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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 15:14

Invité de la matinale de France Inter vendredi 23 Septembre, Jean-Pierre Jouyet, président de l’AMF a appelé à un dialogue entre la gauche et la droite pour mettre en œuvre la rigueur budgétaire et l’austérité.

Jean-Pierre Jouyet semble avoir développé le syndrome de Stockholm : censé être le gendarme de la Bourse et plaider pour davantage de régulation, il est devenu le porte-parole des marchés financiers auprès des autorités publiques.

Il y a quelque chose d’assez insupportable à entendre celui qui a été ministre de Nicolas Sarkozy dans un des gouvernements les plus à droite de la Ve république, et en outre totalement impuissant à lutter contre les paradis fiscaux et à désarmer les marchés, décerner aujourd’hui des certificats de sérieux et de compétence parmi les dirigeants de la gauche.

Toute tentation de recycler des hommes de Sarkozy nous exposerait au risque de recycler sa politique. C’est la démonstration que fait Jean-Pierre Jouyet en prônant la poursuite par la gauche de la politique d’austérité déjà mise en œuvre par Nicolas Sarkozy.

La gauche doit lever toute ambigüité et clarifier ses intentions et sa stratégie électorale. Le périmètre de la future majorité et les alliances électorales doivent être débattus dans la plus grande transparence par les candidats aux primaires. Seul le rassemblement de la gauche garantit la victoire et bien davantage : le vrai changement.

C’est le sens de notre soutien à la candidature de Martine Aubry.

Henri Emmanuelli & Benoît Hamon

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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 07:03
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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 14:17

Lundi matin, Martine Aubry était l'invitée spéciale de la rédaction de Libération. Elle a répondu aux questions de la rédaction sur tous les sujets d'actualité : Union de la gauche, crise financière, retraites, éducation, logement, international, campagne des primaires... L'interview a été publiée dans Libération ce mardi 20 septembre.


L'éditorial de Nicolas Demorand: «Pour Martine Aubry, l'idée de progrès n'est pas morte, de nouveaux droits restent à conquérir. Et l'Etat qui va avec: offrant le maximum de protections à ceux qui en ont besoin et le maximum de liberté à ceux qui la recherchent»

«Esquisse. Les candidats à la primaire socialiste face à l’équipe de Libération : dans les jours et les semaines qui viennent, tous auront l’occasion de répondre à nos questions. C’est Martine Aubry qui a ouvert le bal : deux heures et demie d’une interview collective, en profondeur, sans tabou ni langue de bois, sur les sujets qui font l’actualité… et ceux qui devraient la faire, à la veille d’une présidentielle.

Crise économique, impuissance politique européenne, reconnaissance de la Palestine comme Etat, réforme de la recherche et des universités, carte scolaire, grandes écoles, avenir de l’audiovisuel public, séparation des pouvoirs via la restauration de l’indépendance de la justice, intervention télévisée de DSK, «pacte de Marrakech» : interrogée par les spécialistes de la rédaction, Martine Aubry s’est montrée précise, offensive et carrée.

A aucun moment elle n’a paru la candidate «par défaut» que dépeignent ses adversaires et la rumeur. Au contraire : elle avoue trouver un réel plaisir politique à la primaire et semble même regretter que les échanges soient si feutrés entre les candidats. Alors que le premier débat télévisé entre compétiteurs socialistes avait été accaparé par le thème de la rigueur économique, Martine Aubry a martelé que la politique ne se résumait pas au plan de bataille pour revenir à l’équilibre budgétaire.

Pour elle, l’idée de progrès n’est pas morte, de nouveaux droits restent à conquérir et la gauche doit s’atteler à penser «la société des individus» ou des «personnes». Et l’Etat qui va avec : offrant le maximum de protections à ceux qui en ont besoin et le maximum de liberté à ceux qui la recherchent. Bref, au-delà des graves contingences économiques du moment, l’esquisse d’un modèle de société dont on espère qu’il sera complété ou contesté dans le cadre de la primaire.»

Les réponses de Martine Aubry à Libération

On se présente parce qu'on pense que l'on est à la hauteur

«On se présente parce qu’on pense que l’on est à la hauteur pour répondre aux problèmes de son pays. Je pense qu’il faut de l’épaisseur pour cela et non pas se regarder dans le miroir tous les matins pour dire : «Je suis la plus belle.» Non, il faut se dire : «En fonction de ce que j’ai vu, de ce que j’ai compris, de ce que je propose, ai-je la capacité de porter un projet et d’engager derrière moi les Français ?» C’est ma conviction aujourd’hui, c’est ce qui m’a amenée à être candidate.

La campagne des primaires: «je suis heureuse»

«Je suis heureuse de deux manières. D’abord, parce qu’ayant quitté la direction du Parti socialiste, je parle en mon nom propre. Cela donne parfois plus de liberté. Deuxièmement, j’ai l’impression de refaire de la politique comme je l’aime.»,  explique Martine Aubry, qui dit retrouver «la politique telle que je l’aime ; cela faisait longtemps que je n’avais pas eu ce sentiment très fort».

Le progrès au coeur de l'action

«Cela a l’air cucul de le dire, mais réenchanter la politique, dire que la notion de progrès veut dire quelque chose aujourd’hui, dire que les Français me parlent aussi de leur angoisse de voir un pays rétréci, qui n’est plus envié, qui est regardé souvent avec mépris, ça compte».

Les banques: séparer les activités de dépôt et les activités financières

«Depuis 2008, rien n’a changé», note Martine Aubry, qui prône une «séparation des activités de dépôt et des activités financières».

Les eurobonds: «je suis très favorable»

«Oui, je suis très favorable aux eurobonds et je regrette que Nicolas Sarkozy ait changé d’avis pour faire plaisir à Mme Merkel, qui sentait que les Allemands n’en voulaient pas. En contrepartie, elle lui a fait plaisir en lui faisant croire qu’elle croyait à sa règle d’or.»

Retraites: partir à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler tôt ou pour les métiers pénibles

Martine Aubry a epxliqué que pour «la retraite à taux plein concerne ceux qui ont commencé à travailler tôt ou ceux à qui nous dirons, après négociation avec les syndicats, que, par exemple, leur année à la chaîne chez Moulinex compte pour 1,2 année et non pas une année, car ce sont des travaux pénibles». Elle ajoute que «trois millions de Français ont commencé à travailler tôt, trois millions pourront partir à 60 ans à taux plein alors qu’on leur demande aujourd’hui d’attendre l’âge de 62 ans».

«Oui, il faut augmenter la durée des cotisations parce que l’espérance de vie s’accroît, a expliqué Martine Aubry, qui a souligné dans le projet avoir «pris les hypothèses les plus dures de 2025 et nous avons dit : «Il faut passer aujourd’hui à 41 ans, puis à 41 ans et demi en 2025». Elle rappelle également que' «on ne réglera pas le problème des retraites sans des ressources nouvelles», qui seront «les compléments de salaire qui, aujourd’hui, ne paient pas les cotisations retraites : les stock-options et les bonus, qui représenteront 2 milliards par an ; sur la participation et l’intéressement (les syndicats nous ont donné leur accord), qui représenteront 3 milliards par an. D’autre part, il faut faire financer les retraites par les revenus du capital et par les banques ; nous avons prévu une taxation spéciale sur les banques - que l’on ne vienne pas nous raconter que cela ne va pas».

Education: «un plan de refondation de l'école»

«Avec l’ensemble des organisations syndicales, nous avons convenu de démarrer le travail au lendemain de la primaire, afin qu’une des premières lois - à l’automne 2012 - soit un plan de refondation de l’école sur cinq ans avec des moyens et des priorités» Martine Aubry s'engage à «recentrer la mission des enseignants qui est de donner une culture commune, de donner envie d’apprendre aux élèves, d’en faire des citoyens à même de se forger des opinions», et à «remettre les enseignants là où l’on en a le plus besoin, éventuellement prévoir 12 à 15 élèves par classe dans certains endroits, pour en mettre 30 dans d’autres.» Elle a également précisé qu'elle remettrait en place la carte scolaire.

