Au sommaire du point presse du 16 décembre animé par Martine Aubry, Première secrétaire et Benoît Hamon, porte-parole :
- Intervention de Martine Aubry
- Les travaux du Secrétariat national
- Le projet gouvernemental sur le travail du dimanche
- Intervention de Benoît Hamon
- La réforme Darcos
- Le travail engagé du Secrétariat national
- La réforme de l’audiovisuel public
- Le Parti sur le pont
Intervention de Martine AUBRY, Première secrétaire
Le Secrétariat national est maintenant en place et nous travaillons de manière forte dans de grands domaines :
- la crise économique et sociale et sur le contrôle des fonds,
- des propositions sur la relance du pouvoir d’achat, des retraites et des minima sociaux, car nous pensons que contrairement à nos voisins, nous n’avons toujours pas de plan de relance. Nous avons d’ailleurs déjà porté la critique sur le pseudo plan de relance français, qui pour 10 milliards est un remboursement de dette de l’État, pour 11 milliards porte sur les infrastructures dont 4 directement financés par l’État avec un solde de 4 milliards sur le logement, le tout sans qu’il n’y ait rien sur le pouvoir d’achat des Français.
Notre première préoccupation est d’être partout auprès des salariés, là où sont annoncés des licenciements, pour essayer de faire ne sorte de les éviter quand les entreprises ont des difficultés temporaires. Nous travaillons avec les syndicats pour qu’il y ait des plans sociaux dignes de ce nom ou bien par la loi. Nous ferons des propositions pour contrer les plans sociaux qui seraient coûteux au point de que les licenciements boursiers n’auraient plus d’intérêt. Cela existe déjà. Beaucoup trop d’entreprises utilisent la crise pour mettre la clé sous la porte et pour aller dans des lieux ou la rentabilité est encore forte.
Les socialistes sont aussi présents sur l’accès à la Culture ou au Sport, sur l’aide sociale aux départements, nous essayons d’accompagner les Français dans une situation très difficile. C’est un carcan sur le plan social car les Français vivent mal et sur le plan économique car il n’y a pas de relance. En tant que socialistes, nous devons faire des propositions pour montrer que contrairement à ce que prétend le gouvernement, il y a des réponses à la crise, comme l’ont montré nos voisins européens.
Il ne se passe pas un jour sans qu’il y ait de recul sur le plan des libertés publiques ou une régression sociale. Sur la réforme de l’audiovisuel nous n’acceptons pas et les Français non plus que dans un pays démocratique, on souhaite mettre l’audiovisuel public sous la coupe du pouvoir en place, par la nomination du président des chaînes de télévision et en réduisant ses moyens financiers et par voie de conséquence, son indépendance. Cette loi va à l’encontre des libertés publiques et de la démocratie. Nos députés ont défendu une conception de la démocratie et de l’audiovisuel public.
Dans le même ordre d’idées, nous ne laisserons pas faire cette réforme du travail qui remet en cause le repos dominical. Nous avons également eu un rapport très circonstancié de Bruno JULLIARD sur la situation dans les lycées. Et de Bertrand MONTHUBERT sur la situation dans les IUT. Nous sommes avec eux, comme les élus sont avec les lycéens. Derrière cette crise, c’est l’avenir des lycéens qui est en cause. Des parents, des lycéens et des professeurs sont côte à côte pour une société qui laisserait davantage de place aux jeunes.
Pour ce qui est du recul des droits, je pense à la réforme de l’hôpital public. Nous étions avec les urgentistes la semaine dernière et nous nous opposons avec les élus et les présidents de CHRU à la réforme de ce qui constitue le coeur de l’excellence du système de soins en France. Sur tous ces terrains, les socialistes sont présents avec un leitmotiv absolu : accompagner partout les Français là où ils sont en difficultés et compenser les dégâts de la politique gouvernementale. Nous sommes en position pour les aider et pour trouver des solutions. Nous ne sommes pas seulement pas là pour s’opposer, notre but est aussi de proposer et dans la plupart des domaines, nous disons que des solutions existent.
C’est pourquoi le Parti socialiste est au travail de manière très énergique, volontaire et positive. Avec les 2/3 de nouveaux secrétaires nationaux présents dans l’équipe, chacun a déjà pris en charge son secteur et travaille avec les syndicats, les acteurs concernés et les experts qui reviennent en force dans le Parti et qui ont des propositions à faire. C’est intéressant qu’il en soit ainsi, car l’attente est immense. Nous sommes unis à nos militants pour apporter ce qu’attendent les Français, être à leur côté et leur faire des propositions.
