7 mars 2008
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![]() ![]() ![]() ![]() | ![]() | ![]() La productivité française : mythe ou réalité ? |
Enfin, une performance économique dont notre pays peut s’enorgueillir : la France fait partie du peloton de tête dans un domaine, celui de la productivité horaire du travail par personne occupée. Il n’y a guère que le Luxembourg et la Norvège pour faire nettement mieux que nous. Mais ce sont des petits pays, ultra-spécialisés dans des activités à très forte valeur ajoutée, comme la finance et l’énergie, tandis que nous fabriquons des voitures et des avions, des produits alimentaires et des cosmétiques – activités réputées moins rentables que les banques luxembourgeoises et les puits de pétrole norvégiens. Bravo, mais deux ombres viennent noircir ce tableau idyllique. D’abord, cette productivité extraordinaire progresse lentement. Sans aller jusqu’à nous comparer avec des pays comme l’Estonie ou la Pologne, qui ne font que rattraper à toute vitesse leur retard, comparons-nous plus raisonnablement avec les Etats-Unis et la Suède. La productivité du travailleur américain a progressé au rythme annuel de 2 %, celui du Suédois de 1,8 %, celui de leur homologue français s’est tassé à 1,2% au cours de la décennie 1996-2005. Ensuite, Michel Godet a été l’un des premiers à l’observer, lorsqu’on réserve le travail à la fraction la mieux qualifiée de la population, il n’est pas miraculeux d’obtenir des niveaux de productivité formidables. Or, seule 62 % de la population en âge de travailler peut le faire, dans notre pays, contre 71, 5 % aux Etats-Unis, et 72 % en Suède. Notre système a éliminé de l’emploi rémunéré l’immense majorité des 15-25 ans et une grande majorité des 55-65 ans, contrairement, là encore, à la Suède et aux Etats-Unis, pour réserver le travail aux 30-55 ans, réputés particulièrement rentables pour les employeurs. Enfin, la France est l’un des pays de l’OCDE où le nombre d’heures travaillées par personne occupée est l’un des plus faibles de l’OCDE. Il semblerait donc que nous ayons pris l’habitude d’accomplir en 35 heures le même nombre de tâches que celles dont nous venions à bout en 39. Alors : devons-nous réjouir d’être les travailleurs les plus productifs du monde ou presque ? Allons-nous demeurer longtemps en tête de ce hit-parade ? Quel sens donner à cette performance ?
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