Sécurité: d'abord ajouter 10.000 policiers, et faire la police des quartiers

Martine Aubry a appellé à «ajouter 10 000 policiers et gendarmes», puisque la droite en a supprimé «11 000 environ». Martine Aubry veut «remettre les policiers et les gendarmes sur la sûreté, la sécurité et la tranquillité publique. Aujourd’hui, nous n’avons plus de policiers dans les quartiers».

Logement: «bloquer les loyers à la relocation»

Martine Aubry a détaillé trois propositions:

- bloquer les loyers à la première location et à la relocation dans toutes les zones tendues, donc dans toutes les grandes villes.

- s'attaquer à la politique de défiscalisation «des propriétaires qui achètent pour louer», qui représente 11 milliards sur les 33 que représente le budget du logement». Elle a appellé à «réduire de 3 à 4 milliards ces 11 milliards»

- les marges dégagées permettront de construire«150 000 logements sociaux par an», et d'«aider les collectivités locales à acheter du foncier». Notre candidate milite pour que «chaque projet de création de plus de 15 logements doit avoir un tiers d’accession sociale à la propriété, un tiers de social un tiers de privé», comme elle l'a réalisé à Lille.

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 17:11
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16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 10:06


Martine Aubry "de la clarté et du courage" par martineaubry

"Rendre leur fierté à toutes ces femmes et tous ces hommes qui ont été humiliés pendant des années par le Libéralisme"
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13 septembre 2011 2 13 /09 /septembre /2011 13:20

  AubryRose.jpgAux acteurs éducatifs,

Avec les soutiens de Martine Aubry qui réfléchissent sur ce sujet dans le Val d’Oise, nous serons heureux de vous rencontrer pour discuter du projet, répondre à vos questions ou interrogations et, si vous le souhaitez, vous associer à notre campagne autour de Martine Aubry :

Samedi 24 septembre de 14h30 à 16 h

Dans les locaux de la Fédération du Parti Socialiste du Val d’Oise

Cité artisanale, 29 Rue Francis Combe 95 000 Cergy

Contact : martineaubry2012valdoise@gmail.com/ 06 62 58 13 26

 

2012 sera une année décisive pour l’avenir de notre pays.

Alors que la France va mal, les Français seront appelés aux urnes pour répondre, à une question simple : veut-on que la même politique inefficace et injuste se poursuive ou souhaitons-nous le changement ?

 

Les 9 et 16 octobre prochains auront lieu les primaires citoyennes, organisées par le Parti socialiste, qui permettront à tous ceux qui le souhaitent, de choisir le ou la candidate qui portera cette volonté de changement à l’élection présidentielle.

 

Martine Aubry rassemble les qualités qui font la différence. Elle a la crédibilité d’une responsable politique expérimentée : dans cette période difficile, notre pays a besoin d’une telle solidité. Mais pour elle, sérieux n’est pas synonyme de renoncement ou d’immobilisme. Elle sait que pour redresser et rassembler notre pays, il faut inventer un nouveau modèle économique, social et écologique, qui permettra de relancer notre économie, de créer des emplois, d’équilibrer nos finances publiques, et de rendre la société plus juste et sûre. Pour cet engagement au service du changement, à chaque fois que Martine Aubry a eu des responsabilités – comme ministre, comme maire, comme haut-fonctionnaire, comme responsable d’une entreprise industrielle – elle a eu l’énergie et la force de vaincre les résistances, et réformer dans le sens de la justice et de l’efficacité.

 

Cette volonté de transformation, nous la portons aussi et nous souhaitons partager avec vous les éléments du projet de Martine Aubry qui vous intéressent tout particulièrement.

 

L’accès à l’éducation, à la culture, au meilleur niveau de qualification pour nos enfants, le Projet Educatif global sont les priorités de Martine Aubry pour 2012.

L’école doit redevenir le vecteur de l’émancipation, du progrès individuel et collectif, le socle de notre pacte républicain, le pilier de l’égalité réelle.

Son plan pour l’école se concentre sur les cycles décisifs. La scolarisation précoce sera développée car c’est au plus jeune âge que les inégalités se créent. Elle accordera une priorité à l’école primaire : aucun enfant ne doit en sortir sans maîtriser les savoirs et les compétences fondamentales - la lecture, l’écriture, le calcul, sans être familier de l’environnement informatique ou de l’anglais ni être en capacité de nommer ses émotions. La lutte contre l’échec au collège engagée avec méthode et bienvaillance. L’objectif d’une réduction de 50% du décrochage scolaire sera fixée sur la mandature avec une personnalisation des parcours scolaires, des réponses pédagogiques adaptées, un meilleur encadrement, une valorisation des matières technologiques, professionnelles et artistiques, une orientation intelligente et concrète, une réforme des programmes encourageant les partenariats entre les cycles et permettant des progressions à chacun.

Alors que nos élèves ont les journées les plus longues et l'année scolaire la plus courte en Europe, Martine Aubry propose d’engager une réforme des rythmes scolaires (des rythmes de l’enfant), en lien avec les familles et les collectivités locales, pour passer à cinq jours éducatifs.

Parce qu’être enseignant est un métier qui s’apprend, tout au long de la carrière, une refonte complète de la formation, initiale et continue sera entreprise, afin de préparer à l’exercice de l’ensemble des missions : instruire les jeunes qui leur sont confiés, contribuer à leur éducation et les former en vue de leur insertion sociale et professionnelle.

Avec l’arrêt de suppressions de postes et de fermetures classes, elle rétablira la sécurité dans les établissements scolaires avec un nombre suffisant de professionnels formés partout où il y en a besoin en les accompagnant par d’emplois d'avenir pour encadrer les élèves, et en créant un nouveau métier de l'éducation dédié à la surveillance dans l'enceinte scolaire et à ses abords.

Refonder l’école, Martine Aubry le sait, ne sera pas possible sans les familles, qui demeurent le premier espace d’éducation et de transmission. Le suivi éducatif des enfants implique les parents comme partenaires confiants d’une école bienveillante et ouverte. Trop de malentendus se sont installés entre l’école et les familles, qui entretiennent des rapports parfois tendus, marqués par l’incompréhension et la culpabilisation. Martine Aubry souhaite que les parents trouvent à l’école un véritable accueil, une information claire et régulière sur les activités scolaires et périscolaires de leurs enfants, sur leurs réussites et leurs progrès, sur les possibilités éducatives qui s’offrent à eux et l’aide qui peut leur être apportée. Les représentants de parents élus et les fédérations de parents d’élèves seront pleinement associés, à la mise en place des plans éducatifs locaux et des cinq jours éducatifs.

La méthode reposera sur le dialogue avec toute la communauté éducative, l'implication des parents d'élèves, des associations d’éducation populaire, la mobilisation accrue des élus locaux, l'expérimentation et l’évaluation avant toute généralisation.

Au-delà de ces sujets qui vous touchent précisément, vous pouvez retrouver l’ensemble de ses propositions sur le site de Martine Aubry (www.martineaubry.fr).

En 2012, la France a besoin du changement. Nous sommes convaincus que Martine Aubry est notre meilleur atout pour gagner et pour réussir ce changement.

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13 septembre 2011 2 13 /09 /septembre /2011 12:11

Libération - Lundi 12 septembre 2011, tribune de professionnels de l’Education.

Notre école est plus que jamais en crise, minée notamment par une décennie de démantèlements et de déstabilisations. Des territoires entiers, dans les banlieues et dans les départements ruraux, sont condamnés à un abandon éducatif que la suppression de la carte scolaire n’a fait qu’aggraver. Les retraits de postes par milliers depuis 2007 (66 000 suppressions en cinq ans), la disparition programmée des Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased), la réforme calamiteuse de la formation des enseignants, la réduction brutale à quatre jours de classe par semaine imposée à l’école primaire, l’appauvrissement et le désordre des programmes et des évaluations, notamment dans le primaire et au collège, mais aussi au lycée : tout cela laisse l’Education nationale exsangue et désorientée.