Cette proposition venant d’un député UMP et reprise par le gouvernement visait à donner la possibilité aux grandes agglomérations et aux maires, d’ouvrir les magasins le dimanche. Il y a eu de la part des Français des réactions extrêmement fortes. Dans les sondages parus dans les journaux, la façon dont on pose la question induit souvent la réponse. Si on demande aux Français s’ils veulent travailler le dimanche pour gagner plus d’argent, ils répondent oui, mais si on leur demande de faire des heures supplémentaires avec un salaire suffisant pour nourrir leur famille, ils répondent non. Les études du CREDOC montrent qu’une majorité de Français ne veut pas travailler le dimanche. L’étude est intéressante, sachant qu’il y a déjà 7,5 millions de Français qui travaillent déjà le dimanche, notamment dans le secteur public (EDF, transports publics, hôpitaux, Police,…) et partout où c’est nécessaire pour la vie des gens. Lorsque j’étais ministre, nous avions déjà pris des dispositions qui permettaient à des zones touristiques, notamment du bord de mer et dans les grandes villes d’ouvrir le dimanche. Avec cela, nous répondions au besoin et il n’y avait nulle raison d’aller plus loin. Après la généralisation du CDD lancé dans les Ardennes par Nicolas SARKOZY et la retraite possible à 70 ans nuitamment votée, cette proposition dénote un véritable cynisme au moment où les Français ont d’abord besoin de pouvoir d’achat. C’est profiter de la crise pour reculer sur tous les acquis de notre société, d’une société de la consommation et du matérialisme absolu que nous ne voulons pas. La fronde n’existait pas seulement chez les députés de gauche qui ont préparé ce débat avec 4000 amendements de fond, mais aussi chez certains élus de la majorité actuelle. Hier, le président a donc fait certaines propositions. Pour nous c’est très clair, il ne s’agit pas d’un abandon du projet ni d’un recul, mais simplement d’attendre que ça se passe pour remettre le doigt dans l’engrenage pour parvenir à remettre en cause le repos dominical.
Nous serons aussi acharnés à combattre ce projet que les précédents. Il serait pour l’instant question de passer de 5 à 10 dimanches par an et de légaliser ce qui paraît incroyable, des commerces qui se sont mis dans l’illégalité. On fait des peines plancher pour de petits délinquants et on reconnaît aux grands commerces cette illégalité. Quelle image donne-t-on dans un pays où l’on dit qu’il faut respecter les lois ? C’est un signe choquant. En France, seule la métropole lilloise pourrait ouvrir tous les dimanches, car nous sommes les seuls à être dans une zone frontalière où le pays voisin ouvre le dimanche. Il s’agit de petits arrangements entre amis dont le Parlement serait la caisse enregistreuse. A Lille, les choses sont claires : la majorité du Conseil municipal 51/61 a réitéré son refus et la métropole s’apprête à faire de même. Nous ne nous laisserons pas imposer cette loi, à moins qu’un décret préfectoral nous y oblige, ce qui poserait d’autres difficultés sur le plan, démocratique, car les maires et les élus locaux savent mieux que quiconque ce que veulent leurs habitants.
La CGPME, l’UPA et les syndicats ont fait une conférence de presse ensemble pour montrer leur opposition à ce projet. Certaines grandes surfaces disent aussi qu’étant donné le pouvoir d’achat des Français, l’ouverture le dimanche représenterait un coût trop important. C’est la raison pour laquelle, elles ne le demandent pas.
Nous sommes dans une réforme idéologique où le gouvernement cherche à casser les protections et à organiser une société uniquement autour de la consommation et de l’argent.
Cette réforme n’aura aucun élément bénéfique sur le plan économique. Les Français ne dépenseront pas le dimanche ce qu’ils ont du mal à gagner en semaine, parce que l’argent n’est pas là.
Les études comme celle de P. ASKENAZY pour le Canada, montre qu’il y aura des pertes d’emploi dans le petit commerce et dans l’artisanat. Cette étude montre aussi que le coût de l’ouverture dominicale augmente, que ce soit à cause de la sécurité, de l’électricité ou des charges pour l’entreprise. Il faudra payer plus cher pour un même chiffre d’affaire, ce qui entraînera une hausse des prix.
Cette mesure n’apportera aucun effet sur la croissance et rien pour la consommation, mais peut avoir des incidences sur l’inflation. Sur le plan social, on ne fera croire à personne qu’on va travailler avec plaisir le dimanche. Certes les étudiants peuvent travailler pour se faire un peu d’argent, c’est pour cela que nous avions proposé l’allocation d’autonomie pour qu’ils puissent faire leurs études sans avoir besoin de travailler. Autre exemple pour les femmes qui travaillent dans la grande distribution, c’est à contrecœur qu’elles subiront cette loi. Ajoutons à cela quelques considérations environnementales, car il faudra circuler pour aller travailler et on ne pourra pas laisser sa voiture.
