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22 juin 2009 1 22 /06 /juin /2009 15:03
Posté par Stéphane Delpeyrat Européennes : gauche année zéro

Le 7 juin 2009 restera une date marquante pour les socialistes français et européens. Dans un contexte de crise économique et sociale qui n’a guère de précédent depuis 1929, la sociale démocratie, loin de porter les espérances des catégories populaires, s’est trouvée lourdement sanctionnée dans les urnes partout en Europe.

On peut certes arguer du caractère particulier de ce scrutin qui n’a jamais malheureusement mobilisé les foules, et particulièrement celles et ceux que nous souhaitons défendre et représenter. On pourra aussi se rassurer à bon compte en allant chercher tel ou tel élément de contexte, tel incident de campagne pour minimiser l’importance de ce résultat. Mais la réalité est là : partout les conservateurs et leurs alliés l’emportent en Europe, partout nous reculons que nous soyons au pouvoir ou dans l’opposition.

Il est vrai qu’historiquement les périodes de crise économique profitent rarement, contrairement à une idée reçue, à la gauche. Les crises portent en elles souffrances, inquiétudes et c’est alors plus la peur que la raison qui gouverne le choix des électeurs. Personne n’a oublié que la précédente « grande dépression » des années trente nous a conduit au fascisme, à la monté des nationalismes et finalement à la guerre. Il y avait donc quelque naïveté à penser que mécaniquement les peuples européens se tourneraient vers la gauche pour trouver une réponse politique à leurs inquiétudes. Pour l’instant, c’est bien le besoin d’ordre et de sécurité voire la recherche de gouvernements à poigne qui semble avoir été privilégié comme souvent en de telles circonstances. C’est au fond, sans doute, la principale explication de cette débâcle européenne des sociaux-démocrates. Il faut hélas tout de suite préciser que ceux-ci avaient de par leur dérive sociale libérale largement préparé le terrain.

Il y a peu, l’essentiel des grands pays européens était gouverné à gauche. L’espérance d’une Europe sociale protégeant les salariés de la financiarisation de l’économie, des délocalisations, du libre-échange sans précaution, du recul des services publics a-t-elle alors progressé ?

La réponse est malheureusement non. À l’époque, les thèses blairistes de la troisième voie « au-delà de la droite et de la gauche » se sont imposées partout en Europe, malgré quelques résistances notamment en France, au nom d’une modernisation du socialisme qui ne fut qu’une adaptation à la domination des idées libérales. Cette dérive nous a coûtés et continue de nous coûter cher.

Elle explique comment Messieurs Zapaterro et Brown, pour ne citer qu’eux, peuvent sans vergogne commencer cette campagne européenne en indiquant qu’ils soutiendraient la reconduction de Baroso à la présidence de la commission ! Il y a plus claire comme position pour partir au combat en prétendant changer l’Europe !

La crise européenne de la sociale démocratie n’est pas à rechercher plus loin. La conversion aux thèses libérales de nombre d e dirigeants sociaux-démocrates européens explique en grande partie le décrochage de l’électorat populaire et le sentiment d’abandon dont se sentent victimes les catégories sociales les plus précarisées par les effets de la mondialisation.

Il n’est guère surprenant dés lors que ceux-ci se réfugient dans l’abstention ou empruntent d’autres chemins. Le Parti socialiste est, comme les autres, victime de ce mouvement. Il fut souvent parmi  les partis européens celui qui fut le plus réticent à la vague sociale libérale. Mais au final, les contradictions même ici entre le discours et les actes ont produit des effets dévastateurs.

Le parti socialiste abordait qui plus est cette élection affaibli. Affaibli par deux défaites consécutives à l’élection présidentielle puis par le désastreux congrès de Reims. Le spectacle de nos querelles et de nos divisions sans fin achève de lasser les plus fidèles de nos soutiens.

Notre incapacité à porter ensemble un projet alternatif à la droite pour entraîner toute la gauche achève pour l’instant de nous décrédibiliser.

Le PS n’est plus aujourd’hui la force motrice de toute la gauche qu’il fut depuis 1971.

La feuille de route est donc claire. Pour le redevenir, il nous faut à nouveau rassembler les socialistes puis rassembler toute la gauche sur la base d’un véritable projet alternatif, qui redonne un sens à notre engagement sur la base de nos valeurs. C’est le travail qui nous attend. Il peut et doit être conduit rapidement.

Nos électeurs l’attendent et nous le demandent. Ils ne peuvent plus supporter que nous perdions de vue notre travail principal, notre raison d’être, battre Sarkozy en 2012, en nous abîmant dans de vaines querelles.

Le résultat des urnes le commande. Les conservateurs tout empressés de saluer la « victoire de Sarkozy » ont oublié de dire une chose essentielle. Le total respectif des voix de gauche et de droite montre une gauche majoritaire mais éclatée, divisée et une droite minoritaire mais unie autour de l’UMP. Il n’y a pas eu de glissement à droite de l’électorat. L’espoir est donc bien vivant et le désir d’alternance aussi.

Montrons nous dignes de cette espérance en sortant du climat mortifère dans lequel nous nous complaisons pour prendre la tête d’un nouveau rassemblement de la gauche que nos concitoyens appellent majoritairement de leur voeux (58% dans un sondage TNS Sofres). Il n’y a pas de désaccord programmatique majeur aujourd’hui à gauche. Sur la nécessité d’une Europe protectrice et non plus libérale, sur l’urgence sociale, sur la nécessité d’une nouvelle politique industrielle, sur la défense des services publics, sur la nécessité de placer l’environnement au coeur de toutes nos politiques, un large accord peut se construire rapidement. Sortons des lamentations et travaillons-y. Nous verrons alors que la victoire en 2012 est à portée de main à condition que nous réglions une fois pour toute une question stratégique : le choix de l’union de la gauche et des Verts plutôt que la confusion avec le Modem.

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