Mais la crise est bien plus profonde : au-delà de son appauvrissement, c’est la capacité de l’école à lutter contre les inégalités qui fait aujourd’hui défaut. Etudes après études, les comparaisons internationales sont sans appel. De par son élitisme structurel et sa propension à la sélection par l’échec à tous les étages du système éducatif, le destin scolaire des élèves dépend de leurs environnements culturels et sociaux d’origine.

Nous partageons le souhait de Martine Aubry de refonder l’école. En ces temps de «résistance», on peut rappeler les objectifs énoncés en 1944 par le Conseil national de la résistance : «pleine liberté de pensée, de conscience etd’expression». Nous devons réaffirmer les raisons prioritaires pour lesquelles l’éducation doit être une priorité : l’émancipation des individus, le progrès culturel de la société, la formation de futurs citoyens libres et éclairés. Il s’agit là d’un enjeu de civilisation.

Face à la politique éducative désastreuse de ces dernières années qui a sapé en profondeur les fondements de l’école républicaine et laïque, reconstruire ce que la droite a cassé et réinjecter les indispensables moyens qui font aujourd’hui défaut ne saurait suffire et être à la hauteur de l’enjeu. Il nous faut retrouver les fondements de l’école et mettre clairement en avant, face aux limitations du libéralisme et au désastre social de l’élitisme de notre système scolaire, les finalités premières d’une école républicaine, démocratique et laïque. Il nous faut la redresser sur sa base fondamentale, à savoir l’école obligatoire, celle de tous, que l’on doit à tous et à chacun, et privilégier avant tout la maternelle et le primaire, en particulier la période sensible des apprentissages premiers où beaucoup se joue. Lutte contre l’échec et le redoublement, revalorisation et modernisation du métier d’enseignant, orientation positive des élèves par une plus grande ouverture culturelle et professionnelle, lutte contre la ghettoïsation scolaire, renforcement des alliances entre tous les éducateurs, dont les parents… : les chantiers sont immenses.

Pour nous, Martine Aubry apparaît comme la mieux à même de mener à bien ce grand œuvre. Nous savons le prix qu’elle accorde à la culture, à l’ouverture de tous les esprits au savoir et à l’intelligence, et connaissons sa conviction que l’avenir, la richesse de notre pays, intellectuelle comme matérielle, repose sur les épaules de tous les enfants d’aujourd’hui. Elle est déterminée sur les priorités indispensables à la refondation de l’école et elle a, au cours de l’élaboration du projet du Parti socialiste, voulu un projet global, de la maternelle à l’université, dans l’école et hors de ses murs, en associant à son élaboration des enseignants, des parents, des syndicalistes, des élus, des universitaires, des associations d’éducation populaire qui, au quotidien, accompagnent les enfants et les jeunes vers l’émancipation et la réussite. La ville de Lille a d’ailleurs depuis six ans un projet qui articule les temps de l’enfant, ouvre les élèves à la musique, à la lecture, au sport tout en accompagnant les plus fragiles vers la réussite éducative en leur apportant des réponses individualisées. Le respect avec lequel elle a toujours considéré les enseignants et les professionnels, mais aussi, l’exigence qu’elle porte et sa capacité à vaincre les conservatismes et les immobilismes, sa faculté à articuler action locale et ambition nationale nous convainquent que, Présidente, elle saura donner un nouveau souffle à l’école.

Signataires : Christian Baudelot, Roger Establet Sociologues, Claude Lelièvre, Bruno Poucet Historiens de l’éducation, André Sirota Psychologue, Annette Bon, Anne-Marie Vaillé, Jacques Fijalkow, Jean-Louis AuducChercheurs en éducation ou formateurs d’enseignants, Francine Best, Jean Hébrard ex-Inspecteurs généraux, Pierre Frackowiak Inspecteur honoraire, Claude Rebaud Proviseur, Didier Cardon, Nicole Belloubet Vice-présidents de conseil régional, chargés de la formation, Bruno Julliard Secrétaire national du PS pour l’éducation.

"Refonder l'école avec Martine Aubry", tribune de professionnels de l'éducation

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13 septembre 2011 2 13 /09 /septembre /2011 11:33

Vendredi 9 Septembre 2011 - Mediapart.fr - Par Richard Moyon, responsable RESF

A quelques amis et camarades. L'enjeu de l'élection présidentielle de 2012 sera, pour la société française, probablement plus lourd de conséquences que celui de bien des scrutins présidentiels antérieurs, particulièrement en cas d'une réélection de Sarkozy.

En quatre ans et demi l'actuel occupant de l'Elysée a clairement montré quels sont ses choix économiques, sociaux et politiques fondamentaux, certains prolongeant et accentuant des tendances déjà affirmées sous Chirac, d'autres marquant une rupture, y compris avec ses prédécesseurs de droite.

L'ami des milliardaires et des dictateurs

Même si la révolte des peuples arabes l'a forcé à lâcher certains de ceux devant qui il se prosternait la veille, le quinquennat de Sarkozy a été celui des démonstrations ostentatoires d'amitié aux pires dictateurs.  Les Bongo père et fils, Ben Ali, Moubarak ou Hu Jintao, ont eu droit aux mamours et aux tapes sur l'épaule d'un Sarkozy empressé, sans parler de Kadhafi invité à planter sa tente dans les jardins de l'hôtel Marigny, en voisin de l'Elysée ou de Bachar El Assad hôte d'honneur d'un défilé du 14 juillet dont on sait combien il est sacré aux yeux de Fillon. L'atlantisme revendiqué de celui qui se vantait d'être appelé Sarkozy l'Américain au temps de Bush s'est traduit, entre autres, par la réintégration de la France dans l'OTAN et sa participation accrues à l'équipée afghane.

Sur le plan social, le bilan de son quinquennat est l'un des pires depuis la fin de la guerre. D'un côté, chômage indéracinable avec une hausse record en juillet, précarité croissante, pouvoir d'achat des couches populaires et moyennes en berne, retraites amputées, services publics fortement dégradés par la réduction drastique des effectifs et des moyens dans l'éducation et la santé un mendiant à chaque coin de rue, des SDF par centaines de milliers, des mal logés par millions, etc. De l'autre, népotisme, places et cadeaux, petits et grands, aux amis du Fouquet's, parents et alliés,  et les Hauts-de-Seine au fiston, et 300 millions d'€ pour ce bon M. Tapie, et quelques dizaines d'autres encore pour cette pauvre Mme Bettencourt, et le défilé des amis de toujours aux postes ministériels et à la tête  des organismes publics, etc. Mais aussi, de façon plus coûteuse encore, dégrèvements, niches fiscales, subventions, aides, petits arrangements et revenus mirobolants pour le club du CAC 40 et les catégories à choyer (restaurateurs régalés d'un stérile abaissement de la TVA, heures supplémentaires défiscalisées,  grosses fortunes d'abord protégées par le bouclier fiscal puis débarrassées de l'ISF, pour ne mentionner que quelques exemples). "Enrichissez-vous" pour gagner le droit de vote, conseillait Guizot aux pauvres au temps du suffrage censitaire. "Goinfrons-nous" répète Sarkozy à ses amis milliardaires et dictateurs.

Vous avez détesté Sarko One, vous le regretterez avec Sarko Two !

Cela étant, Sarkozy n'est pas allé au bout de sa capacité de nuisance,  tant s'en faut. Il peut faire pire. Nombre de ses projets emblématiques n'ont pas abouti ou ont été édulcorés  du fait des circonstances et/ou de l'opposition active de l'opinion. C'est ainsi que les crises mondiales provoquées par la spéculation financière en 2008 puis en 2011 l'ont contraint à quelques discours condamnant platoniquement certains aspects outrancièrement choquants du capitalisme comme les paradis fiscaux. Certaines de ses mesures phares, comme le bouclier fiscal dont il était si fier, ont dû être abrogées après qu'il  s'y soit cramponné contre vents et marées et l'actuelle crise l'oblige à rogner quelques niches fiscales au grand dam de ses députés. 

