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1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 08:11

La cohorte médiatique des commentateurs autorisés du PS nous a seriné pendant des années, à tort par ailleurs, que les socialistes ne proposaient aucun projet alternatif à celui de la droite et se can-tonnait dans une opposition stérile.

Placés avec la convention « égalité réelle » devant le texte le plus étayé sur le fond que le PS ait produit depuis le début des années 2000, ces mêmes commentateurs entonnent avec unicité le refrain du catalogue de propositions non financées et non hiérarchisées, un texte qui ne serait que le produit des lubies vaguement gauchistes des « amis de Benoit Hamon » dans le parti à qui l’imprudente Martine Aubry aurait laissé la bride sur le cou. Alors que ce texte, comme ceux de nos précédentes conventions, a pourtant été élaborée en commun par toutes les sensibilités du PS et adopté sans aucune voix contre au CN, certains camarades croient juste aujourd’hui de venir en renfort de ces critiques rituelles pour asséner l’argument de la « crédibilité ».
Cela a déjà commencé et ne fera que s’amplifier d’ici 2012, nous allons de plus en plus entendre au sein de notre famille politique comme en dehors des avertissements sur notre devoir de crédibilité, accompagnés d’un rappel de la situation budgétaire du pays au cas où les informations à ce sujet nous auraient échappé. N’hésitons pas à l’affirmer, le PS a profondément besoin dans la période d’être crédible.
Crédible d'abord auprès des classes populaires qui continueront à nous refuser leur vote si nous ne sommes pas en mesure de leur offrir de réelles perspectives d’amélioration de leur condition sociale. Crédible auprès des classes moyennes qui se paupérisent et craignent le déclassement.
Crédible auprès de ces ouvriers, de ces salariés, de ces employés, de tous ceux qui subissent au quotidien depuis maintenant 8 années la politique de la droite qui les méprise et les précarise.
Crédible auprès de la majorité sociale de ce pays qui attend du principal parti de la gauche qu’il défende ses intérêts et lui fasse correspondre une majorité politique. On peut également privilégier le fait d’être crédible auprès des agences de notation, du FMI ou des places financières internationales. Mais on ne peut pas faire les 2, et là se trouve un choix politique fondamental qui nous interroge sur les raisons de notre engagement socialiste.

Rétablir la confiance des Français dans notre volonté de changer la société

On nous invite à prendre en compte la réalité. C’est éminemment nécessaire, non pour savoir comment nous adapter à elle mais pour définir de quelle façon nous allons la changer. Le PS doit s’assumer comme parti de transformation sociale s’il veut être ca-pable de proposer à nouveau un destin collectif qui suscite l’adhésion des citoyens.
Après le plus grand mouvement social que le pays ait connu depuis 2007, chacun a pu constater dans son entourage ou encore dans les milieux syndicaux que l’engagement socialiste de revenir sur la réforme des retraites de la droite suscitait au mieux un sourire désabusé, au pire le scepticisme. C’est auprès de tous ceux qui aujourd’hui ne croient plus que le PS puisse tenir cet engagement qu’il convient de redevenir crédible, de redonner du sens à la parole socialiste.
Le texte sur l’égalité réelle y constitue un jalon pour 2012, dont l’importance dépend aussi de ce que nous en ferons et de la manière dont il sera repris dans le programme de notre candidat. Ce travail collectif va dans le bon sens, il ne mérite ni opprobre ni enthousiasme démesuré mais peut-être une satisfaction politique de voir progresser dans le parti de façon largement partagée des idées que nous défendons depuis des années comme politiquement justes. La question des marges de manœuvre financière n’est pas occultée, mais elle ne sera pas le seul déterminant de notre projet, sans quoi nous nous condamnons à ne pas proposer d’alternative mais une simple alternance remplaçant un gestionnaire de crise par un(e) autre.
Nous nous tromperions lourde-ment en croyant que les socialistes seront mécaniquement les bénéficiaires lors des prochaines échéances électorales du mécontentement social profond des Français. Au-delà de la jeunesse et d’une génération qui a entamé sa politisation avec le mouvement contre la réforme des retraites, nous devrons mériter par nos actes et notre projet la responsabilité d’incarner avec l’en-semble de la gauche le débouché politique du mouvement social.
Oui, dans la nouvelle séquence politique qui s’ouvre aujourd’hui, le PS a besoin d’être crédible. Il faut décider auprès de qui.

Léo Moreau
Section de la Vallée du Sausseron

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