistes nous expliquent pourtant qu’on ne peut pas faire autrement…

Je ne suis pas d’accord. Des réorganisations de l’Etat sont évidemment nécessaires. Mais un plan de rigueur est une erreur dans la conjoncture actuelle. Il fera plonger d’autant plus rapidement l’économie dans la récession. Moins de croissance, c’est moins de recettes fiscales. Trop de rigueur tuera la rigueur ! La loi de finance est construite sur une hypothèse de croissance de 2,25%. Celle-ci sera probablement inférieure à 1,4%. Les déficits se creuseront, au contraire de l’objectif recherché.

Qu’aurait-il donc fallu faire ?

Il aurait fallu mettre sur pied un plan de relance, comme l’ont fait les Américains, en acceptant de laisser filer temporairement les déficits. La reprise de la croissance aurait engendré des recettes fiscales permettant en fin de course de réduire les déficits.

Mais pour financer un tel plan de relance, il faut de l’argent, et les caisses sont vides, dit-on ?

Bernard Maris et moi-même essayons d’expliquer à chaque fois à Jean-Marc Sylvestre que la France n’est pas en faillite. Elle a une dette, mais détient aussi des actifs. Le solde du bilan est largement positif. Notre pays dispose de plus, au contraire des Etats-Unis, d’une abondante épargne intérieure et nos épargnants achètent volontiers des obligations d’Etat qui sont très sûres. L’Agence France Trésor peut donc émettre des titres à des taux très bas, si bien qu’il n’y a aucun problème pour financer de la politique publique. Le paquet fiscal a d’ailleurs été financé par l’emprunt. Il n’a malheureusement pas produit le choc escompté sur la croissance. On pourrait au moins redéployer ses 13,8 milliards vers d’autres choix, ayant un impact sur la croissance : investissement public, santé, éducation, innovation, recherche, redistribution.

Alors pourquoi ne le fait-on pas ?

Par choix politique et par respect dogmatique du pacte de stabilité, qui fixe une limite de 60% du PIB à l’endettement public. Or cette limite est absurde. A l’heure où la dépense privée est insuffisante, le pacte de stabilité empêche l’Etat d’emprunter pour dépenser, comme n’importe quel agent économique. Il faut donc le réviser. Ni la France, ni l’Allemagne, ni l’Italie ne parviennent à le respecter.

On dit pourtant que les dépenses publiques n’ont cessé d’augmenter inutilement.

C’est encore une idée reçue. La part des dépenses publiques dans le PIB est strictement la même qu’il y a 25 ans (53% du PIB). Parmi ces dépenses, la part des dépenses de l’Etat a même baissé de trois points, de même qu’en son sein, la part des dépenses de fonctionnement et de personnel, souvent décriées. La part des dépenses sociales (santé et retraite) s’est par contre accrue, sans qu’on puisse crier au scandale. Nous en reparlerons demain.

Le dicton du jour : «ça va mal finir…» (c’est le titre d’un best-seller du moment).

Faut-il réduire les dépenses sociales ? (23 avril 2008)

Patricia Martin : Les idées reçues de l’économie, avec Liêm Hoang-Ngoc, Maître de conférences à l’Université de Paris I. La question du jour : faut-il réduire les dépenses sociales ?

Liêm Hoang Ngoc : Nous avons vu hier que la part des dépenses publiques dans le PIB n’avait pas augmenté depuis 25 ans. Nous disions qu’en son sein, la part des dépenses de l’Etat avait baissé, mais que la part des dépenses sociales s’était accrue. Si la tendance se poursuit, il faudra à l’horizon 2050 consacrer 4 points de PIB de plus pour financer les dépenses de santé et 5 points pour les retraites. Pour 2007, le déficit de la branche santé a ainsi été de 4,6 milliards (la Cour des comptes vient d’en valider le chiffre).

PM : Est-ce une mauvaise chose ?

Non, si l’on considère qu’une société en progrès voit l’espérance de vie s’allonger et la demande de bien être s’accroître. Si l’on s’en tient aux dépenses de santé, dans leur jargon, les économistes les plus académiques considèrent qu’elles sont un facteur de «croissance endogène». Elles améliorent ce qu’ils appellent le «capital humain» des individus, c’est-à-dire leurs capacités productives. Tant mieux si cela ouvre par ailleurs une perspective de développement durable. Il vaut mieux développer le secteur de la santé que celui des industries polluantes. La question posée à la puissance publique est donc de savoir si elle entend faire de la dépense sociale une priorité nationale, ou si elle entend s’en désengager.

PM : Qu’en pense le gouvernement ?

Il entend réaliser au moins 10 milliards d’économies à l’horizon 2011.

PM : Comment compte-t-il s’y prendre ?

Il a commencé par instaurer les franchises médicales. Celles-ci ne sont pour le moment pas remboursables par les complémentaires. A l’avenir, la montée en puissance des franchises n’est pas exclue. Elle pourrait faire peser sur les complémentaires et les particuliers une part de plus en plus importante du financement des dépenses de santé. Le rapport Chadelat préconisait déjà en 2004 de laisser à la charge de la dépense privée les petits risques, en cantonnant les remboursements de la sécurité sociale aux gros risques. Dans cette direction, le gouvernement va dans les prochains jours annoncer la réduction du périmètre du panier des soins pris en charge par le régime obligatoire. Devraient être restreintes les conditions de remboursement des affections de longue durée. Avant les couacs de la semaine passée, les lunettes et les soins dentaires, déjà peu remboursés, devaient en être exclus, ainsi que les arrêts maladie, la kinésithérapie et de nouveaux médicaments. Quant au mode de financement de la sécurité sociale, le candidat Sarkozy proposait, il y a un an, de remplacer les cotisations sociales par une hausse de la TVA. La TVA est l’impôt le plus injuste parce que plus on est riche, moins on le paie. Injustes aussi sont les franchises : plus on est malade, plus on en paie !

PM : Existe-t-il d’autres solutions ?

Oui, on pourrait préserver le panier de soins remboursables le plus étendu possible et, pour financer le système, opter pour un impôt juste par une grande réforme de la fiscalité directe.

PM : L’impôt sur le revenu ?

Oui. L’impôt sur le revenu parce qu’il est progressif. Il faudrait le fusionner avec la CSG. Mais on pourrait aussi remplacer la cotisation patronale par une CSG-entreprises. Ceci permet de mettre à contribution l’ensemble des richesses créées dans les entreprises et d’éviter de taxer seulement les salaires. De plus, à la différence de la TVA, ce scénario possède l’avantage de ne pas taxer la consommation, principal moteur de la croissance. Il favorise aussi les PME créatrices d’emploi. Ce scénario a malheureusement été écarté de l’étude sur la TVA sociale, confiée par le Chef de l’Etat à Eric Besson il y a quelques mois.

Le dicton du jour : il est de Confucius : «quel que soit le pays où tu vis, il ne faut servir qu’un gouvernement capable».

Mise au point :

Oui, une auditrice a relevé une erreur dans ma chronique de lundi sur le projet du gouvernement de renforcer le contrôle des chômeurs. Je définissais une offre valable d’emploi comme une offre ne pouvant être «inférieure de 70% au salaire précédent». Je voulais dire une offre ne pouvant être «inférieure à 70% du salaire précédent». Merci à Catherine (notre auditrice), pour son attention. Vous êtes mieux réveillée que moi à cette heure-ci. Vous avez raison : le service public doit être irréprochable.


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