Mais il n'en demeure pas moins que la pensée des sarkozyste en matière économique est tout entière imprégnée des préceptes des gourous néolibéraux et néoconservateurs américains : les couches populaires doivent payer les errements des banques et des financiers.

C'est d'ailleurs aux mêmes sources de la droite américaine qu'il a puisé ses thèses sécuritaires mises en œuvre depuis sa première accession au ministère de l'Intérieur en 2002. Malgré la multiplication des textes législatifs de circonstance (à chaque fait divers, sa loi !), l'assignation d'objectifs chiffrés aux services de police et les innombrables coups de menton de Sarkozy, un récent rapport de la Cour des comptes (2011) souligne l'échec de sa politique. Après la France en 2005, la Grande-Bretagne vient d'en faire la cruelle expérience : une police coupée de la population, qui n'apparait que la matraque et la grenade lacrymogène à la main, est de peu d'efficacité contre une délinquance qui trouve en grande partie ses racines dans la pauvreté matérielle et la désespérance morale.  Etre fort en gueule fait parfois, un temps, illusion mais ne fait pas une politique.

Rendue responsable d'un peu tout et n'importe quoi au gré des événements et des fantasmagories du président et de ses copains de la droite populeuse, l'immigration tient dans le discours sarkozyste le rôle classique de bouc émissaire dévolu à l'étranger. Lois à répétition censées endiguer des vagues migratoires inventées par la droite extrême, objectifs délirants de "clandestins" à expulser annuellement, Roms désignés à la vindicte publique,  Français de fraîche date et de double nationalité menacés d'être privés de leur carte d'identité française,  débats fangeux sur l'identité nationale, sur l'Islam et la laïcité, Eva Joly accusée de refuser de chanter "Tiens voilà du boudin" à l'unisson avec Fillon le 14 juillet, le triangle d'or des thèses sarkozystes doit se trouver quelque part entre Déroulède, Le Pen et Pétain.

 

Une élection à haut risque

Sa réélection en mai 2012 vaudrait à coup sûr aux yeux de Sarkozy  quitus pour le passé et blanc seing  pour l'avenir.  Celui "qui ne doute de rien et surtout pas de lui-même" se croirait tout permis. Il y verrait l'approbation inconditionnelle de son passé et de ses projets, y compris de ceux qu'il a renoncé à mettre en œuvre lors de son premier mandat et de ceux qu'il n'a fait qu'esquisser ou que ses collaborateurs les plus à droite ont évoqués (fichier des bénéficiaires des aides sociales, service du travail obligatoire pour les chômeurs par exemple). D'autant que, la constitution lui interdisant de briguer un troisième mandat, il serait libéré des conséquences de son impopularité : il se sentirait omnipotent, investi de la mission de sortir le pays  et le monde de la crise et libre de recourir plus directement aux pratiques esquissées lors de son premier mandat : nomination de ses hommes aux postes clés, utilisation des moyens de l'Etat, de la police en particulier, poursuites à l'égard des opposants.

Au prétexte de sauver l'€uro, de résorber la dette publique ou de respecter la "règle d'or" de l'équilibre budgétaire, la seconde présidence de Sarkozy se traduirait par des mesures dont celles prises récemment en Grèce ou en Irlande donnent l'orientation : amputation des salaires et des retraites, coupes drastiques dans les dépenses sociales, services publics attaqués à la hache, précarisation généralisée du salariat. 

Selon toute vraisemblance, cette offensive contre le niveau de vie de la population pour préserver les bénéfices des banques et des entreprises du CAC 40 provoquerait des oppositions... dont on peut se demander avec quelle violence le président réélu les combattrait.  Les émeutes de 2005 avaient valu la proclamation de l'état d'urgence. Celles qu'entraineraient des mesures analogues à celles appliquées en Grèce vaudraient-elle son application à tout le pays ? La question mérite d'être posée.

La relative mansuétude dont font preuve les tribunaux à l'égard de ceux qui s'opposent à des mesures que l'opinion désapprouve (faucheurs d'OGM, travailleurs occupant des locaux, retenant des patrons, enseignants ou parents s'opposant à des expulsions de sans papiers) prendrait fin : sanctions et peines de prison s'abattraient.

Ayant multiplié les lois sécuritaires, faisant installer de formidables dispositifs sécuritaires à chaque manifestation, ne cachant pas son intention de mettre les juges au pas, intervenant en sous-main dans nombre d'affaires et roulant des mécaniques à chaque occasion, Sarkozy se fait une gloire d'être capable de passer en force. Grisé par une seconde victoire, dopé par sa mission de sauveur du monde, il n'hésiterait pas à imposer ses "solutions".    

Il le pourrait d'autant plus aisément qu'une seconde victoire de Sarkozy, quatrième succès consécutif d'un candidat de droite aux présidentielles, constituerait une défaite majeure qui plongerait dans le désespoir et, il est à craindre, de façon durable, ceux qui s'efforcent de faire vivre les valeurs de progrès social et de solidarité, à commencer par les militants associatifs, syndicalistes et politiques mais aussi les couches populaires maltraitées et méprisées, accélérant leur démoralisation, confortant l'idée du « tous pourris » et de l'inanité de toute action collective.

Même si ce n'est pas l'essentiel à côté de la catastrophe que représenterait une réélection de Sarkozy, il est probable qu'une défaite supplémentaire signerait l'arrêt de mort des partis de gauche et d'extrême-gauche tels qu'ils existent, sans pour autant laisser à d'autres courants progressistes les moyens de naître, risquant d'ouvrir le champ à toutes les dérives, maffieuses, intégristes ou fascistes dans les couches populaires.

La gauche au pied du mur

L'issue des présidentielles de 2012, et donc leur préparation, ne peut laisser personne indifférent. Un second mandat de Sarkozy ne serait pas cinq années de plus sous un président de droite. Mais bien, , une débâcle terrible des couches populaires dont, du fait de la situation économique mondiale, de la situation politique française, de la sidération due à l'échec de la gauche et de la personnalité du candidat de droite, elles risqueraient de payer le prix des années et des années durant. Il faut, vraiment, que Sarkozy échoue... et qu'un(e) candidat(e) de gauche l'emporte.

Il ne s'agit pour autant évidemment pas de s'en remettre aveuglément à un/une candidat(e) autre que Sarkozy. D'abord parce que ce pourrait être le moyen, comme en 2002 et en 2007, de faire triompher la droite. L'expérience a montré que même face à des candidats de droite qui n'auraient pas dû passer, certains étaient capables de perdre.

Il ne s'agit pas non plus de borner son horizon à faire tomber Sarkozy. C'est sans doute un préalable mais, son échec acquis,  tout restera à faire et les plus grands dangers continueront de planer, en particulier du fait de l'omnipotence des "marchés" qu'il faudra bien, tôt ou tard, dompter. Cela étant, avant même d'y penser, il faut avoir remporté la bataille de 2012.

Martine Aubry, puisqu'il faut choisir

Quelques préalables :

Un candidat de gauche doit impérativement être présent au second tour. La voie est étroite entre la multiplicité des candidatures (et la carence de Jospin) de 2002 qui a mené Le Pen au second tour et le caporalisme qui, au nom de ce danger, interdirait à quiconque de se présenter. Dans l'état actuel du rapport de forces entre la gauche et la droite au premier tour tel que le donnent les sondages, toutes les candidatures déclarées à gauche ou à l'extrême-gauche (Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, Philippe  Poutou, Nathalie Artaud) sont légitimes même si se dessine d'ores et déjà la tendance à voter PS au premier tour, « pour assurer ».  Ce sera ensuite une affaire d'appréciation de la situation et de prise de responsabilité individuelle. Mais il ne faut pas qu'un 21 avril se reproduise. 

