
Une partie des responsables locaux - dont le premier secrétaire fédéral, Philippe Bayol - a préféré le texte de M. Hamon, "ami" du député (PS) de la Creuse et maire de Guéret, Michel Vergnier. "Des militants peuvent voter pour m'appuyer, déclare ce dernier, mais ce n'est pas la seule raison." En 2006, sa base ne l'avait pas suivi lorsqu'il avait soutenu Laurent Fabius. Deux ans après, sa contribution à la rédaction de la motion de M. Hamon sur l'égalité des territoires et l'accès aux services publics a sans doute pesé.
"La solidarité nationale doit primer, affirme M. Vergnier, car la rentabilité est inenvisageable dans les campagnes. Ainsi, pour que la maternité de Guéret soit rentable, il faudrait 900 accouchements par an contre 600 actuellement." Un discours auquel ce département rural de 120 000 habitants est sensible. En témoignent plusieurs coups d'éclat : en octobre 2004, 263 édiles creusois avaient démissionné de leurs mandats pour protester contre la suppression de trésoreries cantonales. En mars 2005, la manifestation de défense des services publics avait rassemblé 6 000 personnes dans les rues de Guéret.
"Les socialistes creusois veulent plus de justice sociale, plus de partage, analyse Michel Moine, maire d'Aubusson, favorable au pôle écologique du PS. Ils sont naturellement portés vers des positions plus tranchées, comme celle de Benoît Hamon." Naturellement... et historiquement, selon Guy Avizou, conseiller général pro-Delanoë et historien, qui rappelle que cet ancien "bastion communiste établi sur un électorat de fonctionnaires et de paysans" était ensuite devenu une "terre de mission des chevénementistes". La gauche du PS est ici portée par une tradition, confirmée par le "non" au référendum de 2005 sur le projet de Constitution européenne.
A l'approche du vote du 20 novembre, les militants creusois veulent y croire. "Tout est possible", espère Bernard. Et si le premier tour lui donne tort, il votera Martine Aubry "parce qu'elle est, après Benoît Hamon, la plus fidèle à l'histoire socialiste".