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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 07:49

Propos recueillis par Rosalie Lucas et Philippe Martinat pour Le Parisien | Publié le 08.05.2011

Paris (VIIe), vendredi. Benoît Hamon estime qu’il faut « comme en 1981, un PS clairement inscrit au cœur de la gauche, avec un programme identifié de gauche ».

Paris (VIIe), vendredi. Benoît Hamon estime qu’il faut «comme en 1981, un PS clairement inscrit au cœur de la gauche, avec un programme identifié de gauche».

, porte-parole du Parti socialiste, estime aujourd’hui que «restera le Premier ministre le moins courageux de la Ve République».

Pour les quatre ans de à l’Elysée, François Fillon a défendu son bilan, tout en reconnaissant quelques « échecs ». Qu’en avez-vous pensé?
BENOÎT HAMON.
Selon lui, si des choses n’ont pas fonctionné, c’est parce qu’elles n’ont pas été comprises… Cela montre tout le décalage entre Fillon et le peuple.

Si les Français jugent si négativement le bilan, c’est qu’ils en ont subi les terribles conséquences dans leur quotidien. Ils voient que les dépenses de logement ont explosé, que le pouvoir d’achat des classes moyennes a diminué, qu’il n’y a pas d’embellie du côté du chômage, que l’hôpital public et l’école publique sont malmenés…

N’accordez-vous aucun bon point au gouvernement?
Je ne peux que dresser un constat globalement très négatif. La crise n’explique pas la situation actuelle, ce sont les choix politiques faits qui ont produit l’inégalité. Dès qu’il y avait une mauvaise nouvelle, Nicolas Sarkozy et François Fillon s’abritaient derrière la crise ou derrière une décision européenne… Fillon n’a jamais assumé ses désaccords avec Sarkozy, il restera le Premier ministre le moins courageux de la Ve République.

La candidature de Dominique Strauss-Kahn aux primaires du PS semble se préciser aux dépens de celle de Martine Aubry…
Je ne suis pas d’accord. Ils prendront la décision ensemble, en fonction de qui ils jugent le mieux placé. N’oublions pas que l’élection est à deux tours. On ne sait pas dire l’ordre dans lequel arriveront Le Pen, l’UMP et le PS. Cela justifie que l’on soit 100% concentré sur le premier tour ; il faut, pour commencer, que les électeurs socialistes votent socialiste. Il faut qu’ils soient convaincus qu’on reviendra sur les mauvaises réformes de la droite, que la France reprendra la marche du progrès, et qu’on arrêtera d’exiger des Français toujours plus de sacrifices, d’autant que ces élites qui demandent des efforts supplémentaires aux Français s’en sont toujours elles-mêmes exonérées.


Souhaitez-vous toujours que Martine Aubry soit candidate?
Bien sûr. Je pense non seulement qu’elle peut y aller, mais qu’elle ira!

Les sondages donnent pourtant DSK loin devant…
Mais si DSK est aussi patient, s’il sollicite autant d’avis, c’est que lui-même connaît la fragilité des intentions de vote un an avant. Surtout quand on a été si éloigné du débat national. Il sait que son image est aujourd’hui liée à l’action qu’il a menée à la tête du FMI, sa stature économique lui est reconnue, mais dès que l’on s’immerge à nouveau dans le bain politique national, on vous pose des questions, et vos réponses clivent… Des gens seront encore plus convaincus, mais d’autres se diront peut-être que DSK ne peut pas être leur choix de premier tour…

La photo le montrant montant dans une Porsche à Paris vous a-t-elle gêné?
Ce n’est pas une bonne image pour un candidat qui veut représenter la gauche. Mais vous croyez qu’il ne le sait pas?

