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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 15:08

combat socialistecet article a été publié dans Combat Socialiste n°3 - mai 2013

En cas de crise, on a tendance à se replier sur soi-même. Depuis la crise financière de 2008, rares se font les élections en Europe où l’extrême droite ne fasse pas un score exceptionnellement élevé. La Grande-Bretagne n’échappe pas à la règle. Parallèlement, la crise a renforcé les indépendantistes. En mai 2011, le Scottish National Party gagne le contrôle du Parlement écossais, et organise pour mai 2014 un référendum concernant l’indépendance de l’Ecosse.

jerome haineLa stratégie Cameron

La montée du certes social-démocrate SNP est symptomatique d’une volonté de se détacher d’un grand ensemble pour se replier sur une plus petite identité.

En janvier 2013, David Cameron surprend en proposant un référendum sur le maintien de la Grande- Bretagne dans l’UE. Il se montre ainsi sensible aux préoccupations indépendantistes, tout en déplaçant le curseur sur d’autres enjeux. Mis en difficulté lors d’une élection interne du Conservative Party, Cameron lâche également du lest aux eurosceptiques. Il crée cependant un monstre qui lui échappe.

Il néglige l’UKIP car son score aux General Elections de 2010 a été très faible : 3,71%. La priorité de Cameron ce sont les Liberal Democrats. Ce parti, anciennement de centre-gauche, a fait un carton aux GE de 2010. Son score fut très élevé : 23 %, contre 29 % pour le Labour, 36% pour les Conservatives. Nick Clegg, chef des LibDem, annonce alors que lui et son parti participeront à une coalition dirigée par David Cameron. Il fait inscrire dans l’accord de coalition un engagement «fort et positif» envers l’Europe. Au fur et à mesure de la coalition, les LibDems sont obligés de revenir sur des promesses phares.

Des élections locales en signal d’alarme Le 3 mai dernier se sont tenues les élections locales, un système qui correspond à peu près à nos élections régionales. La percée de l’UKIP est incontestable. Le parti de droite radicale totalise 23% des voix (derrière les Conservatives avec 25% et le Labour avec 29%), et gagne des sièges dans des bastions conservateurs, comme le Kent et Norfolk. La ligne anti-européenne a séduit.

Pas tout à fait une défaite pour les Conservateurs. Car s’ils sortent fragilisés sur le plan national par une austérité budgétaire drastique, perdant certes des voix, les vrais perdants sont les LibDems.

Un exemple dans le South Shields, où le LibDem totalise... 1,41% des voix. Le Labour ne gagne pas de voix. Les électeurs LibDems se sont soit reportés sur le parti d’extrême-droite par recherche d’une alternative au combat Labour/Conservative, soit il s’agit d’un glissement de terrain, les LibDems votant Conservative, et certains Conservatives votant UKIP.

En France ?

Dans le rôle du président élu par la gauche qui doit encore concrétiser le changement : François Hollande. La tentation d’une alliance avec le centre renforcera l’extrême droite. La coalition a été présentée par Clegg comme une «union nationale face à la crise». Le Royaume-Uni nous montre que c’est une chimère. Il est indispensable de rassembler la gauche si nous souhaitons garder le pouvoir, au niveau national et local. L’UKIP n’est pas le FN mais les deux partis se rapprochent. La dédiabolisation du FN le rend compatible avec un parti qui se définit contre l’immigration mais antiraciste, leur anti-européanisme commun permet à Le Pen de saluer la victoire de l’UKIP et d’en parler comme d’un parti «ami».

La victoire de l’UKIP n’est qu’un signal d’alarme de plus. L’austérité-rigueur est le terreau de l’extrême droite. Ne décevons pas nos électeurs, appliquons la politique de gauche pour laquelle nous avons été élus. Ce terrain que nous leur cédons, nous ne le récupérerons pas rapidement.

Jérôme Haine

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