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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 12:59
La prestation de Hollande fait tousser son aile gauche

P.Th. | Publié le 29.03.2013, 15h25 | Mise à jour : 19h56 - Le Parisien

2681483_hollande_640x280.jpg«François Hollande nous a dit qu'il voulait rassembler les Français (...) mais la première des choses c'est de rassembler celles et ceux qui lui ont fait confiance, grâce auxquels il est là.» Malaise à gauche, au lendemain de l'intervention du chef de l'Etat sur France 2. Celui qui n'est «plus un socialiste» mais le «président de tous les Français», comme il l'a formulé jeudi soir, n'essuie pas que les critiques de la droite, du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon ou du de Philippe Poutou et Olivier Besancenot.

Des grincements de dents se font aussi entendre ce vendredi au sein de l'aile gauche du PS et chez les écologistes, pourtant membres à part entière de la majorité.

Marie-Noëlle Lienemann dégaine

La sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann est la plus catégorique. Questionnée ce vendredi, à la mi-journée sur France Inter, l'ancienne membre de la Gauche socialiste - un courant du PS fondé avec Jean-Luc Mélenchon et Julien Dray - a estimé être «face à une majorité politique qui ne se retrouve pas dans ce discours». A l'entendre, François Hollande «ne rassemble pas son camp».

En cause, des annonces «plutôt alarmantes». Et notamment sa petite phrase sur l'allongement de la durée de cotisation pour les retraites, «ce qui n'a jamais été dit aux Français pendant la campagne et est contraire à ce que nous avons écrit dans le projet du PS». La sénatrice n'est pas non plus convaincue par sa politique européenne - «à chaque fois que la Commission montre les dents, il nous fait un recul social» - ni par ses déclarations sur le chômage, sur les allocations familiales ou la taxe à 75%.

Les Verts font grise mine

Moins tranché, le député de l'aile gauche du PS, Jérôme Guedj, a tout de même laissé poindre une certaine déception. «Il a parlé du choc de compétitivité et annoncé un choc de simplification pour les entreprises, tant mieux pour elles. Je pense que cela ne suffit pas. Il nous faudrait aussi un choc de relance, un choc de pouvoir d'achat», a-t-il notamment fait remarquer dans les colonnes de Libération. Autre figure de l'aile gauche du PS, Gérard Filoche n'a pas fait de déclaration mais a redirigé, via Twitter, vers ses prises de positions sur les retraites ou l'accord sur l'emploi. Bref, les sujets qui fâchent.

Outre Cécile Duflot, membre du gouvernement, les écologistes font aussi grise mine. Le sénateur EELV Jean-Vincent Placé, artisan de l'accord avec le PS pendant la campagne, s'est dit «déçu» sur le «fond», dans Le Parisien - Aujourd'hui en France. «D’autant plus que le président n’a pas dit un mot d’écologie», souligne-t-il. L'ex-candidate écolo à la présidentielle, Eva Joly, a, elle, déploré «une occasion ratée».

«Sarkozy, sors de ce corps»

Comme attendu, les mots sont plus rudes encore du côté du Parti de gauche, du PCF et du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). «Sarkozy, sors de ce corps», a taclé Eric Coquerel, le secrétaire national du Parti de gauche, tandis que le porte-parole du PCF Olivier Dartigolles a évoqué «l'introduction à un séminaire en direction des chefs d'entreprise». «Après son prédécesseur, le président des riches, voici donc maintenant le président des entreprises, fier de son pacte de compétitivité», a de son côté lâché le NPA. Marie-Noëlle Lienemann résume ainsi le malaise : «Dans l'opinion de gauche, il y avait une autre attente que ce qui a été proposé.»

Hollande sur France 2: adieu le président socialiste

L'Express.fr - Marie Simon, publié le 29 Mars 2013 à 16:02

"Je ne suis pas le président socialiste." François Hollande aurait-il ainsi fait ses adieux à sa famille politique, ce jeudi soir sur France 2? Ce n'est en tout cas pas vraiment ce "tournant" qu'attendait la gauche...