Si DSK y va, vous présenterez-vous aux primaires?
J’y réfléchis. Si je prends cette décision, ce sera parce que je considère qu’aucune des demandes des Français sur le retour à la retraite à 60 ans, sur l’augmentation des salaires, la nécessité de développer les services publics, la remise en cause des politiques libérales européennes… n’est représentée dans le débat des primaires. Ce ne serait pas une candidature pour contrer quelqu’un mais pour porter les demandes de justice et d’égalité des Français. Je ne serai pas un plan B.

Mardi, le PS fête les trente ans de l’accession de François Mitterrand à l’Elysée. Les socialistes peuvent-ils s’inspirer de cette victoire?
Il faut, comme en 1981, un PS clairement inscrit au cœur de la gauche, avec un programme identifié de gauche. Comme le disait Mitterrand, la majorité sociale, c’est-à-dire les classes moyennes et populaires, était devenue la majorité politique. C’est à la recherche de cette alchimie que nous travaillons depuis trois ans.


Est-ce une bonne nouvelle pour le PS que Besancenot ne soit pas candidat?
Arithmétiquement, c’est un candidat de gauche en moins, donc c’est moins de dispersion. Toutefois personne ne pensait qu’Olivier Besancenot était sur le même espace que François Hollande, par exemple. Cela pourrait profiter au Front de gauche, mais je ne vois pas de problème à ce qu’il existe une autre force cohérente à gauche avec laquelle débattre et s’allier au second tour pour la victoire. En tout cas, concernant Besancenot, je trouve assez remarquable qu’un dirigeant politique dise qu’il ne veut plus que son parti et ses combats se résument à sa seule personne. Chapeau!

Devant l’afflux d’immigrés tunisiens, Bruxelles a donné suite à la demande de la France de rétablir temporairement les frontières nationales. Approuvez-vous?
Non. C’est une demande absurde. C’était déjà beaucoup plus difficile pour un Tunisien de rentrer légalement en Europe qu’à un vélo chinois fabriqué dans des conditions de non-respect de l’environnement et du droit du travail… Maintenant on remet en cause les principes de libre circulation des personnes. C’est bien la preuve qu’on peut modifier les règles des traités. Pourquoi le fait-on uniquement pour les humains et pas pour les capitaux, les biens et les marchandises? Nicolas Sarkozy ne voit aucun problème à ce que la quasi-totalité des jouets qu’on achète viennent de Chine. Il ne demande aucune harmonisation fiscale à l’Europe. Tant pis si cela entraîne des délocalisations. Cette Europe-là n’a rien à dire. Le déclin de l’Europe sur la scène mondiale se mesure chaque semaine aux prises de position de Barroso, Sarkozy et Berlusconi….


L’affaire des quotas dans l’équipe de France vous choque-t-elle?
Evidemment. Une telle réunion à huis clos avec une discussion pareille est inacceptable. Parler de quotas, et évoquer des analyses aussi grossières que «le Noir est athlétique, le Blanc est vif et technique», ça fait pleurer. Et la seule défense de la Fédération française de football, c’est de s’en prendre à Mediapart qui a fait ces révélations, ou à Mohamed Belkacemi qui a fourni les preuves!

Blanc doit-il démissionner ?
Il faut tout revoir au sommet du foot français. Le débat tourne aujourd’hui sur « Est-ce que Blanc est raciste ou pas? » Je pense qu’il ne l’est pas. Mais qu’il ait participé à ce fonctionnement et à cette réunion pose problème. Il y a quelque chose qui ne va plus dans ce pays. Dans la France de Nicolas Sarkozy, on peut violer les lois en toute impunité. Je trouve bien que des gens comme monsieur Belkacemi se dressent pour empêcher cela.

Des sondeurs estiment que si Carla Bruni a un bébé, cela pourrait faire gagner cinq points à Sarkozy…
Un enfant est un acte d’amour. Si cette naissance est confirmée, félicitations à eux deux. Et quant aux points que cela pourrait faire gagner à Nicolas Sarkozy, si la gauche perd à cause d’un enfant, c’est que vraiment nous n’aurons pas été bons.

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