Il faut l'espérer, un(e) candidat(e) de gauche sera présent(e) au second tour, vraisemblablement celui/celle du PS. Contre Sarkozy, il faudra voter pour lui/elle, quel qu'il soit. Il est dès lors logique de se donner les moyens de peser sur la sélection et  de participer aux primaires. Même si sur  le fond les différences entre les unes et les autres apparaissent comme des nuances, les personnalités ne sont pas identiques. Il ne s'agit pas, pour quelqu'un qui n'est pas membre du PS, d'arbitrer entre ses personnalités et ses courants, mais de dire, entre les candidat(e)s en mesure de l'emporter, François Hollande et Martine Aubry, quel est celui/celle  pour qui on voterait le plus volontiers au second tour. Etant entendu que même si c'était un autre qui l'emportait aux primaires, le vote lui serait acquis.  

De ce point de vue, Martine Aubry est celle qui tient le discours le plus ferme sur le plan social et le moins timoré sur la question de la sécurité et de l'immigration. Cela n'en fait certes pas une révolutionnaire ! Mais puisque pour battre Sarkozy on votera PS au second tour, je dirai à l'occasion des  primaires socialistes que je préfère voter Martine Aubry au second tour, ce qui ne préjuge en rien de mon vote au premier tour.

Ajoutons que, Sarkozy battu, et bien battu, faut-il espérer, tout restera à faire, dans une situation économique probablement difficile. Le coup de Jospin promettant d'abroger les lois Pasqua et y renonçant quelques semaines après son accession au pouvoir et de fermant Renault-Vilvorde en prime a été fait une fois.  Pas deux.

Richard Moyon

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9 septembre 2011 5 09 /09 /septembre /2011 14:17

Par Liem HOANG NGOC, eurodéputé

Les socialistes font campagne contre l’opération de communication du Gouvernement consistant à brandir la « règle d’or », alors qu’il a explosé les déficits publics. Ce simple argument est politiquement insuffisant pour convaincre l’opinion que nous sommes porteurs d’une politique alternative. Il l’est d’autant moins que certains, dans nos rangs, proposent l’adoption (avant ou après 2012) de ce qu’ils considèrent être une règle de gestion saine des finances publiques. Trois arguments doivent être développés, pour se démarquer des tenants de l’orthodoxie budgétaire et rassembler les partisans d’un changement de modèle économique :

 

1) La règle d’or n’est pas crédible. Dans sa version allemande et espagnole, elle impose un déficit structurel proche de l’équilibre (0,37% en Allemagne). Le déficit structurel français est, selon les calculs de l’OFCE, proche de 3% du PIB (pour un déficit courant en 2011 sans doute supérieur à 6%). 3% du PIB correspondent à 60 milliards d’euros. Dans l’hypothèse où la France parvenait à réduire ses déficits à 3% en 2013, il faudrait donc opérer une ponction supplémentaire de 60 milliards dans le budget 2013 si l’on appliquait, comme le suggèrent certains socialistes, la règle d’or, pour atteindre un déficit structurel nul. Compte tenu du retournement conjoncturel en cours, les effets récessifs d’une telle amputation seraient incommensurables. Dans ce cas, les recettes fiscales escomptées feraient défaut et les déficits ne se réduiraient pas…

L’application de la règle d’or est d’autant moins crédible que le retournement de la conjoncture compromet sérieusement la trajectoire de réduction de 6 à 3% en deux ans. La Commission et le Conseil considérait déjà le scénario remis par le Programme National de Stabilité français comme trop optimiste. Celui-ci tablait sur une croissance de 2% en 2011, 2,25% en 2012 et 2,5% en 2013. Le gouvernement vient de revoir ces prévisions. Il anticipe 1,75% en 2011 et 2012 là où les conjoncturistes travaillent sur des hypothèses de 1,6 pour 2011 et 1,4 pour 2012. Sous les hypothèses retenues par Fillon, une ponction de 11 milliards est déjà nécessaire en 2011 et 2012. On n’ose imaginer l’ampleur des mesures d’austérité à adopter en 2012, si la règle d’or devait s’appliquer avant le vote du budget 2013, comme l’a suggéré Hollande.

Dans l’état actuel de la conjoncture, aucun macroéconomiste avisé ne croit en la possibilité de revenir à un déficit de 3% en 2013, et encore moins d’appliquer une règle d’or de déficit structurel nul.

2) La règle d’or inscrirait dans le marbre de la constitution un principe de politique économique néo-libérale encadrant sévèrement l’intervention publique. Elle rencontrera le même rejet que celui dont a fait l’objet la partie III du défunt Traité constitutionnel. Ce principe interdit de facto la conduite de politiques anti-cycliques, permettant, compte tenu des fluctuations de la conjoncture, de maintenir l’économie en plein-emploi. Elles ont été timidement utilisées au cours de la crise des subprimes. Elles ont néanmoins permis de recapitaliser les banques et relancer la croissance. Alors que les taux d’utilisation des capacités de production n’avait pas recouvert leurs niveaux normaux, le retrait prématuré des mesures de soutien, complété par le retour des politiques néo-conservatrices dures, explique en grande partie le retournement conjoncturel actuel. La généralisation des plans d’austérité dans toute l’Europe renforcera le caractère pro-cyclique des politiques néo-conservatrices (en phase de récession, on serre la vis). Au contraire, ce sont des mesures budgétaires anti-cycliques qui s’avèreront dans les mois qui viennent pragmatiquement nécessaires pour recapitaliser les banques et relancer l’activité. Certains objecterons l’épuisement des marges de manœuvres budgétaires. Pourtant, la donne serait rebattue si les banques, détentrices des dettes souveraine et menacées de faillite, transféreraient à l’Etat, en cas de recapitalisation, leurs propres créances sur l’Etat lui-même. En clair, l’Etat n’aurait donc plus de créanciers à rembourser. Cela n’est en aucun cas immoral si l’on considère que la dette résulte des effets pervers des politiques fiscales néo-conservatrices et est en grande partie illégitime. L’Etat pourrait de surcroît en profiter pour imposer, cette fois, les contreparties qu’il n’a pas osé demander au système financier en 2008 (séparation des acticités de dépôts et d’affaire, interdiction des ventes à nu sur les opérations non commerciales, interdiction de spéculer sur les CDS souverains, encadrement de la titrisation et des marchés dérivés… etc).

3) Il est possible de réduire le déficit structurel sans sacrifier l’investissement dans l’avenir. Nous proposons une réforme fiscale qui devrait raisonnablement permettre de réduire de 20 milliards le déficit structurel (ceci est bien plus réaliste que la ponction de 60 milliards précédemment évoquée). Le déficit structurel serait alors de l’ordre de 2%. Pour préparer l’avenir, nous opposons à la règle d’or néo-libérale un pacte d’investissement. Nous proposons, à l’instar du PSE et du groupe S et D au Parlement européen d’exclure les dépenses d’investissement du calcul des déficits. Celles-ci représentent actuellement 3% du PIB (elles sont réalisées pour deux tiers par les collectivités territoriales) et sont susceptibles de croître pour compenser le déficit d’investissement privé.

Si ces propositions étaient d’ores et déjà appliquées en 2011, sur un déficit courant de 6 %, le déficit affiché ne serait plus que de 3%. Il comprendrait une partie structurelle, 2% et une partie conjoncturelle, 1%, correspondant au jeu des amortisseurs sociaux, appelés à se retirer lorsque la reprise est consolidée. De quoi émettre des signaux rassurants à l’opinion et aux marchés…

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8 septembre 2011 4 08 /09 /septembre /2011 08:36

 

L'énigme François Hollande

Par Laurent Mauduit - Médiapart - lundi 5 septembre 2011

Obnubilés par les fluctuations erratiques des sondages – qui, dans le cas présent, ont encore moins de pertinence qu’à l’accoutumée –, se passionnant beaucoup plus pour les «petites phrases» et les querelles d’écuries que pour les débats d’idées ou de doctrines, la plupart des grands médias n’y ont pas encore prêté attention, mais le constat n’en saute pas moins aux yeux: il y a une énigme François Hollande.