"Moi, je reste socialiste !" C'est ainsi que Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS, réplique à la petite phrase de François Hollande. Ce jeudi soir, sur France 2, il a affirmé qu'il n'était "pas le président socialiste, mais le président de tous les Français". Un aveu qui a fait tiquer la gauche de la gauche... Vouloir se placer au-dessus de la mêlée, "cela ne l'empêche pas d'être socialiste, ce qu'il n'est pas, dit-il lui-même", a ainsi souligné Jean-Luc Mélenchon, au Front de Gauche. L'aile gauche du PS, elle, est plus divisée sur la formule, certains la jugeant plutôt "anecdotique"... pour mieux tiquer sur d'autres points de l'intervention télévisée du président.

Reste que définir ainsi sa présidence "ne tient pas au hasard", Marie-Noëlle Lienemann n'en démord pas. Pour elle, le président "va aller penaud à Bruxelles pour y afficher les efforts fournis par la France", et sans doute contre-balancer les mauvais chiffres du déficit et de la dette publiés par l'Insee ce vendredi, "alors qu'il devrait défendre une alternative à la politique d'austérité, une vraie stratégie de relance. Il ignore le débat en cours au sein de la gauche." Une position social-libérale, plus ou moins assumée, qu'elle juge "dangereuse".

Des critiques mises en sourdine sur l'Europe...

Emmanuel Maurel, lui, accorde davantage le bénéfice du doute au président. Le leader du courant Maintenant la Gauche, a même vu se dessiner "l'esquisse d'un rapport de force avec Angela Merkel et David Cameron" lorsque François Hollande a déclaré qu'"être dans l'austérité, c'est condamner l'Europe à l'explosion". "Je ne veux pas que l'Europe soit une maison de redressement. Je ne ferai pas une politique qui conduise à l'Europe à l'austérité", a-t-il également promis.

"Si c'est pour leur expliquer que ça ne peut pas continuer comme ça, c'est bien", veut croire Emmanuel Maurel. Même indulgence de la part de Pascal Cherki, sur Twitter : "François Hollande a eu des mots justes et forts pour décrire les menaces qui pèsent sur l'Europe. Les actes doivent suivre. Mobilisons-nous." Le député PS de Paris était bien moins mesuré quelques heures plus tôt quand il invitait François Hollande à "changer de braquet" en lui rappelant qu'il n'était "pas conseiller général de canton" et qu'il devait "prendre la mesure" de la crise actuelle.

... mais l'accord emploi ulcère encore l'aile gauche du PS

Lienemann Maurel GuedjCette nouvelle sourdine saute cependant lorsque l'aile gauche du PS en vient à évoquer la politique nationale de François Hollande. Sur l'allongement de la durée de cotisation à la retraite, le "choc de simplification", les indemnités chômage, la réduction des allocations familiales, etc... "Je ne vois pas de changement de cap", s'inquiète Emmanuel Maurel qui met en garde: "Attention à ne pas aggraver la crise ! Nous n'avons pas besoin de nouveaux outils dans la boîte dont il nous a parlé, il faut une politique nouvelle avec des réponses plus radicales."

"Nous n'avons pas besoin de nouveaux outils, il faut une politique nouvelle avec des réponses plus radicales"

C'est sur l'accord emploi que les dents grincent le plus fort. Quand François Hollande veut que l'accord national interprofessionnel (ANI) et "rien que l'accord" soit retranscris dans la loi, n'oublierait-il pas un détail ? N'y a-t-il pas un travail méticuleux d'amendement en cours, à sa gauche, alors que les députés communistes en auraient déposé un millier, les socialistes une centaine, sans compter ceux d'EELV ? La méthode, autant que le fond, ulcère Mathieu Hanotin, député PS de Seine-Saint-Denis: "Parmi les institutions françaises, chacun fait son boulot. On a séparé les pouvoirs pour mettre fin à la monarchie absolue."

"François Hollande reprend à son compte un veto du Medef qui refuserait les modifications que le Parlement apporterait, c'est inacceptable", s'insurge Marie-Noëlle Lienemann. "Il veut consolider cet accord pour rassembler les Français ? Mais il a la moitié des syndicats contre lui et il ne dit pas un mot à nos alliés de la gauche", ajoute-t-elle. Chez ces alliés, pointent actuellement "un doute, une inquiétude, des impatiences", selon l'expression du sénateur EELV Jean-Vincent Placé, condamnant "l'inflexion social-démocrate libérale" du président. L'intervention de François Hollande jeudi soir a sans doute dissipé ces doutes. Mais pas pour rassurer sa gauche.

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