L’essentiel est de rappeler que c’est une réforme de société avec laquelle nous ne sommes pas d’accord. Nous pensons qu’une société c’est d’abord sa capacité à vivre bien ensemble et d’être capable de mener à bien sa vie. Nous ne considérons pas que la consommation soit l’alpha et l’oméga de la société. Vivre bien, c’est avoir du temps pour soi, pour ses enfants ou pour ne rien faire. C’est du temps pour ses amis, du temps social aussi et du temps pour ses hobbies culturels ou sportifs, du temps pour la spiritualité. Comment rencontrer des personnes âgées ou des amis si on n’a pas le temps ? Le dimanche est le temps de l’infinité des possibles. Vous êtes enfin libre, vous pouvez parler à vos parents ou à vos enfants, vous pouvez aller au théâtre ou écouter de la musique. Notre société a besoin de pause.
Dès ce soir, nous adopterons un argumentaire et un tract du PS et dès demain, les socialistes rencontreront les Français, les organisations syndicales, leurs représentants, les artisans et les commerçants. Nous sommes mobilisés et sur le pont.
Voilà ce que je souhaitais vous dire sur ce dossier très représentatif d’une société individualiste et de l’argent. Nous sommes attachés au contraire à une société du droit, au temps pour soi et au temps pour les autres. C’est une très grande différence entre le projet du président de la République et le nôtre.
Intervention de Benoît HAMON, Porte-parole
Le gouvernement a une stratégie vis-à-vis de ce projet et il ne faut certainement pas y voir un renoncement ou un recul. Nous ne pensons pas qu’il faille baisser la garde et cesser d’être vigilant tant ces choix se traduisent par un recul du nombre de postes d’adultes et d’enseignants dans les collèges et les lycées, et surtout une dégradation des conditions d’enseignement tant pour les élèves que pour le personnel éducatif. Un report de cette réforme ne signifie pas un renoncement par le gouvernement de Nicolas SARKOZY de ses grands choix de politique éducative. On a constaté une humeur bien différente chez les parents d’élèves et chez les enseignants, dans les manifestations qui se sont déroulées. Il y a une forme de ras-le-bol à l’égard des collèges et des lycées qui paient aujourd’hui l’austérité budgétaire. On na pas le sentiment que ceux qui ont commencé cette mobilisation soient prêts y renoncer, au motif qu’un tout petit bout du projet a seulement été reporté. L’ordre du jour reste à la mobilisation politique.
Nous avons également abordé ce qui sera notre méthode de travail sur le plan de relance. Le 31 janvier prochain, il y aura une grande réunion des secrétaires de section à l’occasion de laquelle nous essaierons de populariser nos réponses à la crise financière, économique et sociale. D’ici là nous organiserons des auditions avec les partenaires sociaux, des économistes et un certain nombre d’acteurs européens qui seront entendus entre le 6 et le 8 janvier 2009 par une petite task force de secrétaires nationaux, directement impliqués par les aspects financiers et économiques la crise, mais également concernés par les aspects du social ou du logement ou de l’hôpital public. Nous essaierons de construire un plan de réponse global des socialistes face à cette crise.
Nous remercions Christine ALBANEL pour la pertinence de ses interventions publiques et par ses demandes. Nous n’avons pas besoin que la suppression de la publicité soit adoptée puisqu’il est demandé à Patrick de CAROLIS de la mettre en œuvre tout seul. Cela illustre que cette réforme n’avait besoin ni d’une loi, ni d’un décret pour sa mise en œuvre. L’idée que se fait le pouvoir exécutif du rôle de monsieur de CAROLIS est qu’il est considéré par le pouvoir exécutif un comme un auxiliaire chargé de mettre en œuvre les choix politiques du gouvernement. On a bien désormais une conception de l’audiovisuel comme une courroie de transmission du pouvoir politique, au point que le gouvernement puisse penser que le président de l’audiovisuel public soit là pour mettre en œuvre la volonté du pouvoir politique, même si la loi n’a pas encore été votée.
Le débat organisé hier sur la liberté de la presse par Médiapart et Reporters sans frontières a souligné l’importance de la liberté de l’information dans une période générale de restriction des libertés publiques et de crise sociale, où le contrôle de l’information devient un enjeu extrêmement important. Les nouveaux rapports entre pouvoir judiciaire et la presse sur la question de la protection des sources, le nouveau statut de l’AFP sont autant de sujets sur lesquels le Parti socialiste reste très mobilisé.
Ce week-end, l’ensemble des fédérations et des sections distribuera un matériel de campagne et un tract et des cartes postales sur la question du travail du dimanche. C’est la campagne militante que nous mettons d’ores et déjà en œuvre.