Les Echos - Par Elsa Freyssenet | 05/03/2013 | 07:00
L'aile gauche du PS soutient aujourd'hui dans la rue les non-signataires alors que le gouvernement veut transposer l'accord sans le modifier.
Ils ne seront que trois, mais l'image peut faire symbole. Cet après-midi, les trois responsables de l'aile gauche du PS, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, le député Jérôme Guedj et le vice-président de la région Ile-de-France Emmanuel Maurel iront saluer, place du Châtelet à Paris, les leaders de la CGT et de FO, Bernard Thibault et Jean-Claude Mailly. Des élus socialistes soutenant des syndicalistes qui appellent à manifester contre un accord qu'un gouvernement socialiste s'apprête à transposer en loi...
L'initiative est curieuse ; elle résume les états d'âme d'une partie de la base du PS sur un accord social que François Hollande conçoit comme un acte majeur du début de son quinquennat. «90% des manifestants sont des électeurs de François Hollande, j'assume de m'intéresser à eux, même s'ils sont circonspects», explique Emmanuel Maurel, vent debout contre cet accord : «On a fait campagne sur le contraire de ce qu'on s'apprête à voter !»
«Idiots utiles»
Rue de Solferino, on relativise «un comportement minoritaire». Puis preuve d'un certain agacement, on assène : «Libre à eux de jouer les idiots utiles de Jean-Luc Mélenchon.» Face au leader du Front de gauche, l'énervement est à la mesure de la formule choc choisi pour qualifier l'accord «made in Medef».
Le texte, traduit en projet de loi, est présenté demain en Conseil des ministres et sera examiné au Parlement en avril. S'ils ne sont pas aussi critiques que l'aile gauche du PS, nombre de députés ont été frustrés par les appels de l'exécutif à ne pas amender significativement le texte et troublés par la division syndicale sur le sujet. Afin de couper court à ce flottement, et aussi de répondre à Jean-Luc Mélenchon, une centaine de parlementaires ont signé une tribune de défense du texte, publiée dans Le Journal du dimanche : «Notre pouvoir [de parlementaires], c'est d'abord celui de respecter la voie choisie par les partenaires sociaux en transcrivant dans la loi, sans en modifier l'équilibre, l'accord qu'ils ont conclu», écrivent-ils. Les députés Olivier Faure et Christophe Castaner sont à l'origine de cet appel qui a reçu l'aval de Matignon et de l'Elysée. «Nous avons des camarades tentés par la surenchère donc tout appel à la raison est le bienvenu», glisse un conseiller du président. Le texte a, en effet, le mérite de faire masse. «Il n'y a pas que les ronchons qui écrivent», souligne Olivier Faure.
Mais cette tribune a également suscité des crispations parmi les élus PS. «On peut être pour la démocratie sociale et ne pas anesthésier le Parlement !» s'insurge la députée de Paris Fanélie Carrey-Conte, proche de Benoît Hamon. Le porte-parole des députés PS Thierry Mandon ne veut pas d'une bataille dans le groupe, «les bons élèves contre les vilains petits canards». Quant au rapporteur Jean-Marc Germain, il juge que ce n'était «pas une bonne idée» : «Tout ce qui met en scène un débat interne met de l'inquiétude dans le pays sur le thème ils ne savent pas où ils vont.»