Une énigme qui tient à la campagne qu’il a décidé d’engager; qui tient à la petite musique qu’il veut faire entendre. Une énigme qui se résume en fait en cette question principale: mais pourquoi donc a-t-il choisi de se faire le champion d’une politique «droitière»?

Pourquoi donc a-t-il décidé, si l’on peut dire, de se «strauss-kahniser» à ce point?

Etrange, en effet! A suivre les discours qu’il prononce ou les émissions auxquelles il participe, François Hollande donne clairement le sentiment de conduire la campagne du second tour de l’élection présidentielle et non celle des primaires socialistes. A l’écouter, on croirait qu’il prend bien soin de parler aussi au camp d’en face et que son souhait n’est pas d’abord de mobiliser son propre camp, de parler à ce que l’on appelait, en d’autres temps, «le peuple de gauche».

Bien sûr, François Hollande est homme habile et par surcroît bon orateur, enjoué et moqueur. Une salle, il sait donc la faire vibrer. Et face à un auditoire socialiste qui rêve d’en découdre avec la droite, il sait, mieux que d’autres, en appeler au passé glorieux de la gauche, à son histoire et à sa mémoire, à ce «roman national» qu’il se plaît fréquemment à évoquer, qui va de la Révolution française jusqu’à 1981, en passant par le Front populaire. Il sait aussi, comme on l’a vu faire la semaine passée à La Rochelle, se moquer avec jubilation des plus riches, dont Nicolas Sarkozy est le champion.

Mais enfin! A mille petits riens, cela se sent, François Hollande est profondément soucieux d’envoyer aussi des signes au camp d’en face. Soucieux de parler aux milieux d’affaires. Soucieux de rigueur économique et de respectabilité financière. Et si, en certains points, il se démarque du projet officiellement adopté par le Parti socialiste, s’il avance des propositions complémentaires ou des amendements, c’est donc fréquemment dans le même sens: pour rassurer le camp d’en face et non pas pour faire vibrer le sien. L’énigme, la voici: lui qui, à la différence de Dominique Strauss-Kahn ou de Laurent Fabius, n’a jamais versé dans les outrances du social-libéralisme ou de la troisième voie, il semble par moment tenté d’occuper ce créneau politique.

Examinons en effet ces premiers mois de campagne et les signes multiples envoyés par François Hollande.

Le premier de ces signes intervient en septembre 2010, alors qu’il n’a pas encore déclaré officiellement sa candidature aux primaires socialistes. François Hollande propose alors un débat sur Internet sur le thème: «Parlons de la France». Et le petit livre numérique qu’il dévoile à cette occasion fait dresser l’oreille en certaines de ses propositions.

D’abord, de la première à la dernière ligne, François Hollande multiplie les appels à la raison et à la modération comme s’il fallait tout faire pour que de vieux slogans ne reviennent pas hanter la gauche, le «Tout est possible!» de Marceau Pivert de 1936, ou le «Changer la vie!» de 1981. Ligne après ligne, le candidat putatif envoie donc sans cesse le même message pour dissuader la gauche de «multiplier les propositions, comme si nous avions tous les moyens pour agir et disposions de tous les leviers». «Les trésors cachés n’existent pas. Et les prélèvements sur les revenus financiers comme sur les grandes fortunes, aussi légitimes soient-ils, ne peuvent suffire pour combler tous les déficits de notre protection sociale», insiste-t-il.

Et François Hollande ajoute: «Ce comportement peut être séduisant électoralement: nos concitoyens préfèrent entendre que "tout est possible", plutôt que "l’État ne peut pas tout". Et quand des dirigeants politiques, avec sincérité, ont fixé les limites de l’action publique, ils ont eu à subir bien injustement les foudres de l’opinion publique.»

Et ces petites phrases, qui, à l’époque, sont passées inaperçues, sont lourdes de sens car, sans le dire explicitement, François Hollande donne là un coup de chapeau rétrospectif à Lionel Jospin qui mérite qu’on s’y arrête. Qu’on se souvienne! A la fin de l’été 1999, le groupe Michelin annonce tout à la fois un doublement de ses bénéfices et un nouveau plan social, prévoyant la suppression de 7.500 postes dont 1.880 en France. La double annonce des profits et des licenciements choque légitimement le pays, qui découvre alors pour la première fois les outrances du capitalisme anglo-saxon auquel les grands groupes français se sont convertis et les «licenciements boursiers» auxquels ils ont désormais recours: des licenciements non pas pour éviter le dépôt de bilan mais pour verser des dividendes encore plus juteux aux actionnaires.

« L'Etat ne peut pas tout »

Or, interpellé sur cette scandaleuse mutation du capitalisme français et sur ce nouveau type de licenciement, Lionel Jospin dit son impuissance face à la tyrannie des marchés, lors d’un entretien sur France-2, le 13 septembre 1999. Dans une formule qui est restée pour la gauche tristement célèbre et qui augure de son naufrage de 2002, il lâche: «Il ne faut pas attendre tout de l’État.» Lionel Jospin signifie alors qu’il n’honorera pas la promesse qu’il avait pourtant faite de rétablir l’autorisation administrative préalable aux licenciements. Quelques mois plus tard, devant des ouvriers licenciés de Lu, le premier ministre fait une variation sur le même thème: «L’État ne peut pas tout.»

François Hollande, qui n’a rien oublié de tout cela, ne parle donc pas à la légère. Loin de saluer l’action de Lionel Jospin le volontariste, celui de 1995 ou 1997, qui cherchait à faire sortir la gauche de l’ornière libérale des années Bérégovoy, il salue l’autre Lionel Jospin, celui qui cède face aux marchés et retombe à partir de 1999 dans la même ornière, à l’instigation des deux sociaux-libéraux de l’époque, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius.

Dans son petit opuscule Parlons de la France, il ne fait d’ailleurs pas que fixer les principes d’une politique économique modérée ou néo-libérale. De la parole aux actes, il fait aussi quelques propositions concrètes, qui vont dans le même sens. Oubliant que le Parti socialiste a voté en 2003 contre la disposition de la loi Fillon sur la réforme des retraites prévoyant l’allongement au-delà de 40 ans de la période d’activité donnant droit à une pension complète, il lâche cette piste sulfureuse: «Afin de tenir compte de l’allongement de la durée de la vie, il est logique d’augmenter la durée de cotisation au fur et à mesure que l’espérance de vie augmente.» Logique?

Au sein des différentes composantes de la gauche ou de la gauche radicale, la proposition pourrait, à l’avenir, faire figure de chiffon rouge…

François Hollande a ensuite administré un autre signe de son nouveau positionnement, lors du face-à-face qu’il a eu avec l’économiste Thomas Piketty, organisé par Mediapart (lire Hollande-Piketty: confrontation sur la révolution fiscale).

Il faut, certes, lui en donner crédit: si le Parti socialiste s’est converti à la nécessité d’une «révolution fiscale», c’est parce que François Hollande a longtemps plaidé en ce sens. Et le projet qui a finalement été retenu, celui d’une fusion de l’impôt sur le revenu et de la Contribution sociale généralisée (CSG), pour refonder un véritable impôt général et progressif sur tous les revenus, c’est en grande partie le sien.

Il n’empêche! Pour qui réécoute cet échange et notamment la deuxième vidéo auquel il a donné lieu (vidéo ci-dessus), le constat est patent: François Hollande fait tout pour que la «révolution fiscale» soit la moins radicale possible. Et, surtout, qu’elle ne conduise pas à une trop forte taxation des plus hauts revenus.

Le dirigeant socialiste émet donc des réserves sur le barème d’imposition préconisé par Thomas Piketty, qui est très modéré pour les bas et moyens revenus mais qui peut aller jusqu’à 50% pour les revenus mensuels de 50.000 euros et de 60% pour les revenus mensuels de 100.000 euros. Observant que ce taux supérieur de 60% ne concernerait que quelques milliers de contribuables, le dirigeant socialiste exprime ses doutes: «Je considère que les taux faciaux pour un tout petit nombre de contribuables sont des taux inefficaces», dit-il, insistant sur les risques de délocalisation. «Je préfère un impôt payé à un impôt fraudé», assène-t-il.

