Vous trouverez ci-dessous le texte du courriel adressé à tous les militants socialistes valdoisiens pour éclairer leur réflexion avant de voter sur le rapport d'activité fédéral présenté par Dominique Lefebvre.
Lors du congrès fédéral du vendredi 19 octobre 2012, nous avons assisté au spectacle affligeant d'une motion 1 divisée. Cette motion dite du « rassemblement » était incapable de le faire vivre en son sein et a imposé aux délégués des autres motions un retard important, près de trois heures qui semblent avoir été insuffisantes pour purger les querelles personnelles qui minent cette motion.
Le congrès fédéral n'a pas débattu du Rapport d'activité fédéral qui, pourtant, aurait déjà dû être soumis au vote des militant(e)s valdoisien(ne)s en même temps que les motions, le rapport d'activité national et les modifications statutaires nationales, comme cela se fait dans toutes les autres fédérations du Parti Socialiste.
La motion 3 a donc exigé et obtenu vers 1 heure du matin que le Rapport d'Activité Fédéral vous soit adressé et soumis à votre vote le 15 novembre 2012 en même temps que les candidatures aux fonctions de Premier secrétaire fédéral et de Secrétaires de sections.
En conscience, les délégués de la motion 3 ont décidé de ne pas soutenir ce document, soumis par le premier secrétaire fédéral sortant. Ils proposent aux militant(e)s socialistes du Val-d'Oise d'en faire autant.
L'activité fédérale avait au départ tout pour être glorieuse, elle s'achève de manière piteuse !
La fédération a besoin d'un sursaut qui prenne en compte à la fois les enseignements du congrès et ses enjeux propres qui découlent de notre analyse du bilan de l'équipe fédérale sortante.
Voici l'analyse des quatre années du mandat fédéral qui nous conduit à cette position.
LES 16% RÉALISÉS PAR LA MOTION 3 ET 28% RECUEILLIS PAR EMMANUEL MAUREL démontrent l'aspiration des militants pour un Parti Socialiste fort qui aide le gouvernement à tenir bon face aux conservatismes et aux lobbies, qui l'aide à se dépasser. Cette envie s'est exprimée alors que nous ne disposions pas du soutien appuyé des « grands élus » du département : parlementaires, maires ou conseillers généraux… Ce soutien nous oblige et impose que nous agissions avec responsabilité pour offrir à la fédération du Val-d'Oise le nouveau souffle dont elle a besoin en tirant les conséquences de 4 ans d'activité fédérale.
Nous avons participé à l'animation de la fédération, nous en connaissons donc les forces et les faiblesses. Le mandat écoulé a commencé dans l'espoir et s'achève dans la déception.
Car, oui, c'était avec l'espoir que les erreurs passées auraient servi de leçons que nous avions conclu au lendemain du congrès de Reims un accord politique pour faire rebondir la fédération. Nous nous sommes engagés sur un plan d'action fédéral ambitieux qui répondait aux enjeux des socialistes valdoisiens.
Nous voulions :
- renforcer nos sections, former nos militants et faire vivre le débat politique ;
- renforcer et élargir nos positions électorales ;
- renforcer notre action militante et notre communication dans le cadre d'une fédération conviviale et efficace ;
- enfin, ouvrir la fédération sur la société et rassembler la gauche départementale.
Sur chacun de ces quatre chapitres qui structuraient notre plan d'action fédéral commun, nous pouvons mesurer les réussites, les insuffisances et les échecs.
Le premier chapitre nous force à un constat inquiétant.
Nos sections ne sont pas aujourd'hui plus fortes qu'hier, le PS sort des élections victorieuses du printemps 2012 avec moins d'adhérents qu'il y a 4 ans ; quelques sections ont fortement accru leur recrutement mais uniquement en raison de conflits internes.
La formation des militants a été la principale défaillance de ce mandat, rien n'a été fait pendant 3 ans ; quelques initiatives ont été lancées depuis fin 2011 et nous saluons les efforts du délégué fédéral, mais il s'est trouvé bien isolé.
Le débat politique a connu des hauts et des bas : d'abord, les « rencontres départementales » et la fête de la rose ont offert un réel espace mais ces évènements ont disparu ; les conventions nationales n'ont pas reçu non plus de la fédération l'écho que l'élaboration du projet du PS aurait mérité.
Enfin, le secrétariat fédéral aux sections ne peut justifier d'aucune activité sérieuse.
Le bilan électoral de ce mandat est également ambivalent.
Sans faute sur les élections régionales : notre représentation a progressé, notre camarade Emmanuel Maurel s'est vu confier une vice-présidence plus importante, nos conseillers régionaux sont plus écoutés au sein du groupe PS et de la commission permanente.
Nous pouvons nous réjouir également de la partielle victorieuse qui a permis à nos camarades de Goussainville de prendre les rênes de cette commune.
Du point de vue parlementaire, c'est PRESQUE un sans faute apparent. Mais on peut discuter de la manière de conduire certaines investitures. Nous avons conservé 3 sénateurs à gauche et d'avoir porté 6 députés de gauche, mais nous avions prévenu que la stratégie présentée par le premier secrétaire fédéral conduirait à l'absence de parité dans notre représentation parlementaire. De même, les élections sénatoriales et législatives ne portent pas la marque du renouvellement et du rajeunissement de nos cadres et de nos élus, qui fait office de slogan par ailleurs.
