Alors que le PS a lancé, au cours d'un séminaire tenu hier à Paris, le débat interne sur le pacte de responsabilité, Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste et présidente de Gauche Avenir, espère peser sur les choix du gouvernement. Entretien.
Vous considérez ce séminaire plus comme un show que
comme un lieu de débats.
Vous ferez-vous entendre ?
Marie-Noëlle Lienemann. Oui, malgré la volonté de la direction du PS d’étouffer le débat. Nous avons publié un texte, signé par différents courants socialistes représentant 30% de la direction nationale, pour montrer qu’il n’y a pas qu’une seule politique possible.
Le donnant-donnant, 30 milliards pour les patrons contre des emplois, ne risque-t-il pas d’être un marché de dupes ?
Nous mettons l’accent sur plusieurs aspects. Nous sommes contre la baisse de 50 milliards d’euros des dépenses publiques qui aura un effet désastreux sur les services publics et l’État social, et va plomber la croissance. Nous ne croyons pas, sauf à nous prouver le contraire, à de vraies contreparties en termes d’emplois. Il faut des aides ciblées et des objectifs clairs avec des contraintes mais aussi des sanctions pour les faire respecter.
La baisse du coût du travail n’est donc pas pour vous le nec plus ultra des politiques économiques…
Exactement. Si dans certains secteurs, comme l’industrie, il faut revoir les prélèvements pour retrouver des marges de compétitivité, ils ne peuvent se faire sur le dos des politiques familiales et sur les salaires.
Vous souhaitez un compromis favorable au monde du travail. Est-ce possible avec la politique actuelle ?
Nous prenons au mot François Hollande quand il dit vouloir un compromis équitable. Nous disons chiche. Mais cela induit un changement de politique. Soit, la croissance d’abord et les déficits ensuite, la mobilisation de l’argent public pour relancer l’économie, une réforme fiscale favorisant l’emploi dans les entreprises et donnant du pouvoir d’achat aux couches populaires comme, par exemple, une CSG progressive.
Irez-vous jusqu’à vous abstenir lors du vote de confiance si rien n’est changé du projet de pacte de responsabilité du gouvernement ?
Là n’est pas la question. Nous entendons peser sur les choix du gouvernement. Nous, mais aussi les organisations syndicales. François Hollande ne va pas pouvoir durablement dire qu’il ne veut rien entendre alors que le soutien de son électorat se dérobe sous lui.