Réaction agacée de Thomas Piketty: «Je recommande à François Hollande de produire son barème, parce que tout se paye. Si on réduit à 50% le taux supérieur, alors on sera obligé d’augmenter les taux d’imposition des revenus moyens ou inférieurs», réplique-t-il.

Affichant des désaccords assez nets sur cette question de la fiscalité des revenus, le dirigeant socialiste et l’économiste sont aussi sur des longueurs d’onde assez différentes en matière de fiscalité du patrimoine. Car, dans ce domaine, François Hollande reprend à son compte une idée assez droitière, dont la paternité revient en d’autres temps à Dominique Strauss-Kahn, consistant à ce que l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) puisse venir en déduction des droits de succession.

Or, on comprend bien les conséquences que pourrait avoir ce projet: il pourrait tout à la fois conduire à une quasi-suppression de l’ISF qui ne dirait pas son nom en même temps qu’à une minoration des droits de succession. Il est donc loin d’être certain que la proposition enflamme le «peuple de gauche»; le moment venu, elle pourrait plutôt constituer un gage d’apaisement pour les milieux les plus fortunés. C’est dans cet esprit que Dominique Strauss-Kahn l’avait conçue.

Alignement sur le principe ultralibéral de l'équilibre budgétaire

Mais c’est surtout dans les premiers mois de 2011 que François Hollande creuse ce sillon de manière encore plus nette. Ce n’est qu’une anecdote, mais elle est significative. Le 24 mars 2011, le journal Les Echos demande au détour d’un entretien avec François Hollande s’il accepte une filiation avec Raymond Barre, le père-la-rigueur que la gauche a chassé de son poste de premier ministre en 1981. «On vous qualifie parfois de Raymond Barre de gauche. Est-ce un compliment à vos yeux?», lui demande le journal.

Réponse de l’intéressé: «Je le prends avec précaution, car on ne peut pas dire que sa réussite à l’élection présidentielle ait été totale! On ne peut dire non plus que sa gestion ait été parfaite. Mais il a eu le souci de remettre nos finances publiques à flot.» En clair, il ne s’offusque pas de ce cousinage; il s’en amuse…

Inquiétante filiation! En 1981, Raymond Barre est, avec Valéry Giscard d’Estaing, le symbole de la politique réactionnaire qu’il faut mettre en échec, le premier ministre des injustices sociales, du chômage et des premiers petits boulots. Trente ans après le 10 mai 1981 le voici en partie réhabilité par les héritiers de ceux qui l’ont battu.

On pourrait penser que ce constat est exagéré et que François Hollande a simplement répondu avec courtoisie, sans y prendre garde, à une question qu’il jugeait accessoire. Et pourtant, non! Car quelques mois plus tard, François Hollande, qui, dans l’intervalle, a officiellement déclaré sa candidature aux primaires socialistes, confirme de manière spectaculaire qu’il est partisan d’une forte rigueur budgétaire (lire Adieu Keynes! Vive Raymond Barre!).

Alors que le projet socialiste, refusant la politique d’austérité du gouvernement et la réduction à marche forcée des déficits publics, préconise un retour des déficits publics français sous la barre des 3% du produit intérieur brut (PIB) seulement à l’horizon de 2014, et non en 2013 comme s’y est engagé Nicolas Sarkozy, François Hollande prend en effet ses distances avec les priorités de son propre parti pour applaudir celles de la droite. Sous le titre «François Hollande: la dette est l’ennemie de la gauche et de la France», c’est à la faveur d’un entretien au Monde (daté du 16 juillet) qu’il se livre à cet exercice.

«Dans le projet socialiste, il est question de ramener les déficits à 3 % du PIB en 2014. N’est-ce pas trop tard?, interroge le quotidien.

Il faut rééquilibrer nos comptes publics dès 2013, répond François Hollande.

Dès 2013?, insiste le journal.

Oui. Je ne le dis pas pour céder à je ne sais quelle pression des marchés ou des agences de notation mais parce que c’est la condition pour que notre pays retrouve confiance en lui. Nous ne pouvons pas laisser gonfler la dette publique au risque de faire de la charge de nos intérêts le premier budget du pays, ce qui altérerait toutes nos marges de manœuvre. La dette est l’ennemie de la gauche et de la France. Si je suis élu, la première réforme du quinquennat sera la réforme fiscale. Le candidat qui annonce qu’il n’y aura pas d’effort supplémentaire après 2012 sera un président qui se parjurera», confirme François Hollande.

On connaît la suite: dans une étonnante compétition libérale, sa rivale dans la primaire, Martine Aubry, fait aussitôt comprendre que, elle aussi, si elle était élue, n’aurait de cesse que de bafouer les engagements pris par le Parti socialiste et de mettre en oeuvre

une politique d’austérité. Et elle promet, en cas de victoire de la gauche, que les marges de manœuvres budgétaires seraient affectées non pas pour moitié mais aux deux tiers au désendettement. Autant dire qu’il ne resterait plus grand-chose pour financer les priorités, qu’il s’agisse de l’éducation ou de la lutte contre le chômage et la pauvreté.

Étrange campagne, donc. Car, en 1997, même le très libéral Dominique Strauss-Kahn ne prônait pas un retour à l’équilibre des finances publiques. A l’époque, seul Alain Madelin – c’est dire! – en défendait le principe. Quinze ans plus tard, le socialiste François Hollande s’y est converti, et plutôt que de plaider pour une politique concertée de relance, il défend les principes budgétaires réactionnaires du pacte de compétitivité, condamné par les socialistes européens.

Des principes qui pourraient priver la gauche, en cas de victoire, de toute marge de manœuvre…

Et ces principes, François Hollande y tient, visiblement. Car ils sont encore au centre du discours qu’il tient le 24 août, à l’occasion d’une réunion avec des experts économiques. «La gestion au fil de l’eau, l’accoutumance aux déficits, la programmation sur la base d’hypothèses irréalistes, l’acceptation d’un niveau toujours plus élevé d’endettement sont autant de manifestations d’une irresponsabilité qui nous a trop coûté et à laquelle il est temps de mettre un terme. Cet effort sera de longue haleine, il devra être mené avec résolution, sans compromettre notre croissance ni nos objectifs en matière de justice fiscale et sociale», martèle-t-il, avant de confirmer qu’il fait siens les objectifs de réduction des déficits retenus par le gouvernement: «Nos engagements européens nous imposent de ramener notre déficit à 4,6 points de PIB en 2012 puis à 3 points de PIB en 2013 alors que le déficit attendu pour 2011 s’établit à 5,7 points de PIB. On le voit, l’essentiel de l’effort serait qu'un tel scénario se réalise en 2013. Or, c’est maintenant que la France doit montrer sa détermination à combattre les déficits; c’est aujourd’hui que le gouvernement doit montrer qu’enfin, il ne se contente plus de paroles mais passe aux actes pour protéger les Français contre les risques que font peser sur eux les soubresauts des marchés financiers.»

Un économiste réactionnaire en vedette

A l’affût de toutes les bonnes nouvelles pour les milieux d’affaires, le site Internet Wansquare applaudit : il souligne que François Hollande ne s’est certes pas rallié à la «règle d’or» budgétaire défendue par Nicolas Sarkozy, mais que cela y ressemble fort. Ou à tout le moins, c’est une «règle de platine»

Il n’y a d’ailleurs pas que le contenu du discours de François Hollande, ce 24 août, qui retient l’attention.

L’assistance est aussi digne d’intérêt. Comme s’il était entré dans le «cercle de la raison» si cher à Alain Minc, François Hollande a invité ce jour-là à débattre avec lui une étonnante brochette d’économistes, parmi les plus convenus de Paris, parmi les plus mondains ou les plus conventionnels.