Nous avons été écartés de l'élaboration de la stratégie électorale dès l'automne 2010. On ne peut pas dire que cela ait amélioré la qualité de l'analyse.
La gauche a perdu le Conseil Général : certains cantons ont été perdus (ou n'ont pas été conquis) de peu de voix et l'on pourra toujours invoquer la malchance ou l'injustice du découpage électoral. Il y eut pourtant des insuffisances dans notre camp : un manque de coordination avéré entre la fédération et l'exécutif départemental, un programme électoral peu lisible et mobilisateur. Les défauts antérieurs perdurent, renforcés par un manque de coordination avec nos partenaires politiques dont nous revendiquons le soutien.
Enfin, la coordination entre territoires et élus socialistes n'a pas été suffisamment au rendez-vous : réunir un Conseil Départemental des Territoires, pour harmoniser les positions de nos collectivités et accorder la plupart d'entre elles pour construire des projets de territoires dans le sens de l'intérêt général, a rapidement fait long feu. Cette bonne juste intuition a manqué du volontarisme fédéral nécessaire pour faire face aux intérêts particuliers et aux conflits qui animent malheureusement certains élus locaux.
L'action militante et la communication ont connu un progrès réel mais incomplet.
L'acquisition d'un nouveau siège fédéral, pour accueillir les militants, leur offrir des ressources et un cadre convivial et pour permettre à nos permanents de travailler efficacement, est le vrai point fort de ce mandat. Le soutien logistique et financier en direction du Mouvement des Jeunes Socialistes – dans le respect de son autonomie – est également un choix positif qu'il faudra renforcer.
Une refonte totale de la presse fédérale a été tentée ; elle reste inachevée. La newsletter et l'intranet militant ont remplacé le rôle tenu par feu Agir-Unir (qui avait disparu peu à peu depuis 2005).
Mais l'expérience d'un magazine fédéral trimestriel de qualité a fait long feu. Pourtant, c'est outil essentiel de promotion de nos idées et de nos propositions non seulement auprès de nos sympathisants mais aussi auprès de nos partenaires politiques, associatifs, syndicaux, etc. Le PS devrait nourrir le débat des acteurs sociaux et politiques du Val-d'Oise. Ce magazine armerait les militants sur les grands enjeux de nos territoires, mais serait aussi le vecteur pour défendre nos politiques sur les territoires.
Le travail mené pour l'organisation de la campagne et du vote des Primaires citoyennes fut très positif, tout comme l'effort pour renforcer la pratique du porte-à-porte : elle a porté ses fruits dans les élections.
L'ouverture et le rassemblement ont connu deux périodes.
De fin 2008 à l'automne 2010, nous avons pu apporter aux militants et aux sections des éléments de fond pour mener campagne aux élections européennes qui se tenaient cependant dans un contexte dégradé pour notre parti. Plusieurs sections ont trouvé auprès de Fanny Boyer, secrétaire fédérale à l'international, le soutien nécessaire pour construire un jumelage européen.
Nous devions dans le Val-d'Oise tisser des liens plus étroits avec le mouvement syndical et associatif.
Un premier travail a été mené avec Adélaïde Piazzi notamment à l'occasion des luttes communes pour la défense des services publics (La Poste, l'hôpital). Mais ces actions nécessaires ont peu à peu perdu le soutien d'une partie de l'équipe fédérale qui s'est concentrée sur les enjeux des investitures électorales.
Nous devons reprendre cette voie, avec encore plus de détermination car c'est notre camp qui est aux responsabilités. Nous devrons impérativement reprendre des chantiers totalement abandonnés en direction de la vie associative ou de l'égalité femmes-hommes.
Enfin, le Val-d'Oise avait innové en proposant avec Frédéric Faravel dès janvier 2009 un comité départemental de liaison de la gauche, qui a bien fonctionné pendant deux ans, avec nos camarades du PCF, d'EELV, du MUP, et du PRG. Plusieurs positions, déclarations et communiqués communs ont été débattus, élaborés et souvent adoptés sur le Grand Paris, la LGV, La Poste, les retraites, le financement de l'enseignement privé. Elles auraient mérité d'être plus lues et soutenues par beaucoup de nos élus.
Pourtant, à compter de l'automne 2010, le premier secrétaire fédéral a choisi de concentrer en sa personne les relations avec nos partenaires politiques et la préparation des élections, sans que l'on puisse considérer que cela ait débouché sur un progrès.
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L'activité fédérale avait au départ tout pour être glorieuse, elle s'achève de manière piteuse !
Le document qui est soumis à votre vote n'est pas fidèle à la réalité, il n'est pas non plus à la hauteur de ce que l'on pourrait attendre d'un Rapport d'Activité fédéral. Il ne relate pas la privatisation progressive des décisions de la fédération au gré des intérêts politiques du seul premier secrétaire fédéral.
La fédération a besoin d'un sursaut qui prenne en compte à la fois les enseignements du congrès et ses enjeux propres, découlant de notre analyse du bilan de l'équipe fédérale sortante.
pour la motion 3,
le mandataire fédéral
Frédéric FARAVEL