Foin des jeunes chercheurs ou économistes, qui essaient, dans ce contexte de crise historique, d’explorer des voies nouvelles pour la gauche, il y avait là l’économiste multicartes Élie Cohen; le libéralo-conservateur Jean-Hervé Lorenzi, qui préside le Cercle des économistes (bien-pensants), très proche des milieux d’affaires et en particulier de Maurice Lévy, le patron de Pubicis; et même l’économiste Gilbert Cette.

Peu connu du grand public, ce dernier économiste, qui apparaît sur la vidéo officielle retraçant les travaux de la réunion, mérite une mention particulière. Attaché à la Banque de France, il est seulement connu des initiés et des… abonnés de Mediapart! Il s’est en effet distingué en co-signant en 2008 un rapport public pour François Fillon préconisant ni plus ni moins que de casser le système du salaire minimum. Mediapart s’en était fait l’écho et avait révélé le rapport le 9 avril 2008.

Or, le plus surprenant, ce n’est pas que Gilbert Cette ait été convié aux agapes – après tout, si un dirigeant socialiste est une force d’attraction qui va au-delà de son camp, tant mieux! C’est que Gilbert Cette a donné le ton. Lors de la réunion, il a sorti sa rengaine réactionnaire contre le salaire minimum. Et cette rengaine a été retenue comme parole d’évangile. On en trouve trace dans le compte-rendu officiel de la troisième table ronde qui a eu lieu ce jour-là, dénommée – ce n’est guère enthousiasmant ni mobilisateur! : «Concilier pouvoir d’achat, compétitivité, et consolidation des finances publiques».

Car ce que dit ce compte-rendu officiel laisse songeur. Cela commence par l’énoncé suivant: «Cette troisième table ronde a permis de définir des pistes de conciliation entre, d’une part, la sauvegarde du pouvoir d’achat et, d’autre part, deux forces contraires: un regain de compétitivité qui plaide pour une modération salariale et un contexte de sobriété budgétaire susceptible de toucher les dépenses dont bénéficient les foyers modestes.»

Autrement dit, la table ronde fait siens tous les poncifs réactionnaires de la politique libérale, qui a été le socle des politiques économiques suivies par la droite comme par la gauche depuis le virage de 1982/1983: une politique salariale trop généreuse fait le lit du chômage et nuit à la compétitivité. Cela a été en particulier le credo de Pierre Bérégovoy comme celui d’Edouard Balladur. Il faut donc conduire une politique de l’offre plutôt qu’une politique de la demande. Tout est dit dans cette formule: il faut privilégier «un regain de compétitivité» et cela «plaide pour une modération salariale». Même Nicolas Sarkozy, dont les discours sont écrits par l’habile Henri Guaino, n’ose plus dire les choses avec cette brutalité technocratique.

Et le compte-rendu officiel poursuit: «S’agissant des classes populaires, les participants font le constat d’un tassement de l’échelle des salaires lié à une progression du Smic plus rapide que celle du salaire médian. Les intervenants se sont accordés pour dire qu’un Smic élevé n’est pas le meilleur outil de soutien aux plus modestes, les dispositifs de solidarité de type RSA ou PPE étant mieux adaptés car sans incidence directe sur le coût du travail. Ces outils pourront être évalués et ajustés, mais les moyens qui leur sont alloués devront être ménagés afin que la phase de désendettement ne génère pas de nouvelles inégalités.» Plus brutalement dit, si «un Smic élevé n’est pas le meilleur outil», on peut en déduire qu’il ne faudrait donc pas donner de «coup de pouce» au Smic. C’est la ligne de conduite que Nicolas Sarkozy a précisément suivie continûment, ces cinq dernières années…

La réédition des erreurs commises par Jospin en 2002

François Hollande y a-t-il seulement pris garde? Lui qui a beaucoup de syndicalistes dans ses proches, tout particulièrement de l’Unsa, mais aussi de la CGT, le voilà donc qui les laisse en arrière-plan et qui ne s’affiche qu’avec des experts bien-pensants ou bien en vue, les notables de l’économie ou de la «pensée unique». Cela s’est d’ailleurs poursuivi jusqu’à l’Université d’été de La Rochelle, où le candidat socialiste a affiché sa proximité avec un autre économiste, Jean-Paul Fitoussi qui a fait une cour assidue à Nicolas Sarkozy depuis 2007 et qui a fréquemment été vu arpentant les salons de l’Elysée ces dernières années, bien au-delà de ce qu’exigeaient ses fonctions de président de l’Office français des conjonctures économiques (OFCE). Et le voici intronisé subrepticement maître à penser de la gauche «hollandaise» – cela laisse pantois!

Cela génère donc une cascade d’interrogations: avec un tel positionnement, comment François Hollande espère-t-il reconquérir les milieux populaires qui ont fait si cruellement défaut à la gauche en 2002 et qui, pour certains d’entre eux, ont même basculé dans le vote protestataire en faveur de l’extrême droite?

Comment peut-il espérer seulement préparer dans de bonnes conditions le rassemblement indispensable de toute la gauche, dans la perspective du second tour de l’élection présidentielle? C’est ici que réside l’énigme François Hollande: laisse-t-il apparaître depuis quelques mois sa vraie nature, ce qui est le fond de ses convictions? Ou y a-t-il une part de calcul politique?

En vérité, c’est difficile de le savoir, car il y a indéniablement plusieurs François Hollande.

Il y a un François Hollande militant de la transformation sociale, attachée aux valeurs réformatrices de la composante du mouvement ouvrier qu’a longtemps été la social-démocratie française.

Un partisan affiché du réformisme radical. Qui ne se souvient des combats qu’il a menés, comme député, pendant tout le second septennat de François Mitterrand – et il en a payé le prix en ne devenant pas ministre – contre les dérives libérales des années Bérégovoy? A l’époque, beaucoup à gauche ont cédé à ce que l’on appelait alors les «années fric » ou «l’argent fou » – en clair les années Tapie. Pas lui.

Ses livres de l’époque, dont ceux écrits avec Pierre Moscovici, en portent témoignage.

Plus récemment, le livre de dialogue avec Edwy Plenel (devenu depuis directeur de Mediapart), écrit en 2006 (Devoir de vérité, Stock), témoigne de ce même et profond attachement aux valeurs transformatrices de la gauche.

Mais il y a aussi un second François Hollande, plus conservateur en vérité qu’il y paraît – et très lié en amitié à des vrais conservateurs ou libéraux, tel l’ancien ministre sarkozyste, Jean-Pierre Jouyet – au rythme où vont les choses, ne va-t-il pas finir par l’appeler à ses côtés! C’est le François Hollande que l’on a vu tout à l’heure voler au secours d’un indéfendable Lionel Jospin, quand celui-ci avoue son impuissance face aux licenciements boursiers. Et c’est aussi le François Hollande qui rédige avec le journaliste Pierre Favier un ouvrage beaucoup plus convenu (Droits d’inventaire, Seuil, novembre 2009), dans lequel il porte un regard assez peu critique sur les dérives libérales des années Jospin. Ce qui lui permet de redire que «L’État ne peut pas tout »: «Cette formule était juste et je la revendique pleinement en ce qu’elle signe un rapport de vérité dans la relation politique

Mais si ce n’est pas la personnalité de François Hollande qui est en cause, s’agit-il donc d’un calcul politique? Est-il si sûr de lui, qu’il fasse l’impasse sur les primaires et ne pense déjà qu’au second tour de l’élection présidentielle?

Si c’est le cas, on ne peut s’empêcher de penser qu’il risque de rééditer l’erreur de Lionel Jospin pendant la campagne de 2002 – cette étrange campagne au cours de laquelle le candidat s’est si peu soucié de parler à son camp et de le mobiliser qu’il a même fini par faire l’aveu stupéfiant mais logique que son projet n’était « pas socialiste ».

Voilà donc l’énigme! François Hollande assure qu’il est celui qui a le plus de qualités pour rassembler la gauche, toute la gauche, d’ici 2012. Mais, pour l’heure, il n’en apporte pas la preuve.

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